Maria-sama ga Miteru (Français):Volume3 Chapitre6

From Baka-Tsuki
Jump to navigation Jump to search

La serre estivale[edit]

Partie 1[edit]

À partir de notre rencontre un jour de printemps, Shiori et moi nous rapprochâmes petit à petit.

Nous n'étions pas dans les mêmes années, mais nous essayions toujours de trouver du temps pour être ensemble ; nous nous voyions au moins une fois par jour. Certain jour, j'allais retrouver Shion au sanctuaire le matin, et parfois, nous mangions ensemble à midi. Aucune d'entre nous n'était dans un club, et après les cours, nous arpentions ensemble l'académie.

Je voulais que ces moments soient parfaits. Je ne l'emmenais donc jamais à la Demeure des Roses et je ne pensai même pas à la présenter à ma Sœur, encore moins aux membres du Yamayurikai.

Je m'éloignai petit à petit de la Demeure des Roses, totalement absorbée par Shiori.

- Ne devrais-tu pas t'en éloigner un peu ?

Premier jour du printemps.

Youko était venue jusqu'à ma salle de classe pour me mettre en garde.

- De quoi est-ce que tu parles ?

J'étais irritée, car je devais voir Shiori immédiatement après les cours aujourd'hui.

- Tu sais de quoi je parle. Shiori Kubo. Qu'est-elle pour toi ?

- Quoi ?

Elle était venue me voir uniquement pour poser cette question stupide ? Il y avait des limites à l'intrusion dans le domaine du privée. Je ris amèrement, en enfonçant un dictionnaire anglais/japonais dans mon sac.

- Il n'y a rien de drôle.

- Oh, désolé. Mais, tu as vraiment le temps de t'occuper des autres ? Tu as déjà pas mal à faire avec ta propre sœur... Les rumeurs qui disent que tu essayes de faire arrêter à Sachiko tous ses cours du soir, elles sont vraies ?

- Je ne suis pas venue pour parler de ma sœur. Le problème, c'est toi et Kubo Shiori.

- Problème ?

Je savais ce que Youko voulait dire.

Je savais que nous avions toutes deux une relation spéciale. Ce n'était pas comme entre Youko et Sachiko, ou comme entre ma Soeur et moi.

C'était difficile à expliquer, mais c'était comme si nous étions nées avec deux mains ; mes deux mains étaient jointes fermement aux siennes. Nous éliminions tout le reste.

Au contraire des autres personnes qui, elles, tiennent la main d'une personne et laisse toujours l'autre de libre pour tenir différentes choses. C'était sûrement ce que Youko voulait dire par « t'éloigner un peu ». Je devais lâcher une des mains de Shiori.

Il était dangereux d'accepter une personne et d'ignorer toutes les autres. Mais je ne pouvais rien y faire. Je ne voulais couper aucun des liens que j'avais avec Shiori ; si nous changions quelque chose, ce ne serait plus pareil.

- Ça ne me pose pas de problème qu'elle devienne ta soeur. Je ne veux pas vous forcer à vous séparer ou quelque chose dans ce genre. Mais, tu ne trouves pas que les choses sont mauvaises dans l'état actuel ? Tu devrais lui présenter ton rosaire et nous la présenter officiellement.

- J'y réfléchirai.

J'attrapai mon sac et poussai ma chaise sous le bureau. Je ne voulais pas continuer cette discussion davantage.

- J'y penserai, d'accord...?

- ... Bien sûr. Je l'espère.

Youko me laissa facilement partir ce qui me surpris. Elle était intelligente, elle devait savoir que si elle insistait davantage, je répliquerai sans merci.

Je couru dans les couloirs, évitant les étudiantes, pour rattraper Shiori.

J'avais dit que j'y réfléchirai, mais je n'avais aucune intention de faire de Shiori ma sœur. Nous nous en fichions. Je ne voulais pas lui proposer mon rosaire juste pour que les autres reconnaissent notre relation, c'était ridicule. Les filles qui avaient besoin de ce symbole pour calmer leur cœur me faisaient rire.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

Shiori comprit, quand elle me vit.

- Rien.

J'attrapai Shiori par les épaules et me mis à marcher, vers un endroit où il n'y avait personne. Peu importe si c'était sale là-bas. Si personne ne pouvait nous y observer, c'était l'endroit le plus pur qui soit.

Je ne voulais pas salir Shiori. Je ne voulais pas que des yeux dégoutant observe notre relation.

Notre intimité ne dérangeait personne. Au contraire, grâce à son influence, je suivais davantage en cours et j'avais arrêté d'arriver en retard ou de sécher. Cela méritait des compliments, pas des critiques.

Nous voulions juste être ensemble. C'était tout.

J'enlaçai Shiori derrière un bâtiment de l'école.

- On t'a dit quelque chose ? murmura Shiori en posant son menton sur mon épaule.

- Peut-être... que personne ne nous soutient.

- Ne dis pas ça.

Elle ne disait jamais du mal de personne, alors qu'elle avait du recevoir plus de remontrances que moi. J'avais beau arrêté de me mêler aux autres, j'étais toujours Rosa Gigantea en bouton et l'ombre du Yamayurikai me suivait partout. Si ma relation avec Shiori ne plaisait pas à certains et que ceux-ci voulait s'en prendre à quelqu'un, ils allaient voir la jeune, la nouvelle Shiori. Elle n'en parlait jamais, mais elle devait traverser des moments bien plus difficiles que les miens.

- Tu ne devrais pas tout garder en toi comme ça.

Nous nous isolâmes encore davantage de l'école et en retour, notre amour ne fit que grandir.

Partie 2[edit]

Les vacances d'été étaient arrivées.

Cependant, je venais tous les jours à l'école, comme d'habitude, pour passer du temps avec Shiori.

Les dortoirs étant fermés pendant le mois d'août, Shiori vivait dans le monastère de Lillian. Même si c'était des longues vacances, Shiori était restée à Tokyo plutôt que retourner chez son oncle à Nagasaki. Je ne connaissais pas les détails - et je ne posai pas de question – mais, comme la principale de l'académie Lillian connaissait bien son tuteur, son oncle, elle s'était comportée avec Shiori comme si elle était un membre de sa famille pendant tout son séjour à Tokyo.

Les jours où la bibliothèque était ouverte, je me rendais dans la salle de lecture et me concentrais pour terminer mes devoirs. L'heure exacte était sans arrêt différente, mais souvent, après avoir aidé les sœurs, Shiori venait m'y rejoindre pour elle aussi avancer ses devoirs.

Nous étions sérieuses. Nous savions que rien ne changerait pour nous si travaillions, mais nous comprenions que si nos notes baissaient, plus de personnes encore s'opposeraient à notre relation. Alors, assises côte à côte, nous finissions nos exercices, puis nous lisions.


Un jour, nous étions dans la vieille serre.

Le matin, Shiori était allée à un cours de natation, et je vins à l'école à l'heure où elle était censée terminer. Je croisai une masse de jeunes filles aux cheveux mouillées et réalisai que la leçon avait du terminer plus tôt que prévue.

J'accélérai ma marche, je voulais la voir. Non, pas juste accéléré, je me mis à courir.

Au moment où je tournais à droite à l'intersection de la Vierge Marie, je sentis un liquide tiède toucher mon visage et mes épaules - il commençait à pleuvoir.

J'étais passée devant la librairie et l'auditorium quand je vis soudain Shiori.

- Shiori !

Il pleuvait fort, ce n'était pas vraiment le moment pour une ballade romantique. Il faisait chaud et ensoleillé quand j'étais partie de chez moi et je n'avais pas pris de parapluie. Nous cherchâmes un endroit pour nous protéger de la pluie. Il était presque midi, mais on aurait dit une pluie nocturne.

Nous nous réfugiâmes dans la vieille serre.

Certaines des vitres extérieures étaient brisés et le sol n'était pas lisse, mais il remplissait parfaitement son rôle d'abris. L'air chaud et humide plut apparemment à Shiori qui venait de sortir de la piscine. Elle étendit les bras en souriant : « il fait bon ».

- Nous sommes parties plus tôt car le professeur a dit qu'il allait bientôt pleuvoir. Mais, il a plu plus rapidement qu'elle ne le pensait.

Nous nous assîmes, déplaçant des pots de fleurs sur le côté.

- « Ça ne fait rien d'être mouillé dans la piscine, mais il ne faudrait pas mouiller vos uniformes » a-t-elle dit. J'espère que tout le monde a réussi à monter dans un bus avant qu'il ne se mette à pleuvoir.

Shiori sortit une serviette de son sac en plastique et essuya mes cheveux. L'odeur chloré de piscine dont elle était parfumée se répandit dans l'air pendant quelques secondes, avant de disparaitre.

- Je vais bien, essuie d'abord tes cheveux.

Je dis cela car je ne voulais pas qu'elle comprenne ce que je ressentais. Quand Shiori m'essuyait les cheveux, mon cœur se mettait à battre si vite que je ne savais jamais quoi faire.

Shiori rassembla ses cheveux, les fit passer par-dessus son épaule et les essuya avec la serviette comme je venais de lui dire. Je la regardais absorber l'humidité de ses cheveux avec cette serviette, assise, sans savoir ce que je devais ou voulais faire.

Sans comprendre ce que je ressentais, Shiori bailla doucement et commença à sombrer dans le sommeil.

Elle devait être épuisée.

Sans la réveiller, je me rapprochai d'elle.

Un coup de vent violent fit s'ébranler la serre.

Dans la serre, enfermée par la pluie, je sentais Shiori, personne ne pouvait s'y opposer. Pendant cet instant, Shiori était toute à moi.

Pourquoi sommes-nous nées dans des corps différents ?

Pourquoi ne pouvons-nous pas fusionner pour devenir une seule et même personne ?

Emportée par les longues respirations de Shiori, je saisis inconsciemment une mèche de ses cheveux que je tressai en natte. Mais les cheveux, trop lisses, se séparèrent dès que je les lâchèrent. Ennuyée, j'essayais de les enrouler avant de les tresser de nouveau, mais je n'obtins pas plus de résultat.

Sans savoir pourquoi, je m'obstinai et fit une tresse avec nos cheveux. Deux mèches des siens, une des miens. Finalement, nos cheveux étaient liés.

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Shiori, les yeux encore endormis.

- Ri-rien. Dors encore un peu, je te réveillerai quand la pluie aura cessé.

- D'accord.

Les cheveux ne me satisfirent pas, je glissai mes doigts parmi les siens. « Ça chatouille », dit-elle, un sourire aux lèvres en changeant de position, mais elle ne dégagea pas sa main.

S'il te plait, pluie, ne t'arrête pas.

Je fermai les yeux, moi aussi.

S'il te plait, pluie, ne t'arrête pas.

L'obscurité nous protégeait des regards. Les battements du cœur de Shiori, sa chaleur, sa respiration, étaient les seules choses que je ressentais.

Je voulais rester comme ça pour toujours.

Je pensais vraiment que le temps allait s'arrêter.