Maria-sama ga Miteru (Français):Volume1 Chapitre3

From Baka-Tsuki
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Un Mercredi de Rêveries, un Vendredi de Bataille[edit]

Partie 1[edit]

- Qu'est-ce qui se passe, Yumi-san?

Mercredi matin, Katsura se jeta sur elle avant qu'elle n'ait eu le temps de poser un pied dans la salle de classe.

- Qu-Quoi ?

Katsura la saisit par les épaules et la poussa contre les casiers. Katsura baissa sa voix comme si elle était sur le point de commencer une conversation particulièrement diabolique et demanda.

- Il parait que tu va participer à la pièce du Yamayurikai?

- Je ne ferai que danser dans un coin, répondit Yumi avec sincérité.

- Mais ta partenaire est bien Rosa Foetida en bouton?

- Hum... et bien, oui.

- Vraiment?!

La voix de Katsura monta d'un coup de pianissimo à fortissimo[1C 1]. Le son de sa voix lui fit mal aux oreilles et sa tentative de garder leur discussion discrète échoua. Même les élèves qui n'avaient pas encore vu Yumi la remarquèrent.

- Yumi-san, gokigenyô.

- Gokigenyô, Yumi-san.

Les visages angéliques se rassemblaient en nombre. Même elles étaient effrayantes quand elles étaient si nombreuses.

C'était le même sentiment de peur qu'on pourrait avoir si un grand groupe de petites filles ou de bébés vous entouraient

- On parlait justement de toi.

- Ah-Ah bon?

L'incident de la Demeure des Roses il y a deux jours s'était répandu dans toute l'école avant la pause déjeuner du mardi, il était donc évident que l'incident du gymnase se répandrait encore plus rapidement. Il y avait eu beaucoup de témoins, dont une élève de sa classe.

- Tu peux nous expliquer?

- Tu as vraiment rejeté la demande de Sachiko-sama?

- Mais alors, pourquoi est-ce qu'on vous voit encore ensemble?

- Quelle place as-tu au sein du Yamayurikai?

- Quelle est la sœur que tu préfères?

Elles s'étaient toutes retenues jusqu'à présent, mais il semblait que le barrage qui retenait toutes les questions venait de se briser définitivement.

- Et bien...

Yumi bafouillait face à toutes les questions pressantes de ses camarades de classe.

Même si la majorité de ces élèves étaient des filles de riches familles, elles restaient bien des filles. Elles adoraient les ragots et les rumeurs du genre "xxx aime yyy". Si les rumeurs avaient concerné un club, elles ne seraient pas aussi pressées d'obtenir des réponses.

- Qu'est-ce qui s'est passé, Yumi-san? Explique-nous.

Peu importe à quel point elle voulait tout leur expliquer, c'était impossible. Il y avait trop de questions, elle avait déjà oublié les premières qu'on lui avait posées. Et si elle répondait aux questions une par une, ça n'en finirait jamais. Toutes semblaient avoir préparées leurs questions à l'avance et se fichaient de savoir comment Yumi allait se débrouiller pour y répondre.

(Qu'est-ce que je dois faire dans une telle situation?)

Elle pensa à Sachiko.

(Que ferait Sachiko?)

Sourire, sans panique ni empressement.

- Mes amies, je suis vraiment désolée pour tous ces bruits.

Être élégante était impossible, mais Yumi avait l'impression de s'être tout de même assez bien débrouillée. 75 points sur 100, si elle devait se donner une note.

- Beaucoup de choses se sont passées et je dois aider le Yamayurikai pour leur pièce. C'est pour cette raison que les membres du conseil me parlent souvent.

Elles commencèrent à reculer quand Yumi expliqua calmement la situation.

Après tout, elle n'avait rien fait de dérangeant. Rosa Chinensis et Rosa Foetida étaient gentille avec elle, Rei était sa partenaire, tout cela se produisait car c'était des personnes très gentilles, pas spécialement parce que c'était Yumi.

- Et à propos de Sachiko-sama, demanda quelqu'un dans la foule?

- Sachiko-sama ?

- Est-ce qu'elle t'a vraiment demandé de devenir sa Sœur ? Il paraitrait même que tu l'as rejeté.

Tout le monde hocha la tête en entendant la question.

- Sachiko-sama...

Sa voix se coinça dans sa gorge.

Hein ? Quoi ? Que ferait Sachiko ?

Et bien, Sachiko sourirait certainement et dirait "Je vous laisse imaginer ce qui a pu se passer entre nous deux."

Mais Yumi ne pouvait pas dire ça. Laisser imaginer, ça veut dire "imaginez ce que vous voulez". Mais ce n'était pas ce qu'elle voulait, elle ne pouvait pas répondre quelque chose comme ça.

- C'est impossible, pourquoi Sachiko-sama me choisirait-elle comme Sœur?

C'est impossible. Des larmes coulèrent sur ses joues.

- Yumi-san?!

Ses camarades paniquèrent en la voyant pleurer.

- Oh, Yumi-san. Nous sommes vraiment désolées. Nous ne voulions pas te faire pleurer... Ce n'est pas grave, tu n'es pas obligée de répondre si tu ne veux pas.

Yumi secoua la tête. Elle ne pleurait pas pour éviter de répondre.

Yumi aimait Sachiko.

Elle l'aimait encore. Et à cause de ça, son dernier lambeau de fierté avait rejeté Sachiko.

C'était trop triste, être choisie juste parce qu'elle se trouvait là. Pourquoi Sachiko ne comprenait-elle pas?

Quelle chance elle avait eu, de pouvoir simplement la contempler de loin. Si Sachiko n'avait pas su le nom de Yumi ou son visage, elle n'aurait pas pu lui offrir son rosaire. Elle n'aurait pas eu à agir contrairement à ce qu'elle voulait vraiment.

- Nous sommes désolées. Allez, arrête de pleurer, hein?

Ses camarades lui tendirent des mouchoirs et la serrèrent contre elles. Mais en cette seconde, plus que tout au monde, c'est par Sachiko que Yumi aurait aimé recevoir cette étreinte.

Partie 2[edit]

- Tiens.

Elle lui tendit une brochure. Celle-ci était reliée d'une façon simple, mais on voyait qu'un soin important y avait été accordé.

- « Cendrillon, version du Yamayurikai ».

Yumi lut le titre marqué sur la page de garde à haute voix. Ça semblait être le script de la pièce.

- C'est ça. J'ai surligné mes lignes en rose, les tiennes sont en bleu.

- Et?

- Tu dois les retenir et pouvoir les réciter, bien sûr, soupira Sachiko, exaspérée.

- Retenir...

En parcourant les pages, Yumi remarqua qu'il n'y avait quasiment que du rose, et les lignes bleues étaient rares.

- D'accord? S'il te plait, ne me fais pas toujours répéter. Si tu ne veux pas te ridiculiser le jour du festival, tu ferais mieux d'apprendre les lignes roses et les lignes bleues.

- O-Oui.

Son cœur se serra. Le rose représentait les lignes de Cendrillon. Le bleu, celles de la sœur B. Apparemment, le conseil manquait de monde, à tel point que certains devaient jouer deux rôles. Elles avaient alors décidé de donner le rôle de la sœur B à Yumi.

Quitte à jouer dans la pièce, le rôle d'une des sœurs lui convenait très bien.

- Et sinon, pourquoi est-ce que vous déjeunez...ici?

Curieuse, elle questionna avec franchise les trois premières années de la classe de la pêche. Alors qu'elle était à la recherche de Yumi après ne l'avoir pas trouvé dans sa salle de classe, elle avait été guidée jusqu'ici par Tsutako.

Yumi et Shimako s'étaient, comme hier, refugiées derrière l'auditorium pour s'échapper au club du journal.

- Et bien, Sachiko-sama...

Tsutako déchira le papier plastique qui enveloppait son sandwich.

- Il y a une raison superficielle et une raison plus profonde.

Tsutako n'était pas vraiment dans l'obligation de s'échapper au club du journal, mais elle semblait éprouver de la culpabilité à avoir laissé Yumi seule la veille. Tsutako lui expliqua la situation en détail et Sachiko laissa échapper un « Ah... » indifférent.

- Je comprends votre désir d'échapper au club de journal, mais qu'allez-vous faire quand il pleuvra ?

- On sera bien embêtées.

Tsutako, cependant, pouvait se réfugier dans sa salle de photographie quand elle le voulait et ne sembla pas trop s'en préoccuper. Shimako se contentait de tenir compagnie à Yumi, et n'avait pas de réelle raison de manger dehors.

- Il va sûrement pleuvoir demain.

- Hein?!

Yumi leva des yeux inquiets vers le ciel. Celui-ci était si bleu et ensoleillé qu'il semblait impossible de prédire le temps qu'il ferait le lendemain.

- Accepte mon rosaire. Et je me ferai un plaisir d'être interviewée à ta place.

- Vous plaisantez?

- Oh. Et bien, libre à toi de me demander quand tu le voudras.

Sachiko rit et tourna les talons.

- Ah, Sachiko-sama. Est-ce que vous voulez manger avec nous ?

Tsutako essaya de la retenir à leur côté, mais elle refusa « Merci pour l'invitation, mais je peux pas ». La réponse n'était pas surprenante ; elle aurait dû faire le chemin jusqu'à sa salle de cours pour récupérer son bentô puis à nouveau pour revenir ici si elle avait accepté de manger avec le groupe.

- Je voulais lui parler de la photo, mais la voilà qui s'enfuit...

- On n'y peut rien. Sachiko-sama n'aime ni les sakuras, ni les ginkgos.

- Les sakuras et les ginkgos? demanda Yumi.

Si c'était le cas, le simple fait d'aller tous les jours à l'école devait être une torture.

- Oui et c'est la saison. Tout le contraire de moi.

La saison où les cerisiers fleurissaient, la saison où les noix des ginkgos tombaient. Sachiko en avait horreur.

- Allergies?

- Non, elle les déteste, c'est tout.

Cela lui sembla étrangement familier - Ce n'était pas qu'elle allait avoir des boutons, ou une réaction allergiques, elle ne voulait juste pas danser avec lui.

- Elle m'avait dit quelque chose comme « ce n'est pas bon ».

- Les fleurs de cerisier se mangent ?!

- Tu n'es jamais allée à un mariage, Yumi-san ?

Tsutako gloussa. Apparemment, dans certaines cérémonies, on buvait du thé aux fleurs de cerisier. Yumi était déjà allée aux mariages de ses cousins et d'autres proches, mais ces mariages avait été faits à l'occidentale dans une église, et il n'y avait pas eu de telles pratiques.

- On en met aussi parfois dans des petits pains à la pâte de haricot rouge.

Ces petits pains sont complètement en désaccord avec l'image de Shimako, pensait Yumi.

Shimako aimait les sakuras, les ginkgos, la pâte d'haricot rouge, les bulbes de lys.

Sachiko détestait les sakuras, les ginkgos, la compassion, les hommes.

- C'est pourquoi, dit Shimako en souriant, je suis très surprise qu'elle soit venue jusqu'ici pour te voir.

Elle aurait pu aussi bien attendre la fin des cours pour lui donner le script, mais elle s'était dépêchée pour que Yumi l'ait le plus rapidement possible. Au dos du livret, Yumi vit marqué Sachiko Ogasawara d'une jolie écriture.

Sachiko lui avait donné son propre livret.

Et en plus, elle avait surligné toutes les lignes de la sœur B.

- Ça ne lui ressemble pas.

Yumi leva les yeux vers le ciel bleu, l'esprit de la Sainte Vierge. Il n'y avait presque aucun nuage et elle se demanda comment il était possible de prédire la météo par un temps pareil.

Shimako aimait les cerisiers en fleur, les ginkgos, la pâte de haricot rouge, les bulbes de lys.

Sachiko détestait les cerisiers en fleurs, les ginkgos, la compassion, les hommes.

Tsutako aimait prendre des photos, des photos de lycéennes et n'aimait pas vraiment le club du journal.

Et elle-même.

Elle-même aimait les sakuras et détestait les ginkgos.

Et.

Elle pensa que cette Sachiko - qui faisait ces choses si inattendues - n'en était que plus attirante par cela.

Partie 3[edit]

Rosa Gigantea, qui était assise sur le bord de la fenêtre et regardait dehors, leva les yeux en entendant Yumi entrer.

- Oh, c'est super ! On n'a plus à venir te chercher ?

Elle me traite vraiment comme une élève de primaire qui serait rentrée toute seule chez elle sans ses parents.

- Maintenant qu'on m'a attribué le rôle de la Sœur B, je n'ai pas d'autre choix que de venir.

- Et bien, voilà qu'elle me répond maintenant. Gentille fille.

Rosa Gigantea sauta sur le sol, rit légèrement et caressa avec affection la tête de Yumi.

- Je suis arrivée trop en avance ?

Il n'y avait personne d'autre au premier étage de la Demeure des Roses.

- Ça ne fait rien, ça ne fait rien. Sers-toi si tu veux boire quelque chose.

Il y avait une tasse de thé encore fumante sur le rebord de la fenêtre. Apparemment, Rosa Gigantea s'accordait une petite pause.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Juste de l'eau chaude et du café instantané. Si tu veux boire ça, cherche du sucre et sers-toi.

- Ah.

Alors, sans d'autre cérémonie, elle prit une tasse à l'intérieur de laquelle elle versa du café instantané et l'eau de la bouilloire. L'eau était très chaude, et grâce au sucre et au lait en poudre, elle fut capable de se servir un café instantané assez bon.

- Yumi-chan, tu as nettoyé aujourd'hui ?

- Ah. Le club de la chorale était dans la salle de musique aujourd'hui et elles m'ont dit qu'elles nettoieraient elles-mêmes en partant, répondit Yumi tout en déposant sa cuillère dans l'évier.

- La festival de l'école approche... Tout le monde est si désespéré... murmura Rosa Gigantea comme si tout cela ne la regardait pas.

Et pourtant, la pièce de Cendrillon devait elle-aussi arriver au stade où tout le monde court dans tous les sens. Yumi s'inquiétait de la voir ainsi assise à ne rien faire. Après tout, il restait moins de dix jours et elles étaient encore en train de discuter de la répartition des rôles.

- Et vous, Rosa Gigantea, vous avez terminé vos obligations de nettoyage ?

C'était l'heure de la journée où les lycéennes devaient s'occuper du nettoyage et c'est pour cette raison que Yumi avait quitté Shimako et était arrivée à la Demeure des Roses la première.

- Quand on est en troisième-année, les choses sont plus faciles.

- Vous avez séché ?

- Mais non, idiote~ Comment un membre du Yamayurikai pourrait-il séché ? Tout le monde en parlerait si c'était le cas. Non, nous divisons les groupes de nettoyages, et chaque groupe nettoie une fois sur deux. C'est seulement possible parce que les troisièmes-année ont moins à nettoyer, bien sûr.

Oui, sinon il y aurait trop de monde pour trop peu d’espace. C'était un système où les petits groupes travaillaient bien plus efficacement que si toutes les filles étaient présentes sans savoir quoi faire.

- Aaah. C'est cool~

Sans s'en rendre compte, elle avait parlé familièrement. Pour une raison inconnue, quand elle était avec Rosa Gigantea, elle n'avait pas l'impression d'être avec un élève âgée de deux ans de plus qu'elle.

- Huum... Mais, quand on était en première-année, on nettoyait aussi tous les jours.

- Rosa Gigantea, en première année...

- Oh ? Que veut dire ce regard ?

En réponse à l’expression étonnée de Yumi, Rosa Gigantea lui lança un regard faussement courroucé.

- Je trouve juste ça... tellement étonnant.

Difficile de l'imaginer en première-année, sans toute cette prestance.

- J'espère que c'est un compliment...

- Oui, bien sûr !

Yumi répondu avec fermeté et Rosa Gigantea éclata d'un grand rire « Ah Ah Ah ! » avant de se rassoir sur le rebord de la fenêtre et de regarder à l'extérieur.

Quand on y réfléchissait bien.

Même ces confiantes troisièmes-année avait été des premières et des deuxièmes-années autrefois à Lillian. Même Rosa Gigantea avait été un jour une jeune élève qui avait accepté un rosaire. Yumi, fascinée, comprit que Rosa Gigantea, comme les autres, la cérémonie du rosaire approchant, avait sans aucun doute traversé des périodes de doutes et d'inquiétudes.

- Heu.

- Hum ?

- Est-ce que je peux vous poser une question ?

- Oui, mais pas une question compliquée.

Elle venait d'avoir cours de maths et son cerveau était fatigué, ajouta-t-elle. Même si elle était toujours parmi les dix premières lors des contrôles, elle menait en fait une guerre terrible entre les formules mathématiques et le démon du sommeil.

- Pourquoi avez-vous fait de Shimako-san votre sœur ?

- Ce n'est pas une question compliquée, mais elle est inhabituelle. Personne ne m'a jamais demandé pourquoi Shimako...

- C'est parce qu'elle semble destinée à être choisi un jour.

- C'est vrai.

Tout le monde connaissait les talents naturels de Shimako, personne ne devait trouver mauvaix le choix de Rosa Gigantea. Oui, quelque chose comme ça, sans doute.

- C'est tout l'inverse de moi, dit Yumi, un peu déprimée en pensant à cela.

- Tu es très timide ?

- Je suis de la paille.

- De la paille ? Comment ça ?

Rosa Gigantea semblait avoir oublié la conversation qu'elles avaient eu lundi, alors Yumi lui expliqua. En se souvenant, Rosa rit aux larmes « Ah oui ! ». Oui, les gens à qui ont dit ce genre de choses ont tendance à mieux s'en souvenir que les autres (et à porter le poids des mots sur leurs épaules).

- De la paille, et bien, ça va, dit Rosa Gigantea.

Elle essuya les larmes sur ses joues de la paume de sa main.

- Qu'est-ce que vous voulez dire ?

- Sachiko et toi, vous serez toujours liées si c'est le cas.

Rosa Gigantea finit sa tasse de café noir instantané et plaça la tasse vide sur le rebord de la fenêtre.

- Ah.

Vraiment, quand on parle avec quelqu'un d'intelligent, des nouvelles portes semblent toujours s'ouvrir. On ne pouvait pas savoir si elle parlait sans réfléchir ou si elle abrégeait juste le plan Introduction-Développement-Conclusion de ses pensées.

- Tu ne penses pas que quelqu'un avec les capacités de Shimako devrait être en charge du Yamayurikai ?

- Mais, ce n'est pas votre vraie réponse, n'est-ce pas ?

- Si je réponds en tant que Rosa Gigantea, c'est ma réponse. Mais, personnellement, j'ai d'autres raisons qui sont - bien entendu - secrètes.

Rosa Gigantea posa ses deux mains sur sa poitrine. Elle semblait lui montrer que ses raisons étaient profondément ancrées dans son cœur.

- Shimako-san m'a dit que vous recherchiez les mêmes choses chez un partenaire.

- Hum, oui. Entre autre. Nous sommes assez similaires dans le fait que nous gardons nos distances, afin d'être à l'aise ensemble.

Rosa Gigantea avait choisi une petite sœur alors qu'il ne lui restait plus que six mois à passer au lycée. Il y avait beaucoup de splendides jeunes filles parmi les deuxièmes années. Et pourtant, elle avait décidé qu'elles n'étaient pour elle, mais que Shimako, elle l'était.

Et en réponse, Shimako avait pensé que Sachiko ne lui convenait pas et avait choisi Rosa Gigantea. Les relations humaines plongeait toujours Yumi profondément dans ses pensées, qu'elles soient simples ou complexes.

- De mon point de vue, Shimako doit être un peu jalouse de Yumi-chan, non ?

Cette réflexion de Rosa Gigantea avait été si abrupte que Yumi s'étouffa à moitié avec son café froid.

- Mais, pourquoi est-ce que vous changez toujours de sujet ?

- C'est...

Rosa Gigantea enlaça soudain étroitement Yumi.

Rosa Gigantea semblait sur le point de parler, mais elle enlaça soudain étroitement Yumi.

- ... parce que je veux voir toutes les mignonnes petites réactions de Yumi-chan~ !

- Hé... Rosa Gigantea !

Le café allait se renverser.

Plus important, peu importe à quel point les pensées de Rosa Gigantea étaient étranges, si en cet instant, quelqu'un les surprenaient, les choses allaient vraiment se compliquer.

Et, à cet instant précis, quelque chose se passa.

Alors qu'elle se débattait pour se libérer tout en essayant de ne pas renverser du café, Rosa Gigantea la lâcha soudainement.

- Voilà le millionnaire. Fini de s'amuser.

- Millionnaire ?

Sachiko se tenait dans l'encadrement de la porte.

- Vous semblez bien vous amuser, toutes les deux. J'ai fais exprès d'être bruyante en montant l'escalier, mais vous faisiez tellement de bruit que vous ne m'avez même pas entendu arriver.

Sachiko rentra dans la salle et posa son sac sur une chaise. Yumi s'écarta lentement de Rosa Gigantea. La situation était assez embarrassante.

- Oh, vraiment ! J'ai entendu que tu arrivais, c'est pour ça que j'ai fais un peu de fan-service ! dit Rosa Gigantea, sans une once de méchanceté.

- Fan-service ?

Le front de Sachiko tressaillit.

- Si je voulais vraiment m'en prendre à elle, je l'aurais fait quelque part où personne n'aurait pu nous voir.

Oh oh. Ça ne va pas.

Elle faisait exprès de dire des choses juste pour ennuyer la susceptible Sachiko. Que faire, que faire ? À ce rythme, elle allait craquer, craquer, craquer...!

- Aaah ! hurla Yumi.

Rosa Gigantea et Sachiko se tournèrent vers elle comme une personne.

- Heeu...

Elle avait crié, mais n'avait pas réfléchi à ce qu'elle devait faire ensuite, elle hésita. Aucune idée ne lui vint, alors elle regarda théâtralement sa montre.

- C'est presque l'heure ! Tout le monde va bientôt arriver ! Rosa Gigantea, vous avez fini votre café ? Je vais nettoyer !

Ah, pourquoi agissait-elle toujours de cette façon ? Elle savait que n'importe qui aurait dit quelque chose de beaucoup plus crédible. Mais bon, il semblait que la colère de Sachiko avait un peu diminué.

- Yumi-chan, gentille fille.

Rosa Gigantea lui tendit sa tasse, ses épaules tremblant légèrement. À en juger par la façon dont elle éviter de croiser le regard de Yumi, elle était en train de se moquer d'elle. Mais, elle se pencha pour lui chuchoter doucement :

- Sachiko est jalouse de moi.

- Hein ?

Elle jeta un coup à d'œil à Rosa Gigantea qui s'étirait avec délice, avant de sortir de la salle en disant d'une voix forte « Je vais aller jeter un coup d'oeil en bas ».

Il semblait que Rosa Gigantea était en plein malentendu. Sachiko n'était pas le genre de personne à jalouser quelque chose d'aussi futile qu'un enlacement.

Yumi posa les deux tasses dans l'évier et les recouvra avec application de produit nettoyant.

Sachiko avait tiré la chaise voisine de celle sur laquelle elle avait posé son sac, s'était assise dessus et avait commencé à lire un livre.

(J'avais raison.)

Sachiko se fichait totalement de Yumi.

- Ah, il n'y a pas d'eau chaude.

Apparemment, il n'y avait pas de gaz donc le chauffe-eau ne fonctionnait pas. Elle rinça les tasses avec de l'eau froide, contente d'être encore en automne.

- L'eau gèle dans les conduits en hiver.

- Vraiment ?

Yumi était surprise. Pas parce que l'eau gelait, mais plutôt parce que Sachiko avait prêté attention à ce qu’elle se murmurait. Elle pensait que, lisant, elle ne prêterait plus attention à ce qui l'entourait. Bien sûr, ses yeux étaient encore posés sur le livre.

Après avoir mis les tasses et les cuillères à sécher, Yumi se tourna en direction de Sachiko.

- Merci beaucoup pour le livret, Sachiko-sama.

Elle tourna une page. D'où elle se trouvait, Yumi se voyait du livre que des mots compliqués écrit en minuscule.

- Tu y as jeté un œil ?

- Heu... Oui, un peu.

- Pourquoi est-ce que tu baisses la voix ?

Sachiko leva enfin la tête de son livre.

- Je... ne pense pas que je pourrais apprendre toutes les lignes de Cendrillon à temps... murmura Yumi, mal à l'aise.

Un « bien sûr que non » la coupa dans son découragement.

- Je n'en demande pas tant.

Qu'est-ce qu'elle demandait, alors ? Yumi fronça avec anxiété son front. Sachiko plaça son livre sur la table, se leva et parla :

- Je porterai une robe de velours rouge avec des dentelles à l'anglaise.

Hein ? Mais qu'est-ce qu'elle lui prend ? pensa Yumi avant de réaliser qu'elle avait déjà entendu ces mots auparavant. Ou plutôt, qu'elle avait déjà lu ces mots auparavant. Dans le livret de Cendrillon version Lillian. Juste avant une réplique surlignée en bleu de la Sœur B. C'était une phrase de la Sœur A.

Elle ne comprenait pas pourquoi Sachiko venait soudainement de dire cela, mais il était clair qu'elle attendait une réponse. Si elle n'était pas capable d'énoncer la suite, Sachiko serait sans doute très déçue.

- Je porterai ma jupe habituelle.

Yumi commença à parler, sa décision prise.

- Mais, je porterai par dessus un manteau couvert de motifs floraux dorés et une broche en diamant. Ce sont des produits très rares.

Yumi venait juste de terminer sa phrase que Sachiko faisait un pas sur le côté pour se positionner juste derrière elle.

- Ma sœur, comment trouves-tu mes cheveux ?

La scène avait changé. Cette fois-ci, Sachiko était Cendrillon.

Un nouveau danger succédait au précédent. Yumi, de toutes ses forces, essaya de se rappeler les lignes qui suivaient. Heu...

- Cendrillon, tu ne penses pas aller toi aussi au Bal ?

- Bien.

Sachiko posa ses mains sur l'épaule de Yumi.

- Tu connais bien tes lignes.

(Hein...?)

Mais qu'est-ce qui se passe ? Mon cœur bat la chamade.

Sa main effleura deux fois son épaule droite. Le touché doux, délicat donnait une sensation de fraicheur, totalement différent d'une caresse telle qu’un « Yumi-chan, gentille fille ».

Peut-être que c'est pour ça que je le ressens si fort. Quand Rosa Gigantea me caresse la tête ou m'enlace, mon cœur ne se s'accélère pas à ce point.

- Tout le monde est en retard.

Sachiko se retourna soudain et se dirigea vers la porte. Yumi soupira légèrement, soulagée.

Elle était gênée. Son cœur battait si fort.

- Rosa Gigantea n'est pas remontée non plus...

- Peut-être ont-elles changé le lieu de rendez-vous ? Je vais aller voir.

- Alors, je viens aussi !

Yumi la suivit, tentant de refroidir son visage en posant ses mains sur ses joues.

Au milieu de l'escalier, Sachiko s'arrêta et se tourna soudainement.

- ........, fais attention.

Tout d'abord, elle cru qu'elle l'avertissait de la raideur des marches. Mais, elle avait cru entendre quelque chose comme « Rosa Gigantea » dans le début de sa phrase.

- Faire attention à quoi ?

Sachiko répondit « à l'escalier, bien sûr » et descendit rapidement les dernières marches.

(Oh.)

Elle avait l'impression que Sachiko s'était un peu inquiétée pour elle.

Mais, tout n'est pas aussi rose dans ce monde.

Yumi, gravant les mots de Sachiko dans son esprit, descendit les dernières marches avec précaution.

Partie 4[edit]

- Ah, les voilà.

Les membres du Yamayurikai étaient tous réunis au rez-de-chaussée de la Demeure des Roses. Je ne sais pas comment était habituellement utilisée cette salle, mais à l’heure actuelle elle servait à stocker les décors et les costumes de la pièce.

Une moitié de la pièce était donc remplie d’objets et l'autre, par six personnes, un script à la main.

- La répétition ne devait pas se passer au premier étage ? Ou est-ce qu'il y a encore eu un problème de communication entre nous ?

Á première vue, le ton de la voix de Sachiko était calme, mais on sentait clairement un léger soupçon de colère qui perçait derrière.

- On nous a dit que vous passiez un bon moment ensemble, alors nous avons décidé de changer le lieu en dernière minute.

- Un bon moment ?

Sachiko et Yumi tournèrent immédiatement les yeux vers la coupable. Rosa Gigantea détourna calmement le regard en s'étirant.

- Bah... Vous ne faîtes tellement pas d'effort pour que ça progresse entre vous...

Cette excuse était assez égoïste mais étrangement, toutes hochèrent la tête - à part évidemment les deux filles désignées par le « vous ».

- C'est vrai. On avait trouvé une source d'amusement jusqu'au festival de l'école, mais il ne se passe rien. On s'ennuie !

- Comment ça ?

- Il faut que tu sois un peu plus entreprenante Sachiko, que tu lui donnes ton rosaire au moins une fois par jour !

L'une après l'autre, elles enchainaient leurs remarques avec le plus grand sérieux. On pouvait se demander parfois si c'était vraiment les meilleures élèves de l'école. Il y avait une forte probabilité que ce soit bien elles qui diffusent les rumeurs, juste par amusement.

- Ne vous préoccupez pas de moi et de Yumi. Commençons les répétitions, ordonna Sachiko.

Elle fusilla tout le monde du regard. Alors, Rosa Chinensis frappa des mains, semblant se rappeler quelque chose au mot « répétitions ».

- Oh ! Je dois donner un script à Yumi-chan. Je suis désolée, c'est inattendu, mais tu as gagné le rôle de la Sœur B.

- Ah, j'ai déjà une brochure, ici.

Yumi sortit le script de Sachiko de son sac.

- Oh, bien joué, Sachiko.

Rosa Chinensis rit, apercevant le nom « Ogasawara Sachiko » marqué sur la quatrième de couverture.

- Ce n'est rien. Je connais déjà toutes mes lignes, je n'en ai plus l'utilité.

- C'est ce que tu dis. Yumi-chan, son rosaire n'est pas caché entre deux pages ?

- Hein !?

Elle se mit à tourner les pages avec empressement. Sachiko lui dit froidement « Qu'est-ce que tu fais ? Tu vois bien qu'elle se moque de toi » et se dirigea vers Rei et Shimako. Rosa Chinensis, elle, se retenait de rire, prouvant que Sachiko avait raison.

C'est vrai que s’il y avait quelque chose de coincé entre deux pages, elle s'en serait rendue compte. Et puis, Sachiko n'était pas du genre à faire quelque chose d'aussi sournois.

- Bien, recommençons depuis le début. Yumi-chan, mets-toi vers la droite et regarde vers le milieu de la pièce.

- Oui.

Rosa Chinensis semblait diriger les opérations. Elle ajouta à Yumi que celle-ci pouvait prendre son script avec elle si elle voulait. En effet, Rei en avait un dans la main.

- Pas la peine de s'inquiéter.

Sachiko parla avant que Yumi n'ait le temps de réagir.

- Yumi connait déjà toutes ses lignes.

Sachiko semblait très fière de pouvoir prononcer les paroles et Yumi se sentit folle de joie d’avoir fait ressentir un tel sentiment à Sachiko.

Oui, même elle pouvait travailler dur et répondre aux attentes de Sachiko sans la décevoir. Cette petite expression qu’elle avait eu la mettait dans un état d’excitation important.

- Excusez-nous !

Alors qu'elles étaient sur le point de commencer, des visiteurs frappèrent à la porte de la Demeure des Roses.

- Ah, j'y vais !

Yumi, qui était la dernière arrivée, s'empressa d'aller ouvrir la porte. Dehors se tenaient six élèves qui la saluèrent d’un poli « Gokigenyô » en la voyant.

- Go-Gokigenyô, répondit immédiatement Yumi.

Ce n'était pas un groupe de six, mais plutôt trois groupes de deux, comme leurs positionnements et leurs comportements le montraient.

- Nous sommes le club de couture, nous aimerions voir Rosa Foetida.

- Nous somme le club d'art, nous aimerions voir Rosa Gigantea.

- Nous somme le club d'invention, nous aimerions voir Rosa Chinensis.

Elles parlaient toutes avec nervosité, comme si elles lisaient leur cahier de texte en cours de japonais sans y avoir été préparé.

Quand Yumi tourna les talons après leur avoir dit d'attendre, pensant qu'elle ne pouvait plus les attendre, elles murmurèrent entre elles « Tu as vu ? C'est Yumi Fukuzawa-san ».

Peut-être que les autres membres n’allaient pas apprécier qu'une personne comme elle aille ouvrir la porte de la Demeure des Roses comme si elle était chez elle, s'inquiéta-t-elle soudain. Après tout, Yumi n'était même pas la sœur de Sachiko, mais plutôt quelqu'un qui « sans honte avait refusé la proposition de Sachiko ». Ce n'était pas étonnant que toutes trouvent cela bizarre.

Elle retourna dans la pièce du rez-de-chaussée et informa les Roses sur l'identité des visiteurs. Elles lui répondirent « Fais-les rentrer » alors elle retourna maladroitement sur ses pas transmettre le message.

- Entrez.

- Désolé du dérangement.

Les six jeunes filles s'inclinèrent poliment et entrèrent.

- Je suis contente, murmura une des membres du club de couture qui en pénétrant dans l’entrée. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si c'était Rosa Chinensis qui avait ouvert la porte. Heureusement, ça a été Yumi Fukuzawa-san.

- Hein ?

Yumi tourna la tête vers elle.

- J'admire beaucoup les Roses, mais elles sont trop inapprochables. Ce n'est pas pour être méchante, Fukuzawa-san, mais tu es quelqu'un d'un peu plus accessible.

- C'est vrai, nous aussi, nous sommes soulagées.

Les élèves du club d'art hochèrent la tête.

Apparemment, elles ne comptaient pas toutes arriver au même moment, mais c'était rejoint, coincées devant la porte de la Demeure des Roses. Quand elles s'étaient enfin décidées à frapper à la porte, Yumi avait ouvert. Elles avaient du ressentir la même chose que le jour où Yumi et Tsutako étaient venues pour la première fois à la Demeure des Roses et que Shimako les avaient appelé par derrière.

- C'est drôle, maintenant que Fukuzawa-san a ses entrées dans la Demeure des Roses, les Roses ont l'air bien plus accessibles et humaines.

Ouah. Ça par contre, c'était une réaction à laquelle elle ne s'attendait pas.

- Je sais que nous ne sommes au courant de rien de ce qui s’est passé entre vous, mais je pense que ce serait une bonne chose si Fukuzawa-san devenait la petite Sœur de Sachiko.

Je vois - pensa Yumi.

Elle se pensait plutôt timide, mais apparemment, ce n'était pas l'avis de tout le monde. Un grand poids sembla se soulever de ses épaules.

Les membres du club d'art étaient allés à la Demeure des Roses pour discuter de quelques points du décor, les membres du club de couture pour confirmer la séance d'essayage du lendemain et les membres du club d'invention pour tester leurs inventions utilisées dans les scènes de magie.

La répétition s'arrêta donc une nouvelle fois et Yumi put enfin apercevoir le visage sérieux des Roses. Elles étaient très drôles et détendues dans la Demeure des Roses, mais c'est vrai que même Yumi les trouvaient auparavant trop sérieuses et très difficiles à approcher.

- Les clubs n'aident pas à moitié, hein ?

Une partie du décor était déjà posée dans un coin de la salle. Grâce à l'application du club d'art, il était d’un réalisme parfait. Pour Yumi, un décor se devait d'être un peu flou. Quand elle essayait d'y réfléchir, elle ressentait toujours quelque chose comme si c’était un objet en plastique en forme de feuille verte et dentelée placé au milieu d'un plat de sushi.

- Nous n'avons officiellement demandé de l'aide qu'au club de danse. Mais la rumeur d'une pièce sponsorisée par la Yamayurikai s'est répandue comme une trainée de poudre et beaucoup de personnes sont venues nous voir, volontaires pour nous aider. Nous avions prévu au départ de porter nos vêtements habituels et d'utiliser quelques-uns des décors qui dorment dans l'entrepôt de l'école.

Rei, qui jouait le rôle de la magicienne et du prince dans les répétions du jour, continua ses explications.

- Tous les clubs sont très occupés par le festival de l'école, mais ils ont trouvé du temps pour nous. Ils disent que ça leur permet de changer d'occupation ou que c'est une belle source d'inspiration... Oui, ils font vraiment des choses fantastiques.

C'était sûrement une bonne chose pour eux de changer de projet et de décompresser un peu.

Quand toutes les affaires furent résolues et que les répétitions pouvaient reprandre, les six étudiantes qui se préparaient à partir demandèrent timidement « Heu... Cela ne vous dérange pas on vous regarde ? ».

Rosa Chinensis répondit avec enthousiasme « bien sûr que non ! » et les membres du club de couture, d'art et d'invention se massèrent ensemble en poussant des petits cris aigus « Kyaa ! ».

(Herk...)

Yumi allait avoir un public pour sa première répétition.

« Tout va bien » dit Sachiko, sans hésitation, un grand sourire sur le visage « Fais exactement la même chose que tout à l’heure ».

Immédiatement, Yumi se sentit mieux. Bien sûr, elle n'avait qu'à répéter ce qu'elle avait fait quand elle était au premier étage, avec Sachiko.

Comme par magie.

Pourtant c'était Rei qui était censé jouer la magicienne et Cendrillon celle qui était victime d’un enchantement.

Sachiko avait eu raison de dire que le script ne lui était plus d'utilité. Elle connaissait ses lignes sur le bout des doigts, elle était parfaite et même ses camarades qui jouaient avec elle n'arrivaient pas à s'empêcher de la regarder.

Yumi jeta un coup d'œil dans le coin de la salle et vit les six visiteuses, totalement fascinées par Cendrillon.

Yumi était fière.

Sachiko n'était-elle pas fantastique ?

Cette pensée, enfouit profondément dans son cœur, lui vint avec joie.

Partie 5[edit]

On était vendredi et, après les cours, dans les vestiaires du lycée de l'académie Lillian, était organisé les essayages des costumes de la pièce.

- Et bien ! Quelle magnifique Cendrillon !

La robe ivoire, couverte de fils d’or et d'ornements argentés, était si belle et parfaite et allait si bien à Sachiko qu'on ne pouvait qu’en soupirer d'admiration.

- Le décolleté est un peu grand, non ? demanda Sachiko d'un ton inquiet.

Rosa Foetida, qui pliait la tenue de la belle-mère, répondit avec précipitation :

- Non ! Ne tire pas le col, c'est du fan service !

- Mais de quoi est-ce que tu parles ?

- Il faut que tu sois parfaite, pour tes fans, tu comprends ?

Rosa Foetida prit Sachiko par le bras et l'emmena ainsi jusqu’à Yumi, qui était en train d’essayer le robe de la Sœur B.

- Yumi-chan, qu'est-ce que tu en penses ? Ça lui va bien, non ?

- Ah, heu, oui-oui, bien sûr.

Cela ressemblait à une réponse forcée, mais ce n'en était pas une. C'était vraiment très bien (et très sexy) de pouvoir apercevoir le haut des seins blancs de Sachiko. Même si elles étaient des filles, ce n'était pas pour autant qu'elles ne pouvaient pas apprécier de voir de jolies choses.

- Vraiment ?

Yumi hocha vivement la tête en réponse à la question Sachiko, un peu mal-à-l'aise. Même si elle était un peu plus habituée maintenant, la vision si proche d'une fille si jolie était toujours intense pour elle. Surtout vu la tenue qu'elle avait aujourd'hui.

- Si Yumi le dit, alors c'est que ça doit être le cas.

C'était surprenant, mais Sachiko abandonna là son combat. Elle se dirigea simplement vers Rosa Chinensis pour lui demander : « Et pour mes cheveux, qu'est-ce qu'on fait ? ».

- Et bien. C'est plutôt intéressant…

Rosa Foetida qui boutonnait l'arrière de la tenue de Yumi lui versa verbalement un seau d'eau glacé sur la tête. Elle avait essayé d’ignorer ce « Si Yumi le dit... ».

- Et bien, la poitrine de Yumi est plus petite que prévu. Peut-être qu'on devrait refaire la robe en moins large.

Les vêtements créés pour la pièce n'étaient pas du sur-mesure, ils étaient juste d’une taille légèrement supérieur à celle d'une lycéenne normale. Yumi était plus grande que la moyenne, la robe lui allait donc parfaitement, sauf au niveau de la poitrine qui flottait - ce qui la rendit légèrement triste.

Les membres du club de couture ajoutèrent un épingle pour noter le nombre de tissu à enlever, quand Sachiko se rapprocha d'eux en disant « Attendez ! ».

- Je vais la mettre.

- Hein ?

- Allez, on échange.

Sachiko se débarrassa rapidement de la robe ivoire qu'elle portait et la tendit à Yumi.

- N'oublie pas. On ne sait pas encore qui va jouer Cendrillon... Allez, déshabille-toi, vite.

- Sa-Sachiko-sama, c'est...

Sachiko lui courait après, vêtue uniquement de son jupon, et le coinça dans un coin de la salle. Personne ne semblait vouloir venir en aide à Yumi. Au contraire, toutes avaient arrêté leur activité et regardait avec attention l'amusant spectacle.

- Au secours !

Elle la tourna face contre le mur et déboutonna ses boutons.

- Kyaaa~ !

Il faut juste que nous en parlions, il faut que nous en parlions ! Mais, elle ne trouvait pas le courage d'ouvrir la bouche. Elle avait couru, on lui avait couru après, si elle s'était déshabillée sans faire d'histoire, elle n'aurait pas eu à ÊTRE déshabillée !

- ...

- Ah, Yumi-chan est mignonne aussi. Mignonne, mignonne~

Les Roses la complimentèrent mais leurs regards se tournaient surtout vers Sachiko qui était toujours aussi étincelante, même dans la tenue de la Sœur B.

- Passez-moi toutes vos mouchoirs ! Ah, des serviettes aussi si vous en avez.

Rosa Foetida attrapa une serviette, en fit une boule de ses mains et la fit rentrer dans le décolleté flottant de Yumi.

- Hum. Il faudrait donc une serviette... ou deux petites brioches à la viande.

Grâce à elle, Yumi venait d'acquérir une magnifique poitrine, quoique un peu obscène.

- Heu, je pense que les seins sont un peu trop découverts finalement... dit Yumi.

Elle pointa du doigt sa poitrine, qui aurait nécessité d'être un peu plus remonté par le soutien-gorge.

- Mais, tu viens de dire que c'était très bien, il y a une minute !

Sachiko pencha la tête sur le côté.

Oui, je l'ai dit, mais à ce moment-là, je ne savais pas que j'allais moi aussi devoir la porter !

- Hein. Vous n’avez posé cette question qu’en pensant à quand je devrais la porter …?

- Bien sûr.

Le ton de sa voix était tel un « tu viens de t'en rendre compte ? ».

Oh. Ca expliquait le « si Yumi le dit » de tout à l'heure. Elle avait été idiote d'avoir été si excitée.

Mais, plus important.

Sachiko n'avait toujours pas abandonné sa lutte pour le rôle principal.

- Rosa Foetida, et ça ?

Une membre du club de couture lui présenta deux objets blancs. Au premier regard, on aurait pu croire que c'était des pelotes de laine, mais ils avaient l’air plus moi et étaient décorés avec soin. Les deux étaient identiques. Yumi reconnut enfin ce que c’était :

- Ah, ce sont les épaulettes !

Plusieurs personnes dirent cette phrase en même temps.

- Le matériau et la forme sont parfaits !

- Certains soutiens-gorge ont ce genre de choses à l'intérieur, non ?

- Oh ? Comment tu sais ça ?

- Non, j’ai dit ça comme ça, je ne mets pas ce genre de chose~ !

Le club de couture était si excité à parler des différentes sortes de soutien-gorge que Yumi fut incapable de les couper pour dire quelque chose.

Quoi qu’il en soit, c’était vrai que les épaulettes pouvaient parfaitement servir comme rembourrage. Et vu le corps phénoménal de Sachiko et celui bien plus banal de Yumi, que Yumi joue le rôle de la Sœur B ou de Cendrillon lors de la représentation, elle serait bien obligée de gonfler sa poitrine…


  1. Termes de musique.