Suzumiya Haruhi (fr) : Tome 1 - chapitre 2

From Baka-Tsuki
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Chapitre 2

Vu les résultats, mes prévisions étaient exactes.

Après les cours, Haruhi n’a pas disparu instantanément de la salle de classe comme à son habitude. Cette fois, elle m’a fortement agrippé par la main et traîné de force hors de la classe, à travers les couloirs, les escaliers et s’est finalement arrêtée devant la porte menant au toit.

Cette porte est habituellement fermée et la cage d’escalier au dessus du quatrième étage semble avoir été utilisée par le club d'Arts Plastiques comme salle de stockage. D’énormes canevas, des cadres presque brisés, des statues de dieux de la guerre sans nez et d’autres trucs étaient entassés dans cette petite cage d’escalier, faisant d’un espace habituellement réduit un volume encore plus réduit.

Qu’est-ce qu’elle essayait de me faire en m’amenant ici ?

« J’ai besoin de ton aide. »

Haruhi m'annonça ceci en m'attrapant la cravate. Avec son regard acéré dirigé sur la partie inférieure de ma tête, j’avais l’impression qu’elle me menaçait.

« Mon aide pour quoi faire ? »

Je feignais l’ignorance.

« Aide-moi à créer un nouveau club ! »

« OK, alors dis-moi, pourquoi est-ce que je devrais t’aider à faire quelque chose que tu viens juste d'inventer ? »

« Parce que j’ai besoin de trouver une salle ainsi que des membres pour le club, donc tu dois trouver quelle paperasse il faut pour l’école. »

Elle n’écoutait même pas. Je repoussais la main d’Haruhi.

« Quel genre de club penses-tu créer ? »

« C’est pas important ! L’important est de faire un club avant tout. »

Je doutais vraiment que l’école nous laisse former un club dont les activités sont inconnues.

« Écoute ! Après les cours, tu iras chercher ce qu'il faut, et je chercherai une salle pour le club. OK ? »

'NON !'

Si j’avais répondu comme ça, j’aurais été certain de me faire tuer. Alors que j’hésitais sur la façon de répondre, Haruhi était déjà partie et descendait les escaliers, laissant derrière elle un étudiant mâle désorienté debout et tout seul dans la cage d’escalier poussiéreuse.

« …Je n’ai même pas dit que j'allais l'aider… »

Aaah, dire ça à une statue en plâtre est inutile. Je ne pouvais que traîner mes pieds lourdement, en essayant de trouver comment j'allais expliquer tout ça à mes camarades de classe curieux.



Conditions pour former une « association » :

Cinq membres ou plus. Un professeur référent, un nom de club, un président du club et un résumé des activités/objectifs sont nécessaires — qui doivent ensuite être approuvés par le Comité Exécutif du Conseil des Étudiants. Les activités du club doivent entrer dans la philosophie de l’école en terme de créativité et de vivacité. Basé sur les constatations et les résultats des activités, le Comité Exécutif débattra sur l'éventuelle promotion de l’association en « groupe d’étude ». En outre, en tant qu'association, l’école n’apportera aucun financement.


Je n’ai pas vraiment eu à beaucoup chercher pour les conditions puisqu’elles étaient listées sur le dos du carnet de correspondance.

Pour les membres, c’est facile ; il suffit juste de trouver n’importe qui pour arriver au compte, donc ce ne sera pas un problème. Pour le professeur référent, c'est plus difficile, mais je pense pouvoir me débrouiller. Quant au nom, quelque chose d’inoffensif fera l’affaire. Et le responsable du club sera, sans aucun doute, Haruhi elle-même.

Je suis prêt à parier, par contre, que le résumé des activités/objectifs de notre club ne va certainement pas aller avec la « créativité et la vivacité ».

Cela dit, ce n’est pas comme si Haruhi était le genre de personne à se soucier des règles.


Alors que la cloche sonne la fin des cours, Haruhi se servit de son horrible force brutale en m’agrippant la manche de ma veste et m'extrayant de la classe à la vitesse d’un kidnappeur. Il me fallut de grands efforts pour être sûr de ne pas laisser mon sac dans la classe.

« Où est-ce qu'on va ? »

J’ai demandé parce que, eh bien, je suis normal après tout.

« Au Club. »

Haruhi, si débordante d’énergie qu’elle était capable de dégager de notre chemin les personnes lentes devant nous, répondit avec une courte phrase, puis plus un mot. S’il te plait, est-ce que tu pourrais au moins relâcher ma main avant ? Après avoir quitté le couloir du premier étage, on entra dans un autre bâtiment et monta dans des escaliers. On marcha dans un couloir sombre et à son centre, Haruhi s’arrêta. Bien sûr, je m’arrêtai aussi.

Il y a une porte en face de nous.

Club de littérature

L’insigne tordu était collé sur la porte.

« C’est ici. »

Sans même frapper, Haruhi ouvrit la porte et entra dans la salle sans aucune considération. Bien entendu, je la suivis à l'intérieur.

La salle est étonnement large, ou peut-être qu’elle donne cette impression parce qu’elle ne contient qu’une table rectangulaire, des chaises métalliques et une bibliothèque. Quelques fissures dans le plafond et les murs montraient à quel point le bâtiment est vieux.

Comme si elle était comprise dans la salle, une fille était assise seule sur une chaise métallique, lisant un très gros livre.

« À partir de maintenant, ceci est notre salle de club. »

En l'annonçant formellement, Haruhi ouvrit les bras. Son visage brillait de son sourire énergique. "Si seulement elle avait montré ce sourire en classe…" même si je le pensais, je n’osais pas m'exprimer à voix haute.

« Attends un peu, on est où, là ? »

« Le bâtiment culturel et artistique. Cet endroit a des salles d’art et de musique pour le club d’art et le club d’orchestre. Les clubs et les associations n’ayant pas de salle attitrée ont toutes leurs activités dans ce bâtiment, connu comme le Vieux Complexe. Et cette salle appartient au Club de Littérature. »

« Et le club de littérature, alors ? »

« Après que tous les élèves de troisième année ont eu leur diplôme ce printemps, le club avait zéro membre. Puisqu’aucun nouveau membre n’a été recruté, le club devait se dissoudre. Ah, au fait, elle est une première année et c’est le seul nouveau membre. »

« Donc ils ne sont pas encore dissouts ! »

« C’est presque pareil ! Un club avec juste un membre c’est pareil qu’avec aucun. »

Idiote ! Est-ce que tu essaierais de prendre le contrôle de la salle des autres ? Je lançais un regard rapide la fille du club de littérature.

C'était une fille avec des lunettes et des cheveux courts.

Haruhi parlait déjà très fort. La fille, par contre, n’avait même pas levé sa tête une seule fois. À part parfois pour tourner les pages avec ses doigts, elle semblait immobile, ignorant complètement notre présence. Cette fille avait l'air tout aussi étrange !

Je baissais le ton et demandait à Haruhi :

« Et elle ? »

« Elle a dit qu’elle s’en fichait ! »

« Vraiment ? »

« Je lui ai déjà demandé pendant l’heure du déjeuner... Je lui ai dit que j’avais besoin qu’elle me prête la salle et elle m’a dit "fait donc", tant qu’elle pouvait lire ses livres ici en paix. Maintenant que tu le dis, elle est assez bizarre. »

Et c’est toi qui dis ça !

J’observai l'étrange fille du club de littérature un peu plus attentivement.

Elle avait une peau pâle et un visage sans expression. Ses doigts bougeaient en rythme comme un robot. Cachant son joli visage, ses cheveux courts donnaient envie de lui retirer ses lunettes pour mieux la voir. Elle donnait l’impression d’une marionnette imperceptible. En somme, une folle mystérieuse et sans expression !

Remarquant peut-être mon observation intrusive, la fille releva soudain la tête et repoussa de ses doigts la monture de ses lunettes sur son nez

J’aperçus la profonde couleur de ses yeux me fixant à travers ses lunettes. Ni ses yeux ni ses lèvres ne montraient d’expression, presque comme un masque. Elle était différente d’Haruhi — son visage est plus du genre à ne montrer aucune d’émotions.

« Yuki Nagato. »

Son ton suggérait que son nom serait oublié par la plupart des gens dans les trois secondes après l’avoir entendu.

« Dis-moi, Nagato-san, » demandais-je, « cette fille-là voudrait se servir de ta salle de club pour faire un club de je-ne-sais-quoi. Ça ne te gêne pas ? »

« Non. »

Le regard de Nagato n'avait pas quitté son livre une seconde.

« Mais ça pourrait être embêtant pour toi. »

« Ça n’a pas d’importance. »

« Tu seras peut-être même chassée ? »

« Faites donc. »

Même si elle répondait rapidement, elle ne montrait pas d’expression. Il me semblait qu'elle n'en avait rien à faire.

« OK, alors c’est décidé, » interrompit soudainement Haruhi.

Elle semblait vraiment surexcitée, ce qui me donnait un mauvais pressentiment.

« À partir de maintenant, on se retrouvera dans cette salle après la classe. Tu as intérêt à être là ! Ou c’est comme si tu étais mort. »

Elle dit ça avec un sourire aussi gai qu'un cerisier bourgeonnant. J’ai, à contrecœur, hoché la tête.

S’il vous plait, je ne veux pas déjà mourir !


Nous avions donc maintenant une salle pour le club, mais il n’y avait absolument aucun progrès avec la paperasse. Nous n’avions même pas encore décidé du nom ou déterminé quelles activités le club était censé avoir. J’avais demandé à Haruhi de réfléchir à ces choses en premier, mais elle semblait avoir d’autres plans.

« On pourra décider ça plus tard ! » déclara fortement Haruhi. « Pour l’instant, le plus important est de recruter des membres. On a besoin d’au moins deux personnes en plus. »

Donc tu as déjà compté la membre du club de littérature dedans ? Tu ne peux pas considérer Yuki Nagato comme un accessoire de la salle, quand même ?

« Ne t’inquiète pas pour ça. Je vais bientôt trouver des gens ; j’ai déjà quelqu’un en tête. »

Comment ne pas m’inquiéter ? Mon malaise est devenu encore plus profond !


Le lendemain après les cours, après avoir décliné l’invitation de Taniguchi et Kunikida de rentrer ensemble, je me traînai à contrecœur en direction de la salle de club.

Haruhi dit seulement « Pars devant ! » et disparut de la classe à une vitesse dont le Club d’Athlétisme aurait bien eu besoin. Elle était si rapide que je me suis demandé si elle n'avait pas ajouté des amplificateurs à ses chaussures. Je ne savais pas si elle était pressée de trouver de nouveaux membres ou si elle était juste très excitée d’avoir fait un pas en avant vers une rencontre du troisième type.

D’un autre coté, je ne pouvais apporter que mon sac, donc je me dirigeai lentement vers le Club de Littérature.


En entrant dans le club, je découvris que Yuki Nagato était déjà à l’intérieur, toujours assise dans la même position tandis qu'elle lisait son livre. Je l’approchai lentement, mais comme hier, son esprit était plongé dans le livre et ma présence ignorée. Est-ce que le Club de Littérature n’était qu'un club de lecture pure ? Pour quelle autre raison passerait-elle son temps à lire ?

Silence dans la salle...

« … Qu'est-ce que tu lis ? »

Je posai la question, incapable de soutenir le silence plus longtemps. Yuki Nagato répondit en levant son livre et me montrant la couverture. Mes yeux virent un grand groupe de mots brillants dans une langue étrangère ; on aurait dit une sorte de roman de science-fiction.

« C'est intéressant ? »

Yuki Nagato poussa ses lunettes vers le haut sans effort avant de répondre d’un ton vide :

« Unique. »

On dirait qu’elle avait réponse à tout ce que je pouvais lui demander.

« Quelle partie ? »

« Le tout. »

« Donc tu aimes lire ? »

« Beaucoup. »

« Je vois… »

« … »

Retour au silence…

Est-ce que je peux rentrer chez moi maintenant ?

Je pensais à ça en posant mon sac sur la table. Alors que je me préparais à m’assoir sur la chaise métallique, la porte s’ouvrit avec fracas comme si elle venait de recevoir un violent un coup de pied.

« Hé, désolée je suis en retard ! Ça m’a pris un peu de temps d'essayer d'attraper cette fille ! »

Haruhi était finalement arrivée, nous faisant un signe de la main. Son autre main tenait le poignet de quelqu’un d’autre — elle avait capturé une autre personne ! Lorsque Haruhi entra dans la salle, elle verrouilla la porte pour une raison inconnue. Clic ! Entendant ce son, la frêle jeune fille frissonna inconfortablement.

Waw, elle est vraiment mignonne.

Elle doit être la « volontaire désignée » de Haruhi.

« Q… qu’est-ce que vous faites ? »

La fille posa la question, presque en larmes.

« O…Où est-ce qu'on est ? Pourquoi est-ce que vous m'avez amenée ici ? Et p… pourquoi est-ce que tu verrouilles la porte ? Qu’est-ce que vous me voulez ? »

« Laissez-moi vous la présenter : voici Mikuru Asahina. »

« Silence ! »

Haruhi aboya d’une telle force que la fille se figea.

« Laissez-moi vous la présenter : voici Mikuru Asahina. »

Après avoir annoncé son nom, Haruhi s’arrêta de parler. Il semblerait que ce soit tout pour les présentations.

Le silence envahit une fois de plus la salle. Haruhi semblait satisfaite avec son air d’« un travail bien fait » ; Yuki Nagato, à son habitude, continuait de lire son livre sans aucune réaction ; et la fille appelée Asahina Mikuru était simplement morte de peur. Hé, pourquoi personne ne parlait-il ? Je commençais donc la conversation.

« D’où est-ce que tu l’as enlevée ? »

« Ce n’était pas un enlèvement ! Je l’ai juste forcée à me suivre. »

Mais c’est la même chose !

« Je l’ai trouvée en train de rêvasser dans une salle de deuxième année, alors je l’ai donc ramenée de là. J’ai exploré tous les recoins de l’école pendant les inter-cours, donc je l’avais déjà remarquée plusieurs fois. »

C’est donc ça que tu faisais pendant les inter-cours lorsque tu disparaissais de la salle de classe. Non, attends, ce n’est pas le moment de penser à ça.

« De toute façon, c’est notre senpai ! »

« Donc ? »

Je la regardais avec incrédulité. Oh Mon Dieu, cette fille ne réfléchit même pas à ce qu’elle fait !

« Bon alors… dis-moi, pourquoi as-tu eu besoin d'aller la chercher, elle, heu, Asahina-senpai, c'est ça ? »

« Regarde là. »

Haruhi pointa soudainement le nez de Mikuru Asahina, la faisant reculer instantanément.

« N’est-elle pas craquante ? »

C’est quelque chose que seul un dangereux kidnappeur dirait ! C’est ce que je pensais du moins.

« Je crois que les personnages Moe ont leur importance ! » continua-t-elle.

« …Excuse-moi, tu pourrais répéter ? »

« J’ai dit Moe ! La capacité à attendrir les gens ! À la base, la plupart des polars ont un personnage attendrissant qui attirera la pitié sur lui. »

Je me suis automatiquement tourné vers Mikuru Asahina pour l'observer : elle avait un petit corps et un visage qu'on aurait facilement pu prendre pour celui d’une écolière. Ses cheveux marron étaient légèrement bouclés, et pendaient dans son dos. Ses yeux de petit chiot diffusaient une aura de « protégez-moi ». Ses lèvres entrouvertes révélaient une rangée de dents blanches comme l'ivoire qui, couplées à son petit visage, formaient une combinaison parfaite. Si on lui avait mis entre les mains une baguette magique avec un bijou brillant, elle aurait même pu se transformer en petite fée ! Aargh~, mais à quoi est-ce que je pense !?

« Et ce n’est pas tout ! »

Haruhi sourit, puis saisit Mikuru Asahina par derrière avec ses mains.

« Kyaaa !!! »

Asahina hurla instantanément. Mais Haruhi n’était même pas troublée, caressant ses seins à travers sa marinière.

« Ahhh ! »

« Elle est si petite, alors que ses seins sont déjà plus gros que les miens ! Un joli visage et des gros seins sont également un facteur important pour émouvoir les gens ! »

Oh mon Dieu, je vais m’évanouir.

« Waw, ils sont vraiment gros. »

Haruhi glissa ses mains sous l’uniforme d’Asahina et commença à tâtonner. Arrête ça espèce de perverse !!

« Aah, ça m’énerve ! Son visage est trop mignon, et en plus ses seins sont plus gros que les miens ! »

« Au… Au secours !!! »

Asahina devint rouge comme une pivoine. Elle essayait de se libérer avec ses mains et ses pieds, mais sa force était sans comparaison avec celle de son agresseur. Alors que Haruhi commençait à diriger ses mains vers la jupe d'Asahina, je n’en pouvais finalement plus et je séparai la perverse d’Asahina.

« Mais qu’est-ce que tu fais ?! »

« Mais ils sont vraiment énormes ! C’est vrai ! Pourquoi n'essaierais-tu pas toi aussi ? »

Asahina gémit faiblement.

« Non merci. »

C’est tout ce que je pus dire.

Je fus vraiment surpris que pendant toute cette agitation, Yuki Nagato, qui lisait son livre, n'eût pas une fois levé la tête. Qu’est-ce qu’elle avait cette fille ?

Soudainement, je pensais à quelque chose.

« Hé, ce n'est quand même pas… juste parce qu’elle est mignonne et a une importante poitrine que tu as amené Asahina-senpai ici ? »

« Bien évidemment ! »

Ah mon Dieu, tu es vraiment stupide !

« Un personnage-mascotte comme elle est nécessaire ! »

Nécessaire mon cul ! Et selon les critères de qui ?

Asahina arrangea son uniforme froissé et regarda dans ma direction. Hé, ne me regarde pas comme ça, tu me mets dans une situation embarrassante.

« Mikuru-chan, » demanda Haruhi, « es-tu dans un autre club ? »

« O… Oui… le Club de Calligraphie »

« Quitte-le ! Ça gênera les activités de mon club. »

Haruhi ! N'es-tu pas un peu trop égoïste !?

Asahina avait le visage d’une victime dans une affaire de meurtre, me regardant avec des yeux demandant à être sauvés. Puis, ce fut comme si elle avait soudainement remarqué la présence de Yuki Nagato. Ses yeux s’élargirent et montrèrent une certaine hésitation. Un instant plus tard, elle soupira et murmura :

« Je vois… dans ce cas. »

Qu’est-ce que tu as compris ?

« Je vais quitter le Club de Calligraphie, et rejoindre votre club… »

Sa voix était tellement triste.

« Mais je ne sais pas ce que fait le club de littérature. »

« Nous ne sommes pas le Club de Littérature, » clarifia Haruhi.

Voyant Asahina confuse, je me dépêchai de donner une explication.

« Nous empruntons temporairement cette salle pour les activités de notre club. Le club que tu viens de rejoindre est en fait une nouvelle association que Suzumiya Haruhi va créer dans un futur proche. On ne sait pas encore quelles vont être nos activités ; nous n'avons même pas de nom. »

« …Comment ?… »

« Oh, et celle qui est assise ici, est la véritable membre du Club de Littérature. »

« Oh… »

Asahina restait debout silencieuse, sa délicate bouche entrouverte. Sa réaction ? Parfaitement normale.

« Ce ne sera pas un problème ! »

Heureuse de ne pas être responsable de quoi que ce soit, Haruhi donna une tape dans les épaules d'Asahina.

« Je viens juste de penser à un nom ! »

« …OK, écoutons ça… » soufflais-je sans aucun enthousiasme.

Si possible, j’aurai vraiment voulu ne pas l’entendre ! Mais puisque je l’avais déjà demandé, Haruhi Suzumiya fit usage de sa voix claire pour annoncer le nom qu’elle venait de trouver.


Comme tout le monde sait, tout a commencé de la vision simple et naïve de Haruhi Suzumiya, et de rien d’autre. Et donc… Le nom de notre nouveau club a été décidé :

La brigade SOS !

Sekai wo

Ooini moriagerutame no

Suzumiya Haruhi no Dan

La brigade pour Sauver le mOnde en l'inondant de fun de Haruhi Suzumiya, abrégé en brigade SOS.

Vous pouvez rire maintenant.

Mais avant ça, je restais stupéfait.

Pourquoi l'appeler une "brigade" ? Ca aurait du être "l’association pour Sauver le mOnde en le surchargeant de fun de Haruhi Suzumiya", mais puisque le club n’avait pas encore le minimum requis pour devenir une association et que personne ne savait exactement à quoi servait le club, Haruhi répondit simplement que « puisqu'on n’en sait rien, disons que c’est une brigade ! » Et c’est ainsi que le nom du club vit glorieusement le jour.

Après avoir entendu le nom, Asahina referma sa bouche, affligée. Yuki Nagato pouvait être considérée comme étrangère à la discussion, et je ne savais quoi dire. Ainsi, la motion pour le nouveau nom du club fut adoptée, à une voix pour et trois abstentions. La brigade SOS est maintenant opérationnelle ! Quel magnifique moment !


Pfft, fais comme tu veux !


Après avoir dit : « Assurez-vous d'être là tous les jours après les cours ! », Haruhi mit fin aux activités. Les épaules d'Asahina retombèrent, son visage sans vie avançant dans le couloir, et donnant une impression de tristesse. Ne pouvant supporter de la voir ainsi, je l’ai rappelée.

« Asahina-senpai. »

« Oui ? »

Asahina me regardait de son visage innocent, qui n’avait pas l’air d’être plus vieux que le mien.

« Tu n’as pas à rejoindre un club aussi bizarre si tu ne le veux pas ! Tu n’as pas besoin de t’inquiéter d’elle, je trouverai un moyen de lui expliquer. »

« Non. »

Elle s’arrêta, me fit un clin d’œil et sourit.

« Tout va bien. Je veux vous rejoindre. »

« Mais ça pourrait être un club ennuyeux ! »

« Ce n’est pas important ; tu es membre du club toi aussi ? »

Non ! Que je sois membre ou pas de ce club n’est pas la question !

« C'est peut-être le résultat absolu de ce plan temporel… », dit-elle de ses yeux ronds perdus dans le vague.

« Qu’est-ce que c'est supposé vouloir dire ? »

« De plus, je suis intéressée par la présence de Nagato-san… »

« Intéressée ? »

« Heu ? Non, rien. »

Asahina secoua la tête rapidement, entraînant ses longs cheveux.

Après quoi, Asahina sourit, l’air embarrassée et me fit un profond salut.

« Je peux être gênante, merci de me supporter. »

« Tu n'as pas besoin de faire ça… tu vas me mettre dans une position difficile… »

« Tu veux bien m'appeler Mikuru désormais ? »

Elle sourit.

Wah, elle est tellement mignonne que je me suis senti tout bizarre !


Ce qui suit est une conversation que j’ai eue un jour avec Haruhi.

« Tu sais ce qu’il nous faudrait ensuite ? »

« Qui sait ? »

« Je pense mettre la main sur un mystérieux élève transféré. »

« Tu veux bien me donner ta définition d’un « mystérieux » élève transféré. »

« Ceux qui sont transférés deux mois après que les cours ont commencé sont forcément de mystérieux élèves transférés. Tu ne crois pas ? »

« Peut-être que c’est parce que leurs parents ont été mutés et qu'ils ont dû les suivre. »

« Non ce serait trop gros et pas naturel ! »

« Alors, qu'est-ce qui est naturel pour toi ? Je voudrais bien savoir. »

« Un mystérieux étudiant transféré… Est-ce qu'ils existent au moins ? »

« Tu n’écoutes vraiment jamais rien de ce que je dis, c'est ça !? »


Des rumeurs couraient dans l’école que Haruhi et moi complotions quelque chose.

« Hé, qu’est-ce que tu nous prépares avec Haruhi ? »

Taniguchi me posait la question.

« Tu ne serais pas dans une relation romantique, non ? »

Absolument pas ! Honnêtement, je voudrais, moi aussi, savoir ce que je suis en train de faire !

« Essaye de ne pas faire quelque chose de trop stupide, tu n’es plus au collège ! S’ils trouvent que tu as vandalisé le terrain d'entraînement ou un truc comme ça, tu pourrais être suspendu ! »

S'il s'agissait seulement de Haruhi, j'aurais pu tout simplement l’ignorer. Mais maintenant il y avait Yuki Nagato et Mikuru Asahina à protéger — je ne pouvais pas les laisser être impliquées. Lorsque je réalisai combien j’étais prévenant envers elles, je me sentis soudain fier de moi.

Le fait est qu'il n’existait aucun moyen de stopper cette folle de Haruhi !


« Je veux aussi un ordinateur ! »

Depuis que brigade SOS avait été fondée, la salle du Club de Littérature commençait à se remplir d'autres choses que la table rectangulaire, les chaises métalliques et la bibliothèque.

Dans un coin, se tenait maintenant un paravent, un flacon et des tasses, une théière, un poste CD/MD/radio, un congélateur, un microphone, une poêle à frire, une casserole et bien d’autres ustensiles de cuisine. Et puis quoi encore ? Elle a prévu qu'on vive ici ?

En ce moment, Haruhi est assise sur un bureau qu’elle a sorti de je ne sais où. Pour une raison inconnue, une pyramide triangulaire noire avec les mots « Chef de Brigade » est posée sur la table.

« Nous sommes à l'ère numérique, et nous n'avons même pas un ordinateur. Ça va pas le faire ! »

Qui a dit ça ?

Quoi qu’il en soit, tous les membres étaient présents aujourd’hui. Yuki Nagato à sa place habituelle, lisant un gros livre à propos de la chute de l’un des petits satellites de Saturne, ou quelque chose d'approchant. Asahina, qui n’était pas forcée de venir, est quand même docilement venue et était assise sur une chaise avec un air confus.

Haruhi sauta du bureau s’avança vers moi avec un sourire sinistre.

« Et c’est pourquoi je vais m’en procurer un maintenant ! » déclara Haruhi comme prédateur cherchant sa proie.

« T'en procurer un ? Tu veux dire, un ordinateur ? Mais où ? Tu ne prévois pas de cambrioler un magasin d’électronique quand même ? »

« Bien sûr que non ! C’est à un endroit bien plus proche ! »

« Suivez-moi ! » Asahina et moi-même obtempérâmes à l’ordre de Haruhi et la suivîmes dans le couloir, jusqu'à arriver enfin au Club d’Informatique, deux salles plus loin.

Je vois !

« Tiens, prends ça »

Haruhi me tendait un appareil photo.

« Maintenant, écoute bien ! Je te donne le plan que tu devras le suivre à la lettre ! Tu n’auras qu’une seule chance. »

Haruhi me fit descendre à son niveau et me chuchota son « plan » à l'oreille.

« Que !? Tu ne peux pas faire ça ! »

« Et c'est important ? »

Bien évidemment que c'est important, mademoiselle ! Je me retournai alors vers une Asahina interloquée, en essayant de l’avertir en lui faisant des clins d'œil.

Tu ferais mieux de déguerpir au plus vite !

Mais Asahina eut l'air surprise et commença à rougir. Oh non, elle a compris complètement de travers.

Alors que j’allais sauver Asahina d’un malheur certain, Haruhi frappa à la porte du Club d’Informatique.

« Bonjour à tous ! Je suis venue vous prendre un ordinateur ! »

L'espace était similaire, mais comparé à notre salle, cette pièce était plus étriquée. Chacune des tables également espacées avait un ordinateur de bureau placé dessus avec des CD d’effets sonores. Les ventilateurs des PC en train de tourner étaient le seul bruit audible dans la salle.

Les quatre types qui étaient assis en tapant au clavier tournèrent tous leur tête vers la porte pour voir ce que Haruhi venait faire.

« Qui est le responsable ici ? »

Haruhi sourit exagérément. Un étudiant mâle se leva et répondit.

« Je suis le président, je peux vous aider ? »

« Dois-je me répéter ? Je viens de dire : donnez-moi un ordinateur. »

La tête du président du Club d’Informatique inconnu annonçait clairement : « QUOI ? » et se secoua ensuite violemment en dénégation.

« Ça ne va pas être possible. Comme l’école ne nous sponsorise pas assez, ces ordinateurs sont tous payés avec notre argent que nous avons durement gagné ! On ne peut pas vous les donner gratuitement. Vous nous prenez pour des imbéciles ou quoi ? »

« Qu'est-ce qu'on en a à faire ? Un seul suffira, vous en avez déjà plein en plus ! »

« Ce… une seconde, vous êtes qui d’abord ? »

« Je suis Haruhi Suzumiya, Commandante de la brigade SOS, et ceux-ci sont Sous-fifre Un et Sous-fifre Deux. »

Hey ! Qui a décidé que nous étions tes sous-fifres !?

« Je vous ordonne au nom de la brigade SOS : donnez-nous un ordinateur tout de suite ! Et pas d’excuses ! »

« Je ne sais pas qui vous êtes, mais c’est hors de question ! Vous pouvez aller acheter vos propres ordinateurs vous-même ! »

« Puisque c’est comme ça, nous avons une solution. »

Les yeux de Haruhi brillèrent sans ciller. Oh non, c’est pas bon signe ça !

Haruhi poussa Asahina, qui se tenait debout abasourdie à côté d’elle, vers le président et attrapa ensuite la main de ce dernier pour la placer sur le sein d'Asahina.

« Kyaaa~~ !! »

« Que !? »

Clic !

Au son des deux cris conjoints, j’appuyais sur le déclencheur de l’appareil photo.

Haruhi attrapa Asahina, l’empêchant de fuir, alors que de l’autre main, elle pressait celle du président un peu plus fort encore sur le sein d’Asahina.

« Kyon ! Encore une ! »

À contrecœur, je pressai une fois de plus le bouton. Asahina, Président du Club d’Informatique anonyme, vous avez mes plus sincères excuses. Alors que Haruhi allait lui mettre la main sous la jupe d'Asahina, le président se libéra enfin de son emprise.

« MAIS BORDEL VOUS FAITES QUOI, LA !? »

Haruhi pointa élégamment du doigt le président rouge de honte.

« Ha ha ha, nous avons maintenant des preuves photographiques de votre harcèlement sexuel sur l’un de nos membres ! Si vous ne voulez pas que l’école voie ces photos, donnez-nous un ordinateur ! »

« Qu'est-ce que c'est que cette blague ?! »

Le président protesta furieusement. Je comprends tout à fait ton état d’esprit, mon gars.

« Mais c’est vous qui avez agrippé ma main ! Je suis innocent ! »

« Ah vraiment ? Vous pouvez essayer de vous justifier, mais qui va vous croire ? »

Je me retournai et vis Asahina gisant par terre, paralysée. Elle devait être dans un tel état de choc que toute énergie avait dû la quitter.

De l’autre côté, le président continuait à résister.

« Mes membres sont témoins de mon innocence ! Ce n’était pas ma volonté ! »

Les trois membres qui étaient figés sur place hochèrent énergiquement la tête.

« C’est vrai ! »

« Le président est innocent ! »

Si Haruhi pouvait vous entendre, elle ne serait pas Haruhi Suzumiya.

« Très bien, alors dans ce cas, j’aurai juste à dire que vous lui avez fait subir une tournante ! »

À ce moment, le visage de tout le monde vira au blanc, y compris le mien et celui d’Asahina. Oh Mon Dieu, fallait-il vraiment en arriver là ?

« S...Suzumiya-san... ! »

Asahina encercla désespérément de ses bras les pieds d’Haruhi, mais celle-ci ne fit que les repousser. Haruhi bomba ensuite le torse et demanda pompeusement :

« Alors ? Vous nous en donnez un ? »

Le visage du président tourna du rouge au blanc avant de s’assombrir.

Finalement, il abandonna.

« Prenez-en un et barrez-vous ! »

Après avoir dit ça, le président s’assit dépité. Ses membres se précipitèrent près de lui.

« Président ! »

« Tenez bon ! »

« Tout va bien ? »

La tête du président s’effondra comme celle d’un pantin sans ficelles. À voir quelqu’un d'aussi abattu, même en étant du côté d’Haruhi, je ne pouvais m'empêcher de verser une larme de tristesse pour lui

« Lequel est le plus récent ? »

Tu n’as vraiment pas de cœur !

« Pourquoi devrait-on vous le dire !? »

Les membres exaspérés continuaient leur maigre résistance, mais Haruhi indiqua simplement du doigt l'appareil photo que je tenais dans mes mains.

« A…Argh ! Celui-ci ! »

Haruhi regarda dans la direction indiquée par le membre et inspecta le modèle de l’ordinateur. Après quoi elle sortit un morceau de papier de la poche de sa jupe.

« Je suis passée au magasin d’électronique et j’ai demandé une liste des derniers modèles. Celui-ci n’a pas l’air d'en faire partie. »

Cette fille avait si méticuleusement planifié son affaire que ça en devenait inquiétant.

Après avoir inspecté tous les autres ordinateurs, Haruhi montra l’un d’entre eux.

« Je veux celui-là. »

« A…Attendez ! Nous l’avons acheté le mois dernier ! »

« Photo. »

« …P…prenez-le, bande de voleurs ! »

Comme il dit, nous étions vraiment des voleurs.

La cupidité de Haruhi n’avait pas de limites. Après avoir débranché tous les câbles, elle déplaça tout l'équipement nécessaire à la salle du Club de Littérature sans ménagement. Elle ordonna ensuite au Club d’Informatique de reconnecter les câbles pour nous, puis de tirer deux câbles entre les deux salles pour que l’on puisse accéder à Internet. Elle les a même forcés à nous créer un intranet. Ses manières dégoutantes n'étaient pas différentes de celles d'un pillard !

« Asahina-senpai. »

Étant inutile pendant toute la scène, je ne pus que récupérer une Asahina dévastée, à genoux sur le sol, se cachant le visage et sanglotant sans arrêt.

« Rentrons. »

« Snif… »

Haruhi, espèce d’idiote, tu ne pouvais pas utiliser tes propres seins !? Pour quelqu’un qui se déshabille devant des hommes sans réfléchir, ça n'était rien ! Je réconfortai Asahina, en marmonnant à propos de ce qui pouvait pousser Haruhi à vouloir un ordinateur.

Je fus très rapidement au courant.


Il s'agissait de faire le site Web de la Brigade SOS.

OK, maintenant vient la question : qui va faire le site ?

« Toi, bien sûr ! » dit Haruhi.

« Puisque tu as tant de temps libre, tu peux aussi bien le faire ! Je suis occupée à trouver les membres manquants. »

L’ordinateur fut placé sur la table où trônait la pyramide estampillée « Commandant de brigade ». Haruhi ajouta alors qu’elle surfait sur le net :

« Fais en sorte qu’il soit terminé dans les deux prochains jours. Nous ne pourrons rien faire sans une page web. »

Asahina était effondrée sur la table, les épaules frissonnantes, à côté d’où était assise Nagato Yuki, qui comme à son habitude lisait son livre, ignorant le reste du monde. J’étais visiblement le seul à avoir entendu Haruhi. Je n’avais pas d'autre choix que d’agréer. Du moins, je suis quasiment certain que c’est ce que Haruhi pensait.

« Je ne peux rien faire, même si tu affirmes le contraire. »

C’est ce que j'aurais voulu dire, honnêtement. Je n'ai pas pour habitude de recevoir des ordres de Haruhi ! La seule raison qui m’avait poussé à accepter était parce qu’il s’agissait d’une page Web. Je n’en avais jamais fait avant, mais ça me semblait intéressant.

Ainsi, ma difficile tâche de construction de la page Web commença le lendemain.


Cela dit, c’était beaucoup plus simple que je ne le pensais. Puisque les membres du Club d’Informatique avaient déjà installé tous les logiciels nécessaires sur le disque, tout ce que j’avais à faire était de suivre le programme, faire un peu de copier-coller et voilà.

Le problème est : que dois-je écrire sur ce site ?

Pour l’instant, je ne savais toujours pas quel était le but de la Brigade SOS, donc je n’avais absolument rien à écrire. Après avoir écrit 'Bienvenue sur la page d'accueil de la Brigade SOS !' en haut de la page, je m’arrêtai bêtement. « Dépêche-toi de finir, tu entends ? » Les mots d’Haruhi sonnaient comme une malédiction à mes oreilles, je dus donc utiliser mon heure de déjeuner pour finir le site tout en prenant mon repas.

« Nagato-san, tu as une idée de ce que je devrais écrire ? » Je posais la question à Nagato, qui semblait venir même durant la pause du déjeuner.

« Pas vraiment. »

Elle n'avait pas bougé la tête. Je sais que ce n’est pas mes affaires, mais je suis curieux de savoir si elle était attentive en classe.

Ramenant mon regard à l’écran 17’’, je me plongeais à nouveau dans mes profondes pensées.

Je pensai soudain à une chose : que se passerait-il si l’école apprenait qu’une association-même-pas-encore-reconnue utilisait sa bande passante pour héberger un site internet ?

« Tant qu’ils n’auront pas remarqué, tout va bien ! » Je pouvais imaginer la réponse de Haruhi. « Si on se fait attraper, on aura juste à abandonner le site. Pour ce genre de choses, c’est premier arrivé, premier servi, tu sais. »

Vraiment, parfois je suis assez envieux de l’attitude optimiste de Haruhi.

Après avoir inséré quelques liens et ajouté l’adresse e-mail — un peu tôt pour créer un forum — j’uploadais le site, qui ne contenait qu’une page de garde sans plus de détails.

Ça ferait l'affaire ! Après avoir vérifié que la page était accessible, j’éteignais l’ordinateur et alors que j’allais m’étirer, je fus étonné de trouver Nagato juste derrière moi.

C’est étrange, comment avais-je pu ne pas entendre le moindre bruit de pas ? Je ne savais pas quand elle était arrivée. Son visage était comme un masque. Elle me fixa avec son visage de joueur de poker comme si j’étais un test d'acuité visuel.

« Prends-le. »

Elle me tendait un livre très épais, que je pris machinalement. C’était vraiment lourd ! Un regard sur la couverture, il s’agissait du livre de science-fiction que Nagato lisait quelques jours auparavant.

« Pour toi. »

Après avoir dit ça, Nagato sortit de la salle sans même se retourner ; je n’avais même pas eu le temps de dire quoi que ce soit. Pourquoi me prêtes-tu à moi un livre aussi épais ? À ce moment, la cloche sonna la fin de la pause déjeuner. Apparemment, pas grand monde ne respecte mes opinions.

Après avoir ramené le livre en classe et m’être assis, je sentis quelqu’un me pousser le dos avec un critérium.

« Alors ? Le site est terminé ? »

Haruhi tenait les bords de la table et me fixait avec un air raide. Je remarquai que son cahier était couvert de gribouillis ici et là. Je tentai d’ignorer les regards de mes camarades et répondis :

« C’est fait, mais il est tout simple et un peu merdique. »

« Ça suffira, tant qu’il y a une adresse e-mail. »

« Pourquoi ne mets-tu pas ta propre adresse ? »

« Ça n’ira pas ! Et si ma boite devenait saturée à cause de tous les e-mails que les gens vont nous envoyer ? »

Je ne vois pas bien comment une boite mail fraîchement créée pourrait être remplie si rapidement.

« C’est un secret ! »

Après avoir dit ça, elle me lança un mystérieux et sinistre sourire. J'ai un mauvais pressentiment.

« Tu le sauras quand la journée sera terminée, mais pour le moment c’est top secret. »

S’il te plait, je préfèrerais que tu ne me le dises jamais !


À la sixième session, Haruhi avait disparu de la classe. Elle ne serait pas rentrée chez elle, quand même ? C'était impossible. Certainement un autre mauvais présage.


La fin des cours arriva très rapidement, et je marchai automatiquement vers la salle du club. Tout en me demandant pourquoi je faisais ça, mes pieds continuèrent leur course. Enfin j’arrivai au club.

« Bonjour ! »

C’était prévisible, Nagato Yuki et Asahina Mikuru étaient déjà assises dans la salle.

Je ne suis pas du genre à critiquer, mais ces deux-là avaient vraiment beaucoup de temps libre !

Me voyant entrer, Asahina m’accueillit avec une expression de soulagement. Visiblement passer du temps seul avec Nagato peut être exténuant.

Un instant, tu viens juste de tomber dans les griffes de Haruhi hier, et malgré ça tu viens quand même ?

« Où est Suzumiya-san ? »

« Dieu seul le sait. Elle n’était plus en classe dès la sixième session. Elle est certainement sortie se procurer je ne sais quoi. »

« Est-ce que j’aurais encore à faire ce qu’elle m’a fait faire hier ? »

Voyant à quel point Asahina-san avait l’air déprimée, je répondis doucement :

« Ne t’inquiète pas ! Si elle essaie de te faire faire des choses bizarres, je ferais tout mon possible pour l’arrêter. Elle peut se servir de son propre corps pour faire du chantage ! Ce n’est pas comme si je ne pouvais pas la maîtriser au cas où ça chaufferait ! »

« Merci. »

À la voir s'incliner si adorablement, j'avais vraiment envie de la serrer dans mes bras. Mais bien sûr je ne l’ai pas fait.

« Alors, je compte sur toi. »

« Pas de problème ! »

Même si je la réconfortais à plusieurs reprises, cinq minutes plus tard, toutes ces confirmations furent balancées par la fenêtre, jetées à la mer, et s’évaporèrent comme une goutte d’eau à la surface du Soleil. Oh combien je pouvais être naïf !

« Hé »

Haruhi nous salua énergiquement et entra dans la pièce, apportant deux sacs en papier.

« Désolé, j’ai été retardée. »

C’est très gentil de ta part ! Pour quelqu’un d’obsessionnel comme Haruhi, penser aux autres est certainement la dernière chose qui lui viendrait à l’esprit.

Posant les sacs sur le sol, Haruhi se retourna et verrouilla la porte. Par réflexe, Asahina eut un frisson en entendant le bruit du verrou.

« Suzumiya, qu'est-ce que tu prépares aujourd’hui ? Je serais franc, je ne ferais plus jamais de pillage ou de chantage ! »

« Qu’est-ce que tu racontes ? Je ne ferais jamais quelque chose pareil ! »

Vraiment ? Alors comment expliques-tu l’ordinateur sur la table !?

« Par des moyens pacifiques bien sûr ! OK, tout d’abord, regardez ça. »

Elle sortit d’un des sacs en papier un paquet de feuilles A4 avec quelques mots dessus.

« Ce sont des flyers pour présenter la Brigade SOS a tout le monde. Ça m’a demandé beaucoup d’efforts pour me faufiler dans la salle de reproduction et faire ces 200 exemplaires ! »

Haruhi nous tendit les flyers. Alors, c’était pour ça que tu as sauté les cours, hein ? Tu devrais te considérer chanceuse de ne pas t'être fait prendre. Je n’étais pas intéressé plus que ça par ce qui était écrit sur le papier, mais vu que j’en avais déjà pris un, autant lire ce qu'il annonçait.


Principe fondamental de la Brigade SOS :

Nous, la Brigade SOS, sommes à la recherche de toute sorte d'évènements paranormaux dans ce monde. Nous invitons toute personne ayant expérimenté, expérimentant, ou sur le point d'expérimenter n'importe quel genre de phénomène paranormal ou mystérieux à venir nous consulter. Nous ferons de notre mieux pour répondre à vos questions. Veuillez noter, cependant, que nous ne prenons pas en compte les phénomènes paranormaux naturels ; il doit s'agir de phénomènes paranormaux qui nous semblent être très choquants. Notre adresse e-mail est...


Je commençais à avoir une vague idée de ce que la Brigade SOS était censée faire, maintenant. Il semblerait que, quoi qu'il en soit, Haruhi voulait pénétrer dans le monde des romans de science-fiction, d'enquêtes et de fantastique.

« Très bien, il est l'heure de distribuer ces flyers. »

« Où est-ce qu'on va faire ça ? »

« À la grille de l’école. En ce moment même il y a encore beaucoup d’étudiants qui ne sont pas rentrés chez eux. »

OK, ok, ok, comme vous voudrez m'dame. Alors que j’allais attraper le sac contenant les flyers, Haruhi m’arrêta.

« Tu n’as pas besoin d’y aller, avec juste Mikuru-chan et moi ça ira. »

« Quoi ? »

Asahina, qui tenait un papier dans les mains, tourna sa tête d’un air confus. Je me retournais et vis Haruhi fouiller dans l’autre sac en papier, pour en sortit autre chose.

« Ta-daa ! »

Souriant tel un chat robotique, Haruhi sortit un vêtement noir. Non, ce n’est pas possible ! Alors que Haruhi finissait de vider le contenu du sac issu de la quatrième dimension, je compris tout à coup pourquoi elle voulait qu'Asahina-san distribue les flyers, et je priais pour son bien-être. Asahina-san, que ton âme repose en paix !

Un collant noir, des bas résille, des oreilles de lapin, une cravate, des manchettes et une queue de lapin.

Ça ne serait pas un costume de bunny-girl !?

« À... à quoi est-ce que cela va servir ? » demanda timidement Asahina.

« Tu devrais le savoir. À s'habiller en bunny-girl ! » annonça Haruhi comme si c'était une évidence.

« T-Tu ne voudrais quand même pas que je porte ça, q-quand même ? »

« Bien sûr ! J’en ai même préparé un pour toi ! »

« Je... Je ne porterais pas ça ! »

« Ne t’inquiète pas, la taille t'ira parfaitement. »

« C-Ce n’est pas le problème ! T...Tu ne voudrais quand même pas que je porte ça devant l’école, tout de même ? »

« Bien sûr. Pourquoi ? »

« Non ! Je refuse ! »

« Arrête de te plaindre ! »

Et voilà ; elle a été ciblée. Haruhi bondit sur Asahina-san, comme une lionne se jetant sur un cerf sans défense, et commença à lui arracher son uniforme marin.

« NOOOON... »

« Allez, sois une gentille fille et cesse de bouger ! » lança durement Haruhi en tirant habilement le gilet d’Asahina-san, avant de s’en prendre à la jupe. Alors que j’étais sur le point d’arrêter la folie de Haruhi, mes yeux rencontrèrent ceux d’Asahina-san.

« N... NE REGARDE PAS !!! »

À son cri, je me suis précipité vers la porte... Merde ! Verrouillée ! Ça me prit un petit moment avant que je ne puisse ouvrir et m'échapper de la salle.

Avant de sortir, je jetais un rapide coup d'œil — Je découvrais Nagato lisant son livre comme si de rien n’était. N’a-t-elle rien à dire à propos de tout ça !?

Je m’adossais à la porte, en entendant les cris d’Asahina-san derrière moi.

« Kyaa~~ !!! » « Nooon ! » « Au... au moins, laisse-moi les enlever toute seule... Snif~~ ! »

Tout ça mélangé avec les cris de victoire de Haruhi.

« C’est bien ! » « Enlève ça ! Vite ! » « Tu aurais dû faire ce que je t'ai dit ! »

Merde, ne me demandez pas d’imaginer ce qu’il se passait à l’intérieur !

Un instant après, la voix d’Haruhi traversa la porte.

« Tu peux entrer maintenant ! »

Tandis que je soupirai en entrant dans la salle, je fus accueilli par la vision de deux magnifiques bunny-girls. Que ce soit Haruhi ou Asahina-san, le costume leur allait parfaitement.

Une grande partie de leur dos ainsi que leur décolleté était visible, leurs bas résille enveloppaient gracieusement leurs jambes et les paires d’oreilles de lapin rebondissaient sur leurs têtes...

Haruhi est mince, mais a les bonnes proportions ; Asahina-san est petite, mais sa silhouette est aussi parfaite. Pour être honnête, elles sont vraiment un régal pour l’oeil !

Alors que je me demandais s’il fallait dire ‘ce costume te va bien’ à une Asahina-san en larmes, Haruhi demanda :

« À quoi tu penses ? »

Et tu as encore le cran de me demander à quoi je pense. Est-ce que ton crâne est endommagé !?

« Ça va forcément attirer l’attention de tout le monde. Comme ça, les gens vont certainement venir chercher les flyers ! » fit Haruhi.

« Si tu portes des vêtements si étranges à l'air libre, les gens vont te regarder bizarrement... Attends un peu, comment se fait-il que Nagato-san n’ai pas besoin d'en porter ? »

« J'ai acheté seulement deux ensembles. Comme c’est livré avec des accessoires, ils coutent très cher. »

« Où as-tu acheté ça de toute façon ? »

« Sur le net. »

« ... je vois. »

Alors que je me demandais quand est-ce que Haruhi était devenue plus grande que moi, je remarquai qu’elle portait des chaussures à talons aiguilles.

Haruhi attrapa les sacs contenant les flyers.

« Allons-y Mikuru-chan. »

Asahina croisa les bras sur sa poitrine et me lança un regard pitoyable. Je ne pus que la fixer dans son déguisement de bunny-girl.

Je suis désolé, je ne peux dresser aucune résistance.

Asahina-san tenta de se cramponner à la table et de résister, pleurnichant comme un enfant, mais elle n’avait aucune chance face à la force de Haruhi. Elle fut trainée par Haruhi et les deux bunny-girls disparurent de la salle. Alors que je m’asseyais tristement, me sentant coupable...

« Là. »

Nagato Yuki pointa le sol. Je regardais et vis deux marinières trainer... Hem, est-ce que j'aurais vu un soutien-gorge là ?

La fille aux cheveux courts pointa le placard de l’autre côté de la salle du doigt puis retourna à son livre.

Tu ne pourrais pas ramasser leurs habits toi-même !?

Je soupirai et vint ramasser les vêtements, avant de les placer dans le placard. Ah~ ! On pouvait encore sentir la chaleur corporelle dans les vêtements. Ils étaient encore chauds !

Une demie-heure après, une Asahina-san épuisée fut de retour. Whoa, ses yeux étaient aussi rouges que ceux d’un lapin, je ferais mieux de rester silencieux. Je lui attrapais rapidement une chaise et comme la dernière fois, elle s’assit simplement et s’affala sur la table, les épaules frissonnantes. Elle n'avait pas l'air d'avoir la force de se changer. Mais face à son dos nu, je ne savais plus où regarder, alors je retirais ma veste et la déposais sur les épaules tremblantes. La présence d’une fille sanglotante et d’un rat de bibliothèque qui se fichait de ce qu’il se passait, tout comme le fait que je sois complètement perdu, avait plongé la salle dans une atmosphère on ne peut plus maussade. Les cris du Club de Baseball pouvaient être entendus au loin.

Alors que j'étais sur le point de réfléchir à ce que j'allais manger ce soir, Haruhi revint. La première chose qu’elle fit fut de cracher nerveusement :

« Qu’ils aillent se faire voir ! Qu’est-ce qu’ils ont ces sales profs ? Ils sont en permanence sur le chemin ! »

Pas certain de la raison de sa colère, je demandai :

« Il y a un problème ? »

« Je n’avais même pas encore donné la moitié des flyers qu'a débarqué un stupide prof pour nous demander d’arrêter de les distribuer ! Qu'est-ce qui ne va pas chez lui ? »

Crétine. Si les enseignants fermaient les yeux sur des élèves habillées en bunny-girls distribuant des flyers aux portes du lycée, voilà qui serait anormal !

« Mikuru-chan était quasiment en larmes, et on m’a emmenée voir le Principal, après cet Okabe du Club de Handball est venu ! »

Je suppose que le principal et Okabe-sensei ne savaient pas où poser leurs yeux pendant qu’ils te regardaient, habillée comme ça.

« Ho, ça m’énerve ! Ça suffira pour aujourd’hui ! Vous êtes libérés ! »

Haruhi enleva lentement ses oreilles de lapin et entreprit ensuite de retirer son costume de lapin. Je me précipitai immédiatement dehors.

« Combien de temps est-ce que tu penses continuer à pleurer comme ça ? Change-toi et vite ! »

Je m’adossais au mur du couloir et attendis qu’elles se changent. Il semblerait que Haruhi ne soit pas une exhibitionniste née, c’est juste qu’elle n’avait pas idée de l’effet que son corps à demi nu pouvait provoquer chez les mecs. La raison qui l’avait poussée à revêtir un costume de bunny-girl n’était pas tant de mettre en valeur son corps sexy, mais plutôt d’attirer l’attention des gens.

À ce train, elle n’avait aucune chance de vivre une relation amoureuse normale.

J'aurais souhaité qu'elle ait un peu plus de considération sur la façon dont les mecs réfléchissent. Au moins, être considéré pour moi ! Honnêtement, traîner avec quelqu’un d'aussi cinglé était vraiment fatigant. De plus, pour le bien d’Asahina, je devais le supporter. Mouais... Nagato-san, laisse-nous au moins connaitre ton opinion !

Un peu plus tard, Asahina-san émergea de la salle avec l'air triste de quelqu’un qui vient de manquer ses examens. Elle avait besoin de s'appuyer au mur ou elle s’effondrerait certainement. Ne sachant que dire, je restai silencieux.

« Kyon-kun... »

Sa voix tremblante ressemblait à l’un de ces fantômes des navires hantés.

« Si quelque chose devait se passer et que je ne puisse pas être mariée, est-ce que tu me m'emmènerais.. ? »

Hum, que devais-je dire ? Et pourquoi est-ce que tu m’appelles Kyon toi aussi ?

Asahina me rendit ma veste tel un robot. Alors que je me demandais si elle allait me tomber dans les bras en pleurant, elle était déjà partie au loin.


Argh... Quelle honte !


Le lendemain, Asahina ne se montra pas en classe.

Haruhi était déjà assez célèbre dans la classe, mais après l’incident des bunny-girls, son nom et son excentricité étaient devenus matières à légendes pour l’école. Pas que ça m’embête vraiment, puisque je ne suis pas responsable des actions d’Haruhi !

Ce qui m'embête, par contre, c’est que les actions de Suzumiya Haruhi avaient aussi lancés des rumeurs sur Asahina Mikuru-san. Ça, et les mauvais regards que je reçois de tout le monde dans l’école.

« Hé Kyon... on dirait que tu t’amuses bien avec Suzumiya... »

Taniguchi me dit ça sympathiquement après les cours. « Je n’aurais jamais pensé que tu deviendrais ami avec elle... On dirait que rien n’est impossible en ce monde ! »

Ah, la ferme !

« J’ai été surpris hier ! Voir des bunny-girls alors que je rentrais chez moi, j'ai cru rêver ! »

Kunikida entra dans la conversation, apportant avec lui un flyer familier.

« C'est quoi la Brigade SOS ? Ça parle de quoi ? »

Va donc plutôt poser la question à Haruhi. Je sais pas, et je veux pas le savoir. Et même si je voulais, j’ai pas envie de te le dire !

« Ça nous demande de parler des phénomènes paranormaux, mais ça ne définit même pas ce que c'est. Et, qu’est-ce que ça veut dire de ne pas prendre en compte des phénomènes paranormaux normaux ? »

Même Ryouko Asakura est venue me dire un mot.

« Vous semblez faire des choses intéressantes. Mais si ça dépasse vraiment trop les bornes, je vous conseille de tout arrêter. Honnêtement, vous êtes allés trop loin hier. »

Si j’avais su, je me serais fait porter pâle moi aussi aujourd'hui !


Haruhi est encore exaspérée. D’un côté, elle est furieuse contre les professeurs qui l’ont empêchée de distribuer les flyers ; d’un autre coté, elle est furieuse que la boîte e-mail de la Brigade SOS soit complètement vide. Je m’attendais à une ou deux blagues dans la boite de réception, mais il semblerait que les gens soient plus rationnels que je ne le pensais. Peut-être que personne ne voulait être impliqué avec Haruhi et ses problèmes ?

Haruhi jura devant la boite de réception vide, secouant vigoureusement la souris optique.

« Pourquoi personne n’envoie de mails ? »

« Il n’y en avait pas hier ni aujourd’hui. Peut-être que tout le monde a des expériences qu’ils pourraient raconter, mais qu’ils ne veulent pas les partager avec un club aussi suspect que le nôtre ? »

J’essayai de justifier sans grande conviction.

Vous avez déjà vécu des phénomènes paranormaux ? Oui. Oh c’est cool, dans ce cas racontez-moi. OK, en fait...

S’il te plait ! C’est pas comme si quelque chose comme ça allait se passer, OK ? Maintenant, écoute-moi Haruhi ! Ce genre de choses n'arrive que dans une bande dessinée ou un roman. La vraie vie est stricte et très cruelle. Des choses comme une conspiration pour détruire le monde depuis un lycée préfectoral, des organismes mutants se promenant dans une banlieue, ou un vaisseau spatial caché dans une montagne, tout ça est impossible. Impossible ! Tu m’entends ? Tu comprends maintenant non ? Tous tes comportements excentriques sont le résultat du fait que tu n’as pas trouvé le moyen de libérer tes émotions, n’est-ce pas ? Tous tes comportements excentriques sont le résultat de ton incapacité à trouver un moyen d'évacuer tes émotions tristes, n'est-ce pas ? Mais il est temps pour toi de te réveiller. Tu devrais revenir sur Terre et trouver un petit ami qui ira chez toi tous les jours et au cinéma le dimanche, ou peut être devrais-tu rejoindre un club de sport pour dépenser ton trop-plein d’énergie. Avec tes capacités, tu serais dans l’équipe principale très rapidement, en devenant un membre actif.

... J’aurai voulu dire plus, mais je n’avais pensé que ces cinq lignes lorsque les poings d’Haruhi vinrent s'agiter devant moi, autant m’arrêter là.

« Mikuru-chan a pris sa journée, à ce que j’ai entendu ? »

« Elle ne reviendra peut-être pas. La pauvre fille, j’espère qu’elle n’est pas traumatisée pas les évènements d’hier. »

« Mince, et dire que je lui avais préparé un nouveau costume pour aujourd’hui ! »

« Tu ne peux pas l’essayer sur toi-même ? »

« Bien sur que je peux ! C'est juste que ce ne serait pas assez amusant sans Mikuru-chan. »

Nagato Yuki se fondait dans le décor comme si elle était invisible. Étrange, pourquoi es-tu si obsédée par Asahina-san ; pourquoi ne peux-tu pas, pour une fois, essayer le costume sur Nagato et la forcer à jouer avec toi ? Je sais que je ne devrais pas dire ça, mais en y repensant, j’aimerais bien voir l'éternelle inexpressive Nagato dans ce costume de bunny-girl. Elle donnerait certainement une impression complètement différente de celle d'Asahina-san trop souvent en larmes.


L’élève transféré que Haruhi attendait était enfin arrivé !

Haruhi me donna la nouvelle un jour avant le début des cours.

« Tu ne trouves pas ça génial ? L'étudiant transféré arrive vraiment ! »

Haruhi se pencha vers moi, la voix excitée. Son sourire lumineux était pareil à celui d’un jeune enfant ayant enfin reçu le jouet qu’il voulait.

Je ne sais pas d'où elle le tenait, mais le nouvel élève serait en classe 1-9.

« C’est la chance de notre vie, c’est dommage que cet élève ne soit pas dans notre classe, mais c’est tout de même un mystérieux élève transféré, pas de doute possible ! »

Tu ne l’as même pas encore rencontré, alors comment tu peux savoir s'il ou elle est mystérieux ou mystérieuse ?

« Ne l'ai-je pas déjà dit ? Un grand pourcentage de ceux qui sont transférés au milieu de l’année sont anormaux. »

Qui donc a bien pu faire une telle statistique ? Je suppose que c’est un mystère en soi.

Si toute personne transférée au milieu du mois de mai était anormale, alors il y aurait des tas de mystérieux élèves transférés à travers le Japon.

Mais, la façon de penser de Haruhi ne peut pas se cantonner à la logique. Dès que la cloche sonna la première heure, Haruhi s’échappa instantanément de la classe. Elle était certainement allée voir le nouvel élève mystérieux en classe 1-9.

Juste avant que ne sonne le début de l’heure de cours suivante, Haruhi revint avec un visage confus.

« Alors, c’est un mystérieux élève transféré... ? »

« Hum... il n'a pas l'air d'y ressembler. »

Bien sûr qu'il n'y ressemble pas !

« Nous avons discuté, mais je n’ai pas encore assez d’informations. Peut-être qu’ils essayent de lui donner l'apparence d'une personne normale ; je suppose que c’est hautement probable. Après tout, ce n’est pas comme s'ils révélaient leur véritable identité dès le jour de leur transfert. J’irai redemander à la prochaine pause. »

Ne va pas demander à nouveau s’il te plait ! J'imagine les élèves de la Classe 1-9, n'ayant rien à voir avec Haruhi, être mortellement effrayés par sa soudaine apparition tandis qu’elle attrapait un des étudiants pour lui demander « Où est l’élève transféré ? », avant de lui foncer dessus. Ça, où elle pouvait débarquer alors qu’il serait en pleine conversation avec ses amis (ou amies) et elle submergerait l’élève transféré médusé de questions telles que « D’où viens-tu ? Qui es-tu vraiment ? »

À ce moment, je réfléchis à autre chose.

« Est-ce que l'élève transféré est un gars ou une fille ? »

« Malgré la possibilité d’un déguisement, il semblerait que ce soit un garçon. »

Alors, c’est un garçon !

Il semblerait que la Brigade SOS aurait la chance de recruter un autre membre mâle à part moi. Haruhi va probablement trainer cet élève transféré sans l'écouter juste parce qu’il est nouveau. Mais il pourrait très bien ne pas être aussi gentil que moi ou Asahina-san. Est-ce qu’elle pourra vraiment l'amener au club ? Quelle que soit la force de volonté de Haruhi, quelqu’un avec un fort caractère pourrait très bien l’ignorer !

Du moment que l’on a le nombre, la « brigade pour Sauver le mOnde en le Surchargeant de fun de Suzumiya Haruhi » pourra exister en temps qu'association. Peu importe que l'école la reconnaisse ou pas, la personne qui devra s’occuper des paperasseries et des autres tâches ingrates sera certainement... moi ! Pour les trois prochaines années, j’aurai à porter le nom de « Subordonné de Suzumiya Haruhi » et vivre ces jours dans le désespoir.

Je n’ai pas encore réfléchi à ce que je voulais après mon diplôme, mais je savais que je voulais intégrer une université, et donc que je devais surveiller mon comportement. Mais il me semblait que tant que je serais avec Haruhi, tout ceci ne resterait qu'un voeu pieux.

Que devais-je faire ?


Je n’en avais aucune idée.

Je sais que j’aurai dû faire face à Haruhi, lui faire dissoudre la Brigade SOS, et faire de mon mieux pour qu’elle reprenne une vie de lycéenne normale. Peut-être aurais-je pu lui faire cesser de penser aux aliens et aux voyageurs temporels, se calmer et trouver un petit ami, ou rejoindre un club sportif, et apprécier ces trois années de lycée.

Aaahh... Ça aurait été bien si j'avais pu faire ça !

Si j’avais eu une plus grande volonté, je n’aurais pas été aspiré si vainement dans ce tourbillon centré sur Haruhi Suzumiya. J’aurais paisiblement vécu ces trois années de lycée avant de passer mon diplôme.

... J’aurais bien aimé que ça se passe comme ça !

Quoi qu’il en soit, je dis tout ça à cause des étranges évènements qui me sont arrivés peu après ; J'espère que tout le monde commence à comprendre maintenant ?

Par où commencer ?

Mouais, commençons lorsque l’élève transféré arriva pour la première fois à notre club.


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