Iris on Rainy Days (FR) : Exécution - batterie=01:16:56

From Baka-Tsuki
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Batterie=01:16:56[edit]

Le son des sirènes résonne tout autour de nous, mais la camionnette continue son chemin à travers la ville.

— Lilith, Lilith, ça va aller ?!

Dans la remorque du camion, je répète à plusieurs reprises son nom.

Son visage se tord de douleur. Il y a des trous de la taille d'un poing sur sa poitrine et sur son ventre, les tubes qui en sortent crachent une énorme quantité d'huile comme des serpents en furie.

— Iris...

— O-Oui ?

Pour mieux entendre ce qu'elle a à dire, je rapproche mon visage d'elle.

Elle me dit avec une voix rauque :

— On va descendre du camion dès qu'on sera dans un coin plus calme.

— Mais...

Je regarde ses blessures. Elle est sans conteste salement blessée — non, en danger de mort. D'un autre côté, je ne peux me déplacer vu que j'ai perdu mes chenilles. Mes trois circuits principaux sont toujours fonctionnels. Mais c'est différent pour Lilith. La grande quantité d'huile qui jaillit de son corps montre de façon évidente que d'importants circuits ont été endommagés.

Malgré tout, elle se redresse. Puis, en toussant, elle crache de l'huile.

— Lilith !

— Ça va aller.

Elle utilise alors sa main gauche pour essuyer l'huile qu'elle a sur le coin de la bouche, avec un sourire forcé sur les lèvres.

— C'est juste une égratignure.

Malgré ce qu'elle vient de dire, le liquide noir continue de couler à flot de sa poitrine et de son ventre.

Après avoir roulé pendant cinq minutes, nous sortons du centre-ville et nous retrouvons sur un chemin de banlieue désert.

— Ok, on y va.

Lilith me serre dans ses bras. Je m'en veux de ne pas pouvoir me mouvoir seule tout en étant impressionnée par sa force de caractère.

Profitant du fait que la camionnette ralentit, Lilith saute de la remorque — ou plutôt, roule. Le conducteur ne nous remarque pas et continue à rouler.

Lilith se relève péniblement et regarde autour d'elle. C'est une chance qu'il n'y ait personne aux alentours.

— Ah, entrons là-dedans.

Une vieille maison se trouve devant Lilith. Le nom d'une agence immobilière ainsi que les mots « À vendre » sont écrits sur le panneau posé devant.

Lilith me porte sur son dos une fois de plus, tout en se dirigeant vers l'arrière de la maison en vacillant. Agrippée à elle, je ne peux rien faire.

Nous traversons l'entrée puis nous dirigeons vers le jardin. La terre est aride et couverte de mauvaises herbes.

Elle s'étend sous une corniche. Tant que personne ne va dans le jardin, personne ne pourrait nous voir depuis la rue.

— Lilith...

Je prononce son nom dans un soupir.

Le corps de Lilith ne va pas tenir longtemps. Sûrement parce qu'elle était mal tombée en sautant du camion, plusieurs fils et circuits sortent des trous laissés par les tirs de pistolet. Les câbles qui servent à conduire le courant se tortillent comme des créatures vivantes, tout en provoquant des étincelles.

Si ça continue, ses batteries...

— Hé hé... Ça craint... dit Lilith d'un ton détendu avant de toucher sa poitrine sans changer de position.

Elle essaye d'utiliser sa main pour ranger les circuits qui dépassent de son corps, mais en vain.

— Iris.

— Oui ?

— Eh bien...

Elle sort une boîte carrée du trou dans sa poitrine.

C'est une boîte à cartes teintée de noir par l'huile.

— Ouvre-la.

J'ouvre la boîte comme demandé, et une carte en plastique s'y trouve. Le nom familier d'une banque y est inscrit.

— ... Une carte de crédit ?

Je regarde en direction de Lilith.

— C'est exact. Le mot de passe est HRM019, mon numéro d'identification.

Je ne comprends pas où elle veut en venir. Que vient faire cette carte maintenant ?

— Et aussi, en-dessous de la carte... dit Lilith calmement, Il y a un papier, pas vrai ? Ouvre-le.

J'ouvre le papier au fond de la boîte. C'est une carte d'Ovale et de la ville voisine. Il y a un cercle dessiné au stylo.

— C'est une boutique d'occasion.

Tout en disant ça, de l'huile dégouline d'un coin de sa bouche.

— Tu te souviens ? Je t'en ai parlé l'autre jour. Un robot nommé Lightning.

Lightning — c'est semble-t-il le nom d'un robot qui travaille dans une boutique d'occasion dont Lilith m'avait parlée un jour. Un grand robot qui ressemble à Volkov.

— Rends-toi là-bas et demande-lui de te réparer.

— D'a... D'accord.

— Fais attention à toi sur le chemin. Il faut que tu te caches, je te conseille de le faire en-dessous des voitures. Et aussi-

Mal à l'aise, je l'interromps.

— U-Une seconde. E-Et toi alors ?

— Idiote. ... C'est clair que je peux pas y aller dans l'état où je suis.

— Dès que j'aurai atteint la boutique, je leur demanderai de venir t'aider. Alors, attends ic-

Cette fois-ci, c'est Lilith qui m'interrompt.

— Iris, écoute-moi bien.

Le ton de sa voix est empreint de détermination, mais son regard commence à faiblir. La lueur dans ses yeux s'assombrit, indiquant que le niveau de sa batterie est au plus bas.

— Ma route s'arrête ici.

En entendant ça, ma poitrine se serre.

— Ne dis pas ça, Lilith. Tant que je demande à cette personne, alors...

Lilith secoue vigoureusement la tête, et du liquide coule le long de son cou.

— Non, c'est impossible si tu n'as pas assez d'argent. Impossible.

— Mais, Lilith, je ne peux tout de même pas t'abandonner ici, l'imploré-je en la regardant.

Cependant, Lilith secoue une nouvelle fois la tête et dit :

— Ne t'en fais pas, et dépêche-toi.

Abandonner Lilith et fuir seule. Je ne peux ni ne veux faire ça.

Je lui tends la boîte à carte.

— ... Non. Hors de question que je m'échappe sans toi. Et donc, je te rends ça.

À ce moment-là.

— Iris Rain Umbrella !

Lilith m'agrippe par les épaules avec sa main gauche, tout en ouvrant si grand les yeux que c'en est effrayant.

— Ne sois pas si naïve !

Son hurlement de colère me fait reculer d'un pas. Sous la dureté de son ton, mon corps se crispe.

— Écoute, tu dois vivre ! Avec cette carte, tu peux être réparée ! Mais il est trop tard pour moi ! Toi seule peux être réparée !

— M-Mais !

— Sois courageuse ! Il faut avoir du courage pour vivre seule ! Ce monde n'est pas facile ! Si tu faiblis, tu te transformeras en tas de ferraille !

Elle crache violemment de l'huile tout en toussant. Le liquide noir éclabousse également mon visage.

Malgré tout, elle continue.

— Ok, vas-y ! Vite !

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— Mais, mais !

— Iris ! Va-t'en maintenant !

Lilith me regarde d'un air troublé. Tout en tenant ses mains, je répète tel un enfant gâté :

— Non, je ne veux pas...

Et ainsi, je refuse à plusieurs reprises.

Soudain, un doux sourire émerge de son visage.

Elle soulève sa main gauche, et caresse mon visage. Sa main est tachée d'huile.

— Iris, laisse-moi te dire quelque chose...

Elle parle comme un professeur à son élève.

— Ce monde... est bien plus aléatoire que tu ne le crois. ... Contrairement à ce que l'on croit, il existe beaucoup d'endroits où se cacher, alors tant que tu réfléchiras à un chemin, tu pourras vivre.

Ses doigts fins me caressent tendrement, tandis que je la fixe le regard vide alors que la lueur dans ses yeux s'éteint petit à petit.

— C'est pour ça que ça va aller. Même si tu es seule, tu peux encore vivre. ... Aie confiance en toi. Parce que-

Elle me regarde droit dans les yeux, et dit d'une voix rauque :

— Tu es un robot qui a été aimé jusqu'à la dernière seconde.

Après avoir prononcé ces mots, l'énergie quitte la main de Lilith et elle tombe sur le sol.

Je ne dis rien.

Ce que dit Lilith doit être vrai. Comparée à moi, qui ne connais rien à rien, elle qui avait vécu par ses propres moyens doit sûrement avoir raison.

Malheureusement, il y a toujours des choses avec lesquelles je ne suis pas d'accord.

Que faire ? Si j'étais le Professeur, qu'est-ce que je ferais dans un moment pareil ?

C'est vrai, elle-

— Lilith, écoute-moi bien.

J'ouvre le panneau de ma poitrine, et en sors l'étui à cigarette argenté. C'est le souvenir qui contient la photo que j'avais faite avec le Professeur. Après avoir ouvert le couvercle, je sors la cigarette cerceau en forme de huit.

— Un jour, le Professeur m'a dit que nous sommes exactement comme cette cigarette en forme de huit. ... Tu vois, on peut la casser en deux...

Je casse la cergarette en deux.

— Une des deux parties est pour la personne qui veut arrêter de fumer, et l'autre sert de cendrier.

Après ça, je recolle les deux parties ensemble.

— Tu vois, quand ils sont seuls, ça fait deux zéros. Mais une fois combiné, ça fait un huit. L'union fait la force — et c'est le nombre huit, c'est nous.

C'est le Professeur qui m'a appris ça, une remarque banale lors d'un de ses cours particuliers. En voyant la cigarette cerceau du Professeur, je m'en suis rappelé.

Lilith fixe du regard la cigarette dans mes mains, avant de murmurer d'une voix presque inaudible :

— Mais c'est... vraiment hypocrite, non...?

La lueur dans ses yeux est presque éteinte.

Je m'en fiche si c'est hypocrite. Je ne veux pas qu'elle meure, je ne veux pas qu'elle perde sa volonté de vivre. Alors, je continue à parler.

— Le Professeur et moi, Lilith et Volkov, Lilith et moi maintenant, nous sommes exactement comme les cergarettes en forme de huit, deux d'entre nous peuvent se combiner. Ça n'ira pas si nous ne sommes pas deux. Alors, Lilith-

À ce moment-là, ma voix électronique résonne comme ma voix originale.

— Je te sauverai. Quoi qu'il arrive.

Lilith ne dit rien.

Elle se contente de cligner des yeux avant de les fermer.

Puis, sa batterie finit par s'arrêter.


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