Iris on Rainy Days (FR) : Exécution - batterie=00:05:36

From Baka-Tsuki
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Batterie=00:05:36[edit]

Devant la boutique aujourd'hui disparue, je reste figée.

Je ne sais plus quoi faire.

J'avais placé tous mes espoirs en elle, en traînant de toutes mes forces mon corps lourd jusqu'ici.

Je n'avais pas envisagé cette possibilité.

La « pluie » qui m'embêtait déjà bien jusqu'ici empire encore et encore. Les innombrables lignes blanches qui recouvrent ma vue se démultiplient inlassablement, me rendant ainsi aveugle et sourde.

Dos au mur, je pose ma tête contre la route.

Que faire ? Lilith, qu'est-ce que je dois faire ?

Rentrer ? Impossible. Il ne me reste pas assez d'énergie. Et puis, si jamais je me retrouve à court d'énergie, c'est la mort assurée. C'est vrai. Quoi que je fasse, la première chose pour laquelle je dois m'inquiéter c'est mes batte-

À ce moment-là, mon corps est pris de violentes convulsions. Je me rappelle alors de quelque chose.

C'est vrai, le manoir Umbrella. Je pourrais m'y recharger si j'arrive à l'atteindre, et aussi procéder à quelques réparations. Trois mois ont passé depuis, est-ce que je peux vraiment y aller ? Est-ce qu'il existe toujours ?

Pour chasser toute hésitation, je secoue la tête. Ce n'est pas le moment de tergiverser, c'est le seul endroit où je peux aller. Je veux et je ne peux qu'y aller.

Tout en ignorant mon corps fatigué, j'utilise ce qu'il me reste de batterie pour soulever mon bras.

Je tends le bras et m'agrippe à la surface du sol pour ma dernière lueur d'espoir.

Hélas.

Attention.

Une voix électronique résonne dans mes circuits mentaux. Elle ressemble au son produit par un électrocardiogramme quand le cœur s'arrête de battre.

La voix assurée me donne le plus terrible des avertissements.

Dans cinq minutes, les batteries seront vides. Veuillez vous recharger immédiatement.

C'est une déclaration de mort. Une cruelle déclaration que ma vie va s'arrêter dans cinq minutes.

Ce n'est pas juste. Comment est-ce qu'on a pu en arriver là ? Je martèle le sol avec mon bras. Douleur et désespoir ont fait surgir la colère dans mon cœur.

Malgré tout, je continue de tendre mon bras droit. Comme si je veux saisir cet ultime espoir, je pose mes doigts sur le sol, tout en me traînant vers l'avant. Des tubes se remettent à sortir de la partie basse de mon corps. Et quand ces derniers entrent en contact avec le sol, ils émettent un énervant crissement métallique. Malgré tout, je continue de tendre mon bras. Encore, et encore, et encore.

Plus que trois minutes. Veuillez vous recharger immédiatement.

Le temps passe impitoyablement, mon bras devient de plus en plus lourd, rendant mes mouvements de plus en plus difficiles. C'est comme si la pression de la gravité s'accentue au fil des minutes. Malgré tout, je continue d'utiliser mon seul et unique bras pour ramper de toutes mes forces.

Plus que deux minutes. Veuillez vous recharger immédiatement.

La pluie s'intensifie. Ce n'est plus une pluie battante, mais une véritable tempête qui recouvre complètement ma vue. Mes mouvements se sont presque arrêtés, seul le temps continue son inlassable marche en avant.

Plus qu'une minute. Veuillez vous recharger immédiatement.

Mes forces diminuent rapidement. Ma promesse à Lilith de la sauver n'est plus qu'un lointain souvenir, perdant petit à petit forme. Mon âme se déchire complètement au plus profond de mon corps. Plus que quarante secondes, trente, aaahh, vingt, dix-

Batteries épuisées. Système déconnecté.

Ahh, c'est fini, c'est fini, je suis en train de disparaître, disparaître, ma vie, la vie de Lilith, ce n'est pas possible, c'est une plaisanterie, comment, comment pourrais-je, ici, je, je-

À ce moment-là, alors que mon cœur est sur le point de plonger dans le désespoir.

Une voix se met soudainement à résonner dans mon cœur.

Iris Rain Umbrella !

C'est une voix puissante et majestueuse.

Ne sois pas si naïve !

Elle me secoue.

Allez, va ! Vite !

— UWAAAAAAAAAA !!

Je me mets à hurler. La voix semblable au rugissement d'une bête féroce ne ressemble en rien à ma voix.

J'utilise les ultimes forces de mon corps pour soulever mon bras droit.

Et alors.

Comme une voiture qui change de vitesse, quelque chose surgit rapidement de mon corps. Le système qui était déconnecté se réveille en gémissant, tandis que mes circuits mentaux se réchauffent, presque au point de fondre. Une lave d'énergie surgit des profondeurs de mon corps, me permettant de bouger vigoureusement.

Je soulève mon bras droit comme si je vais frapper l'air, et martèle le sol pour aller de l'avant. L'énergie de mon corps est concentrée dans mes doigts, qui tirent mon corps vers l'avant.

Iris !

Les mots de Lilith me poussent avec force.

Sois courageuse !

Des étincelles apparaissent à la surface de la route.

Il en faut du courage pour vivre seule !

C'est vrai ! Sois courageuse, Iris Rain Umbrella !

Je soulève mon bras avec puissance. En avant, en avant, même si c'est juste un peu, je tends mon bras vers l'avant, en m'agrippant à la route, à l'avenir, et à la promesse que je lui ai faite.

Le monde n'est pas si simple !

Dans cette tornade, j'utilise toute ma volonté pour tendre mon bras vers l'avenir.

Si tu faiblis, tu te transformeras en tas de ferraille !

Mes pensées s'embrouillent dans mon corps en surchauffe, et les données qui y sont contenues également. Les souvenirs deviennent comme un album photo déchiré, des fragments du passé dansent dans les airs. Ils divisent ma vie en plusieurs parties, la vie heureuse avec le Professeur, l'abrupt adieu, le désassemblage, moi à mon réveil, le transport de déchets, l'estomac, les intestins, Lilith, Volkov, l'évasion, les rayons laser, le géant en flamme — tout ça se soulève dans mon corps de façon soudaine, et me pousse dans le dos.

Cependant, l'instant d'après.

Hein ?

Les fragments de souvenirs commencent à se décolorer, à tourbillonner et à me transpercer de toutes parts. Ce sont des souvenirs profondément enfouis dans ma mémoire — une maison inconnue, une famille inconnue, des coups de poing, des coups de pied, une évasion, une autre, des voitures, ahh, mon bras qui se casse, ma jambe aussi, je me suis faite écrasée, aplatie comme une crêpe, il pleut, je suis seule, si seule, qu'est-ce qui se passe, ces souvenirs, ne me, disent, rien, douleur, peine, tristesse, tout ça tourbillonne dans mon corps, se comprime, rejaillit, gicle, aah, haine, je déteste le froid, je déteste la solitude, comment ai-je pu oublier, comment m'en suis-je souvenu, je me suis enfuie, de la maison, ma famille me battait, fuite, escapade, en traînant mon corps, rampant, aplatie par les voitures, mais continuant de traîner mon corps malgré tout, c'est vrai, en ce jour pluvieux, je, je , je cette personne, cette personne, cette personne.

À ce moment-là.

Soudainement.

Très soudainement.

Comme si je suis séparée de ce monde, le temps s'arrête.

Il se met à pleuvoir.


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