Iris on Rainy Days (FR) : Exécution - Le jour J

From Baka-Tsuki
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Le jour J[edit]

Deux jours après la « mise à mort », et le quatre-vingt-cinquième jour depuis mon arrivée au chantier.

Tard la nuit.

Au moment où le dernier camion qui transporte les déchets fait son apparition au chantier.

— Robots !

Lilith crie fortement. Elle a un petit micro dans les mains.

— Écoutez-moi bien !

Sa voix résonne dans le chantier. C'est parce que j'ai discrètement installé sur le dos de quelques robots des haut-parleurs (que nous avons bien entendu « trouvés » parmi les déchets du chantier).

En plus de ça, nous avons un autre atout dans notre manche.

— Dès maintenant- tout le monde- doit quitter- cet endroit ! ordonne Lilith — la voix d'un contremaître s'échappe du dictaphone.

Ces mots familiers que nous entendons tous les matins :

— C'est un ordre !

Le résultat est immédiat.

Parler avec la voix d'un contremaître a mis en marche les robots, qui sortent les uns après les autres de l'entrepôt.

Tous fuient sur le sol boueux, certains en direction de l'estomac, d'autres vers les intestins.

Les contremaîtres sont pris de panique par cette soudaine échappée.

— Qu'est-ce que vous faites ?! Arrêtez ! J'ai dit arrêtez ! C'est un ordre !

Alors, les robots en fuite se figent d'un coup comme s'ils jouent à « un, deux, trois, soleil ».

Mais nous avions prévu ça.

— Dès maintenant- tout le monde- doit quitter- cet endroit ! C'est un ordre !

Et rebelote. Après avoir reçu ce nouvel ordre, les robots se remettent à courir dans tous les sens comme s'ils ont été libérés d'une malédiction. La scène est redevenue des plus chaotiques.

Le plan initial de Lilith était d'utiliser les autres robots comme « leurres ». Nous étions censés diffuser à plusieurs reprises les ordres factices des contremaîtres pour couvrir notre fuite dans la confusion ambiante.

À cela, j'avais ajouté :

— Dans ce cas, pourquoi ne pas retirer les circuits de sécurité de tout le monde pour qu'ils puissent eux aussi avoir une chance de s'enfuir ?

Les retirer fut assez simple. Comme leurs circuits sont généralement des produits bas de gamme, on a juste eu à les retirer de force. Et donc, nous avons enlevé les circuits de sécurité des quatre-vingt robots dans la nuit d'hier. Même si Lilith ronchonnait « J'arrive pas à croire qu'on fait ça... », elle a tout de même énormément aidé.

C'est ainsi que notre plan est devenu « la grande évasion des robots ».

— Arrêt d'urgence ! Arrêt d'urgence !

Les alarmes tonitruantes se mettent à beugler, et j'aperçois les contremaîtres en train d'appuyer frénétiquement sur le bouton à leur ceinture. Malheureusement pour eux, cela n'a plus aucun effet sur les robots, vu qu'ils n'ont plus de circuit de sécurité.

Jusqu'à maintenant, tout se déroule comme sur des roulettes.

Dans la confusion, seul Volkov a gardé sa posture en train de déplacer des déchets, figé. Ses genoux sont un peu tordus, il ressemble à une statue. Lilith n'avait pas réussi à retirer ses circuits de sécurité, alors le bouton d'arrêt d'urgence a toujours effet sur lui.

— Bien- Viens- par ici- numéro Quinze !

Lilith utilise une fois de plus le dictaphone pour donner des ordres. Bien que les robots qui n'ont plus de circuits de sécurité n'aient plus l'obligation de suivre ces ordres, ils se sont tout de même rassemblés autour de Volkov, sûrement du fait de la peur bleue qui était née en eux après avoir dû obéir à longueur de journée.

Quatre robots se mettent à soulever le paralysé Volkov. Même s'il est assez massif, les robots qui sont déjà habitués à transporter des déchets déplacent sans peine son imposant corps jusqu'à l'arrière du camion.

— Hiii !

Le conducteur du camion s'enfuit en un éclair. Lilith tourne ensuite la clé de contact du camion pour démarrer le moteur. Il semblerait que l'étape la plus cruciale du plan — mettre la main sur un véhicule — soit une réussite.

— Dès maintenant- tout le monde- doit quitter- cet endroit !

Lilith utilise à nouveau le dictaphone, tandis que les robots qui ont déplacé Volkov s'écartent comme des enfants qui se rendent compte qu'ils ont été trompés. Certains nous font des signes d'au-revoir de la main en criant « Au revoir ! », « Vous êtes super, les gars ! ».

— Bien, au revoir ! J'espère que vous vous en sortirez tous...

J'agite mes bras de toutes mes forces pour leur dire au revoir. Je ne vais sûrement jamais les revoir — c'est ce que je ressens au plus profond de moi.

Les retentissantes sirènes, les robots en fuite, les beuglements des contremaîtres, les ordres factices des contremaîtres, tout ça résonne dans tout le chantier — ce soir, l'endroit est dans un état de confusion ambiant jamais atteint auparavant.

— Iris ! On y va !

Le cri de Lilith provient du siège conducteur. Le bruit du moteur se met à retentir tel le hennissement d'un cheval.

— Ah, a-attends !

Je me dépêche d'aller vers le camion.

— Allez, attrape ma main !

Lilith tend sa main vers moi. En forçant un peu, Lilith me tire jusqu'à l'intérieur, moi qui ne peux monter du fait de mes chenilles. C'est à ce moment-là que j'ai pu moi-même réaliser à quel point elle est forte.

— C'est parti !

Comme si nous n'étions pas vraiment en pleine évasion, Lilith a lancé un joyeux cri.

Elle appuie ensuite sur l'accélérateur, ce qui fait rugir le moteur. Le véhicule se met enfin en route, avec trois fugitifs à son bord.


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