Utsuro no Hako:Tome 1 2602nd time

From Baka-Tsuki
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2602e fois[edit]


« Je suis Aya Otonashi. »


« ... Ah. »

Pile à ce moment, une image empourprée me traverse l’esprit. C’est une image qui a été gravée aux tréfonds de ma mémoire, bien que je ne l’ai vu qu'un instant.

Et, comme si cette image était connectée à mon cerveau par un fil, le reste de mes souvenirs de la 2.601e itération me revinrent.

Je devrais me féliciter de ne pas avoir crié tout haut.

« Hmm ? Qu’est-ce qu’il y a Hoshii ? Tu as l’air malade, t’es sûr que tu vas bien ? »

Haruaki, qui est assis juste à côté de moi, s’inquiète à mon propos.

Haruaki, qui aurait dû s’être fait écraser par un camion, me sourit.

Un mal-être inévitable. La nausée. Un énorme flot d’information m’engloutit, comme si j’étais sa proie et que je venais d’être totalement consommé. Mon cerveau ne peut plus endurer cette surcharge d’informations, j’ai comme l’impression qu’il va exploser.

Mes souvenirs des dernières itérations viennent tout juste d’être connectés avec ma mémoire actuelle.

Cette connexion, ces souvenirs, sont si vivants et nets...

« Vraiment, Aya est vraiment trop mignonne, je vais lui faire ma confession. »

... à cause du cadavre d’Haruaki.

Et maintenant c’est le coup de foudre avec Aya Otonashi, une fois de plus, bien qu’elle le fasse souffrir aussi terriblement .

Je regarde Otonashi et nos yeux se croisent. Elle me perce du regard. Avec un sourire audacieux, elle me perce du regard.

… Est-ce que le tuer était censé me forcer à donner ma boîte à Otonashi ?

Dans ce cas, son plan est vraiment efficace. Me menacer en me montrant un cadavre, sous-entendant que « Je te tuerai » … Et en utilisant le cadavre de mon ami, elle aussi veut me faire ressentir de la culpabilité. Je me rends compte qu’en théorie rien de tout cela n’est de ma faute ; c’est celle d’Otonashi. Mais confronté à un cadavre, la théorie n’est plus valable et elle se fait remplacer par l’instinct — mon esprit est facilement brisé.

Si je pouvais, je lui donnerais la boîte maintenant. Mais heureusement, je ne sais pas comment faire.

… Heureusement ? Pas exactement. Je veux dire par là que, puisque cette attaque est si efficace, Otonashi va sûrement continuer.

Jusqu’à ce qu’elle me brise.

Otonashi descend de la plateforme et s’approche de moi.

Elle se tient juste à mes côtés.

M’ignorant du regard, elle murmure :

« On dirait que tu t’en souviens. »

Si les choses continuent comme ça, elle va me briser.

J’ai ignoré Otonashi et fais comme si je ne savais pas de quoi elle parlait, même si je sais que c’est inutile.

Je dois essayer de trouver une sorte de contre-mesure, je me contenterai de l’éviter pour l'instant.

C’est pour cela...

« Tu m’as tout dit, Kazu ? »

... que j'ai consulté la personne la plus intelligente que je connaissais, Daiya Oomine.

Daiya est penché contre le mur du couloir et à l’air de mauvaise humeur, probablement parce que mon explication a duré tout le temps de la pause.

« Alors ? Qu’est-ce que tu veux que je fasse, après m’avoir parlé de cette idée de roman ? »

Je lui ai expliqué toute l’histoire, incluant tout ce qu’Otonashi m’a appris, sans omettre un seul détail. Mais ça reste quelque chose que personne ne croira, surtout une personne réaliste comme Daiya, c’est pourquoi j’ai changé ça en une idée de scénario pour un roman.

« Je me demandais ce que le protagoniste de cette histoire devrait faire. »

« Si on réfléchit à ses options, il est probablement supposé s’opposer à cette ‘’ Étudiante transférée ’’. »

Bien évidemment, je suis le protagoniste et Otonashi est l’étudiante transférée dans ce scénario.

Puisque je n’ai pas changé l’histoire, Daiya remarqua que l’élève qui a été transféré est ‘Aya Otonashi’. Mais il a juste souri et dit, « alors c’est elle le modèle pour ce personnage. » Il avait l’air sûr que notre discussion était purement hypothétique.

« Mais… Je ne pense pas que le protagoniste puisse rivaliser avec l’étudiante transférée. »

« Je pense que pour l’instant, c’est vrai. »

L’adversaire est Aya Otonashi. Une personne qui est allée jusqu’à se faire transférer 2.602 fois et qui fera tout ce qu’elle pourra pour obtenir la boîte, incluant la "production" de cadavres. Je ne pense pas avoir une chance de la battre.

« Mais c’est possible pour le protagoniste d’obtenir un ‘pouvoir’, à un point plus tardif, qui équivaudra à celui de l’élève transféré, » dit Daiya.

« Eh ? »

Évidemment, je consultais Daiya afin de trouver une solution. Mais je le fis presque sans y croire. Je ne m’attendais pas à ce qu’il trouve quelque chose.

« C’est quoi cette réaction ? Bon alors, dis-moi, qu’est-ce qui rend l’élève transféré supérieur au protagoniste ? »

« Eh ? Euh... »

« Aah, non, il vaudrait mieux que tu ne répondes pas. Tu vas juste me dégoûter avec une réponse totalement stupide. »

… Je peux m’énerver contre lui, non ?

« La différence entre le protagoniste et l’élève transféré est la quantité d’information qu’ils possèdent respectivement. L’élève transférée peut utiliser cette différence pour manipuler le protagoniste comme un pantin. C’est simple. Tout ce qu’elle a besoin de faire est de contrôler le flux de l’information et de ne donner au protagoniste que les informations qui lui seront bénéfiques. »

C’est… vrai. Otonashi pourra me contrôler au moment même ou j’oublierai les informations des itérations précédentes.


« D’un autre côté, s’il réduit l’écart qui les sépare, cela pourrait peut-être marcher. Il doit juste se débarrasser de ce handicap. »

« Mais c’est impossible ! »

Daiya sourit d’un air suffisant à ma réponse.

« Attends, tu m’as dit que le protagoniste peut réacquérir ses souvenirs des itérations précédentes. »

« Oui. »

« Alors la prochaine fois, s’il réacquiert les souvenirs de l’itération actuelle, parce que son incarnation actuelle a récupéré les souvenirs de l’itération précédente, il sera capable de reprendre les souvenirs de son avant-dernière itération. Qu’est-ce que t’en penses ? »

« … Euh, ouais, je pense. »

« Donc s’il peut reprendre les souvenirs de l’itération précédente, il peut aussi reprendre les souvenirs de l’avant-dernière itération. S’il reprend les souvenirs de l’avant-dernière alors il peut prendre les souvenirs de l’avant avant dernière itération. »

« … Donc... ? L’élève transféré lui aussi engrange des informations pendant ce temps. L’écart ne peut être comblé. Otonash... l’élève transféré a déjà tous ses souvenirs depuis la toute première itération. Qu’est-ce qui changera si le protagoniste obtient les souvenirs de la dernière ou de l’avant-dernière... »

« Répète ce processus 100,000 fois. »

« … Eh ? »

« On ne peut pas effacer les souvenirs des 2.601 itérations de l’élève transféré. On a alors qu’à rendre ses 2.601 fois négligeables. La différence en information entre 102.601 fois et 100,000 fois est de seulement 2%, approximativement. À ce niveau-là, il n’y a plus d’écart. Si le protagoniste répète ce processus plusieurs fois, il pourra donc s’opposer à l’élève transféré. Ensuite il devra utiliser les informations qu’il a acquises en prenant aussi en compte la fatigue de l’élève transféré pour l’affaiblir, la frustrer et la faire oublier les souvenirs qu’elle possède des anciennes itérations. »

« Je suis... »

Je suis supposé faire une chose comme ça ?

« Mais il ne sait déjà pas comment retenir sa mémoire. »

C’est vrai. J’ai été capable de retenir ma mémoire de la dernière itération, mais par pure chance.

« Tu as dit que le choc lié à la vue du corps a fait resurgir des souvenirs au protagoniste, non ? »

« C’est ce qui serait le plus plausible… je pense. »

Je n’arrive pas à trouver une autre raison et mon instinct me dit que c’est correct.

J’ai été capable de regagner mes souvenirs parce que j’ai aperçu le corps d’Haruaki.

« Bah alors, c’est simple, » dit Daiya

« Le protagoniste a juste besoin de cadavres. »

« ... Qu-Quoi ! »

Ce qu’il vient de dire me laisse sans voix.

« Commettre quelque chose comme ça... »

« Écoute. Je sais que c’est irraisonnable de tuer quelqu’un. Un protagoniste comme ça dégoûterait juste les lecteurs. Mais ce que je voulais dire, c’est que le protagoniste a juste besoin de trouver quelque chose qui a le même impact que celui d’apercevoir un cadavre. »

« … Cela pourrait sûrement… marcher. »

« Autrement dit, le protagoniste a juste besoin d’être plus tenace dans sa poursuite de la boîte que l’élève transféré. »

La sonnerie retentit. Daiya considère que notre discussion est finie et commence à s’en aller.

« Je retourne en classe. Tu devrais te dépêcher toi aussi, Kazu ! »

« D’accord… »

Mais je n’ai pas envie de retourner immédiatement en classe. À la place, je reste figé sur place. Daiya s’en va sans me prêter attention.

Je soupire.

« … Il doit sûrement y avoir un moyen de retenir mes souvenirs. Mais... »

... résister pendant 100,000 itérations ? Cela serait possible en théorie, mais ce n’est pas possible pour moi de l’appliquer en réalité. Ce n’est pas possible qu’un être humain puisse supporter cela. Cela serait comme si un inventeur me demanderait de conduire une voiture qui a pour vitesse maximale 20,000km/h. Même si la voiture peut aller si vite, mon corps ne pourra supporter la vitesse et finira pas dépérir. Mon esprit, non, l’esprit humain n’est pas capable d’endurer 100,000 répétitions du même jour.

Si Otonashi peut supporter ça, c’est un cas spécial. S’il vous plait, ne me mettez pas dans le même panier qu’un monstre comme elle.

Mais est-ce la seule solution qui existe qui me permette de m’opposer à Otonashi ? Est-ce que m’opposer à elle est, en soi, une bonne idée ? Ne serait-il pas mieux pour nous deux que je lève le drapeau blanc ?

Je soupire encore une fois puisque je n’arrive pas à me décider sur une idée de cette simplicité-là.

Quand je lève les yeux, me décidant à retourner en classe...

« ... ah. »

« ... Ah. »


Haruaki sort de derrière un pilier, ce qui fait que je hausse la voix instinctivement.

« … Haruaki. »

A-t-il entendu notre conversation ? Non, son visage semble trop sérieux. Après tout, on ne parlait que d’une ‘histoire fictive’.

Il commence à invoquer sans raison une excuse. « Franchement, puisque je suis ton ami, je deviens jaloux quand je te vois t’amuser avec les autres et que tu me laisses de côté, alors je pense qu’il est complètement normal pour moi de t’espionner. »


Malgré un ton amusé, durant tout ce temps son expression reste sérieuse.

« Alors, Hoshii... »

Haruaki se gratte les cheveux et demande.


« ... tu veux essayer de me tuer ? »


Ma respiration s’arrête.

Je ne sais pas qu’est-ce qu’il lui a fait dire des mots aussi stupéfiants.

Pendant un moment, Haruaki observe mon expression perplexe. Je n’arrive même pas à cligner des yeux. Soudainement, il me sourit complaisamment, et, ne pouvant apparemment pas se retenir d’avantage, éclate de rire.

« Ah, ne me dis pas que ! C’est cruel de ta part Haruaki ! Ne me taquine pas comme ça ! »

« Ahaha ! Non, non, je n’aurais jamais pensé que tu me prendrais au sérieux… !! C’était génial ! Hoshii, tu es juste trop marrant ! Bien évidemment, je rigole. »

C’est vrai aussi. Personne ne pourrait croire qu’une histoire de ce genre a vraiment lieu.

« C’est vrai… une blague… évidemment c’est juste une blague. »

« Évidemment c’est une blague... de me laisser faire tuer. »

Quelque chose est étrange dans ce qu’il vient de dire.

« Haruaki ? »

« Alors comment puis-je t’aider ? »

Aider ? De quoi est-il en train de parler ?

« Bah, puisque mes souvenirs s’effaceront de toute façon dans la prochaine itération, je pense que ce que je peux faire maintenant est limité. »

Aah, je vois...

Haruaki croit à la « Classe Rejetée ».

Il croit en une histoire à laquelle personne ne croirait ou penserait qu’elle est inventée.

« … Haruaki. »

« Qu’est-ce qu’il y a, Hoshii ? »

« Err… tu sais, c’était juste une invention de ma part. »

Haruaki rit et dit :

« C’est un mensonge, non ? »

« Qu... »

Je n’arrive même pas à lui demander comment a-t-il fait pour le savoir.

Je veux dire que, même moi je n’arriverais pas à croire à une histoire pareille si quelqu’un me demandait d’y croire.

« Wahaha ! Es-tu impressionné par la profondeur de mon amitié pour toi ? Je te croirais sans même hésiter ! »

« Ouais. »

Haruaki semble surpris quand j'acquiesce.

« … Ne dis pas des choses comme ça ! Tu vas me faire rougir ! »

« Au cas où tu n’aurais pas remarqué, Daiya aussi croit en cette histoire, que cela se passe vraiment. »

« Eh ? … Non, je ne pense pas. Je veux dire, on parle de Daiya le Réaliste, tu t’en souviens ? »

Cependant, maintenant qu’Haruaki en parle, Daiya agissait bizarrement. Après tout, il a choisit un endroit spécial pour que l’on puisse parler et il a aussi sacrifié sa pause. S’il pensait que ce n’était qu’un scénario de roman, il m’aurait envoyé balader en ajoutant un commentaire du genre « C’est ennuyeux. Ne l’écris pas. »


« OK, je pense qu’il n’y croit pas à 100%, mais crois-moi, il sait que la vérité n’est pas si loin que ça ! »

Quand j’y pense, les critiques de Daiya étaient un peu bizarres si elles étaient censées être des critiques par rapport à un roman. Il a clairement utilisé des réponses que le protagoniste voudrait connaître.

« J’ai une preuve assez tangible. Aya qui représente clairement l’élève transféré vient juste d’arriver aujourd’hui, donc ce n’est pas possible qu’en si peu de temps, une heure environ, tu aies réussi a élaboré une telle histoire ! »

« Ah... »

C’est pas faux.

« Je pense que tu dis la vérité. »

« … Pourquoi ? »

« C’est trop complexe pour que cela puisse être une de tes inventions. Ce n’est pas possible que t’aies une imagination si débordante, Hoshii. »

« T’es méchant… »

« Et puis même si tu pouvais inventer quelque chose comme cela en si peu de temps, je te croirais quand même. »

« … Pourquoi ? »

« Parce qu’on est ami, non ? »

Oula, pourquoi dit-il des choses comme ça…

Je veux dire, comment devrais-je… m’empêcher de rougir et de réagir s’il me dit des choses comme ça ?

Haruaki fronce les sourcils et met dans sa bouche une frite.

« Je vois. Alors Aya… non, Aya Otonashi m’a peut être tué… »

On a fini par aller au McDonald, c’était une proposition d’Haruaki. Deux étudiants en uniforme scolaire qui ont quitté l’école, car ils simulaient une maladie, s’amusaient au McDonald en plein jour. Je ne peux m’empêcher de remarquer les regards accusateurs des personnes nous entourant, qui me donnent l’envie de m’enfuir.

« Je me demande si Otonashi ferait attention au regard des autres si elle était au McDo dans son uniforme scolaire pendant les heures de cours. »

« Je pense que dans son cas, elle s’en ficherait. »

Haruaki sait maintenant qu’il a peut-être été tué par la fille dont il est tombé amoureux, alors il dit son nom avec une pointe d’hostilité.

« Autrement dit, elle s’est adaptée à cette situation sur une période de plus de 2000 itérations. »

Otonashi s’est familiarisée avec tout cela après chaque itération. Elle ne sera sûrement pas affectée par des choses aussi futiles que des regards accusateurs dans la Classe Rejetée.

Otonashi s’est adaptée a une situation anormale. Peut-on vraiment dire que sa personnalité est encore normale, cette Otonashi qui essaye de me tuer ?

« Cela était-il supposé être une tentative d’évasion ? »


Mon cœur arrête de battre.

Soudainement entendre la voix de la personne à laquelle je pensais… Je ne peux pas me tourner pour faire face à la personne derrière moi. Je suis cloué sur place.

Comment nous a-t-elle retrouvés ? Je n’en ai même pas parlé à Daiya.

Otonashi fait le tour et s’arrête en face de moi. Je suis incapable de relever ma tête.

« Laisse-moi te dire un truc, Hoshino, » dit-elle avec un sourire aux lèvres. « C’est mon 2.602e 2 mars. J’ai passé tout ce temps avec des personnes qui ne gardent aucun souvenir et qui ne sont même pas informées de ces boucles temporelles. »

Elle pose avec douceur sa main sur la table. Cette action seule me rend beaucoup plus tendu.

« Normalement, les gens changent, ainsi que leurs croyances. Par conséquent, ce n’est pas facile de pouvoir prédire leurs actions. Cependant, c’est d’une facilité déconcertante de prédire les vôtres parce que vous êtes coincés dans une impasse et que vous ne pouvez pas changer. C’est encore plus facile puisque l’on revit le même jour, Le 2 mars. Je peux même prédire les patterns de vos conversations. Hoshino, je peux facilement prédire les actions qu’un lycéen passif comme toi peut faire. »

Elle vient de me donner un avant-goût de la « différence d’information » dont parlait Daiya. Je pensais que cela ne concernerait que les informations impliquant la Classe Rejetée ou la boîte. Mais il n’y avait pas que ça. L’information la plus cruciale est celle concernant « Kazuki Hoshino » — moi-même. Et l’information que je dois obtenir est reliée à ‘Aya Otonashi’. C’est ce que voulait dire Daiya. C’est pour cela qu’il a dit que le fossé d’information qui nous sépare s’amoindrirait après plus de répétitions.

« Tu as compris ? Tu ne peux pas m’échapper, Hoshino. Tu es dans mon emprise. Je pourrais facilement te détruire. Mais si je le fais, je détruirai l’objet important que tu possèdes. C’est la seule raison pour laquelle tu es vivant. Compris ? Alors tu ferais mieux de ne pas m’énerver. »

Otonashi saisit ma main.

« Ne dis rien et suis-moi. Après, obéis-moi gentiment. »

Elle ne tient pas ma main très fort. Si j’essaye, je devrais être capable de me libérer. Mais… puis je faire ça ? … Je ne peux pas. Je suis déjà sous son contrôle. Je suis conscient que je suis misérable. Mais je ne peux pas… la défier. Je ne sais pas comment je le pourrais.

Et malgré ça — malgré le fait que je ne puisse la défier — ma main est libérée de l’emprise d’Otonashi.

« Qu’est ce que tu viens de faire ? », dit Otonashi. Je n’ai pas pu me libérer seul. Alors ces mots ne me sont pas dirigés.

« Tu me demandes, ce que je viens de faire ? … Ha ! »

Ses mots sont adressés à Haruaki, qui a séparé nos mains.

« Je ne te laisserais pas Hoshii ! Tu n’arrives pas à comprendre ça ? Tu es bête ? »

Les mots d’Haruaki sont enfantins, mais son visage reste sérieux. C’est un bluff total. Il ne traite personne comme cela normalement...

Évidemment, Otonashi ne se laisse pas avoir par cette provocation.

« Ce n’est pas ce que je te demande. Haruaki, on dirait que c’est toi qui n’utilises pas ton cerveau. Tes actions sont vaines. Futiles. On dirait que tu as décidé de sauver Hoshino, mais c’est tout simplement un rêve momentané, fragile, qui se termine bientôt. La prochaine fois, tu n’auras pas cette détermination et tu reviendras me confesser ton amour au lieu de t’opposer à moi. »

Haruaki semble décimé par ces mots. Il sait qu’elle a raison. Si ce monde se réinitialise, Haruaki aura oublié notre conversation durant cette itération. Et peu importe à quel point il est hostile envers elle à ce moment, il tombera amoureux d’elle encore une fois, et il se confessera de nouveau. Haruaki est et sera irrémédiablement dans cette impasse.

Mais malgré le fait qu’il soit confronté à cette vérité amère, Haruaki serre son poing.

« Non, c’est toi qui n’utilises pas ton cerveau, Otonashi ! Je vais peut-être revenir à mon « Moi ignorant » à chaque fois ! Je pense que je ne pourrais pas garder mes souvenirs et je ne suis pas aussi intelligent que Daiya. Mais tu sais quoi ? J’ai une grande confiance en moi. »

« Je ne comprends pas. Qu’essayes-tu de dire ? »

« Dis, Otonashi. Je suis dans un point mort, une impasse, et ne changerais donc jamais, n’est-ce pas ? »

« Oui, c’est pour cela que tu es impuissant. »

« Ha ! C’est l’inverse, Otonashi ! Si je ne vais pas changer, alors je me porte garant du moi dans les itérations futures. Après tout, ils vont tous être comme moi. Je peux facilement prédire leur comportement ! Ils vont croire en Hoshii à chaque fois qu’il leur expliquera la situation, et ils l’aideront à chaque fois. Il n’existe pas un monde où j’abandonnerai mon ami, Hoshii. Écoute et rappelle-toi bien de ce que je vais dire Otonashi... »

Il pointe son doigt vers Otonashi.

« Si Kazuki Hoshino est ton ennemi, alors par la même occasion tu te confronteras à un immortel ! »

Pour être honnête, sa posture est tout sauf convaincante. Il est sous pression, il bluffe et ses mains tremblent. Il est clairement anxieux. Des mots aussi cool ne lui vont pas du tout, ce n’est même pas drôle... en particulier parce qu’il fait souvent le clown à l’école.

Mais ses mots m’ont vraiment fait plaisir.

Je veux dire, il n’y pas la moindre trace de doute ou d’hésitation dans sa voix. Il n’y a pas une once de son ton dramatique qu’il utilise fréquemment. Haruaki parle calmement.

« ... »

Évidemment, Otonashi n’est pas troublée par la posture instable d’Haruaki. Mais elle ne répond pas immédiatement. Elle ferme la bouche pendant quelques secondes, mécontente.

« … Tu me fais passer pour la méchante de l’histoire. N’es-tu pas au courant du fait qu’Hoshino est la personne qui t’a amené dans cette Classe Rejetée ? »

Les mots d’Otonashi sont précis et blessants. Haruaki est blessé par chacun d’eux, malgré ça...

« Je ne douterai pas de mon allié à cause de ça ! »

Haruaki ne change pas son opinion. Il refuse de détourner son regard d’Otonashi même s’il est terrifié.

Ce n’est pas bien. Je veux dire, l’adversaire est Aya Otonashi ! Ce n’est pas elle qui souffrira quand Haruaki la déclare comme ennemie éternelle. Haruaki sera la personne à en souffrir. La fille dont il tombera amoureux indéfiniment le maltraitera sans raison valable. À partir de maintenant, Haruaki va souffrir dans toutes les itérations.

En contraste, elle ne ressentira sûrement aucun stress dû à l’opposition d’Haruaki.

Cependant :

« Cela ne m'intéresse plus. »

Otonashi est celle qui détourne le regard en premier et se tourne.

« Toutes tes actions seront insignifiantes dès que la prochaine itération commencera. »

Elle dit ses mots et partit.

Si quelqu’un d’autre qu’Otonashi avait dit quelque chose comme cela, ça aurait semblé être une sorte d’excuse. Mais venant d’elle, cela n’y ressemble pas. En premier lieu, comment Otonashi pourrait perdre contre lui si elle se fiche de lui ?

Par conséquent, elle vocalisa juste ses pensées. Elle arriva à la conclusion qu’il serait plus pratique pour elle de s’en prendre à moi dans une situation plus avantageuse la prochaine fois.

Otonashi ne ressent rien pour nous. Évidemment, elle n’a pas peur de nous, mais elle n’est pas énervée contre nous, et elle ne nous méprise pas non plus.

Alors je me demande... pourquoi ?

Non, ce n’est que mon imagination. Je dois me tromper. Un malentendu. Mais malgré ça, vraiment, pour un instant...

N’avait-elle pas l’air... triste ?

« Dis… Hoshii. »

Haruaki observe encore la porte automatique par laquelle Otonashi vient de sortir.

« Tu penses que je vais me faire tuer ? »

Pas possible… est ce que j’ai répondu. Mais je me rends compte que ce qui est arrivé la dernière fois peut très bien se produire encore une fois, alors je reste silencieux.

Sans surprise, il pleuvait le 3 Mars de la 2.602e itération . Je suis allé à l’école un peu plus tôt que la dernière fois, pour éviter l’endroit où l’accident se produit, malgré tout j’ai décidé de prendre un détour. J’ai fait cela comme contre-mesure à l’attaque d’Otonashi… ou pour dire vrai, je ne voulais pas revoir cette scène.

Daiya est déjà présent quand j’entre en classe. Il se rapproche quand il me voit.

« Qu’est-ce qui ne va pas Daiya ? »

Pour une raison que j’ignore, il ne répond pas immédiatement. Il regarde profondément dans mes yeux. Il est toujours aussi fort pour cacher ses sentiments, mais je peux quand même sentir qu’il y a quelque chose de bizarre qui se passe.

« … à propos du roman dont on a parlé hier. »

Il se réfère au ‘roman’, mais il parle en fait de ma ‘situation actuelle’.

« Il y a quelque chose qui me perturbe. Pourquoi l’étudiant transféré ne perd pas sa mémoire comme le protagoniste ? »

Je ne peux pas répondre à sa question, parce que je ne comprends pas pourquoi il en parle en premier lieu.

« Même le protagoniste — le créateur de la Classe Rejetée — perd sa mémoire. Alors même si on assume que l’élève transféré possède une sorte de pouvoir spécial, cela ne serait-il pas trop pratique pour elle de retenir automatiquement ses souvenirs des récurrences ? Je pense que cela serait mieux si le protagoniste et l’élève transféré sont tous deux capables de retenir leurs souvenirs en utilisant la même méthode. »

« … Tu as peut-être raison. »

Je suis d’accord, sans penser au sens profond de ce qu’il vient de dire. Peut-être que je suis incapable de comprendre parce qu’il en parle encore comme un ‘roman’.

« Le protagoniste a été capable de retenir ses souvenirs parce qu’il a vu un cadavre, c’est ça ? »

« … Je pense bien.»

« Le cadavre résulte d’un accident causé par un camion, n’est-ce pas ? Ce n’est donc pas possible que l’élève transféré, qui a vécu le même jour 2.601 fois, ne soit pas informé de ce camion, non ? S’il était impliqué, alors c’est sans aucun doute intentionnel. C’est pour ça que tu as que ‘l’ami du protagoniste’ ‘s’est fait tuer’. »

Je hoche la tête.

« Mais quelque chose me dérange dans ce scénario. »

« Quoi ? C’est pas ça ? »

« Non, pas du tout. C’est certainement un moyen efficace de s’en prendre au protagoniste… mais seulement si l’on assume qu’il retienne ses souvenirs. Cela ne sert à rien si le protagoniste oublie l’accident juste après. »

« Je ne comprends pas ce que tu veux dire … »

« Le but de l’élève transféré est de voler la boîte du protagoniste, non ? »

« Oui. »

« Essaye de penser de la perspective de l’élève transféré. Il vient juste de trouver la personne qu’il cherche — le protagoniste. Bien que l’élève transféré ait pu se taire, elle lui a tout expliqué sur la Classe Rejetée. Un adversaire ignorant contre un adversaire qui a été attaqué et qui est par conséquent sur ses gardes... il est plus facile de voler la boîte duquel des deux ? Évidemment de l’adversaire qui ne sait rien. Alors pourquoi penses-tu que l’élève transféré a expliqué la situation au protagoniste ? »

« Err… Parce que l’élève transféré pensait que le protagoniste oublierait ? »

« Oui. Elle a conclu que cela n’importerait pas. Qu’elle lui dise était probablement un moyen pour elle de se divertir; ou de la négligence. »

« Mais l’accident ne pouvait être qu’intentionnel, non ? Alors c’était sûrement une attaque contre moi… »

« Je pense que c’était intentionnel. Mais essaye de penser comme ça : l’élève transféré ne pensait pas que le protagoniste allait voir le corps ? »

Autrement dit, le but n’était pas de m’attaquer ?

Je médite sur ses mots encore une fois.

« Ah. »

« Ah... »

Je regarde rapidement autour de moi. L’élève transféré — Aya Otonashi — n’est pas là. Elle doit sûrement être sur le lieu de l’accident.

« C’est pas possible… c’est complètement aberrant. »

« Évidemment. Ce n’est pas possible qu’une personne qui s’est adaptée a 2.602 répétitions puisse rester complètement saine d’esprit. »

Aya Otonashi a tué quelqu’un.

Elle a fait ça non pas pour m’attaquer, mais afin de retenir ses propres souvenirs.

Je me rappelle. Je ne voulais absolument pas, mais je me rappelle. Cet accident n’était pas arrivé pour la première fois dans la 2.601e itération. Elle peut-être pu le causer durant chacune des 2.600 itérations.

Alors va-t-elle continuer de tuer des gens pour se « transférer » ?

Serais-je forcé à observer silencieusement ses meurtres ?

Haruaki sera-t-il tué cette fois ?

« Haruaki ! »

« Hmm ? Qu’est-ce qui ne va pas Hoshii ? »

Haruaki vient d’entrer en classe et se tient juste à côté de la porte.

Qu’est ce que ça veut dire ? Haruaki n’est pas la cible ? … Il n’y a aucune raison pour qu’il soit le cadavre cette fois, y en a-t-il une de raison ?

« Bon, assez avec ton roman Kazu… viens-en aux faits. » Daiya continue tout en ignorant Haruaki.

« On dirait qu’il y a eu un accident il y a une dizaine de minutes. »

Daiya prend une longue inspiration et dit, « Aya Otonashi s’est fait écraser par un camion. »

Quoi ?

Aah, je vois.

Même si elle est elle-même la cible, elle s’en fout.


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