Log Horizon : Tome 2 Chapitre 1

From Baka-Tsuki
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Log Horizon: Tome 2, Chapitre 1: Retour à Akihabara[edit]



Première partie :[edit]



Jaune, Rose, rouge et orange.
Trois griffons fendirent les cieux au-dessus de l’océan qui scintillait sous la pénombre du couchant.
Le soleil, disparaissant à l’ouest, entraîna les tons rouges dans son sillage, laissant une lueur pourpre dans le ciel et une longue traînée ; un splendide panorama.

Juché sur le griffon de tête, un homme en armure argentée se retourna et fis de grand signes de la main, arborant un large sourire. Il signalait quelque chose à ses compagnons.
Apercevant le signal de Naotsugu, Shiroe dit avec douceur à la demoiselle dans son dos :

« Accroches-toi bien. »

Puis il fit un signe du talon au gigantesque griffon qu’il chevauchait et celui-ci inclina légèrement l’extrémité de ses ailes, d’une envergure de 3 mètre. La monstrueuse créature glissa lentement vers le sol, décrivant un grand arc de cercle.

Les cinq personne ayant fuis Susukino ; Shiroe, Akatsuki, Naotsugu, la jeune druidesse Serara, de l’Alliance du Croissant de Lune, qu’ils étaient venu sauver ainsi que son protecteur le Chat-Garou Nyanta, avaient volés sans interruption depuis leur fuite. Ils traversaient la côte d’Ezzo et avançaient vers le territoire d’Eastal où se trouvait Akiba.

Tandis que le soleil se couchait, la pénombre recouvrit la terre.

Bien qu’il possédât de rares montures volantes, inaccessibles pour les Aventuriers ordinaires, le groupe de Shiroe préférait s’éloigner le plus possible de Susukino et continua à voler plus tard dans la soirée qu’il n’était d’usage.


Monter le camp demanderait beaucoup d’effort. Hisser les tentes et préparer le dîner prendrai beaucoup de temps. Même ramasser du bois pour le feu pourrait prendre jusqu’à une heure.

Après l’Apocalypse, le groupe de Shiroe avait appris à survivre dans les contrées sauvages de ce monde et ne s’étaient pas trop pressés pendant l’aller vers Susukino. Mais après avoir secourut Serara, ils souhaitaient traverser le littoral aussi vite que possible, avançant à un rythme auquel leurs poursuivants ne pourraient les rattraper.

Les trois griffons se coordonnèrent et se posèrent en décrivant une belle trajectoire courbe.


« Je n’ai pas eu peur, ok ? »

Dit Akatsuki, le regard évasif, tenant la main de Shiroe tandis qu’elle mettait pied à terre. Bien sûr, même si elle était à présent habituée aux sensations de vol, elle était en réalité toujours effrayée.

C‘était du griffon lui-même qu’elle avait peur. La créature était dotée d’un torse d’aigle et d’une croupe de lion, une paire d’ailes puissante et grande de 5 à 6 mètres ; avec ses serres aiguisées et son bec, en plus de sa grande taille, il pourrait croquer la tête d’Akatsuki en une seule bouchée.

La jeune femme maintint ses distances après l’atterrissage. Shiroe s’efforça de dissimuler un sourire et sortit un morceau de viande de son Sac de Transport pour nourrir le monstre.
Bien que celui-ci soit effrayant d’aspect, il était totalement fidèle aux Aventuriers qui l’avaient invoqué avec sa flûte. Pendant que Shiroe lui caressait le col, il avala joyeusement la pièce de viande d’une seule bouchée.

« La mission est un succès ! »

Naotsugu monta la pente vers Shiroe après être descendu de son griffon.

« Tout à fait, votre plan était brillant miaou ~.»

Nyanta et Serara s’approchèrent de Shiroe par l’autre versant.

« Euh, un grand merci à tous ! Je vous suis très reconnaissante. »

« Ne t’en fait pas, nous n’avons rien fait d’extraordinaire. »

Répondit Shiroe à Serara qui s’inclinait par gratitude. Il savait que son attitude était trop froide, mais il ne savait que dire et se contenta de détourner timidement le regard.

Le jeune homme ouvrit son menu et fit un rapport télépathique à Marielle. Celle-ci avait attendu tout ce temps avec anxiété et poussa un soupir de soulagement après avoir entendu le compte-rendu de l’Enchanteur.
En y repensant, le groupe de Shiroe avait usurpés la mission de sauvetage de l’exubérante chef de guilde avant de faire route vers le nord. Dans les temps suivant la Catastrophe, l’atmosphère à Akiba s’était devenue dégradée, conséquence de la frustration ambiante. Cette situation déprimante était la raison pour laquelle l’enchanteur s’était approprié l’opération de secours.
Il était honnêtement inquiet pour l’Alliance du Croissant de Lune et heureux de pouvoir aider Marielle et Henrietta, mais ce n’étaient pas les seules raisons. Au fond de son cœur se trouvait un sentiment d’agacement.

« Vraiment, il n’y a pas de quoi s’en formaliser. »

Shiroe n’avait fait que suivre sa propre volonté. De ce fait, il ne parvenait pas à traduire ses pensées en parole et ne pouvait répondre que par des expressions convenues.

« Shiroe-chi a toujours été timide miaou ~ » Dit Nyanta d’un ton apaisant et confortant.

« Chef… »

« Shiroe-san et Nyanta-san, vous vous connaissez ? » Demanda Serara.

« Tout à fait, et je faisais partit de la bande moi aussi. » Interjeta Naotsugu.

« C’est exact miaou~, lorsque Elder Tales était encore un jeu, Shiroe-chi, Naotsugu-chi et moi-même allions à l’aventure ensembles miaou~. »

Lorsqu’ Elder Tales était un jeu. Ces mots résonnèrent avec tristesse dans leurs cœurs.

Ils n’étaient plus dans Elder Tales. La Catastrophe avait eu lieu et ce monde était similaire au MMORPG qu’ils connaissaient, mais en dix fois plus rude.

Serara arborait une expression de déprime qui troubla Shiroe, mais il ne sut trouver les mots pour la réconforter.

« Mon Seigneur, nous devrions monter le camp »

Sauvé par la suggestion d’Akatsuki, Shiroe commença les préparations avec l’aide de ses compagnons. Nyanta et Serara comprirent également que se morfondre ne ferait pas avancer leur situation ; ils se ressaisirent et commencèrent à chercher un lieu approprié pour monter le camp.

Le ciel était sombre mais il n’y avait pas trace de monstres aux alentours. Naotsugu et Serara hissèrent une petite tente. À cette saison, dormir à la belle étoile ne serait pas un problème, à moins qu’il ne se mette à pleuvoir. Akatsuki et Nyanta se dirigèrent sans un mot vers la forêt, sans doute pour ramasser du petit bois.


Monter le camp à cette heure tardive était laborieux. Malgré les lumières magiques qui éclairaient la zone, hisser des tentes dans la pénombre n’était pas commode. Le groupe creusa un trou dans la terre, l’entoura de pierre pour le protéger du vent et alluma le feu de camps deux heures après l’atterrissage.

Ils ne pourraient peut-être pas profiter d’une longue nuit de repos, mais tous les cinq étaient de bonne humeur car ils avaient réussi la part la plus difficile de leur quête. Ayant franchis plusieurs zones grâce aux griffons, ils n’avaient pas à s’inquiéter d’être poursuivit. La seule étape restante du plan consistait à revenir sains-et-sauf à Akiba et il n’y avait donc aucune nécessité de se presser, contrairement à l’aller vers Susukino. Ils pourraient même rester sur place une nuit supplémentaire s’ils le désiraient. L’atmosphère de tranquillité se ressentait sur leurs visages.

Nyanta et Akatsuki étaient allés chercher du bois dans la forêt qui ressemblait plus à une jungle luxuriante. Naotsugu se dirigea vers la rivière pour y chercher de l’eau tandis que Shiroe et Serara montaient les tentes de toile. Bien que celles-ci ne fussent pas des objets magiques, elles étaient néanmoins indispensables pour les Aventuriers. Elles étaient lourdes mais le poids n’était plus un problème une fois rangée dans un Sac de Transport; les transporter n’était pas fatiguant.

Avant de monter la tente, Serara avait contacté Marielle par télépathie. Cette dernière arborait toujours un joyeux sourire, mais cela ne voulait pas dire qu’elle n’était pas inquiète. Après avoir entendu le compte-rendu de Shiroe, sa voie était devenue tremblante d’émotion, sans doute en raison du soulagement.
Elle était si heureuse de l’appel de Serara que même Shiroe, qui rangeait des choses en dehors de la tente pouvait se représenter la réaction de la jeune fille.

« Me revoilà, avec l’eau ! »

Fit Naotsugu qui remontait la colline. Il s’était rendu à l’étang et avait rempli sa gourde. Le soleil était à présent couché et la forêt projetait une ombre distincte sous la clarté du ciel nocturne. Nyanta et Akatsuki en seraient bientôt de retour. Peut-importe la manière avec laquelle on regardait la chose, la mission de sauvetage était un succès.


Deuxième partie :[edit]



« Comment c’est possible ? C’est délicieux ! » S’exclama Naotsugu.

Tous les cinq étaient réunis autour d’un feu de camp.

« Mon seigneur, comment dire ? C’est merveilleux ! »

S’écria même Akatsuki, pourtant d’ordinaire impassible, dont les joue rosissaient.
Naotsugu approuva d’un signe de tête. Shiroe n’était absolument pas indifférent, mais transporté de joie. Mais il était maladroit et ne parvenais pas à communiquer son bonheur aux autre.

« Miahu-hu, il y en a encore miaou ~ »

Naotsugu était concentré sur sa portion de viande et semblait ne pas avoir entendu Nyanta. La bête rôtissait au-dessus des braises et l’arôme qui en émanait était succulent.

Une chose si simple était une merveilleuse découverte. À l’origine de l’incident, Akatsuki et Nyanta avaient abattu un cerf en allant à la collecte de bois.
Dans ce monde, les bêtes sauvages n’étaient pas rares. La population humaine ne représentait qu’un pourcent de la population Japonaise moderne, par conséquent les animaux avait un environnement favorable à la reproduction. Dans les zones de forêts et de collines où la flore prospérait, on pouvait voir des cervidés, des oiseaux, des sangliers ou des chèvres. Mais il y avait aussi des créatures dangereuses comme des chiens errants, des loups ou des ours. Il fallait faire particulièrement attention aux sangliers et aux ours, qui étaient aussi fort que des goblins.
Si l’on évitait les bêtes féroces, les cerfs et les oiseaux étaient facile à chasser, idéal pour l’entraînement des joueur de bas niveau et une source de nourriture importante.

Akatsuki et Nyanta abattirent un cerf sur leur chemin. Nyanta le dépeça sous les yeux ébahis du reste du groupe et le mis en brochette, en faisant de délicieux kebabs.
Il suffisait de regarder les kebabs grésiller au-dessus des flammes pour savoir qu’ils étaient totalement différents de la nourriture qu’ils connaissaient.
L’odeur de nourriture.
Seule de la véritable cuisine pouvait émettre une odeur aussi merveilleuse, ce qui sidéra le groupe. Shiroe et ses amis se sentirent soudain saisit d’une faim incontrôlable.
Nyanta n’avait assaisonné le plat qu’avec du sel et des épices. Pourtant, à chaque bouchée, la langue était assaillit par la douce saveur qui emplissait le palais. Ce n’était pas un plat de subsistance, c’était un plat qui vous faisait vous sentir vivant.
La différence était indescriptible.

« C’est délicieux… mais pourquoi ? »

Shiroe était déconcerté. Naotsugu et Akatsuki étaient également stupéfaits ; seuls Serara et Nyanta souriaient fièrement. C’était le meilleur repas qu’ils avaient eu en un mois.

"Aucun plat n’a de goût" était l’un des aspects cruels de ce monde. Shiroe et son groupe… non, les trente mille joueurs japonais en étaient tous accablés. Peu importe que l’on mange un omurice[1], un curry, de la soupe ou des grillades de poisson, tout avait un goût de biscotte mouillée. Naotsugu le comparait à manger du carton.
Ils avaient abandonnés l’espoir de trouver une solution, et pourtant celle-ci était apparue comme par magie sous leurs yeux.
Nyanta n’avait pas créé de nouveau plat, il avait seulement dépecé un cerf, ajouté du sel et des épices et l’avais fait cuire sur une grille. Ce n’était peut-être pas un menu de restaurant trois étoiles, mais comparé aux biscottes mouillées, ce plat était divin.

« C’est formidable ! Incroyable, chef Nyanta vous êtes le meilleur ! Mon admiration à votre égard ne cède qu’aux petites culottes ! »

« Vous exagérez miaou~.»

Nyanta sortit des broches de son sac et prépara de nouveau kebabs. A ses côté Serara sortit des plats et commença à peler des oignons pour l’accompagnement.

« Attendez une minute, chef ! Maitre Nyanta ! Que se passe-t-il ? Pourquoi est-ce que ça à ce goût ? Pourquoi ça n’a pas un goût de biscotte mouillée ? Je demande la version de l’accusé ! »

Demanda Naotsugu, un kebab dans chaque main. Il semblait douter de l’assertion de Nyanta concernant la viande restante et s’assurait des portions qu’il tenait dans ses mains.
Akatsuki, qui d’ordinaire aurait traité Naotsugu de pervers, emboucha la viande en ajoutant:

« Délicieux ! Merveilleux ! Merveilleux ! »

« Si vous prépariez un repas, vous rassembleriez les ingrédients, puis ouvririez le menu pour sélectionner le plat que vous voulez faire, n’est-ce pas miaou~? »

Exposa Nyanta en même temps qu’il enlevait prudemment les entrailles.
Ce qu’il décrivait était la méthode de base pour créer un objet dans Elder Tales.

« En utilisant cette méthode, vous ferez toujours de la nourriture avec ce goût de biscotte miaou~. Vous devez bien rassembler les ingrédients, mais n’ouvrez pas le menu. A la place, cuisinez simplement les aliments, ils se comporteront comme vous en avez l’habitude dans le monde réel miaou~ »

Expliqua calmement Nyanta.

« Mais nous… »

Commença Akatsuki, qui avait la bouche pleine et dû s’arrêter pour avaler. Shiroe lui tendit une gourde d’eau et poursuivit à sa place.

« Nous avons essayé ça aussi, mais avec cette méthode nous n’obtenions systématiquement que des objets bizarres. Lorsque nous faisions griller du poisson, ça devenais soit du charbon, soit une substance gluante… Cuisiner normalement est impossible dans ce monde, n’est-ce pas ? »

Tel était, à ce point, l’état des connaissances de Shiroe sur ce monde. Puisqu’il s’agissait d’un jeu, si l’on n’utilisait pas une technique native l’action échouait, cela était bien connu.

« Si vous n’êtes pas un Maitre coq, ou si votre niveau de Maitre coq est trop bas, c’est ce qui ce produit miaou~. Même en cuisinant manuellement, vous avez quand même besoin du talent natif. Autrement dit, ceux qui possèdent la sous-classe Maitre coq peuvent réaliser des plats délicieux à condition de le faire à la main miaou~ .»

Les paroles de Nyanta marquèrent Shiroe, qui fut enfin en mesure d’accepter la révélation.
En y repensant, il était capable de saupoudrer de sel un aliment et c’était en soit un phénomène étrange. Si l’on ne pouvait cuisiner qu’au travers du menu, même l’action de saupoudrer du sel devrais nécessiter de passer par le menu.
Même si un joueur ne choisissait pas la sous-classe Maitre coq, il aurait tout de même 5 d’EXP dans cette branche. La capacité de saupoudrer du sel était un talent attribué par défaut ; le mieux qu’un joueur de sous-classe différente puisse faire.

« Chef, est-ce que ça veut dire… »

« Vous avez raison, Naotsugu-chi, je suis un Maitre coq miaou~. Voulez-vous un autre kebab ? »


Encouragés par Nyanta, Shiroe et ses amis mangèrent encore beaucoup de viande. Un cerf de taille moyenne était plus que suffisant pour un groupe de cinq et leur fournirait de quoi manger jusqu’au lendemain. Nyanta sortit un Cognac à base de pomme qu’il avait distillé à Susukino pour fêter l’occasion et la petite fête se poursuivie.

Nyanta introduisit de nouveau Serara devant le trio.

« C’est un plaisir de vous rencontrer. Je m’excuse de vous saluer si tard et je vous suis très reconnaissante pour votre assistance. Je m’appelle Serara, je suis Druide de niveau 19 et ma sous-classe est Maid ; je suis une débutante dans Elder Tales. »

La jeune fille s’inclina.

(Ce que cette fille est pleine d’énergie !)

Un doux visage féminin, de petites épaules fines et des cheveux attachés en arrière, c’est ainsi qu’elle apparaissait à Shiroe.

« Je dirais qu’elle est probablement dans le top trois des filles de sa classe ; en troisième place exactement, mais c’est elle qui reçoit le plus de lettre d’amour. »

Dit Naotsugu.

« Hmm... Comment ? »

Le Gardien avait dit quelque chose d’inconvenant pour une première rencontre. Serara chercha avec difficulté des mots pour répondre. Le genou d’Akatsuki fit un bruit sec lorsqu’il rencontra le visage du Tank.

« Ne frappe pas les gens du genou ! Pas taper ! »

« Mon Seigneur, cette personne faisait preuve d’impolitesse, je lui ai donc donnée une volée du genou. »

« Tu fais un rapport après-coup ? »

Opposa Naotsugu qui ne s’était pas protégé le visage car il gardait les brochettes dans ses mains.

« Aah… Euh… »

« Eh bien, voici Naotsugu, un Gardien fort et fiable » Fit Nyanta.

« Mais pervers et stupide » Ajouta Akatsuki.

Serara manifesta son attention d’un signe de tête enjoué et répondit.

« Je l’ai vu en action tout à l’heure ; Je m’excuse pour mon soutien insuffisant. »

« Ne t’inquiète pas, c’était bien suffisant. » La rassura Naotsugu.

Serara s’excusait régulièrement de son faible niveau, mais Shiroe comme Naotsugu reconnaissaient son application et sa résolution. De toute façon, les choses en rapport avec les niveaux pouvaient être améliorée avec le temps, il n’y avait donc pas lieu de s’excuser.

« Naotsugu-chi a toujours été ainsi depuis que je l’ai rencontré ; ne le prenez pas personnellement. Et puis, il vous complimentait miaou~ »

« Ah ? »
Serara éleva le regard vers Nyanta, qui sourit doucement en plissant les yeux.

« Naotsugu-chi veut dire que vous êtes la fille la plus populaire de votre classe ; il est d’un naturel timide miaou~. »

« Attendez une minute, chef, ce n’est pas ce que je voulais dire, j’aime les culottes plus que les jolie filles ! »

Comme pour interrompre Naotsugu, le genou volant d’Akatsuki frappa de nouveau.

« Ça fait mal, minus, tu deviens de plus en plus cruelle ! »

« Mon Seigneur, j’ai frappé le visage du pervers et confisqué sa viande »

« Hein ? Ah, aah ! »

Akatsuki mordit dans la pièce qu’elle avait volée à Naotsugu.

« Comment est-ce qu’on en est arrivé là ?... » S’exclama-t-il.

Nyanta tendit un nouveau kebab à un Naotsugu déprimé et demanda : « Qu’en est-il de cette demoiselle miaou~ ? », détournant l’attention en direction d’Akatsuki. Shiroe introduisit celle-ci auprès de Nyanta.
Akatsuki accompagnait Naotsugu et Shiroe. Elle était un Assassin avec la sous-classe Pisteur et était à la fois forte et fiable. L’assassin regarda Nyanta d’un air solennel et s’inclina pour le saluer.

« Maitre, je m’appelle Akatsuki.»

Naotsugu se plaignit bruyamment de la différence de traitement et Akatsuki fourra dans sa bouche un morceau de viande à moitié cuit. Tous les deux se chamaillèrent en se traitant de « Minus » et « Pervers », provoquant l’hilarité de leurs compagnons.

« Quant à Shiroe-chi, il était le tacticien d’un groupe dont je faisais partit miaou~. C’est un brillant jeune homme miaou~. »

Shiroe acquiesça à l’introduction de Nyanta. Serara s’empressa maladroitement de remercier l’Enchanteur. Celui-ci là trouvait enjouée et sympathique.

(Quel âge a-t’ elle ?) Se demanda-t-il.

Le visage réel d’une personne influait sur l’apparence de son visage dans ce monde, mais les dimensions de son corps et son apparence étaient déterminés par les données du jeu. Par conséquent, il ne fallait pas se fier à la taille d’une personne pour deviner son âge, ce qui serait impoli et probablement faux. Shiroe l’avait appris d’Akatsuki.
À en juger par son langage, elle ne devait pas être bien vieille.

(Au lycée, ou peut être au collège ?)

Elder Tales était un jeu à abonnement mensuel, aussi l’âge moyen y était-il plus élevé que dans les jeux free-to-play. Mais ce n’était qu’une moyenne ; il n’était en rien surprenant que des collégiens y jouent.

« Si je me souviens bien, les jumeaux étaient à peu-près du même âge. »

L’enchaînement des évènements pendant la mission de secours avaient tendus Shiroe, aussi était-ce peut-être parce que la partie difficile était passée ; où peut-être était-ce l’ambiance de célébration et la nourriture ; Shiroe se remémora du temps précédant l’Apocalypse.


Troisième partie :[edit]



Shiroe avait rencontré les jumeaux à l’époque où Elder Tales était un simple jeu. Lui-même était un joueur solo sans équivalent ; un Enchanteur de haut niveau ne pouvais être considéré que comme unique ; basé à Akiba et vivant sa vie dans Elder Tales.
Après la dissolution de Debauchery Tea Party, Shiroe était devenue un joueur adepte du roaming[2]. Ce n’était pas connoté négativement ; il appréciait cette manière de jouer.

On trouvait un peu partout dans le centre d’Akiba des joueurs qui formaient des groupes en vue de raids au moyen des canaux de discutions du jeu. Shiroe rejoignait parfois un groupe par cette méthode, ou rejoignait des amis comme Marielle pour faire des quêtes, ou encore parait seul à l’exploration ou à la recherche de trésor.

La sous-classe du jeune enchanteur était Scribe, une classe de production possédant la capacité de dupliquer des parchemins, des cartes ou des livres magiques. Dans Elder Tales, la production consistait à transformer des ingrédients en objet, aussi l’obtention de matière première était-elle une étape nécessaire.
Les ingrédients des Scribes étaient l’encre et le papier. Pour réaliser des parchemins ordinaires, il suffisait d’utiliser des ingrédients bon marché. Mais pour des livres de sorts de haut niveau, il fallait disposer d’encre aux propriétés magique. Fabriquer ce genre d’encres spéciales faisait également parti du travail des Scribes, qui devait pour ce faire disposer d’ingrédients peu répandus comme du sang de Dragon ou des minerais rares. Pour obtenir ces matières premières rares, il était nécessaire de se rendre en différents endroits et vaincre des monstres.

Même après la fin de la Debauchery Tea Party, même sans <cette fille> pour entraîner Shiroe à l’aventure, celui-ci avait toute sorte d’occupations.


Le jeune homme avait été abordé par les jumeaux alors qu’il vaquait à ses occupations en jeu.

« Niichan, Niichan, attend-nous s’il te plait ! » Dit le garçon.

« Excusez-nous de vous déranger. Nous voudrions vous demander quelque chose, ça ne vous dérange pas ? » Ajouta la fille.

Les jumeaux arrivaient aux épaules de Shiroe.
Le garçon portait une armure bon marché et une épée accrochée dans son dos. La fille portait un kimono et tenait un bâton à clochette.

« Aucun problème, qu’est-ce qu’il y a ? »

Dans les souvenirs de Shiroe, ils se trouvaient dans une zone bondée d’Akiba. À en juger par leur équipement, les jumeaux étaient des débutants ; ils possédaient des armes attribuées au commencement du jeu. D’après leur manière de s’exprimer et le ton de leurs voix, ils devaient être des collégiens ou plus jeune, ce qui donnait une impression enfantine.

« Mes sorts son trop faible, je n’arrive pas à soigner les blessures de Tohya. Je viens de demander à quelqu’un qui m’a dit d’acheter de meilleurs livres. Mais je ne sais pas où les acheter. Savez-vous où puis-je les trouver ? »

Que cela soit le choix des mots ou la voix, la fille semblait très bien élevée.

« Je voudrais aussi apprendre des techniques ; si tu en connait, s’il te plait, apprend moi, Niichan ! »

Les barres de statut vertes au-dessus des jumeaux indiquaient leurs noms et niveaux : la fille s’appelait Minori, le garçon Tohya ; tous les deux étaient au niveau 6.

La première quête d’Elder Tales était un tutoriel pour les débutants. Les joueurs qui choisissaient Akiba comme ville de départ étaient envoyés au camp d’entraînement du Major Colonel pour y apprendre les commandes de base.
Le Major Colonel avait l’air d’un gentleman avec sa moustache blanche, mais on ne savait jamais ce qu’il pouvait faire lorsqu'il se fâchait ; c’était un PNJ ennuyeux. De plus, son nom, "Colonel", était également un rang dans l’armée, ce qui embrouillait les joueurs sur son véritable rang. Par conséquent, il était assez célèbre parmi la communauté.
Son entraînement durait environ une heure et en quittant le tutoriel, les débutants se trouveraient au niveau 4. Ceci pris en considération, les jumeaux avait sans doute commencés le jeu le jour même où la veille ; ils étaient d’authentiques novices.

« C’est vote premier jour de jeu ? » Demanda Shiroe.

« Oui » « C’est exact »

Répondirent de concert les jumeaux.

Même si Shiroe était un peu associable, il n’était pas misanthrope. Les seules personnes dont il se méfiait étaient celles qui l’approchaient avec des arrière-pensées.
Par conséquent, il ne détestait pas les débutants, qui ne se rendaient pas compte que l’enchanteur possédait une fortune supérieure à la moyenne, et ne risquaient pas de prendre avantage de sa personne par souci d’optimisation de groupe[3].

Mettant de côté ces réflexions déprimantes, Shiroe souhaitais accueillir les débutants parmi la communauté d’Elder Tales, ce qu’il considérait comme un devoir des joueurs vétérans.

« Je vois. Je vais vous y emmener, par ici. »

Comme si de rien était, Shiroe se lia d’amitié avec Tohya et Minori, faisant équipe avec eux à l’occasion.


Tohya était très direct, interpellant bruyamment l’enchanteur lorsqu’il l’apercevait en ville.. En revanche, Minori le remerciait poliment.
Bien qu’ils soient jumeaux, Minori était la grande sœur, née un peu avant le garçon. Elle avait un air de déléguée de classe, prenant soin de son petit frère malpoli. C‘était leur manière d’être.
Ils étaient tous deux en cinquième, ce qui était très jeune du point de vue de Shiroe. Lui-même jouait depuis longtemps, mais il n’avait que rarement croisé des collégiens. A cause du décalage de génération, même si il rencontrait des joueurs aussi jeune, ils n’avaient que peu de choses en commun et ne formaient pas de groupe ensemble.
Mais les jumeaux n’avaient que respect pour Shiroe et l’inviter à jouer avec eux ne les dérangeais pas.

Lorsqu’il les avait rencontrés, ils l’avaient informé qu’Elder Tales était leur premier MMORPG, une perspective qui les excitait beaucoup.

Leur première aventure ensemble fut un désastre. Dès qu’il voyait un monstre, Tohya devenais comme un missile à tête chercheuse, se ruant sur lui sans attendre, et Minori le suivait précipitamment. Cela résultait en affrontements difficiles qui les menaient au bord des larmes. Et cette scène ce répétait encore et encore.


Elder Tales possédait un système de tutorat.
En terme simple, cela permettait à des joueurs de haut niveau de jouer avec des joueurs novices en abaissant leur niveau et leurs statistiques pour se trouver sur un pied d’égalité.

Shiroe était un vétéran avec une vaste compréhension du jeu et un équipement haut de gamme. En utilisant le système de tutorat, il était amené à un ou deux niveaux au-dessus des jumeaux, ce qui était idéal pour les prendre en charge.

Le jeune homme utilisait ses capacités pour neutraliser les ennemis, mais la puissance offensive déjà faible des Enchanteurs était d’autant plus inutile après le réajustement de son niveau.

« Merci, Niichan ! Ok, attaquons ceux-là aussi ! »

« Attend un peu, Tohya, tu perds beaucoup de PV ! » Objecta Minori.

Les jumeaux entraînaient Shiroe à droite et à gauche.


Tohya était un Samurai, une des classes de Combattants.

Elder Tales appelait les capacités de magie et de combat des « techniques », celle-ci avaient toutes un nom et un coût en PM, un temps de chargement et un temps de refroidissement. Le temps de chargement était le temps qui s’écoulait entre la sélection d’un technique et son application. Le temps de refroidissement était le temps nécessaire à une technique avant d’être de nouveau utilisable.

La plupart des techniques des Samurai avait de long temps de refroidissement. Elles étaient puissantes, mais la plupart d’entre elles ne pouvaient être utilisées qu’à une ou deux reprises dans un combat, au contraire du Moine qui pouvait enchaîner ses techniques en continu. Les Samurai excellaient dans les engagements cours où ils pouvaient infliger un maximum de dégâts, ce qui en faisait une classe agréable à jouer.

D’un autre côté, si l’on n’utilisait pas ces techniques à bon escient et qu’on les activait toutes en même temps, on se trouvait dans l’incapacité de faire quoique ce soit avant la fin de leur temps de refroidissement. Parce qu’elle manquait de capacité d’adaptation ou d’exploitation des situations, maîtriser cette classe était très difficile.


« Allons-y ! Tranche Heaume ! »

Brandissant son épée dans les airs, Tohya chargea le gobelin le plus proche. Celui-ci reçut beaucoup de dégâts, mais après avoir utilisé cette technique Tohya se trouvait immobilisé un moment.

« Wryy ! » « Grrr ! » « Ksss ! »

Les goblins sautèrent sur l’occasion pour se ruer en masse sur le garçon. Celui-ci paniqua sous l’assaut, mais il était encore bloqué.

« Tohya ! Reviens, c’est dangereux ! Bouclier Aegis ! »
Minori secoua son bâton et une barrière s’interposa devant les attaques des goblins.


Minori était une Kannagi, une des classes de Soigneurs.
Le devoir des Soigneurs comportaient rendre les PV, annuler les états négatifs et utiliser divers sorts de soutien.
Les trois classes de Soigneur pouvaient rendre des PV, et chacune avait en plus chacune ses capacités propres.

En canalisant le pouvoir des dieux antiques, les Kannagis étaient capables de bloquer les dommages et d‘invoquer des barrières protégeant un ou plusieurs alliés. Ces barrières pouvaient annuler une quantité donnée de dégâts avant de céder.

Si l’on ne regardait que la puissance de soin, Kannagi était la classe de Soigneurs la plus faible. Mais la capacité d’annuler des dégâts pouvait procurer un énorme avantage dans certaines situations.
D’un autre côté, ces techniques dépendaient du talent de l’utilisateur à anticiper le type et la portée des ennemis ; elles étaient durent à maîtriser.

Dans Elder Tales, toutes les classes étaient conçues pour être difficiles à maîtriser, mais les jumeaux ne s’en inquiétaient pas, se contentant d’apprécier le jeu.


À leur demande, Shiroe les emmena un peu partout dans les zones pour débutants autour d’Akiba, les accompagnants dans les échoppes et répondant à toutes leurs questions.

À un moment, il leur demanda : « J’ai de l’équipement de meilleur qualité que le vôtre, je peux vous le donner si vous voulez. »
Même si il s’agissait d’équipement de qualité, il n’était qu’au niveau 10 environ ; avec son niveau 90, Shiroe aurait pu en acheter quelques centaines sans problèmes.

Mais Tohya lui répondit : « Nan, j’en veut pas. Je suis ici pour jouer. Trouver des trésors, c’est l’aspect le plus intéressant ; si je recevais de l’équipement sans raison, quel est l’intérêt de jouer ? »

Minori ajouta : « Je m’excuse pour l’arrogance de mon frère. Je suis vraiment désolée. Shiroe-san, vous avez été très gentil avec nous, mais plutôt que de nous donner des objets, nous serions très heureux si vous continuiez à jouer avec nous. »

Shiroe pouvait jouer le rôle de tuteur parce que ces jumeaux étaient particuliers. Ils ne le voyaient pas comme une personne dont ils pouvaient prendre avantage, aussi jouer avec eux était un plaisir.

Ainsi, les jours se suivaient et se ressemblaient. Jusqu’à l’Apocalypse.


Quatrième partie :[edit]



« Oh, alors tu connaissais des jumeaux, et ensuite ? » Demanda Naotsugu.

« Comment ? »

« Mon seigneur, savez-vous comment se portent il à présent ? »

Alors que Shiroe évoquait sa rencontre avec les jumeaux, ses équipiers lui posèrent cette question.
Sous la lueur orange du feu de camp, les ombres du groupe dansaient sur la tente, donnant une paisible atmosphère de camping.

« Ils sont en ligne. Je les ai aperçus de temps en temps après l’Apocalypse. »

« Alors ils sont coincés ici eux aussi. »

« Nous étions ensemble peu de temps auparavant, et nous avons été projetés à Akiba. Nous avons étés séparé à ce moment-là. »

Lorsque l’Apocalypse s’était produite, tous les joueurs avaient été renvoyés de force au village le plus proche.
Serara et Nyanta parurent plongé en remémoration de ce moment.

« Peut-être que tu aurais dû les contacter à ce moment-là. Ils doivent être très inquiets. Ils ne sont que des débutants et pourtant les voilà piégés dans cet enfer. » Dit Naotsugu.

Shiroe savait que la Debauchery Tea Party était pleine de personne de bonne disposition ; Naotsugu en particulier s’occupait assidument de ses cadets et des débutants.

(Quelqu’un qui donne tout ce qu’il a pour aider les autres, c’est le genre de personne que doit être un Gardien ; celui qui protège ses équipiers. Mais dans le cas de Naotsugu, sa manière de s’exprimer doit altérer son image.)

« Quoi qu’il en soit, Shiroe-chi a aussi ses problèmes miaou~ »

Objecta Nyanta qui versait un thé brulant dans une tasse en métal. Ce n’était pas du véritable thé, seulement une infusion de feuilles séchée et de pelures de pomme. Mais pour les papilles du trio, qui n’avait bu jusqu’ici que de l’eau dépourvu de goût, c’était un régal. Akatsuki serra prudemment la tasse pour réchauffer ses mains.

« Nyanta à raison. Au début, nous ne pouvions nous occuper que de nous-même. Nous étions bien incapables de nous occuper de qui que ce soit. Le temps que je les retrouve, ils avaient déjà rejoint une guilde. »

Ce n’était pas seulement le cas de Shiroe ; personne n’avait à ce moment la force de penser à autre chose qu’à soit même.

« Vraiment ?... »

« A ce moment-là, toutes les guildes étaient occupées à recruter du monde. »

Ajouta Akatsuki, ce qui permit à Naotsugu de se remémorer la situation de l’époque.

« Je crois me souvenir qu’ils étaient vers le niveau 20 »

« Je pense qu’ils ont dû progresser un peu depuis. »

«C’est une bonne chose qu’ils aient rejoint une guilde, s’il ne pouvaient pas rester seuls. »

Fit Naotsugu en s’étirant. Puis il se retourna et regarda Shiroe.

« Donc, est ce que Minori est mignonne ? »

« Hein ? »

Shiroe essaya de se remémorer. Il n’avait vu que leurs avatar dans le jeu, et l’interface n’affichait qu’un avatar prédéfini, il n’y avait par conséquent aucun moyen de savoir si la jeune fille était mignonne. Il n’avait pas parlé aux jumeaux en face-à-face depuis l’Apocalypse, il était donc incapable de donner une réponse.

« Non, pour ce genre de chose, pas besoin de la voire en personne. Tu lui as parlé par VoIP[4] pas vrai ? Tu sais si elle est mignonne au son de sa voix, pas vrai ? »

Insista Naotsugu.

À l’écoute de leur conversation, Akatsuki se trouva sans voix et leur jeta un regard froid.

Shiroe implora Nyanta du regard, la seule personne à pouvoir le sortir de ce mauvais pas.

« Serara-chi, n’avez-vous pas froid ? » Dit-il avec la prévention d’un gentleman.

(Vous ne pouvez pas faire preuve de galanterie pour un vieil ami ?)

Mais Naotsugu insistait.

« Hmm… Pour savoir si elle est mignonne… elle parle poliment comme une petite fille… Elle est peut-être d’une famille de bonne société ? J’ai l’impression qu’elle vient d’une famille de bonne société, mais pas du même genre qu’Henrietta. »

À l’écoute de Shiroe, Naotsugu approuvait chaque mot d’un air ravi.

« Tout à fait ! C’est comme ça qu’un collégien devrait se comporter ! »

« Comment peux-tu deviner son âge ? »

« Naotsugu, espèce d’idiot… »

« N’est-ce pas ? » Approuva Shiroe en réponse à la remarque d’Akatsuki, mais celle-ci ajouta :

« Mon Seigneur est aussi un idiot. »

« Contactons-les à notre retour ! Un rendez-vous galant ; Je serai l’avant-garde, Shiroe sera en renfort ! Les filles sont formidables ! »

« Là je suis d’accord » Répondit l’Enchanteur.

« Shiroe, tu aimes les culottes toi aussi, pas vrai ? »

« Pas particulièrement. Mon intérêt pour les culottes se trouve dans la moyenne pour un homme.»

La suggestion de Naotsugu troubla Shiroe, mais il accepta néanmoins. Ce qui le gênait n’était pas tellement de contacter les jumeaux mais d’anticiper la réaction de Naotsugu. Mais il n’avait pas le choix. Son ami avait beaucoup souffert du courroux d’Akatsuki ces derniers temps, il fallait le ménager.


La fête se poursuivit tard dans la nuit.

Les affaires des guildes, les aventures de chacun, la délicieuse nourriture, les étoiles de ce monde ; la conversation se poursuivit longtemps. Ils appréciaient le festin à la lueur du feu, leurs rires se mêlant dans une atmosphère de détente et personne ne voulait se coucher.

Akatsuki et Serara s’appuyèrent épaule contre épaule alors qu’elles commençaient à somnoler. Les voir ainsi était adorable et même Naotsugu, harcelé en permanence, sourit en les protégeant d’une couverture.
Lorsque Nyanta déclara venu le temps de se coucher, le soleil se levait déjà dans l’est.

« Ah, je suis tellement repus ! Ça fait longtemps que je n’ai pas eu un aussi bon repas ! Ça suffit à justifier le trajet jusque en Ezzo ! C’est ce que j’appelle voyager ! »

Naotsugu chancela en raison de la fatigue, mais ses mots résonnèrent dans le cœur de ses compagnons.

Tous les cinq se glissèrent dans leurs sac-de-couchage, rêvant dans la douceur du feu de camp.


Cinquième partie :[edit]



Le voyage reprit le lendemain. Le groupe de Shiroe avait accompli sa quête à seulement trois. Avec l’addition de Nyanta et son excellente attaque de mêlée, ainsi que de Serara la Druide et ses relatives capacités de soin le groupe était plus qu’à même de faire face à une attaque.
Pourtant, ils ne se pressèrent pas sur le chemin du retour.
En fait, ils ralentirent délibérément, dormant le plus tard possible à compter de la première nuit. Ils choisissaient le moment idéal pour chevaucher les griffons, car ceux-ci ne pouvaient voler que quatre heures d’affilés ; le reste du jour ils progressaient à cheval.

Ils montaient le camp tôt dans la soirée et hissaient leur tente avant le coucher du soleil, gardant beaucoup de temps pour la préparation du dîner. Ils se procuraient leur nourriture dans la nature, mais chaque repas était un festin comparé à ce dont ils avaient l’habitude.
Nyanta mettait beaucoup d’effort dans ses plats ; la soupe était leur favori.

Le groupe bavardait de tout et de rien. Serara ne mentionna pas les détails de ses ennuis à Susukino, mais même si elle avait subi un traumatisme elle avait dû le surmonter, au soulagement de ses compagnons.
Etrangement, Serara avait le béguin pour Nyanta, mais celui-ci faisais mine ne pas s’en apercevoir. La jeune fille devait croire qu’elle dissimulait son affection à la perfection, ce qui amusait grandement les trois autres. Aussitôt qu’elle se trouvait proche de l’homme-chat, elle lui jetait des regards à la dérobée. Lors des repas, elle s’asseyait à ses côtés avec une expression jubilatoire.

Pour son plus grand bonheur, Nyanta déclara un jour qu’il l’accompagnait à Akiba et s’y installerait. La jeune Druide le serra alors si fort qu’elle failli renverser la casserole.
En la voyant ainsi, Naotsugu eu un sourire malicieux. Même si Shiroe était plus partagé sur la question, il comprenait le sentiment de son ami.
Du temps de Debauchery Tea Party, Nyanta avait toujours affirmé être un vieil homme, et n’avais jamais été l’objet d’une affaire de cœur. Pour les deux vétérans de la Tea Party, c’était une incroyable nouveauté.

« Mais en y repensant, pourquoi aimerait-elle un homme mûr ? »

« Tu n’es pas sérieux, Naotsugu ; c’est du chef que l’on parle. C’est tout le charme de Nyanta. »

« Serara à bon goût » Ajouta Akatsuki, qui provoqua l’hilarité des deux hommes.

« Akatsuki, toi aussi tu penses que Nyanta est séduisant ? » Demanda Shiroe, légèrement interloqué.

« Maître est un bretteur de premier ordre.»

Lui répondit docilement Akatsuki.
Trop vague pour concerner les charmes de Nyanta, cette réponse devait monter son respect pour le chat-garou en tant que combattant de mêlée, ce que Shiroe pouvait comprendre.

En termes de maturité, Nyanta était une valeur sûre. Il affirmait être un vieil homme, mais ce devais être en comparaison des joueurs adolescents. Il devait avoir la quarantaine, était grand et mince avec de petits yeux mais son apparence générale était plaisante.

(Hmm, alors est ok lui aussi.)

Lorsqu’il pensait, Shiroe avait pour habitude de porter sa main au menton. Akatsuki eu une idée et s’approcha de lui, le tirant par la manche.

« Mon Seigneur, mon Seigneur. »

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Vous n’êtes pas un bretteur, mais je crois que vous êtes fort. »

(Elle essaye de me réconforter)

Réalisa Shiroe, qui la remercia en lui caressant les cheveux. Contrariée, la jeune assassin détourna le regard et opposa : « Je n’ai rien dis qui nécessite des remerciements. ». L’Enchanteur sentit son cœur chavirer.


Lorsque le groupe survola les collines de Yappa, des nuages noirs s’approchèrent au sud-est. Naotsugu aperçut des taches blanches au milieu des nuages qui affluaient.

« Shiroe ! Chef Nyanta ! »

Trop paresseux pour se servir de la télépathie, il cria directement vers ses compagnons, qui volaient environ 10 mètres plus bas.

« Une tempête se prépare ! »

Shiroe regarda dans la direction indiqué par le Gardien. Le soleil était dissimulé par les nuages et l’atmosphère était lourde ; les griffons peinaient à maintenir leur altitude.

« Shiroe-chi, il est un peu tôt mais cherchons un abri miaou~.»

Conseilla calmement Nyanta par télépathie. Après un nouveau regard vers les nuages, Shiroe fit un signe de sa main droite et le groupe commença la descente. Ils volèrent en direction d’un village dans les collines de Yappa, composé d’une vingtaine de bâtiments au croisement de plusieurs routes de terre battue.

Alors que les griffons touchaient terre, le tonnerre gronda et le temps changea en l’espace d’un instant. Le groupe se précipita au centre du village. C’était un hameau typique comme on pouvait en voir sur les cinq serveurs japonais.


Elder Tales se déroulait dans un monde post-Apocalyptique ; la nature y avait repris ses droits durant des millénaires, pendant lesquels la faune et la flore avaient prospérés. Dans les régions comportant le moins de monstres, l’agriculture était possible.
Les gens qui vivaient là n’étaient pas des Aventuriers, mais des PNJ qui se désignaient sous le nom de « Gens de la terre ».

La majorité des quêtes d’Elder Tales consistaient à se rendre dans l’un de ces villages et d’en sauver les habitants de divers périls ; les villageois eux même faisant le plus souvent office de décor.

Voyant le temps se dégrader, une femme en chemisier blanc, un enfant et son chien qui gardaient une vache se hâtèrent sur les chemins du hameau.
Des villageois aux âges et aux tenues divers ramassèrent leurs outils et se précipitèrent pour rentrer un troupeau des moutons noirs dans ses enclos.

Comme l’avais deviné Shiroe, le grand bâtiment au centre du village était la mairie ; une configuration fréquente pour ce genre de village isolé.

« Bonjour ! »

Salua bruyamment Naotsugu, qui menait le groupe dans la mairie où régnait une odeur d’herbe séchée.

« J’arrive ! Êtes-vous des voyageurs ? »

Un vieux PNJ[5] se présenta en tant qu’Ancien du village. Il avait les cheveux cours, portait des lunettes aux verres épais et semblait avoir la soixantaine. Mais son dos était droit et sa carrure était celle d’un homme dans la force de l’âge.
Il écouta calmement les présentations faites par Shiroe et offrit au groupe le gîte à un prix raisonnable. Ceux-ci remercièrent le vieil homme et se rendirent dans la grange. Ce devait être un endroit où l’on entreposait du foin pour l’hiver, car des piles étaient disposées un peu partout.

Les pluies estivales n’étaient pas froides mais tombaient fortement. On aurait dit que des balles de golf tombaient sur le village. Shiroe se tenait sur le pan de l’entrée, regardant le ciel, lorsque une voix enjoué éclata derrière lui.

« C’est génial, j’adore le foin ! » S’écria gaiement Naotsugu.

Ce monde avait hérité des caractéristiques de l’univers du jeu, dont les tentes et sacs de couchage étaient d’une qualité extraordinaire. Mais aussi confortable soit-il, un sac de couchage restait un sac de couchage ; la température corporelle baissait et l’on avait des courbatures dès la première nuit.
Par comparaison, dormir dans du foin était comme une nuit à l’hôtel.

« En effet, voilà un endroit bien confortable miaou~. »

Dit Nyanta qui inspectait les recoins, les fenêtres et les portes. Bien que la charpente soit faite de bois, elle était recouverte d’un enduit pour protéger l’intérieur du vent et l’air dans grange était doux et sec, sans mauvaises odeurs.
Dehors, la pluie tombait à torrent ; avoir trouvé ce village était un incroyable coup de chance.

« Pouvons-nous allumez un feu quelque part miaou~ ? »

« Nyanta-san, il y a un fourneau par ici ! »

Préoccupé par le dîner, Nyanta sortit suivit de Serara. Naotsugu et Akatsuki, leur laissant la question du repas, confectionnèrent cinq lits avec de la paille.

« Pourquoi est-ce que ce lit est aussi petit ? C’est un lit pour hamster ? »

« Ferme là, espèce d’idiot, va faire ton lit dans un coin ! » Répliqua l’assassin.

Tandis que Shiroe, un sourire en coin, écoutait ses amis se chamailler, l’Ancien s’approcha de lui.

« Êtes-vous de Tsukuba ? Seriez-vous des Aventuriers ? »

« Oui, nous sommes des Aventuriers et nous sommes en route pour Akiba. » Répondit le jeune homme.

Aventurier était le terme utilisé par les PNJ pour décrire les joueurs.

« Désirez-vous quelque chose à boire ? » Ajouta-t-il.

« Merci beaucoup… Mais c’est… du thé ? »

Shiroe sorti le thé de Nyanta de son Sac de Transport et en versa dans une tasse en métal puis tendit celle-ci à l’Ancien. Il se remplit ensuite le bouchon de la flasque pour lui-même, et s’assis sur un établis. Le vieil homme, quand à lui, s’installa sur un tabouret de bois.

« Comment est-ce ? »

L’ancien était surpris par le parfum doux-amer du thé ; peut-être l’expérimentait-il pour la première fois. Il loua la qualité de la boisson ce qui provoqua un nouveau sourire de la part de Shiroe.

« Pourquoi met tu autant s’attention à faire ce lit ? » Demanda Naotsugu à Akatsuki.

« C’est le lit de Mon Seigneur, évidemment que je dois y faire attention »

« Ah, je vois ; ça ne doit pas être facile de faire un lit pour une personne de taille normale. »

« Ne me sous-estime pas, espèce de pervers ! »

Tous deux continuèrent à se chamailler en confectionnant les lits tandis que Shiroe et l’Ancien discutaient. Les routes s’étaient changées en pistes boueuses, mais à en juger par la réaction de l’ancêtre cela n’avait rien d’extraordinaire.

« Vos compagnons semblent pleins d’énergie. »

« En effet ; je vous prie d’excuser le dérangement. »

« Ne vous en faites pas. Lorsque l’on voyage, une telle énergie est nécessaire. Mais puisque vous êtes des Aventuriers, cela n’a rien de surprenant. »


Parmis les changements apportés par la Catastrophe, l’un des plus important était celui affectant les PNJ.

Les PNJ d’Elder Tales étaient identique à ceux d’autres jeux et ne possédaient pas de personnalité propre. Bien qu’ils fussent mieux programmés que dans d’autre RPG[6], l’étendue de leur IA était limitée par leurs besoins de conversation avec les joueurs.
Mais après la Catastrophe, ces même PNJ étaient devenue semblable à des personnes ordinaires. Les membres de Brigandia ne l’entendaient peut être pas ainsi, mais c’était l’opinion de Shiroe.

Ils étaient doués de pensée, avaient besoin de respirer, de manger ; ils étaient vivants.
Ils pouvaient boire du thé avec vous et parler de toutes sortes de choses. Chacun d’entre eux avait un nom qui lui était propre et des souvenirs de son existence passée. Ils n’étaient pas humains, ils n’étaient pas des monstres, mais ils étaient un élément important de ce monde.

Le groupe de Shiroe avait passé le plus clair de leur temps à s’entraîner dans les zones sauvages après la Catastrophe ; ils n’étaient jamais restés longtemps à Akiba.
De plus, les PNJ étaient moins nombreux dans les villes d’Aventuriers comme Akiba.

Par conséquent, Shiroe n’avait pas eu l’occasion d’interagir avec eux, mais discuter comme il le faisait à présent lui faisait penser qu’ils étaient de plus en plus humains.

« Les Gens de la Terre voyage peu. »

Dit l’Ancien qui regardait placidement Akatsuki.

"Les Gens de la Terre" n’était pas un terme utilisé pour décrire une race, comme les humains, les elfes ou les nains, mais pour différencier les joueurs et les PNJ. Lorsque Elder Tales n’était qu’un jeu, le terme était déjà en place, mais il était peu employé par les joueurs, qui les appelaient simplement PNJ. Mais les choses étaient maintenant différentes.

« Gens de la Terre… »

« Tout à fait, et cet endroit est un bon village, où nous pouvons vivre sans peur du lendemain. »

Les PNJ référaient aux joueurs sous le terme "Aventurier", et les considéraient avec crainte. À leurs yeux, les Aventuriers avaient une culture différente et leurs capacités étaient sans commune mesure.

Les Aventuriers devenaient plus forts de bataille en bataille, obtenaient des pouvoirs des centaines de fois supérieurs, et leurs âmes étaient immortelles. Ils ne disparaissaient pas après avoir reçus des blessures fatales et ressuscitaient après être revenu à la cathédrale. Ils pouvaient voyager n’importe où dans le monde et même remporter la victoire contre des géants, des morts-vivants et des dragons.

Ces êtres à l’existence si incroyable étaient connus sous le nom d’"Aventurier".

Les Gens de la Terre ne pouvaient réaliser de telle prouesses martiales ; ils tombaient sous les blessures, ne pouvaient ressusciter lorsque ils mourraient ; ils étaient les plébéiens de ce monde.

Il y avait toutefois dans l’univers du jeu des PNJ aussi forts sinon plus que les joueurs. Les Gens de la Terre les voyaient comme étant différents tant des Aventuriers que d’eux même. Ils les appelaient les Antiques.

Si l’on voulait classer ces catégories par leur force, les Gens de la Terre étaient les plus vulnérables. Si l’envie leur prenait, les Aventuriers pouvaient s’emparer de toutes leurs possessions et même les passer au fil de l’épée.

Après la Catastrophe, leur population avait augmentée de 5 à 10 fois, mais la différence de puissance militaire était restée la même.

Pour ce que Shiroe pouvait en voir, ils ne s’emblait pas en tenir rancune, traitant cet état de fait comme un phénomène naturel. Bien entendus, ce monde était pour eux celui dans lequel ils avaient toujours vécus, qui avait toujours été de la sorte.

(Avec un nom comme Gens de la terre, c’est mieux comme ça. Ils vivent et ne font qu’un avec la terre, c’est une chose dont je serais toujours incapable.)

Tel était le sentiment de l’Enchanteur, qui discutait de tout et de rien avec l’Ancien. Combien y avait-il de Gens de la terre dans le monde ? Il devait y avoir au moins une centaine de village comme celui-là rien que dans les collines de Yappa.

(Nous ne savons rien des Gens de la Terre. Nous ne savons même pas ce qu’ils mangent ou quels sont leurs loisirs… Nous sommes vraiment déficients sur ce sujet.)

Shiroe avait très envie de questionner l’Ancien, mais une voix enjoué interrompit ses reflexions.


« Shiroe-chi, j’ai une bonne nouvelle miaou~!»

Nyanta s’approcha ; Serara était à ses côté, le visage rayonnant. Il semblait qu’elle fut déjà au courant de la bonne nouvelle.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Nous avons rendus visite à quelques maisons aux alentours ; les habitants nous ont vendus des produits frais miaou~ !

« C’est formidable ! Voici du lait, du fromage ; nous avons aussi des saucisses et des œufs ! Il y a même des œufs ! J’ai acheté du sucre à Susukino, nous pouvons faire des cookies ! » Enchaîna Serara.

« Nous avons également ramené de la salade et des pommes de terre miaou~. »

Tous deux exposèrent fièrement leurs trouvailles. Avec autant de provisions, il n’y aurait plus besoin de chasser avant d’arriver à Akiba.

« Ça ne vous dérange pas ? »

Demanda Shiroe à l’Ancien. Celui-ci approuva d’un signe de tête.

« Le ciel est clément ce printemps et notre bétail est abondant. Les villageois seraient ravis d’en échanger contre un peu d’argent. D’ailleurs, j’ai de la confiture de fraise, voudriez-vous en prendre un peu ? »

Ajouta-t-il. Il devait se réjouir de l’occasion de faire un peu de monnaie.

« J’en serai ravi »

Répondit Shiroe qui suivit le vieil homme.


Sixième partie :[edit]



Tohya essuya du dos de sa main gauche la terre sur son visage. Ses gants, fait des peaux et de tissus, lui faisait mal lorsque il les frottait contre sa peau. Mais cette douleur était parfaite.

Elle l’aidait à retenir ses larmes.

« Plus vite, arrêtez de traîner les pieds ! »

Beugla le chef de groupe.

Il était en colère car la formation se disloquait ; comme d’habitude. Tohya pouvait le comprendre ; lui-même était un Samurai, l’une des trois classe de Combattants, qui servait de tank.

Un tank formait l’avant-garde, la première ligne d’une formation. N’importe quel groupe en comportait au moins un. Ils étaient chargés de retenir l’attention des monstres et de supporter leurs attaques. Cela permettait de laisser le champ libre aux classes de dégâts pour se positionner de manière à maximiser leur potentiel offensif sans craindre d’être pris pour cible.

Il y avait deux aspects essentiels au rôle de tank.
Le premier était de ne pas mourir. Si le tank venait à mourir, il n’y aurait plus personne pour retenir les monstres, exposant ainsi les mages et soigneur, vulnérables aux attaques frontales. La formation s’effondrait alors.
Le second était de garder l’attention de l’ennemi pour garantir la sécurité de ses alliés. Si l’on n’y parvenait pas, rester en vie n’avait plus d’intérêt car ses compagnons seraient pris pour cible et la formation se disloquerait de même.

(Shiroe-niichan me l’avait montré ; je comprends comment ça marche, mais…)

Même si l’on comprenait le concept, le mettre en application était une autre histoire.
Garder la formation en place était le devoir et la raison d’être des tanks. Tohya lui-même n’avait aucune envie de mettre son groupe en danger.

Mais ce poste était aussi dépendant du soutien de ses compagnons. Afin de maintenir le tank en vie, des soins et supports étaient indispensables. Même les plus résistants des tanks tomberaient sous un assaut continu. Pour empêcher cela, soins et support étaient apportés depuis l’arrière-garde. Ainsi le tank devait garder l’attention des monstres, de sorte que les soigneurs puissent se concentrer sur leurs soins.

Les deux aspects du rôle de tank étaient deux faces d’une même médaille ; que l’une vienne à manquer et Toyha mourrait, son groupe se disloquerait.

Non seulement devait-il attirer l’attention de l’ennemi, le tank devait aussi générer plus d’animosité que ses coéquipiers pour devenir la cible prioritaire. Les classes de Combattants possédaient de nombreuses capacités pour y parvenir, appelées "provocations". Ils pouvaient affecter la psyché de leurs ennemis, leur faisant perdre de vue la présence de leurs coéquipiers.

Après avoir capté l’attention des monstres, le problème consistait à montrer audace, présence d’esprit et confiance dans le travail des soigneurs. Tohya avait confiance en Minori, cela aurait dû être simple.

(C’est ce que Shiroe-niichan disait… mais ça ne suffit pas…)


D’ordinaire, si les membres du groupe étaient de puissance similaire, les provocations du tank fonctionnaient sans problème. Mais si un de ses alliés était d’un niveau plus élevé que le sien, ou si les dégâts de ses attaques étaient trop importants, alors la provocation ne marcherait pas.
Autrement dit, l’ennemi jugeait le joueur de plus haut niveau comme la menace la plus importante et la ciblait en priorité. C’est ce qui se produisait pour le groupe de Tohya.

Le leader était un Invocateur de niveau 46 ; la moitié du niveau maximum dans Elder Tales, et le double du niveau de Tohya. Comparé à sa puissance d’attaque, les capacités du garçon à retenir l’attention des ennemis étaient insuffisantes. Ces derniers jugeaient le Mage comme une menace supérieure.

Les puissantes attaques du Leader énervaient les monstres qui changeaient alors de cible. Mais si sa puissance d’attaque était deux fois celle de Tohya, sa défense était plus faible. Les dommages affectant deux personnes au lieu d’une seule, le soigneur devait partager son attention. En conséquence, l’efficacité des soins diminuait et le groupe risquait d’être dépassé sur les deux fronts, attaque et défense.

Les choses ne se déroulant pas comme prévues, la formation se disloquait. Les joueurs offensifs ne savaient plus à quel monstre ils devaient donner la priorité pour sauver la situation. Devaient-ils défendre Tohya ou l’Invocateur ? La confusion rendait l’équipe incapable de concentrer leurs attaque pour éliminer les ennemis un par un.

A son tour, cela prolongeait les affrontements de sorte que la désorganisation empirait ; c’était un cercle vicieux.

(C’est pour ça que Shiroe-niichan utilisait le système de tutorat, pour ne pas attirer les monstres.)

Tohya comprenait enfin le raisonnement de l’Enchanteur. Celui-ci n’utilisait pas le système de mise à niveau par arrogance ou par pitié pour les jumeaux. Il l’utilisait pour leur apprendre la formation de combat.

Et justement, son chef actuel était différent. Le programme d’entraînement du jour consistait d’hommes-lézards de niveau 25. Pour Tohya et les autres débutants, c’était un niveau élevé. Mais pour le chef, des monstres inférieurs de 20 niveaux étaient du menu-fretin. Il ne pouvait tolérer qu’en venir à bout puisse prendre du temps. Il l’avait ouvertement affirmé auparavant : « C’est à vous de vous adapter, pas l’inverse. ».

Il n’était pas vraiment un chef, juste un gardien forcé de baby-sitter les bleusailles et de rapporter de l’or à la guilde. S’ils ne remplissaient pas leurs objectifs, il risquait de se faire réprimander par les haut-gradés. À ses yeux, Tohya et les autres n’étaient qu’un fardeau.


Le chef en robe rouge ne dissimulait pas sa frustration. Tohya et ses compagnons étaient épuisés, avaient le regard vide et fatigué. Ils avaient perdus quatre personnes aujourd’hui. Les aller et retours à la cathédrale agaçaient d’autant plus l’Invocateur.
Pourtant, il refusait de se remettre en question. En utilisant le système de tutorat, il rendrait la formation équilibrée, mais il ne pouvait supporter l’idée d’abaisser son niveau. « Ça nous retarderai, et on n’arriverait pas à atteindre la cible », disait-il.

Dans les ruelles d’Akiba, une Barde trébucha et faillit tomber.

« Je suis désolé… je n’ai plus de force dans les jambes. »

S’excusa la jeune fille auprès de Tohya qui l’avait rattrapé avant qu’elle ne tombe. Dans son regard, il ne voyait qu’épuisement et désespoir.

« On est presque arrivés, tient bon ! »

L’encouragea Tohya en l’aidant à se relever. Elle devait être un niveau ou deux en dessous de lui. Elle était très fine et sa cape sentait la saleté et la transpiration. Lui-même était dans le même état ; ils n’avaient ni le temps ni la force de prendre une douche.

(Ça doit être dur pour elle.)

La jeune fille n’avait certainement pas la force de s’inquiéter de son apparence ; elle comptait ses pas pour ne pas s’effondrer sous la fatigue.

Tohya se mordit la lèvre. Comment en étaient-ils arrivés là ? Il y repensait encore et encore, incapable de calmer sa colère et son incompréhension.


Le groupe arriva sur la place centrale d’Akiba. Le chef gronda puis collecta les gains de chaque membre.

Même dans une Maison de guilde, il y avait une limite au nombre d’objet que l’on pouvait accumuler. Ce qui n’était pas nécessaire était vendu au marché, tel était la manière de faire d’Hamelin.

« Tohya, tu ramènes trop de chose ! »

Dit le chef d’un ton irrité. Tohya était peut-être un combattant de bas niveau, mais sa force physique était plus importante que les autres, il pouvait donc porter plus d’objets. C’était sa manière de soutenir le fardeau de ses compagnons.

« J’ai fait de mon mieux pour ramener tout ça ! »

Le chef devait certainement comprendre cela. En lui répondant, Tohya ne regarda pas l’Invocateur en face. Même si il désirait fortement le frapper, il savait que se battre était interdit dans cet endroit. De toute façon, ses camarades étaient épuisés, il ne voulait pas faire une scène et leur faire perdre leur précieux temps de repos.

« Hmph ! »

Grogna le chef en déposant les fruits de la collecte au marché.

« Quelqu’un de ton calibre ne devrait collecter que des objets inutiles comme celui-là. Tu devrais être reconnaissant de recevoir quoi que ce soit à manger. Tu devrais aussi être reconnaissant pour l’Eau Bénite . »

Tohya fit bruyamment grincer ses dents.
Tout ça, il le faisait pour Minori.

Si Minori n’avait pas été prise en otage dans la maison de guilde, il n’aurait jamais toléré qu’une personne comme le chef lui parle avec autant d’arrogance. Il pouvait sentir la haine qui se dégageait de ses propres yeux tandis que la colère gagnait son cœur. Il détourna le regard pour ne pas être vu.

Le chef n’était qu’un sous-fifre.

(Tuer une raclure comme lui ne fera que salir ma lame… Combien de temps ça va durer ? Comment est-ce qu’on en est arrivé là ? Pourquoi est-ce qu’on est dans cette situation… On n’a pas besoin d’Eau Bénite, on n’a pas besoin de chose comme ça, gardez la si ça vous fait plaisir. Mais Minori n’en pouvais plus, si nous n’avions pas rejoints une guilde…)

« … Nous venons d’arriver. Oui, merci bien… pas de problème. »

Un rayon de lumière blanche perça le voile gris et poussiéreux de Tohya. Cette voix lui avait tant manqué en à peine un mois qu’il avait presque oublié l’expression posée de Shiroe.

Tohya leva la tête et chercha du regard les rues alentour.

(Les boutiques… nan. Le marché… nan. Le forgeron… non plus.)

Le marchant d’arme, le marchant d’armure, les bars, les hôtels… il cherchait partout cette présence familière… et se sentit gagné par l’impuissance. Il ne savait pas à quoi l’Enchanteur ressemblait.

Le garçon ne connaissait de lui que sa voix via la VoIP, jamais il ne l’avait vu en personne depuis la Catastrophe. Son cœur se serra de désespoir en le réalisant.
Mais un groupe de plus de dix personnes, apparut sous le portique séparant la place principale et la grande rue, attira son attention. Une petite foule s’était formée autour de cinq Aventuriers qui semblaient revenir d’un long voyage.

Même s’il était au centre de l’attention, son expression était maussade et inquiète. Ce jeune homme était indiscutablement Shiroe.

« Ne vous en faites pas ! Notre chef est devenu fou en entendant ça. Chaque jour était un ouragan de nouvelles saveurs. En anglais, le mot serait « storm ». Quand j’ai dit que Shiroe-bou était de retour, il a commencé à préparer de quoi faire une énorme fête ! »

« Ouah, il va y avoir une fête ? J’ai tellement hâte ! »

« C’est merveilleux miaou~. »

« Pas la peine d’en fait pas toute une histoire, Marielle. »

Dans son esprit, Tohya précipita d’ouvrir le menu. Il arrêta le curseur sur l’homme qui lui faisait face pour s’assurer de son nom au moyen du système.

Guilde : Aucune. Nom : Shiroe. Classe : Enchanteur.

C’était la personne qui avait donné de son temps pour Minori et lui, celui qui avait librement partagé son expérience et ses connaissances, celui que sa sœur et lui appelaient "Niichan".

« Niichan… »

Cria le garçon, mais il s’interrompit.

Shiroe sembla tourner le regard dans sa direction. Peut-être était-ce son esprit qui lui jouait des tours, mais la personne qui lui faisait face lui donnait une impression de détermination.

Shiroe était lui-aussi prisonnier de ce monde post-Catastrophe.

Aussitôt eut il compris cela que Tohya sentit un choc et sa voix s’éteignit. Le monde avait changé.
Après la Catastrophe, le jeu avait pris une nouvelle direction et changé irréversiblement. C’était un monde de rêve, un jeu devenu réalité, une péripétie de conte de fée.

Mais en grattant la surface, on comprenait qu’en vérité, c’était une prison.

« C’est une guilde qui aide les débutants ». Tentés par ces mots, les jumeaux avaient commis la faute d’être tombé dans le piège. Tohya se souvint que dans ce monde régnait la loi du plus fort.

Argent, objets, EXP, toutes ses ressources profitaient à ceux qui les possédaient. Les riches devenaient plus riches, ceux qui possédaient de bon objets en gagnaient de nouveaux et ceux qui possédaient le plus d’EXP pouvaient vaincre des monstres donnant plus d’EXP. C’était bel et bien la survie du plus fort.

Ceux qui ont gagnaient encore plus, ceux qui n’ont pas se retrouvaient toujours dépassés et ne pourraient qu’avancer dans la poussière laissé par les premiers. Tel était le monde d’Elder Tales, telle était la réalité derrière ces mondes virtuels. Et maintenant que ce monde était devenu réalité, ce cruel constat était devenu d’autant plus pertinent car les joueurs ne pouvaient plus se déconnecter.

La logique enfantine de Tohya ne lui permettait pas de comprendre parfaitement cette réalité. Mais c’était aussi cette innocence qui la lui faisait sentir.

Ce n’était pas vraiment une nouveauté.

Ou que l’on soit, dans ce monde ou dans un autre, telle était la loi de la nature. Parce qu’il y régnait la loi du plus fort, les forts et les faibles devaient être différenciés.
Le monde d’Elder Tales n’était pas cruel parce qu’il était un jeu. L’autre monde l’était tout autant. Imposer une pression excessive, pratiquer deux poids, deux mesures étaient certes prohibés, mais cela ne signifiait pas que ces choses n’arrivaient pas.

C’était quelque chose que Tohya comprenait. Ses jambes qui ne pouvaient bouger comprenaient cette logique.

Minori et lui-même étaient tous les deux des débutants. Leurs compétences martiales étaient faibles, de même que leur compréhension du monde et ils n’avaient pas d’argent. Tout cela contribuait à les rendre impuissants. Personne ne le comprenait mieux que lui-même. Non seulement était-il impuissant mais il était aussi un enfant.

Le garçon s’imagina sentir le fer présent dans son sang alors qu’il se mordait les lèvres. Les faibles n’avaient pas les moyens de se protéger. Et les miracles, qui sauvaient les faibles sans rien attendre en retour, n’existaient pas.
Les mots qu’il venait de refouler, étaient-ils « Aide-moi ! » ou bien « Sauve-moi !» ? Lui-même n’en était pas sûr.
Le jeune Samurai savait avait certitude que Shiroe était un joueur de haut niveau, qui en savait plus que quiconque sur Elder Tales. Peut-être avait-il cru que l’Enchanteur le sauverait, sans tenir compte de l’étendue de ses problèmes.

Mais pourquoi avait-il pensé en chose pareille ?

Shiroe n’était qu’un type comme les autres, qui avait joué à Elder Tales avec les jumeaux l’espace d’une semaine ; au mieux un simple ami. Avait-il, lui, la légitimité d’en appeler à son aide ?
Une personne endettée n’irait pas demander de l’aide à quelqu’un d’autre qu’un membre de sa famille. La réalité était ainsi. Le petit Combattant comprenait ce concept.

Même Shiroe devais se battre pour vivre dans ce monde.

Il ne pouvait se permettre des idées aussi naïves.

Tohya ramena son point fermé le long de son corps.


Il n’avait pas remarqué le crachin.



Notes de traduction:[edit]


  1. Spécialité japonaise à base de riz sauté enroulé dans une omelette
  2. Voc. du MMO; traverser une carte sans but en attaquant des ennemis aléatoirement
  3. Dans un MMO, les joueurs expérimenté charhce souvent à optimiser leur groupe pour accomplir les quêtes les plus difficiles
  4. Voice chat; salon de discussion orale fréquemment utilisé dans les MMO
  5. Personnage Non Joueur, un personnage du jeu contrôlé par l'ordinateur
  6. Role Playing Game; l'acronyme courant pour Jeu de rôle
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