Kino no Tabi Tome 1 : Chapitre 2

From Baka-Tsuki
Jump to navigation Jump to search
Le Pays De la Douleur Partagée


KNT V01 TOC C01.jpg

C'était une route simple, faite d'un entassement de terre, allant de l'Est à l'Ouest dans une ligne droite. Elle était entourée par de longues herbes qui tourbillonnaient avec le vent. On ne voyait pas d'arbre, que ce soit de près ou de loin.

Une seule moto fonçait en direction de l'ouest au milieu de la route. Elle était fine et élégante avec une conductrice toute aussi élégante, habillée en cuir noir. Derrière la conductrice se trouvait un porte bagage chromé. Et dessus, il y avait un sac de marin qui relâchait un nuage de poussière à chaque fois que la moto touchait une bosse.

Sous sa veste en cuir noire, on pouvait voir que la conductrice était jeune, mince, et avait l'apparence d'une petite fille. En désaccord avec son âge, elle avait un étui d'une arme de poing derrière son épaisse ceinture. À l'intérieur de celui-ci se trouvait un pistolet semi-automatique, la poignée pointée vers le haut et il était facile de l'attraper. Sur sa hanche droite se trouvait un second étui, celui-ci renfermait un revolver. La " sécurité " de l'étui avait été désintégrée depuis longtemps ; afin d'empêcher le pistolet de tomber elle avait attaché avec un fil de part et d'autre de l'étui.

Elle portait une sorte de chapeau de pilote avec le bord en avant et des rabats lui servant de couvre-oreille. Les lunettes mises sur les rabats tenaient le chapeau en place. En dessous de la bande des lunettes, les rabats flottaient au vent ; Son image dans le rétroviseur ressemblait à celle d'un petit chiot, mais les yeux derrière les lunettes étaient fatigués et un peu dissipés.

« À quoi tu penses, Kino ? » la voix de la moto mis fin au vrombissement hypnotique du moteur. « Tu as de la nourriture. Tu devrais manger. »

Les yeux de Kino s'étaient éclairés, affûtés. Elle baissa les yeux pour regarder la moto, puis les releva pour apercevoir la route qui menait à l'enceinte d'une ville.

Dix minutes, elle pensa, max.

« On est presque arrivés à une ville. Je ne veux pas utiliser notre réserve de nourriture pour rien. » elle plissa son nez. « La nourriture de réserve ne devrait être mangée qu'en dernier recours... comme quand tu es presque mort. »

À ce moment, la roue avant percuta une bosse sur la route. Kino perdit son équilibre et la moto s'était penchée dangereusement.

« Argh !»

« Désolée, Hermès.» Kino reprit en main la moto, ralentit.

« Sérieusement, » Hermès marmonna. « On ne sait même pas si cette ville à de la nourriture. Qu'est-ce que tu comptes faire si elle est désertée ? »

« Si elle l'est...»

« Si elle l'est ?»

« Alors, elle le sera.»



Kino arrêta Hermès, alors qu'ils avaient atteints l'enceinte de la ville. Entre eux et le mur, se trouvait un caniveau avec un pont-levis au-dessus de lui, comme un faussé médiéval. Un petit faussé. Elle repéra un bâtiment d'un côté du pont — la cabane du garde, peut-être — et descendit de la moto, d’un pas chancelant.

Elle lâcha le guidon et se mit en route en direction du bâtiment... sans poser la béquiller. Hermès se renversa avec un cri de surprise. Kino se tourna et attrapa le guidon, mais il s'était échappé de ses mains et la moto chavira sur son côté gauche.

Il brailla comme un enfant blessé. « Regarde ce que tu as fait ! Tu m'as laissé tomber ! Je ne peux pas me relever, Kino ! Relève-moi ! Oh non ça va ruiner ma peinture. »

Kino s'accroupit pour relever la moto, mais son poids était trop grand et ses pieds flanchèrent. Elle s'assit abruptement par terre.

« Quoi ? » demanda Hermès.

« J'ai trop faim, » murmura Kino. « Plus de force...dodo... »

« Je t'ai dit de manger ! Combien de fois dois-je me répéter pour que tu m'écoutes ? Conduire une moto est un sport ! Ce n'est peut-être pas aussi fatigant que le vélo, mais juste supporter les vibrations de la route draine de l'énergie. Tu fatigues et ton esprit s'engourdit avec le ronronnement de mon moteur et après ça, il arrête presque de fonctionner et des choses que tu fais normalement deviennent extrêmement difficiles, ce qui résulte à faire des erreurs comme oublié de manger — ce qui cause des accidents.» il s'arrêta. « Tu m'écoutes, Kino ? »


Il n'y avait personne dans le bâtiment.


Un dispositif comme un distributeur automatique dominait le foyer. Il s'activa le moment même où Kino entra, lui posa de simples questions d’une voix saccadée et non pas désagréables, elle leur donna le droit d'entrer. Le pont-levis s'abaissa.

« Ce fut rapide, » dit Hermès, penchant d'un air heureux sur sa béquiller.

« Étrange, » dit Kino, qui monta et démarra le moteur.

« Qu'est-ce qui l'est ?»

« Il n'y avait personne là-bas. Seulement une machine. »



« Tu as mangé ? »

« J'ai mangé, » répondit Kino avec satisfaction, descendant du trottoir. Elle regarda en arrière le restaurant alors qu'elle arrivait à côté d'Hermès.

« Il y avait quelqu'un là-bas ? »

« Personne, » elle dit, montant sur la moto. « C'était bizarre. On dirait les vieux automates qu'ils devaient avoir. Sers-toi... ou quelque chose du même genre. » Elle regarda autour d'elle.

Des bâtiments d'un étage longeaient toute la rue. À l'Ouest, il y avait une intersection avec un feu de signalisation. Au-delà, la route était droite, flanquer par de larges trottoirs, des arbres, et des lampadaires. Plus loin, se trouvait une forêt. Au-delà de celle-ci, Kino supposa qu'il devait y avoir le mur Ouest et vraisemblablement une autre porte.

Ils étaient encore près de l'ombre du mur, si près qu'ils ne pouvaient voir sa fin et ce peu importe la direction regardée. Même de cet endroit, il était évident que la ville était extrêmement large et plate. Une ville, très calme et petite.

Trop calme. Kino sentit une démangeaison entre ses omoplates, comme si quelqu'un observait, sans être vu.

« En gros, tu dois te servir tout seul, tu as dit. Qu'est-ce que ça veut dire ? »

« Quoi ? Oh... les machines font tout. La nourriture était succulente."

« Étrange. »

Ils n'étaient pas allés loin sur la route, quand une voiture se dirigea vers eux. Kino arrêta la moto et attendit. La voiture s'arrêta à quelque mettre d'eux. Après un court moment la porte s'ouvrit et un robot humanoïde en sortit. Il était métallique, avec un faux-semblant d'humanité , mais il parlait de la même voix que la machine à l'entrée - il les accueilli dans la ville et leur procura une carte. Ensuite, il retourna dans la voiture et accéléra.

Kino et Hermès explorèrent la ville pendant presque toute l'après-midi, allant ici et là, montant cette rue et descendant cette avenue. Le soir se rapprochant, elle avait encore faim et se mit à la recherche d'un restaurant. Elle en trouva un facilement, mais l'intérieur, bien que spacieux et immaculé, était vide de personne comme l'était le premier.

La commande de Kino fut prise par une machine qui ressemblait à une chaise roulante sur laquelle était assis un ordinateur - elle avait aussi des mains mécaniques. La nourriture qui arriva était un plat comme des spaghettis (mais pas pareil), un steak de viande inconnu et un fruit d'une couleur qu'elle n'avait jamais vue. Chaque plat était servi par une machine différente et malgré ça une autre machine encore pris l'argent après que le repas fut terminé.

C'était très très peu cher.

La machine qui avait pris la commande escorta Kino en dehors du restaurant, lui souhaitant un bon séjour, mais ne lui dit pas le nom de la ville.

Kino suivit les panneaux menant à une station essence pour ravitailler Hermès. Sur leur chemin, ils ne virent pas d’êtres humains ni quelque chose qui donnait le nom de la ville. Ils virent un autre véhicule le suivit, mais ce n'était qu'un balayeur de rues automatique.

Quand ils arrivèrent à la station d'essence désertée, Kino ravitailla Hermès. Le prix par litres ne coûtait presque rien.

Ils recherchèrent un hôtel après ça. Quand ils en avaient trouvé un, il était vide aussi.

Oh la surprise ! pensa Kino.

C'était luxurieux impeccable, que ce soit à l’extérieur qu'à l'intérieur. Des statues de marbre étaient alignées devant l'entrée. Une machine se trouvait sur le bureau s'occupait du business, rapidement. Comme le restaurant, l'hôtel était très peu cher.

Kino poussa Hermès, de l'entrée jusqu'à sa chambre. La machine les escortant ne trouva pas que le fait que l'invité veuille garder sa moto avec lui bizarre, au lieu de l'entreposer dans le parking.

C'était de loin la chambre la plus belle que Kino ait jamais vue. « Vous êtes sûr que c'est la bonne chambre. » Elle demanda à la machine. « Vous ne vous êtes pas trompé dans mon rang, vous savez que je n'appartiens pas à la royauté. Je ne suis même pas riche. Si vous essayez de me mettre des extras, je ne les payerai pas. »

La machine lui assura que tout était en ordre, puis elle partit après avoir précisé que le service de chambre était disponible de jour et de nuit.

« Des Touristes ! » dit Hermès. S'il avait des yeux, il n'aurait pas dit ça.

Kino se doucha dans une salle de bains beaucoup trop grande, et mit de nouveau sous-vêtement et une chemise, et était sur le pont de faire la lessive dans le lavabo quand elle remarqua un clignotant qui indiquait que les services fournient par l'hôtel étaient gratuits. Elle appela la machine du hall, puis une machine vint prendre ses habits, et lui promit de les lui rendre propres.

Kino et Hermès déplièrent la carte sur le tapis. L'hôtel était assez proche de l'entrée Est de la ville, dans une zone appelée « Quartier Commerçant de la Porte Est. » La ville était circulaire et si large qu'il n'avait parcouru qu'une petite portion ce jour-là. Le nom de la ville n'était pas écrit sur la carte.

Au milieu de la ville se trouvait le Quartier de Gouvernement Central, si circulaire. Au sud se trouvait un grand lac. Au nord se trouvait un quartier industriel, nommé d’une façon plus convenable Quartier Industriel. Et tout le reste plus la moitié de la ville était nommé Zone Résidentielle

« Des êtres humains doivent habiter là, » dit Hermès. « Quelqu'un a dû faire toutes les courses, les régissait et faisait des recherches. Sans parler de l'habitation. »

« Et puis quelqu'un doit bien faire toutes ces machines et les entretenir. »

« Alors pourquoi on a vu personne ? »

Kino haussa les épaules. « Je ne sais pas. Peut-être qu'ils ne peuvent pas sortir à cause de... raisons religieuses, ou peut-être que ce sont les vacances, ou peut-être qu'ils sortent le soir et dorment le matin. »

« Je n'aime pas ça, » dit Hermès avec un tremblement mécanique. « J'ai lu des choses sur les personnes qui ne sortent que la nuit. Aucun d'eux n'est enjoué. »

Kino dissimula un sourire. « Peut-être que c'est plus simple que ça. Peut-être que personne ne vit dans cette zone de la ville. »

« Tu veux dire, qu'ils sont tous dans la zone résidentielle. »

« Probablement. »

« Alors allons là-bas. »

Kino secoua sa tête. "Non, pas aujourd'hui. On ne reviendra pas avant la nuit. On peut bien être dans une ville entourée d'un mur — une ville vide entourée de murs — mais je ne veux pas conduire dans le noir.

« Ah ! Donc, tu penses bien qu'il y a bien quelqu'un ou quelque chose qui sortait la nuit, après tout.»

« Je ne le pense pas !»

« J'ai vu la façon avec laquelle tu as rigolé quand je l'ai suggéré. Tu pensais que j'étais ...irrationnelle. Mais maintenant tu ne veux pas sortir quand il fait nuit.»

« Parce que je suis fatigué, Hermès. Bonne nuit.» elle se leva du tapis et s'étira.

« Déjà ? Tu ne vas pas dormir si tôt normalement.» son ton était suspicieux.

Kino se dirigea vers la chaise sur laquelle elle avait posé sa blouse et sa ceinture de pistolet. Elle retira les pistolets de leurs étuis puis marcha langoureusement en direction du lit, la blouse en main.

« Hermès, quand je vois un lit si magnifique, un lit si doux, un lit si douillet, ça me donnes envie de m'y allonger et de dormir. »

Après ça, Kino posa sa veste près du coin du lit, planqua les pistolets sous son oreiller, et s'effondra sur la grande couette.

« Le bonheur, » elle murmura, on l'entendit dormir quelques minutes plus tard.

« Des touristes, » rouspéta Hermès.



Kino se réveilla à l’aube. Sa lessive propre l’attendait, parfaitement plié dans le vestibule. Tous les habits avaient l’air neufs.

Elle commença la journée en nettoyant ses pistolets. Elle avait nommé le pistolet semi-automatique qu’elle mettait contre son dos le «Woodsman» parce qu’elle avait une fois utilisé pour mettre K.O un voleur des grands chemins en tirant et coupant une branche d’arbre au-dessus de sa tête sans protection.

Le Woodsman utilisait des balles de .22 LR(Long Rifle) et le chargeur avait une petite silhouette. Les balles n’avaient pas trop de force destructive, mais le canon lourd et son poids additionnel faisaient que le pistolet avait très peu de recul.

Des détails de ce genre étaient très importants surtout pour une personne de la taille de Kino.

Kino retira les balles du chargeur du Woodsman, les mis dans un nouveau chargeur, et rechargea le pistolet.

Le pistolet que portait Kino à sa cuisse était un revolver qu’elle nommait le « Canon » à cause des dégâts colossaux qu’il pouvait faire à chaque tir. Il était quelque peu ancien ; Son chien<> devait être armé manuellement entre chaque coup.

Le Canon n’avait pas de chargeur. À la place, un liquide explosif et des balles étaient directement chargés dans le cylindre, ce qui voulait dire que pour recharger il fallait mettre un liquide explosif et une balle dans chaque chambre sans oublier de placer l’amorce derrière le cylindre. Quand le chien percutait l’amorce, elle mettait le feu au liquide explosif dans la chambre et éjectait la balle.

Kino échangea le cylindre chargé de Canon pour un cylindre vide et pratiqua son dégainement. Après ça,elle se doucha pendant un long moment, dans la somptueuse douche.

Le déjeuner les attendant dans le restaurant vide à côté du hall d’entrée ressemblait à un buffet,posé pour le seul et unique invité de l’hôtel. Derrière le buffet se trouvait une machine qui était moitié poel à frire moitié-robot. Elle proposa à Kino de lui faire l’omelette qu’elle voulait.

Kino s’assura que le prix du repas était inclus dans le prix de la chambre. Assuré qu’il l’était, elle mangea assez pour durer toute la journée. Remplie, elle retourna à sa chambre et s’effondra dans le lit pendant un moment

Quand le soleil fut levé au-dessus de l’horizon, Kino réveilla Hermès, le chargea avec ses bagages, et quitta l’hôtel. Suivant la carte, ils se dirigeaient vers le quartier résidentiel, qui était en fait une forêt — une vielle, et très grande forêt dans laquelle glougloutaient plusieurs ruisseaux. Les bois étaient animés par des chants d’oiseaux, l’air était moite et rafraîchissant. Les grandes rues pavées avaient bientôt disparu et Hermès et Kino s’étaient retrouvés à suivre un petit chemin de gravier.

De temps en temps, ils passaient devant des maisons, elles avaient tous le même style ; une grande maison d’un étage était fourrée près des arbres ayant une longue distance la séparant de son voisin le plus proche. Kino voulait en approcher une, mais il ne voulait pas quitter la route.

Ils n’avaient rencontré personne.

Kino arrêta Hermès à côté d’une maison qui était proche de la route. Elle avait l’air déserte, et malgré ça, elle ne l’était pas pour Kino, il ne pouvait expliquer cette impression. Les maisons désertes étaient toujours froides ce qui la rendait triste et seul, mais cette maison était différente. Elle émettait de la chaleur, elle était habitée, comme une maison dans n’importe quelle ville ou village.

Ils l’observèrent pendant un moment, mais ne virent aucun signe de vie. Kino pensa que c’était malpoli de regarder comme ça la maison si il y avait une personne et ne servait à rien s’il n’y avait personne, il décida donc de continuer sa route.

Finalement, ils arrivèrent à la Porte Ouest et, après l’avoir suivi de loin, ils s’étaient ensuite dirigés vers le centre de la ville. La forêt donna la place à des bâtiments et le route s’écarta, redevenant un trottoir, mais ils ne virent personne encore, et le seul véhicule qu’ils croisèrent fut un autre balayeur de rues automatique.

Atteignant la Zone de Gouvernement Central, Kino et Hermès suivant leur intuition entrèrent un des grands bâtiments, prirent un ascenseur pour arriver à la terrasse panoramique au dernier étage. L’ascenseur était en verre et offrait une vue splendide de la ville. Mais il n’y avait personne dans le bâtiment pour en jouir.

De la terrasse panoramique, la vue était encore plus belle : eau cristalline,les élégants bâtiments, le vert de la plaine et de la foret et, au loin, les murs ressemblait presque aux nuages.

Kino se tourna vers le bâtiment voisin . À travers la fenêtre, elle pouvait voir des machines nettoyant des bureaux vides. Elle prit son viseur de sniper du sac sur la porte bagage d’Hermès. Changeant le grossissement, elle examina les maisons dans la forêt.

« C’est de l’espionnage,» murmura Hermès.

Kino l’ignora, gardant ses yeux pressés sur le viseur. Elle fronça les sourcils. Est-ce que ses yeux lui jouaient des tours,ou... ?

« Il y a quelqu’un !»

« Vraiment ?»

« Oui. Il est debout devant une maison. Un homme ordinaire. Il s’exerce. Oh ! Et il y a une femme — d’un certain âge, je pense. Des maisons différentes. Faisan...quelque chose dans le jardin. Ah, elle est rentrée. Il y a une autre maison avec des lumières allumées dans une des chambres.»

« Tu peux voir s’il y a quelqu’un à l’intérieur ?»

Kino abaissa le viseur. « Oh ! mais ça ne serait pas de l’espionnage ?»

« Ha ha. Très drôle.»

« Kino remit le viseur dans le sac. «Je t’avais bien dit qu’il y avait des personnes là-bas.»

« Ouai, il avait semblé comme s’il devait en y avoir. Je veux dire, autrement ça sert à quoi tout ça ? Mais pourquoi on ne les a pas vus ?» demanda Hermès.

Kino s’assit sur le banc qui faisait le périmètre de la terrasse. « Je ne sais pas. Au début je pensais qu’ils n’étaient pas habitué à voir des étrangers... ou peut être même qu’ils en étaient effrayé. Mais...»

« Mais ?»

« Si c’était vrai, alors on les aurait vues faire des choses ensemble. Je veux dire que, même si les machines donnent à tout le monde des vacances interminable, ils sortiront quand même pour manger dehors. Aller à des concerts, des films...» Elle haussa les épaules. « J’ai l’impression que ces personnes ne quittent pas leurs maisons. Ils sont complètement isolés les uns des autres. »

Kino regarda encore une fois de la terrasse les rues propres. C’était une des villes les plus avancées qu’ils avaient visitées et une des plus belles. « Pourquoi ?» elle murmura.

En descendant au niveau de la rue, Kino et Hermès se dirigèrent vers le quartier industriel. Le guide, qui leur a fait faire le tour d’une chaîne de montage mécanique, lui-même était une machine. Kino se demanda s’il n’était pas un fruit de cet arbre, fabriqué le long de ce grand bâtiment. Elle ne demanda pas, sentant que ça serait quelque peu malpoli. Elle demanda par contre, pourquoi elle n’avait pas vu un seul être humain dans cette ville. Le robot n’était pas offensé ni en colère, il ne reconnut tout simplement pas la question.

La nuit tombante, Kino et Hermès retournèrent à l’hôtel dans lequel ils étaient restés le jour précédent. Ils auraient pu chercher un autre hôtel, mais Kino insista sur le fait qu’ils allaient retourner jusqu’à la porte Est. Quand il lui demanda la raison, elle marmonnait quelque chose à propos du buffet,déjeuner, succulent, mais en vérité elle sentit le besoin de quelque chose de familier.



Le jour suivant, Kino mangea encore une fois beaucoup trop pendant le déjeuner — ou en tout cas ce fut l’opinion qu’Hermès eut. Ensuite, avec le réservoir de plein et ayant fait le plein de provisions, ils se dirigèrent à l’Est, en passant par le centre de la ville, faisant une ligne droite à partir de la porte Ouest.

Le son du moteur d’Hermès fit un écho dans la forêt matinale alors qu’ils traversaient la zone résidentielle. Kino ne voulait pas faire trop de bruit là-bas, mais Hermès faisait déjà de son mieux. Ils allaient doucement, pour réduire le son.

Chaque fois qu’il voyait une maison, Kino regarda à l’intérieur cherchant des résidents, mais il n’y en avait pas.

La route de la forêt menait à une petite colline. Au sommet, Kino coupa le moteur d’Hermès et lui fit descendre la pente. Quand ils atteignirent le bas de la colline, l’élan les emmena un peu plus loin sur la chaussée avant qu’Hermès ne s’arrête.

Kino allait démarrer encore une fois le moteur, quand un bruit métallique fit qu’elle regarda autour d’elle.

A une petite distance de la route se trouvait un carré d’herbe bien tendu. Au milieu de celui-ci, se trouvait un homme assit qui bricolait une petite machine. Il était apparemment si préoccupé avec cette réparation qu’il ne remarqua pas Kino et Hermès s’approcher.

Hermès cria doucement « Oh, une personne ! Et si près !» comme s’il avait repéré un membre d’une espèce en voie d’extinction.

Poussant Hermès, Kino s’approcha doucement. Elle regarda l’homme réparer sa machine pendant un moment, et ensuite dit, «Bonjour !»

« Yaaah !» L’homme se remit sur ses pieds,se tournant pour voir Kino et Hermès.

Il avait environ 30 ans et portait des lunettes noires en monture d’écaille. Il arborait une expression de grande panique sur son visage, comme s’il avait vu un fantôme..

« Q-q-q-q-q-q-q-q ! Q-q-q-q-q-q-...q-q-q...» il dit, sans pouvoir dire la lettre d’après.

« Vous allez bien ?» Kino parla à voix basse. «Je ne voulais pas vous faire sursauter comme ça...»

« Q-q-q-quiiiiiii...q-q-q-q-q-uan-quaannnnd...»

Hermès murmura, «Kino est ce qu’il parle une autre langue ? Peut-être qu’il est en train de se présenter comme il se doit. Peut-être que son nom est ‘Oo-Wee’»

« Je suis presque sûr que ça ne l’est pas.»

« T-t-toi...» l’homme à réussit à dire.

« Oh !» dit Hermès. «Tu peux parler.»

L’homme prit sa tête à demain. « Vous ne savez pas ce que je pense ?»

« Hein ?» Hermès était vraiment perplexe.

Kino pencha sa tête.«Je ne comprends pas...»

L’homme se rétablit de sa crise de panique, il avait l’air plus soulagé qu’effrayé, et, si Hermès avait bien lu son expression correctement, il était étonné. «Vous ne pouvez pas comprendre mes pensées !» Était-ce une question ou une affirmation ? se demanda Kino.

Elle s’humidifia les lèvres avec sa langue. «Pas du tout. Je comprends ce que vous dites, mais...»

Il avait l’air comme s’il allait mourir de bonheur. Ensuite, une pluie de mot sorti est sortie de sa bouche. «Évidemment ! je ne peux pas ‘entendre’ tes pensées aussi ! Oh ! Formidable ! Formidable ! Tu n’est ... tu n’est pas d’ici, non ? Mais bien sûr ! Ça explique tout ! » intarissable il continua, sans attendre de réponse. Son expression changea encore une fois — passionné jusqu’au point d’en désespérer. «M-m-me joindriez vous pour un thé ?»

«On peut rester un peu plus longtemps,» dit Kino prudemment. « Pouvez-vous nous dire pourquoi les personnes ici ne quittent jamais leur maison ?»

L’homme hocha la tête ardemment. « Bien sûr ! Je vais tout vous dire !»



Il leur dit, tout d’abord que son nom était Kyoshi,et que sa maison n’était pas très loin de la route , forestière. C’était une belle maison, ayant un beau jardin et très bien entretenue, avec une profusion de fleurs parfumées autour de la porte d’entrée — du faux jasmin, de la lavande, et des gardénias.

Kyoshi mena Kino et Hermès dans une large salle, vivement éclairé meublé avec des tables et des chaises en bois de bon goût. Ils avaient l’air presque faits artisanalement. Visible à travers une large, fenêtre en forme d’arc était soigneusement garder un jardin de fines herbes.

La maison, comme la ville, était trop calme ; apparemment Kyoshi vivait seul.

Kino, la veste en main, s’assit sur une des chaises. Hermès se trouvait à côté tenu par sa béquiller. Kyoshi resta dans la cuisine pendant un moment, puis revint avec deux verres de thé. Il en plaça un sur la table devant Kino, puis s’assit sur le canapé.

Kino renifla la vapeur dégagée évidemment du verre.

«Le thé est fait à partir des fleurs dans mon jardin. Je ne sais pas si vous aimez, mais c’est très populaire dans le coin.»

«Ça sent bon. Fleuri. Cela s’appelle comment ?»

« Le thé Dokudami.»

Hermès haleta. « Doku ? Mais c’est du poison... Il y a du poison à l’intérieur ? Ne bois pas Kino !»

Kino regarda son verre et demanda, « Poison...thé ? Est-ce que c’est une... une blague ?» Peut-être que les personnes habitant ici avaient une bonne raison de se tenir à l’écart si la coutume était de se servir du thé empoisonné.

Kyoshi rit. « Alors, vous n’êtes vraiment pas d’ici ? Ah, je n’aurais pas dû rigoler. Je ne voulais pas me moquer de vous. Dokudami ne veut pas dire poison ;ça veut dire que c’est un antidote du poison ou d’autres toxines dans le corps — une boisson bonne pour la santé. Maintenant que j’y pense n’importe qui aurais eu la même réaction que vous si on lui avait donné un thé ‘Quelque chose (plus le mot) poison’ » Son sourire périt et il commença à pleurer, puis à sangloter.

Kino et Hermès ne faisaient rien d’autre que de simplement le regarder.

Des larmes coulaient le long de son visage, reniflant occasionnellement, Kyoshi recommença à parler. «Cela fait des années...que je n’ai pas pu parler comme cela...avec d’autres personnes. Dix ans. Non, peut-être plus. Je ne me parlais pas tout le temps, j’aurai probablement oublié comment faire.»

Puisqu’il n’élabora pas, Kino demanda, « Pourquoi ?»

Kyoshi enleva ses lunettes puis essuya ses larmes, hochant la tête plusieurs fois. « Oui oui, certainement, certainement.» Il se moucha le nez et remit ses lunettes, relâcha ensuite un long soupir et commença, « Alors, pour faire simple, dans ce pays peut ressentir la douleurs des autres. Donc, on ne se rencontre pas face à face. Je veux dire, on ne peut pas se rencontrer face à face.» Kino secoua sa tête. « Vous ressentez...la douleur des autres ? Qu’est-ce que ça veut dire ?»

Leur hôte prit une gorgée de son thé. « Tes parents ne t’ont jamais dit d’essayer de comprendre la douleur d’une autre personne pour que tu ne la blesses pas. ? Ils ont dû te le dire — je pense que tous les parents le font. Tu n’as jamais pensé à quel point ça serait bien de savoir quoi pensent les autres ? Cela ne serait pas une utile et merveilleuse capacité ? Et à quel point ça serait agréable pour eux de savoir quand leurs mots ou actions t’ont blessé ?»

« Oui ! J’y ai déjà pensé !» dit Hermès en pleurant, répondant à la question avant que Kino puisse le faire. «Sur le chemin, Kino était en train de—»

Kino envoya à Hermès un regard d’avertissement.

Kyoshi continua, « Les personnes dans cette ville croyaient ça. Je dois aussi dire que ça fait beaucoup de temps que les machines font la plupart des travaux, on vivait des vies très faciles. Il y avait assez de nourriture pour tout le monde ; les besoins de tout le monde étaient comblés ; c’était une terre de paix et de prospérité. Comme résultat, les gens avaient donc beaucoup de temps libre et ont commencé à utiliser leurs cerveaux pour développer un large éventail de chose. Découvrant de nouveaux médicaments, développement des sciences, créant de nouvelles œuvres littéraires, d’art, et de musique. J’ai appris à construire des meubles.» Il pointa du doigt la table et les chaises que Kino avait admirée. « Et pendant cette...renaissance...un groupe de docteurs étudiant le cerveau humain ont fait une incroyable découverte. Si on développait la portion inutilisée de notre cerveau, ils ont dit, alors on pourrait recevoir les penser et les sentiments des autres directement.»

Hermès demanda,« Comment ça marche ?» « En fait,» Kyoshi continua, « disons que je forme le mot *Bonjour* à l’intérieur de ma tête. Tout le monde autour de moi recevrait pas tellement le mot comme le fait que je les salue. Ils sentent l’émotion derrière le mot. En, effet, c’est plus subtil que ça ; si j’étais triste à propos de quelque chose — pas de mots, juste triste — alors cette tristesse serait transmise aux personnes autour de moi. En théorie ; ces personnes devraient sentir ma tristesse, et seraient gentils avec moi ; et l’on pourraient découvrir un moyen d’être heureux tous ensemble. C’est similaire au fait qu’une mère puisse comprendre exactement pourquoi son bébé pleure, même s’il ne peut pas parler. Je pense que le mot qui peut décrire ça est empathie ou peut être télépathie.»

« Je vois,»dit Kino.

Hermès était silencieux.

« Tout le monde acclama cette incroyable découverte. On serait capable de voir dans le cœur d’autrui. On serait capable de vraiment comprendre autrui. Depuis si longtemps, on a communiqué avec ses petits bruits nommés mots qui ne nous garantissaient pas de nous comprendre. Maintenant, on pouvait complètement les abandonner ! Ou plutôt c’est ce que l’on a cru. Les scientifiques ont cherché une méthode simple pour donner cette capacité à tout le monde, et ils ont produit un médicament qui pouvait le faire. On l’a tous pris.»

« À tout le monde ?» demanda Hermès.

« Tout le monde. On voulait tous avoir le même niveau. D’évoluer ensemble. Personne ne voulait être laissé à la traine. Et, dans un sens, on a évolué.»

« Qu’est-ce qui s’est passé ?» dit Kino, allant inconsciemment au bord de sa chaise. «Vous avez dit,en ‘théorie’ . À l’évidence, les choses ne se sont pas passées comme vous l’aviez prévue.»

Kyoshi avait l’air déçu, mais il continua dans le même ton, « A partir de maintenant, je ne peux décrire que mon expérience personnelle. J’ai pris le médicament. Le moment même où je me suis réveillé le jour d’après, la question *Peux-tu m’entendre ?* rebondissait autour de ma tête. Il n’y avait personne dans la chambre. J’étais surpris de recevoir un message d’une personne qui n’était même pas dans la chambre avec moi. Bien sûr, les mots eux-mêmes n’étaient pas envoyés dans ma tête ; mon cerveau interprétait juste les sentiments que j’avais reçus comme si une personne disait, *Peux-tu m’entendre ?* Naturellement, j’ai répondu, *Je peux t’entendre !* puis j’ai reçu, *Je peux t’entendre aussi ! C’est incroyable !* Ensuite *Je suis devant ta porte* a rapidement suivi, puis j’ai couru à la porte pour découvrir que la personne dont j’étais amoureuse se tenait là. Elle, aussi, était télépathe. On était fou de bonheur et on a passé de longs moments à partager un incroyable sentiment de... d’harmonie. Cela me fait rire quand j’y pense maintenant.»

Il ne semblait pas rigoler. Il arrêta de parler puis butta pendant un moment. «  On était les personnes les plus heureuses au monde... pendant un moment.», il dit. « On commença à vivre ensemble, et des jours passèrent en parfaite harmonie. Mais ensuite je l’ai vu arroser mes plantes. Un simple acte. Un acte d’attention. Mais elle leur donnait trop d’eau. Et j’ai pensé, *Hey ! Je lui ai déjà dit de ne pas le faire l’autre jour. Combien de fois... ?* Au même moment, j’ai essayé de le lui dire gentiment à haute voix. Mais avant que les mots doux ne puissent quitter ma bouche, elle reçut mes mauvaises émotions. Et juste après, elle me lança un regard noir. Et dans ma tête, j’ai senti qu’elle était blessée en colère et aussi qu’elle était certaine du fait que je la pensais stupide.»

Kino fixa sa tasse de thé, gênée.

«Oh,» murmura Hermès.

« Exactement. Elle sentit l’émotion derrière mes pensées avant que je ne puisse la filtrer, l’interpréter. J’ai reçu sa réponse instantanément et pensé, *Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi s’énerve-t-elle pour rien ?* Et puis elle répondit, *Rien , Rien ? C’est peut être rien pour toi, mais c’est beaucoup pour moi !* Ou des sentiments de ce genre.»

Après ça, ce ne fut plus qu’une guerre de pensée. Elle avait un complexe d’infériorité, pensant qu’elle n’était pas aussi intelligente ou aussi bien éduquée que moi. On avait été ensemble pendant plusieurs années à mon insu. Mais elle pensait que je le savais, et rien de ce que je pouvais dire ne pouvait changer son avis. Et pour mes sentiments, j’essayais de les lui cacher. De les contrôler.»

Il s’arrêta pour faire le tour de sa tasse de thé avec le bout de son doigt. «Quand elle me quitta, ces dernières pensées furent, *Comment ais-je pu vivre avec un homme aussi antipathique et coincé que toi ?* J’étais sidéré, debout là, la regardant s’en aller... C’est ironique, vraiment. Précisément parce que l’on pouvait voir le cœur de l’un et de l’autre, on ne se supportait plus.»

« C’est... tragique,» dit Kino, et se sentit, elle-même, stupide aux mots choisis.

« Non pas si tragique en comparaison à ce qu’il se passait ailleurs. En ville, quelqu’un avait été tué dans accident ; les sentiments de la personne mourante furent transmis aux personnes allant l’aider. Cela les rendus tous fou. Deux politiciens qui avaient travaillé ensemble pendant des années ont chacun réalisé que l’autre a l’intention de le trahir. Ils ont chacun essayé de tuer l’autre. Les deux échouèrent, mais les dégâts avaient été faits. Cela avait fini par la folie, aussi. Des bagarres éclataient spontanément et ce sans aucun avertissement. El certaines personnes ont été arrêtées pour tentative de viol ou pour obscénité publique alors que tous ce qu’ils avaient fait fut de passer à côté d’une femme avec leurs pensées non protégées.»

« C’est... c’est...» commença Kino, mais il put trouver les bons mots.

« Ce genre de chose s’était passé de partout. En une semaine, la ville fut dans un état de panique.»

« Et après ?» demanda Kino.

« On a ensuite réalisé que connaître les pensées d’autrui n’étaient pas un don, mais une malédiction. Pas une évolution, mais le chaos.» Il s’éclaircit la gorge. « Peut-être que j’y suis allé un peu fort. Peut-être que comprendre finalement cela «fut» une sorte d’évolution. Reconnaître le mensonge : « Si, on ressentait la douleur des autres, on arrêterait de tous nous blesser.»

« Vous ne pouviez pas contrôler vos pensées ?»

« J’ai essayé, mais la seule chose que j’ai eue en échange fut un sermon pour me dire à quel point j’étais une créature au cœur froid.» Il secoua sa tête. « Non. Sentir la douleur ou la colère d’une autre personne — même leur joie — est déroutant... et fatiguant. Si vous ne pouvez pas soigner leur douleur, alors que vous commencez à la ressentir ou alors qu’elle vous déprime, alors... comment dire, alors vos sentiments font écho dans l’esprit d’une autre personne et empire leur état. Cela devient un cycle vicieux.»

« Vous et votre amante, vous vous êtes séparé,» dit Kino.

Kyoshi hocha la tête «On devait le faire. On a découvert que s’il y avait une dizaine de mètres entre nous, on ne pouvait plus entendre les pensées de l’autre, semblable au fait que tu ne pourrais pas entende ma voix si tu sors de la maison.»

« Cela explique l’isolation,» murmura Hermès.

« En effet. Toutes les personnes dans cette ville sont honnêtement, sincèrement, sans rien exagéré, complètement effrayé des autres personnes. À cause de ça, les machines sont devenues encore plus sophistiquées pour que l’on puisse survivre chacun de notre côté. Chacun de nous dans notre petit espace personnel, faisant les choses qui nous rendent...» il hésita, puis dis, «  heureux, » comme si le mot avait un goût amer.

Kino dut regarder ailleurs.

Kyoshi la regarda, puis il se tortilla d’un air inconfortable dans sa chaise.«Il n’y a pas eu de naissance depuis environ dix années. Mais il y a une génération qui est en train grandir qui n’avait pas pris le médicament. Et un jour ils se joindront aux machines pour faire vivre la ville et peut-être qu’ils pourront travailler ensemble pour défaire ce que l’on a fait. Mais j’ai bien peur que cela arrivera des années après ma mort, alors cela ne sert à rien que je m’en inquiète... ou que je l’espère. Je peux seulement prier pour qu’ils apprennent de notre erreur.»

Kyoshi se leva et appuya sur un bouton dans la machine derrière lui. De la musique emplie la salle ; un violon électrique joua une douce mélodie.

Kino écouta pendant un moment, puis dit, « C’est une chanson magnifique.»

En entendant cela, Kyoshi souri. « J’aime cette chanson. Elle était très populaire il y a dix ans. Chaque fois que je l’écoute, je ressens... plus que je ne le veux. À cette époque, je me demandai si les autres personnes ressentaient la même chose que moi quand ils l’écoutaient. Avant je l’avais écouté avec mon amante... Elle a dit que c’était une belle chanson, mais est-ce qu’elle pensait vraiment ça ? Après le médicament, j’étais effrayé de mettre cette musique et de savoir ce qu’elle en pensait vraiment. Qu’est-ce que tu as ressenti quand tu l’as écouté, Kino ?»

Elle ouvrit sa bouche pour répondre, mais il secoua la tête.

« Je ne veux pas savoir.» Il ferma les yeux et ne les ouvrit qu’à la fin de la musique.

« Kino,» dit Kyoshi, debout sur l’impeccable allé devant son garage. « Peut-être que je n’ai pas besoin de dire ça à un expert d’armes comme toi, mais fais attention sur la route.»

Kino avait mis son chapeau et ses lunettes, et le moteur d’Hermès tournant bruyamment.

« Pas du tout. Je ferais attention.»

« Toi, aussi Hermès.»

« Merci !» dit la moto.

« Je suis ravi que l’on est pu se parler.» Il sourit et il se gratta la tête. « Des mots simples — ils veulent dire beaucoup plus ici que... là-bas.» Il tourna sa tête en direction du mur Ouest. « J’aurai juste souhaité te rencontrer dès ton premier jour ici. Mais bon.» Ses épaules se sont avachies, et son sourire disparu.

« Merci pour le thé. Il était très bon,» dit Kino d’un ton gêné. Elle monta sur Hermès, s’inclina devant, et enleva la béquiller.

Hermès était prêt à s’en aller quand leur nouvel ami leva la tête. « Attends ! S’il te plaît ! Il y a quelque chose que je dois absolument dire !»

Kino arrêta le moteur d’Hermès. Le silence était saisissant.

Kyoshi fit un pas vers Kino et Hermès. Il mit ses mains dans ses poches, et tapota l’allée avec le bout de sa chaussure. Il prit une profonde inspiration. « Uh, si... je veux dire... si cela ne vous dérange... vous pouvez vivre ici pendant quelque temps. C’est très paisible, et si cela ne vous dérange pas de ne jamais rencontrer de personne, c’est un très bon endroit pour vivre. Bien sûr, tu pourrais rencontrer d’autres personnes, je pense, si tu le veux. Tu pourrais faire ce que tu voudras, vraiment tout. Toi aussi, Hermès. Tu pourras quand même voyager, mais revenir ici de temps à autre. Kino, si tu veux, il y a une chambre dans ma maison.»

Il la faisait penser à un ballon dégonflé. Pendant un moment, elle ne fit que le regarder, puis dit, « Je suis désolé, Kyoshi, mais je... te connais à peine. Et j’ai vraiment envie de continuer de voyager.»

Kyoshi la fixa du regard arborant une expression très étrange sur son visage. «Tu me connais à peine,» il murmura. « Quelle surprise. Mais si tu restes...»

«Je ne peux vraiment pas. On ne se connaît vraiment pas.»

Les yeux de Kyoshi s’élargissaient alors qu’il venait de comprendre ce qu’elle voulait dire et son visage devint rouge. « Oh ! Je ne voulais pas dire... Je ne voulais pas que tu habites avec moi en tant que mon... er..., je ne voulais pas dire ça. Je te connais à peine aussi.» Il rit, puis sortit ses mains. « Ravi de t’avoir rencontré, Kino.»

Kino lui souri et lui serra la main. « Ravi de vous avoir rencontré, Kyoshi. Et bonne chance.» elle démarra le moteur d’Hermès, puis regarda devant elle et fit bouger la moto.

Elle regarda derrière elle une seule fois, alors qu’ils s’éloignaient. Kyoshi était encore là, les regardant devenir de plus en plus petit. Il se firent au revoir de la main en unisson, puis elle fit face à l’horizon de l’ouest et roula.

Après qu’ils eurent laissé Kyoshi et sa ville isolée derrière eux, Kino et Hermès traversèrent des champs d’herbeux en silence. Le soleil était déjà bas dans le ciel. Bientôt il sera dans les yeux de Kino.

«Kino, qu’est-ce que c’était que tous ces regards et tous ses bégaiements que toi et Kyoshi aviez échanger à la fin ?» demanda soudainement Hermès.

« Quoi ?»

« Était-ce de l’amour ?»

« Quoi ? Pourquoi penses-tu ça ?»

«Je me demandai si tu allais te marier avec lui. Je veux dire, je pensais que c’était ce qu’il insinuait. (...)

Kino rigola. « Mais non rien de ça.»

« Ok, mais,» dis Hermès, qui ne dis rien pendant un moment. Puis il bredouilla, « Je pense malgré tout qu’il est peut être tombé un tout petit peu amoureux de toi.»

« Tu devais penser ça,» lui dit Kino. Après un long silence, elle dit. « Je pense que la dernière chose qu’il m’est dit fut ‘Ne meurs pas’.»

« Je ne l’ai pas entendu dire ça.»

« Pas à voix haute.»