Kara no Kyoukai : Chapitre 5 →/3

From Baka-Tsuki
Jump to navigation Jump to search

Chapitre 3[edit]

Il est deux heures du matin. Et mon corps tremble de froid.

Est-ce que le froid qui me fait trembler vient de l'extérieur ou de l'intérieur de mon corps ?

En mettant de côté cette question, Shiki entra dans la tour Fujo... aucun signe d'activité humaine à l’intérieur. Seule la lumière électrique illuminait les murs du hall, une lumière qui paraissait beaucoup trop artificielle et anormale, jusqu'au point où elle semblait plus inquiétante que l'obscurité qu'elle était censée faire disparaître.

Passant à côté d'un card checkeur, que les anciens tenants utilisaient, à l'entrée, je traverse le hall pour ensuite prendre l'ascenseur.

Mes suppositions se sont avérées justes : il n'y a personne à l’intérieur, à part moi. À l'intérieur de l'ascenseur se trouve un ascenseur dans lequel les gens peuvent se lorgner. Il reflétait une personne portant un kimono bleu clair avec une veste noire, avec les yeux d'une personne qui était lassée de faire ce job.

J’appuie sur le bouton qui mène au toit tout en regardant ma réflexion sur le miroir. L'ascenseur avec un 'hum' enclenche sa montée, j'attends alors que le monde autour de moi s’élève.

À partir du moment où la porte de cette boîte mécanique s’était fermée jusqu'au moment où j'arriverai sur le toi, cet ascenseur devient une prison. Les événements qui se produisent à l'extérieur sont d'un monde différent, qui m'est complètement étranger. Pour l'instant, cet endroit est ma réalité. Je laisse de coté cette pensée et me concentre sur ma mission actuelle.

La porte s'ouvre, sans faire un bruit. Ce qui est à l'extérieur est un monde complètement différent, un monde de ténèbres.

Après mon arrivé à l'annexe, ayant au bout une porte menant au toit, l’élévateur redescend. Le manque quasi total de lumière me fait penser que derrière cette porte se trouve cet autre monde que j'ai fugitivement ressenti, le monde que je vis dans les vitres réfléchissantes de la tour. Au/x bord/frontières du vide. Parcourant la salle de mes pas résonants, j'ouvre la porte.

... L'obscurité de la salle s’amoindrit.

Mes yeux s’arrêtent sur la vue en hauteur de la ville. Il n'y avait rien de particulier à propos de la tour Fujo. Le sol est fait de béton, et il y a une clôture qui encercle le périmètre du toit. Un château d'eau se trouve au-dessus de l’annexe, mais à part cela il n'y a rien de particulier ici, à part la vue.

La hauteur de cet immeuble est de environ dix étages plus grands que ceux se trouvant aux alentours, lui donnant un sentiment de solitude.

C'est comme être au sommet d'une grande échelle, fixant les profondeurs du monde en dessous de vous. Si le monde en dessous était l’océan, alors les lumières émises par les immeubles seraient des lophiiformes, les seules lumières dans un monde sombre que ni la lumière du soleil ni celle de la lune n'atteignait. Une vue magnifique.

Le monde est endormi, éternellement peut-être, mais malheureusement pas pour très longtemps. Ce calme serre mon cœur plus fort que n'importe quel vent froid, et c'est douloureux. Des étoiles brillent dans le ciel comme des bijoux, et la lune qui est de sortie, brille plus que tout.Dans l’éducation que j'ai reçue au manoir, j'ai appris que la lune n’était pas le miroir du soleil, mais une fenêtre à une réalité différente. Un antipode qui sert, à la tombée de la nuit, de porte à un autre monde. La nuit fut longtemps associée à la féminité et à la Mort.

Et alors que la lune brille fortement sur notre monde, la forme d'une femme flotte dans le ciel, sa silhouette imprimée sur la lune, accompagnée par huit filles volant autour d'elle.

La femme flottante porte un habit blanc qui pourrait être confondu avec une robe, et elle possède de longs cheveux noirs qui lui arrivent à la taille.

De ce que l'on peut voir de ses mains et pieds à travers son habit révèlent à quel point elle est mince. Ses sourcils le sont aussi, et ses yeux sont d'une telle froideur, faisant d'elle une des femmes les plus belles que j'ai eu l'occasion de voir.

Je dirais qu'elle a la vingtaine, bien que ce soit sans doute idiot d'essayer d'attacher la notion d'âge à quelque chose comme un fantôme. Cependant elle ne possède pas cet air, presque, abstrait* qu'ont les fantômes. Les filles volant paresseusement autour d'elle remplissent plus les conditions de fantôme qu'elle. Au-dessus de moi, ce cortège continue de flotter, et autour de la femme les huit filles semblent adopter une formation défensive. Je trouvai cela perturbant, pas tellement répulsif, mais plutôt...

« Je vois. C'est un de tes sortilèges, n'est-ce pas ? Dis-je, un sourire moqueur aux lèvres.

Je m'en rends compte maintenant, sa beauté n'a rien d'humain. Une beauté qui ne vient pas de ce monde.

« Bon, je vais devoir te tuer.»

Comme si elle me remarque pour la première fois, les yeux de la femme se baissent, nos yeux se croisent.

Pas un mot de plus n'est prononcé. Aucun n'est nécessaire.

De l’intérieur de ma veste, je sors une lame, un poignard, de 17 cm de long.

Le regard de la femme m'emplit avec l'envie de tuer. La belle robe blanche oscillant dans le vent. Son bras mince bouge comme l'eau, et me pointe d'un doigt accusatoire. Ces membres ne semblent plus magnifique, et semblent plus fragile maintenant.

« Comme un os, ou une fleur de lys.»

Ce soir, il n'y avait pas de vent, et ma voix résonne dans le ciel étoilé.

Tu peux voler. Quand la femme me pointe du doigt, j’entends une voix s'introduire dans ma conscience; peut être la sienne, qui me dit de voler.

Elle s’introduit, creuse à l'intérieur, et me dit de voler. Cet assaut mental me fait perdre mon équilibre, mais seul un pas me suffit pour me reprendre.

Au dessus, la femme hésite. Maintenant, je comprends...

Tu dois voler. Elle essaye encore, plus fermement. Cette fois, aucune conséquence sur moi. Et puis, finalement, finalement mes Yeux l’observent. C'est là que les lignes de la mort sont. Une sur chaque jambe, une dans son dos, une petite sur le coté gauche de sa poitrine. Je peux voir les lignes, séparant son corps en plusieurs petites césures. Celle sur sa poitrine semble être la meilleure cible. Si je la touche là, c'est la mort assuré. Cette femme pouvait être une sorte d'image, une illusion ou un fantôme. Mais qu'importe. Parce qu’avec mes yeux, je peux même tuer Dieu.

Tenant mon poignard dans une prise inversée, la pointe regardant derrière moi, je lève ma main droite, tout en me concentrant sur l’ennemie.

Mais elle m'attaque encore une fois...

Je peux voler. Je peux voler. J'aimai le ciel toute petite déjà. Je volai hier aussi. Je peux voler plus haut aujourd'hui. Librement. Tranquillement. Souriant. Je dois y aller, vite. Où ? Au ciel ? Vers la liberté ? Échappons nous de la réalité ! Désirez le ciel ! Combattez la gravité. Volez inconsciemment. Allons y. Allons y. Allons y. Allons y. Allons y. Allons y. Allons y. Allons y. Allons y. Allons y.

Aller !

« Elle se fout de ma gueule.»

Je lève ma main gauche. La suggestion ne marche pas. Je ne perds même pas mon équilibre.

« Il semble que je n'aime pas voler. Je ne sais pas comment me sentir vivante—c'est le cas depuis un moment déjà— je ne connais donc pas la souffrance de vivre. Pour être honnête, je m'en fous de toi.” Je murmure, chantant presque

C'est malgré tout, vrai. Joie et peine, la liberté et la contrainte; je ne peux les ressentir. C'est pour ça que je ne vois pas pourquoi vous en faites autant sur le fait d’être libéré de vos souffrances.

« Mais l'enlevé était une grosse erreur de ta part. Je l'ai trouvé en premier. Tu vas me le rendre.»

Ma main gauche attrape l'air comme une corde, et je la tire ; La femme et les autres filles sont tirées vers moi. L'expression de la femme change. Elle essaie vainement de me contrôler en mettant le plus de force dans sa suggestion.

TOMBE !TOMBE! TOMBE !TOMBE ! TOMBE !TOMBE !TOMBE !

Et encore une fois, aucun effet. Je lui réponds, le plus fermement possible. « Toi, tombes.»

Alors qu'elle s'approche de moi, je plonge mon couteau profondément dans sa poitrine, aussi naturellement que je le plongerai dans un fruit, et si bien performée que même la victime s’arrête pour admirer. Le poignard la traverse complètement.

Elle ne saigne pas, Incapable de bouger après le choc d’être poignarder, elle ne convulse qu'une fois. En effectuant seulement un petit mouvement avec ma main droite, je jette l'inutile "cadavre", et le corps immatériel traverse, sans un bruit, la clôture pour ensuite s'estomper dans l'obscurité de la ville. Sa robe étreignant les ténèbres, comme une fleur blanche qui coule au fond de l'océan.

Et après ça, je quitte le toit, derrière moi les fantômes flottant encore dans les airs.