Iris on Rainy Days (FR) : Désassemblage - J-2

From Baka-Tsuki
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Désassemblage : J-2[edit]

C'est le premier jour depuis la mort du Professeur.

Je passe ma journée à traîner dans le manoir. Depuis la veille, je suis assise comme ça, à regarder le paysage par la fenêtre du salon. Le ciel est ironiquement bleu, et les oiseaux chantent. Il semblerait presque qu'ils chantent un hymne à la paix. Mais j'ai l'impression d'être seule au monde. Plutôt que de tomber dans la tristesse, je suis comme incapable d'accepter la vérité en face.

Sans savoir quoi faire, je finis par me remettre à mes tâches quotidiennes.

Les tâches ménagères.

Je nettoie le manoir de fond en comble, tonds le gazon, et paie les factures.

Au moment d'essayer de nettoyer les vêtements du Professeur, mes mains se mettent à trembler. Après avoir préparé le repas, je suis sous le choc en me rendant compte que personne ne sera là pour le manger.

Le lit dans la chambre du Professeur est froid. Quand je pense au fait que ce lit ne sera plus jamais chaud, j'ai l'impression que mon cœur va se briser en mille morceaux.

Je ne sais même pas ce que je fais. Mais je continue quand même mes tâches. De cette façon, je peux continuer à fuir la réalité. Il est tout simplement trop effrayant pour moi de la regarder en face.

Le soir arrive, et je finis par ne plus rien avoir d'autres à faire.

Je m'assois dans le couloir donnant sur sa chambre, en serrant mes genoux contre moi. J'ai l'impression que si j'attendais suffisamment, le Professeur finirait par revenir. C'est pour ça que toute la nuit durant, je me mets à l'attendre, en tenant fermement son étui à cigarette dans les mains.

Mais le Professeur ne revint pas.


Attention !

À l'aube, une voix électronique se fait entendre dans mes circuits mentaux.

La batterie sera vide dans cinq minutes.

Une voix impersonnelle, avec un ton très sérieux.

Veuillez recharger la batterie maintenant.

Je me lève difficilement et me traîne en direction du laboratoire.

Sur mon chemin, je tombe dans les escaliers car je suis à court de batterie. Mon pied droit se tord dans un angle bizarre. Tout en traînant ma jambe droite, je marche lentement en direction du laboratoire.

Assise sur le lit blanc laiteux, j'ouvre mon poignet. La prise pour le rechargement apparaît.

C'est à ce moment-là que j'ai eu une subite envie de me taillader le poignet.

En faisant ça, je mourrai. Ce serait l'issue la plus simple. Je pourrais alors rejoindre le Professeur là où elle est allée.

Comme mon état mental est sens dessus dessous depuis la mort du Professeur, je commence rapidement à comprendre mes désirs.

Tout en tenant un bec de gaz utilisé à des fins de maintenance, j'appuie sur le bouton d'allumage. De l'air brûlant sort par l'ouverture. Peu après, une colonne rouge de flamme apparaît. Doucement, je dirige le bec de gaz vers mon poignet. Des gouttes métalliques ressemblant à de la sueur apparaissent alors et la prise commence à fondre. Dix secondes plus tard, elle est complètement calcinée. Une grosse quantité d'huile s'en est échappée.

C'est une triste scène. Le jaillissement d'huile de mon poignet a même éclaboussé le plafond. Le laboratoire, habituellement aussi blanc qu'un paysage enneigé, est désormais noirci de toute part par l'huile gluante. Alors que je regarde cette scène dans un état d'euphorie, la voix électronique dans mes circuits mentaux criant des « Alerte ! Alerte ! Alerte ! Alerte ! » ressemble à des cris hystériques.

Dans cinq minutes, mon corps aura perdu toute son huile. Il y a juste un liquide noirâtre qui continue de couler de mon poignet. Cela ressemble presque à la fontaine d'eau du parc à côté de la gare.

Et à ce moment-là.

Je suis prise d'un intense et violent frisson.

C'est quelque chose que je n'ai encore jamais ressenti avant. Vertige, nausée, et une douleur soutenue comme si mon crâne était tordu et lacéré, m'attaquent à plusieurs reprises en peu de temps. Comme quand les humains boivent du poison, mes lèvres se mettent à trembler. Me sentant extrêmement mal, je me tords de douleur par terre en serrant ma poitrine.

Attention ! Trente secondes avant que la batterie ne soit vide ! Veuillez procéder au rechargement sans plus attendre.

Dans son habituel ton sérieux, la voix électronique est en train d'annoncer ma mort prochaine.

Soudain, telle une folle à lier, mes yeux s'ouvrent en grand.

Non ! Je ne veux pas mourir !

Je me lève en panique et empoigne le tube du chargeur violemment. J'essaye à plusieurs reprises d'insérer la prise électrique de mon poignet avec le tube. Hélas, le trou a été déformé par la chaleur. Toutes mes tentatives pour brancher le tube dans la prise échouent, comme si je suis en train d'enfiler une aiguille.

La batterie sera vide dans 10 secondes, 9, 8, 7...

Haletant de peur, je continue à marteler la prise de mon poignet avec le tube. Encore. Encore. Encore. Encore. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir.

Avec le bruit d'une clarté incroyable du tube pénétrant dans la prise, l'électricité et l'huile commencent à être injecté dans mon corps. Le bruit d'alerte s'est arrêté, et je suis libéré de mon tremblement et du sentiment de nausée.

J'étais soulagée, du fond de mon cœur.

Ah... Je ne vais pas mourir.

Génial.

Génial ?

Je suis choquée par mes propres pensées.

Est-ce une bonne chose que je ne meure pas ?

... alors que le Professeur n'est déjà plus là ?

Est-ce que vivre seule est une bonne chose ?

Est-ce que s'accrocher désespérément à la vie et vivre dans le déshonneur est une bonne chose ?


L'autre moi dans mon corps continue de murmurer.

Iris Rain Umbrella. Pourquoi t'accroches-tu à la vie ? Tu es un robot après tout. Pourquoi avoir peur de la mort ? Maintenant que ta maîtresse que tu servais est partie pour toujours, ton existence n'a plus aucun sens. Et malgré ça, tu continues de t'accrocher à la vie ? Meurs ! Meurs ! Dépêche-toi de mourir !

Me dégoûtant complètement, je me gratte frénétiquement la tête et tente de m'arracher les cheveux.

Telle une vérité sans faille, je suis obsédée par la vie. Je veux vivre. Je ne veux pas mourir. C'est ce que j'ai ressenti, ce que j'ai compris, juste après avoir vu la mort en face.

Je suis d'un méprisable. Malgré mon amour sans borne pour le Professeur, malgré mes déclarations d'amour éhontées jour après jour, je ne peux même pas me résoudre à la rejoindre.

À chaque fois que j'arrache mes cheveux, le tube accroché à mon poignet bloque mes mouvements. C'est extrêmement pénible, mais je n'ai pas le courage de le retirer.

Les murs et le plafond sont teintés de noir, dégageant une odeur nauséabonde. Assise au milieu du sang noir qui avait jailli de mon corps, je continue d'arracher mes cheveux comme une folle à lier. Des douzaines et douzaines de mèches de cheveux pleuvent sur le sol.


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