Golden Time:Tome 1 Chapitre 2

From Baka-Tsuki
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Chapitre 2[edit]

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Banri Tada mangeait un œuf dur.

Jeudi, premier cours. En y assistant un certain nombre de fois, il était assez simple d’obtenir une note "excellente", de ce fait, la science du sport était une matière populaire. La leçon allait commencer dans cinq minutes.

Plutôt que de sauter le petit déjeuner parce qu’il s’était réveillé en retard, il avait amené, dans un sac en plastique, les deux œufs restants qu’il avait cuit la nuit dernière et, au cinquième rang en partant du fond, il les grignotait discrètement.

J’étais assis sur un siège situé diagonalement derrière lui, contemplant la scène, mais c’était un spectacle vraiment ennuyeux. Banri avait carrément apporté une bouteille Ajishio[1] capuchonnée de bleu posée à côté de sa main droite. Dans sa main gauche, un œuf. Tout en écrivant de sa main droite, il mangeait avec la gauche. Ecrire. Manger. Ecrire. Manger. …Vraiment, mais vraiment, c’était un spectacle sans intérêt… En parlant de temps fort, il se souvint de la contrariété éprouvée la nuit dernière, lorsqu’il s’était blessé lui-même en essayant de casser les œufs avec son front, ne réussissant finalement qu’à se faire mal. Se changeant les idées, il fendit l’œuf contre le coin du bureau. Crack. Le gars assis près de lui sursauta.

Tu as apporté des œufs durs ? Yep. Tu as amené du sel aussi ? Yep. Et ainsi de suite. Une conversation presque épanouie, mais peu de temps après, un ami du gars arriva alors Barni retourna tranquillement à ses œufs durs.

Les filles justes derrière Banri s’échangeaient des messages sur les écrans de leur téléphone portable pour ne pas être entendu de celui-ci. "Ce mec devant nous a pétrifié ses œufs, n’est-ce pas ? Ils sont trop cuits. Les jaunes ont viré au noir. Il boit beaucoup de thé oolong. Tu peux voir ses lèvres se rider. Il a l’air d’avoir apporté du sel dans une bouteille. LOL." Et ainsi de suite.

Banri ne se rendit pas compte qu’il était l’objet de commérages.

Il ne me remarqua pas non plus, moi qui n’avait pas de corps et qui l’observait en permanence.

Au cours de la semaine et des quelques jours qui ont suivis la cérémonie d’entrée, s’était déroulé la période d’inscription et le campus avait été submergé par les étudiants. Depuis les premières années tels que Banri qui recevaient des informations sur les cours par leurs ainées lors des évènements de recrutement des clubs, jusqu’aux seniors vêtus de leurs costumes. Avec dans les mains, leurs énormes emplois du temps de la taille d’un tatami, sur le point de se déchirer au niveau des plis à force d’être ouverts et refermés, ils arpentaient les couloirs, allant de classe en classe, occupant les bancs ou encore, s’envoyant des messages par téléphone.

Le printemps est le seul moment où autant d’étudiants viennent à l’université, ai-je pensé. Une fois les longues vacances d’été terminées, la moitié de la population du campus disparaitra naturellement. Une ou deux personnes parmi eux, peut-être un peu plus, pourrait même perdre leur corps comme moi. Ce qui signifierait qu’ils étaient morts. Je n’attendais pas vraiment cela avec impatience, pour sûr, mais ce genre de chose ne pouvait être évité.

Banri ferait mieux d’y faire attention lui aussi. Peu habitué à boire, peu habitué à rester dehors tard la nuit, vivant seul, loin de la surveillance de ses parents, avec son permis de conduire tout frais, ses nouveaux amis, son excès d’énergie, un temps libre important à gaspiller— le monde des jeunes hommes était plein de dangers.

La Science du Sport était le cours le plus populaire pour gagner des crédits facilement, et tous les étudiants étaient en train de remplir la salle. Les sièges se remplissaient à rythme régulier depuis le fond. Dans tous les cas, personne ne pouvait me voir et, puisque dans mon état, je ne pouvais pas affecter qui que ce soit, l’endroit où je me trouvais n’était pas un problème, mais pour une raison quelconque, j’ai eu le sentiment que je devrais renoncer à mon siège. Le claquement des talons résonna, et depuis le bas de l’allée, une fille vint s’asseoir à cette place même.

La bouche encore pleine d’œuf, il se tourna en sentant la présence de la fille.

Le cours était sur le point de commencer, une dernière étudiante entra en courant dans la salle, ses Nike résonnant sur le sol. C’était Linda.

Linda, encore debout dans l’allée, remarqua Banri et regarda son profil. Banri ne remarqua rien. Il ne se rendit pas compte de mon existence non plus.


* * *


« Aujourd’hui, Kaga-san m’a parlé. »

« Vraiment ? Qu’est-ce qu’elle a dit. »

« Elle a dit "Takada-kuuun". »

« Il y a une syllabe en trop », Yanagisawa rit aux éclats tandis qu’il faisait glisser un cutter le long du couvercle d’une boite en carton. Tournant le dos de son tee-shirt vers Banri, il était assis comme s’il était au-dessus d’anciennes toilettes de style japonais, coupant minutieusement le ruban adhésif collé sur les quatre côtés de la boite.

Cet endroit était le château de Banri. Son nom était Néo-Phénix. Cet appartement, il pourrait brûler de nombreuses fois, il renaitrait toujours de ses cendres… ou du moins, c’était tout comme. Numéro d’appartement : 204.

Un petit 1K[2] de vingt mètres carrés, mais avec un plancher en bois. Ce n’était pas une construction récente, mais elle était relativement neuve. Aucun besoin de changer de ligne pour se rendre à l’école, le trajet était direct. Il était orienté Nord-Est, mais au moins, il faisait l’angle. La chambre que sa mère avait préférée était un 1DK plus grand, avec un loyer identique mais en style japonais, avec une exposition sud lumineuse mais bâti il y a quatre-vingt ans. Son grand placard semblait pratique et la chambre n’était pas du tout délabrée, mais qu’il fût plus vieux que lui l’avait mis mal à l’aise, alors il avait opté pour cette chambre à la place. Elle n’était pas encore remplie par les meubles et les autres choses mais, peut-être à cause de cela, il était confortable.

Recherchant inconsciemment les zones dégarnies sur le crâne de Yanagisawa, Banri était assis sur un tabouret haut dans la cuisine qui faisait office de hall d’entrée, ses pieds se balançant paresseusement. Même s’il venait d’un magasin d’occasion et n’avait couté que 400 yens, il était stable et confortable lorsqu’on s’asseyait dessus. Il y avait d’étranges tâches éparpillées sur le dessus, c’était un peu dérangeant, mais il s’en fichait.

Yanagisawa ramassa une nouvelle fois le cutter à l’endroit où il l’avait posé sur le sol et coupa proprement la bande de ruban adhésif. La mère de Banri, inquiète à propos de son fils irrécupérable, lui avait envoyé un colis de provisions depuis Shizuoka sans tarder.

« Du coup, quand je lui ai dit que ce n’était pas Takada, elle a répondu "Oh, pardonne-moi Ta… Tanaka-kun". »

« Elle n’a que le "ta" de bon. Tu vois le genre de personne qu’est Kouko. Elle ne prête aucune attention aux autres et ne se souvient même pas de leurs noms. Elle ne s’intéresse qu’aux choses en lien avec elle. Voyons, c’est ouvert maintenant. Quel genre de trésor a envoyé ta mère ? »

« Je lui ai dit que ce n’était pas Tanaka non plus, mais je lui ai donné un indice, que mon nom était composé de deux caractères. Elle m’a dit "Deux caractères… ? Kaga-kun... ?" Je lui ai fait remarquer que c’était son nom de famille à elle. »

« Tu plaisantes… ? Oh ! Regarde, Banri ! »

Tournant son visage avec une expression ravie, Yanagisawa souleva la boite ouverte avec une certaine difficulté et l’inclina pour la montrer à Banri.

« Incroyable, Mieko Tada-chan, tu sais vraiment bien choisir ! Nice choice ! »

« Qu’est-ce que c’est ? Et d’ailleurs, comment sais-tu que ma mère s’appelle Mieko ? »

« J’ai regardé l’adresse de l’expéditeur bien sûr ! Je t’aime, Mieko ! Regarde ces ramen ! Ces bols de yakisoba ! C’est suffisant pour faire pleurer un homme… ah ! Des pâtes ! De la sauce pour pâtes aussi ! Des biscuits Calories Mate[3], du thon en conserves, du maquereau en conserve, des bonbons, et aussi… qu’est-ce que c’est ? Une boite de film ? Ah il y en a trois autres. »

Se levant du tabouret, Banri jeta un œil sur les mains de Yanagisawa.

« Ah, ça. Il y a du thé en poudre dedans. On le moud à la maison alors l’emballe juste dans des objets quelconques. Tu verse la valeur d’une demi-cuillère à café dans la tasse avec de l’eau bouillante et tu le bois comme ça, pas besoin de théière ni de passoire. Tu en veux un ? C’est super simple, et tu peux boire les feuilles de thé entièrement, on raconte que c’est bon pour le corps en plus. »

« J’en veux, j’en veux, j’en veux ! J’aimerais faire du bien à mon corps ! Oh, il y a une lettre coincé là-dedans. »

Sur le devant de l’enveloppe, il y avait juste écrit "De Maman". Des lettres semblables à des feuilles de saules mouillées par la pluie pouvaient être observées.

Les cours terminés depuis longtemps, il était vingt-et-une heures.

L’appartement de Yanagisawa se trouvait à environ trois stations de trains d’ici et, lorsqu’il avait entendu que Banri avait reçu un colis de provisions venant de chez lui, il avait déclaré « On se voit dans cinq minutes », et il avait accouru, de nuit, à vélo. Il cherchait à obtenir quelque chose gratuitement, ce vaurien tapeur. Qu’il se soit vraiment montré en cinq minute était effrayant… c’est une blague bien sûr.

Pour Banri, Yanagisawa semblait avoir été élevé dans un environnement riche ; il avait certainement vécu avec un certain raffinement. Mais selon lui, les choses s’étaient apparemment un peu corsées dans la maison de ses parents après qu’il leur ait tenu tête en passant des examens extérieurs. En tout cas, il n’avait pas le moindre espoir d’obtenir une allocation pour les frais de scolarité et, en dépit d’une longue période à enchainer les entretiens d’embauche et à chercher du travail n’importe où, il n’avait toujours rien trouvé. Il ne savait pas vraiment comment il allait régler ses frais de scolarité. (Il pensait : C’est la faute de mes parents ou de Kouko ! mais la véritable raison était inconnue.) Pour l’instant, comme il n’avait pas d’autre choix que de composer avec un job à temps partiel, il avait reçu une leçon douloureuse sur son avenir.

« De quoi parle la lettre ? Ils te disent de tout partager avec tes amis, pas vrai ? »

La lettre ne mentionne rien de ce genre, pensa Banri qui comptait bien partager ce qu’il avait reçu.

« Prend soin de toi. Ne sèche pas les cours. Ne passe pas trop de temps sur internet. Fais suffisamment d’exercice. Garde à l’esprit tes responsabilités en tant qu’adulte. … Des trucs comme ça. »

Il montra même les cinq lignes de texte écrites sur le papier avant de le remettre dans son enveloppe et la coincer dans le tiroir de la cuisine. Tandis qu’il ne regardait pas, Yanagisawa attrapa quelques paquets de plats cuisinés à réchauffer au four à micro-ondes et les sorti de la boite.

« Ah ! Attends une seconde Yanassan, ça te dérangerais de ne pas y toucher ? »

Il prévoyait de tout partager, mais ça, c’était un problème différent.

«En ce qui me concerne, Satou-san[4] est quelque chose de spécial. Je ne peux pas partager ça, même avec toi, Yanassan. »

Yanagisawa lâcha docilement un « Je vois… », et il hocha la tête, revenant silencieusement sur les plats cuisinés restants dans la boite.

« Bien alors, et les pour les ramen ? Pourrais-je avoir quelques ramen ? Combien je pourrais en prendre ? Il y a quatre sacs avec cinq paquets dans chacun d’eux. Un total de vingt. »

Cinq maximum, a-t-il pensé, mais à la place :

« Tu peux avoir la moitié de ce que j’ai eu… »

Il avait parlé par gentillesse. D’un simple regard, il pouvait voir les trois ou quatre piqûres de moustiques sur la peau du bras de son ami laissée à nu par son tee-shirt.

« Aussi, si tu aimes les choses sucrées, tu peux prendre tous les biscuits… »

« Sérieux ? Tu me les donnes ! Pourquoi ?! »

« Parce que tu as un air si pitoyable, dévoré par les moustiques… alors qu’on est seulement en avril… »

« Ouais, ça me démangeait tellement il y a quelques instants.

« D’ailleurs, quand j’ai déménagé, j’en ai apporté pas mal avec moi. Il y a une usine dans mon quartier qui les fabrique et un membre de ma famille y travaille, faisant des produits qui sont soi-disant de seconde zone. Je peux obtenir une tonne de sucreries de leur part. Du coup, à la maison de mes parents, c’est la seule chose qu’on peut manger sans limite. Je ne pense pas qu’on ait déjà eu à en acheter de toute ma vie. »

« Vraiment ?! Et ces produits de "seconde zone" sont aussi bons que les vrais ! C’est comme ça depuis que tu es enfant ? Si j’étais petit, je serais en train de te danser autour pour les avoir ! »

« L’enfance, …eh bien… c’était comment ? »

« Allons, tu as eu la tienne. »

« Alors je l’ai eu, mais… Alors j’en ai eu une, mais ouais, je crois que je l’ai eu. »

Le rire de Yanagisawa fut dissipé par la réponse vague de Banri. Il a déployé un sac plastique jaune venant de Matsukiyo[5] qui était plié en pentagone d’une manière démodée, et aussitôt, riant pour lui-même, il commença à le remplir de biscuits.

Tandis que Banri l’observait du coin de l’œil, sa bouche s’ouvrit un peu. Il prit une grande inspiration et, comme un enfant regardant une corde à sauter en tentant en savoir à quel moment il devait sauter, sa tête s’ébranla légèrement. « Au fait… », essaya-t-il de commencer. Mais. Hésitant juste un peu, devenant étrangement réticent, le regard de Banri s’assombrit. —Impossible. Stop. Mettons ça de côté pour aujourd’hui. Ce n’est pas le moment… pas encore.

Sa poitrine remplie d’air, il fut forcé de le laisser sortir peu à peu pour qu’il ne fût pas remarqué. Il ne pouvait pas le dire aujourd’hui non plus mais c’était OK. La prochaine fois, la prochaine fois.

D’une voix haut-perchée, il appela joyeusement « Yanassan ! ». Son nouvel ami répondit « Dégoutant » avec la même voix de fausset sans tourner la tête.

« Quoi qu’il en soit, peut-on revenir sur notre conversation précédente ? Ce que j’ai dit à propos de Kaga-san. Je l’ai rencontré au premier cours de la journée. »

« Ah, science du sport ? J’étais perplexe à ce sujet mais je suis content de ne pas y être allé. »

« Kaga-san m’a demandé de lui décrire entièrement ton emploi du temps. »

Yanagisawa s’emparait de diverses saveurs de nouilles ramen, une par une, les regardant comme s’il les léchait de ses yeux affamés tandis qu’il choisissait celles qu’il prendrait avec lui, mais il s’arrêta subitement de bouger. Aussitôt, toujours accroupi, il se tourna lentement pour regarder Banri qui était assis sur son tabouret balançant ses pieds. Le visage de Mitsuo devint grave. Avec ses traits quelque peu raffinés, cette absence soudaine d’expression était plutôt effrayante.

« … Est-ce que, tu… »

« Non non non ! Je ne lui dirais rien, puisque je sais que tu essayes de l’éviter. »

Murmurant quelque chose comme « Bien », Yanagisawa hocha la tête en gardant son air sérieux. A cause de la manière dont il s’était rassis après s’être retourné, avec un genou à terre, il ressemblait à un dresseur de chiens.

Ensuite, comme pour dire "approche !", il a pointé un doigt vers Banri et l’a plié à plusieurs reprises pour lui indiquer de continuer à parler.

« … Mais, même Kaga-san semble avoir réalisé que tu cherches à l’éviter. Elle a soupiré "A chaque fois qu’il me voit, il s’enfuit, il évite même de venir aux mêmes cours que moi. Venir dans cette université juste pour être avec Mitsuo n’aura servi à rien si c’est comme ça…" »

« Ça ne lui ressemble pas alors arrête. Mais bon, c’est comme ça de toute façon. Même elle comprend en quelque sorte. »

« Elle m’a demandé : "Comme il est hors de question de le kidnapper, pourrais-tu s’il te plait me donner les cours auxquels Yanassan s’est inscrit ?" Elle repousse son inscription en attendant que tu fasses la tienne, il semble qu’elle veuille copier ton emploi du temps. »

Yanagisawa fronça les sourcils.

« J’ai refusé de le faire bien sûr, dès le début. Ensuite, elle m’a dit quelque chose du genre "Je ne te le demanderais pas gratuitement." »

« … Elle est ce genre de fille, alors elle… »

Tsk, Yanagisawa claqua sa langue, sa bouche se tordit dans une expression d’irritation et il tourna la tête. Retentit alors un grand bruit de craquement, résonnant comme s’il émanait des profondeurs de l’enfer. Etait-ce une menace ? Mais envers qui ?

« Quand j’ai entendu ça, comme tu peux t’y attendre, j’ai pris une expression signifiant "Qu’est-ce que tu veux dire par là ?" Puis Kaga-san a semblé se rendre compte de mon refus et elle a cessé de me harceler. Même si elle était assise en diagonale derrière moi, elle a dû se sentir mal à l’aise. Elle m’a lâché un "A la prochaine" avant de rejoindre le premier rang. Avec personne d’autre au premier rang, elle était assise seule, et il semblait qu’elle n’avait personne d’autre à qui parler… »

« Enfin, ce n’est pas comme si j’avais quelqu’un avec qui parler non plus, puisque Yanassan ne viens pas. » poursuivit Banri tandis que la scène de ce matin lui revenait à l’esprit.

Parmi les autres étudiants vêtus de jeans décolorés et de sweats à capuche, Kouko se démarquait vraiment de la foule avec sa robe de soie d’un rose éclatant, très certainement de marque et d’un ou deux ordres de grandeur plus chère que les autres.

Ses cheveux bruns foncés tombant en cascade sur ses épaules, ses oreilles ornées de diamants enchâssés dans des boucles d’oreilles en forme de fleur. Ses bras si blanc, ses poignets si délicats, son cou si lisse qu’il en était effrayant, elle pouvait difficilement être plus différente que le reste de la classe.

Par ailleurs, vue de côté, elle apparaissait ennuyée en écoutant le cours. Son profil était sans aucun doute beau. Même Banri en tant que garçon le comprenait, qu’elle passait son temps à se maquiller soigneusement. Ce n’était pas seulement Banri qui avait contemplé son profil pendant une heure et demie. Mais tout le monde dans la classe— les garçons et les filles, même le professeur, étaient en train de regarder Kouko au parfum de rose, c’était ce qu’il avait remarqué.

Il n’y avait pas une seule personne, Banri y compris, pour lui adresser la parole.

« En voyant Kaga-san comme ça, j’ai en quelque sorte… »

Lorsque le cours s’était terminé, Kouko avait rapidement quitté la salle de classe afin de se mettre à couvert des nombreuses paires d’yeux qui s’étaient collées à elle. Après être rentrée dans un autre élève à la porte, elle avait décoché son sourire parfait de princesse et lui avait fait signe de passer. Face à cette scène, certains étudiants près de Banri avaient commenté : « C’est tellement forcée. », « Elle est toujours habillée avec des vêtements de marque uniquement. », « Parce que ses parents ont de l’argent évidemment ! », « C’est ça, à moins qu’elle n’use de certaines combines ? », « Un gars a dû les lui acheter, j’en suis sûr. », et ainsi de suite, jetant des paroles cinglantes à tout va.

La société est toujours intolérante envers tout ce qui est différent.

« Eh bien, elle m’a semblé assez… pitoyable. »

Aux mots de Banri, les yeux de Yanagisawa s’écarquillèrent et son visage tressaillit. « Hein ? » ; il fit un geste exagéré et, avec une expression qui aurait pu être confondue avec sourire confus, il demanda :

« Quoi ? Se pourrait-il que tu ais sympathisé avec Kouko ? »

« Un peu, oui. Vraiment, juste un peu. Toi aussi, si tu voyais ça, tu serais… »

« Non. »

Après cette contestation instantanée, il essaya de rétorquer « Mais, regarde… »

« Mais sééérieusemeeent ! La vie est tellement facile pour les belles filles ! »

Dépassé par la soudaine puissance de cette réplique, même Banri se tut.

« Elle peut faire ce qu’elle veut et tout rattraper en montrant un visage qui fera que les autres penseront "la pauvre", "la pauvre" ! Tu es pareil, tu étais là avec moi quand elle nous a attaqués avec des roses, et déjà, parce qu’elle était mignonne, tu ne t’es pas mis en colère, pas vrai ? A la place tu t’es dit quelque chose comme "la pauvre", hein ? Elle ne m’a pas blessé, même si ça fait mal, mais par-dessus tout, elle m’a humilié ! Que se passerait-il si une fille moche faisait la même chose ? Que ferais-tu si une vraiment laide te giflait avec un bouquet de rose ? Tu aurais été du genre "dégage, casse-toi de là", ai-je tort ? Et si une fille avec une tête de merde me tournait autour, pourrais-tu dire la même chose ? Pourrais-tu dire qu’elle est pitoyable et délaissée ? Tu ne pourrais pas, hein ? Quoi qu’il en soit… » vociféra-t-il, pointant un doigt vers le nez de Banri.

Mais même avec ça, Yanagisawa n’avait toujours pas réussi à évacuer toute sa frustration. Des rides se creusèrent autour de son nez tandis qu’il tentait de d’écarter les mèches sur son visage.

« … Ils disent tous la même chose, après tout, ce n’est pas leur problème. "Elle est belle alors ça ne me dérange pas", "Je t’envie", "Je voudrais être à ta place", "Quel est ton problème ?", "Ne sois pas égoïste"… Si tu es beau, alors tu es automatiquement aimé ? C’est absurde. Sérieusement, met toi à ma place. Tout le monde se laisse duper trop facilement. »

Il ouvrit brutalement un autre sac Matsukiyo en tournant son dos, mais Banri avait quelque chose à dire aussi.

« Qu’est-ce qui ne va pas avec toi ? Je n’ai jamais rien dit de tout ça ! J’ai refusé de lui dire ton emploi du temps même après qu’elle m’ait demandé, non ? »

Il ne méritait pas de recevoir un sermon. Pour ce problème, que ce soit tout le monde ou n’importe qui, il n’y avait aucune raison de l’inclure dans le même lot.

« C’est peut-être vrai que j’ai sympathisé avec elle parce qu’elle est jolie, mais c’est dans mes droits. Mais je ne pense pas non plus que tu doives aller parler à Kaga-san ! Si tu veux ignorer quelqu’un, c’est ton droit. Mais tu n’as pas le droit de forcer quelqu’un à le faire. En ce qui me concerne, quand j’ai vu Kaga-san seule, j’ai senti de la compassion envers elle. A cause de ça, je pense que la prochaine fois que je la verrai, je lui parlerai. »

« … C’est vrai ? »

Il était sérieux, il hocha la tête.

La rencontre de Kouko d’aujourd’hui s’était interrompue lorsqu’il lui avait adressée un regard perçant marquant son refus. Cette conclusion ambiguë le faisait se sentir terriblement mal. Elle lui avait laissé un arrière-gout désagréable.

Il n’avait aucunement l’intention de transmettre les informations sur les cours de Yanagisawa à Kouko comme le souhaitait celle-ci, mais c’était parce qu’il voulait donner la priorité à la volonté de Yanassan. D’un autre côté, Banri n’avait rien contre Kouko et il voulait en quelque sorte s’assurer qu’elle sache cela. Même s’il avait été impliqué dans le conflit, même si son ami la haïssait, même si elle ne se souvenait pas de son nom, même si elle ne l’avait même pas remarqué au début, Banri ne la détestait pas pour de telles raisons. Il ne pouvait pas la rejeter.

Comme Yanagisawa l’avait décrit, c’était peut-être simplement parce que Kouko était jolie. Il était possible que la sympathie qu’il ressentait pour elle ne fût due qu’à sa beauté. Mais, supposons— Si le physique de Kouko n’était pas si beau, par exemple, si elle ressemblait à un laideron, même si elle faisait la même chose, Banri n’imaginait pas être amené à la détester. Ou on pourrait considérer qu’il ne voulait pas être comme ça.

Yanagisawa cessa de répliquer. Il était plongé dans un silence renfrogné, fronçant les sourcils en regardant vers le sac rempli de sucreries et de ramen. En disant « Je n’en ai pas besoin », il pourrait s’en aller, mettant ainsi fin à l’amitié qu’ils venaient de bâtir. Si cela arrivait, que ferait-il ? Devrait-il s’excuser ? Quoi d’autre ? Banri regarda d’un air gêné la pointe de ses pieds. Vraiment, il n’avait aucune idée de ce qu’il devait faire. Il n’avait pas l’expérience pour ce genre de situation. Cependant,

« Eh bien, … tu marques un point. Ce n’est pas parce que j’évite Kouko que j’ai le droit de te forcer à le faire. »

Son irritation et sa faim étaient en train de le tirer dans des directions opposées mais apparemment, sa faim avait le dessus.

Ou peut-être qu’il voulait sincèrement conserver son amitié avec Banri.

Yanagisawa haussa les épaules et déclara : « Arrêtons-nous là. Kouko n’est pas un sujet dont nous devrions débattre. » Etait-ce la nourriture gratuite ou plutôt leur amitié ? Peu importe ce qu’il ressentait à ce sujet, il n’y avait aucune raison de se disputer, Banri était d’accord. « Ouais » acquiesça-t-il avant de descendre de son rabouret.

« C’est ce que veut dire être amis. »

Il mit une boite de plat cuisiné à réchauffer au four à micro-ondes dans le sac en vinyle, puis un second.


* * *


Banri aperçut Kouko Kaga devant un stand de recrutement dans le hall du rez-de-chaussée.

On était après la quatrième heure de cours, qui plus est un vendredi, et plusieurs grands groupes de personnes affluaient vers les fêtes de bienvenue pour les nouveaux membres. Tous les stands, qui n’étaient rien de plus que de longues tables alignées, attiraient une fréquentation importante. Il était déjà presque impossible de voir où est-ce qu’un club commençait et où est-ce qu’un autre finissait. Le hall était bondé d’étudiants de toutes les années mêlés ensemble dans cette grande agitation. Tandis qu’ils marchaient distraitement et qu’ils bavardaient, quelques gars marchèrent sur les pieds de Banri. Il cria automatiquement, mais lorsqu’il se retourna, ils n’étaient plus là. Le raffut était tellement assourdissant que la voix de Banri s’évanouit sans laisser de trace.

Au milieu de tous ces étudiants, Kouko était seule aujourd’hui aussi.

Une poche d’air de deux mètres de diamètre environ l’isolait de la foule du vendredi, la laissant seule. Sa tête s’inclina, la nuque blanche de son cou s’exposa, elle était en train de lire les brochures entre ses mains. Pour Banri, elle ressemblait à une fleur épanouie.

Personne ne s’approchait d’elle.

Sous les vieux éclairages fluorescents, comme s’ils arboraient des ténèbres troubles, tout le monde était englouti dans l’ombre, mais Kouko semblait en quelque sorte répandre une douce lumière blanche. Cependant, cette apparence créait une atmosphère qui rendait difficile de lui adresser la parole. Même les gangs de recruteurs fanatiques semblaient garder leurs distances avec elle. Il y avait des hommes qui lui jetaient un coup d’œil tout en passant dans la zone de trois mètres de large autour de la poche d’air, pointant discrètement un doigt vers elle et murmurant. Que ce soit la retenue ou la paralysie, il paraissait à Banri que tout le monde cherchait à éviter "d’être le premier gars à lui parler".

Peut-être qu’elle était simplement trop irrésistible.

Quoi qu’il en soit, ils devaient tous penser qu’elle ne leur répondrait pas, ou qu’elle devait être différent d’eux, ou que de parler avec elle serait inutile. Qu’ils ne seraient pas en mesure de se comprendre. Pour dire la vérité, même Banri pensait un peu la même chose.

Aujourd’hui aussi, l’apparence de Kouko était juste parfaite. Ses doux cheveux bouclés étaient attachés par un bandeau de satin noir du genre de ceux qu’une dame riche pourrait porter. Un chemisier ample jaune clair avec une jupe évasée assortie, des sandales à lanières avec des talons hauts. Son sac en cuir souple était noir bien qu’il n’eût aucun signe d’une marque. Beau visage. Belle silhouette.

En comparaison avec la minirobe rose de la veille, elle avait l’air de vouloir baisser un peu le ton. Mais, comme d’habitude, par rapport aux autres étudiantes, elle pouvait difficilement être plus différente. Se sentant désolé pour elle, se tordant le cou à l’ombre d’un pilier, Banri regardait la taille svelte et bien proportionnée de Kouko. On ne pouvait pas le dire, mais avec les autres personnes passant derrière elle, elle ressemblait à une grue dans une décharge— presque aussi différente qu’une perle l’est d’un groupe de crabes[6] . Presque aussi différente que "La Naissance de Vénus[7]", recevant le sacre des anges et brillant parmi les vagues, l’est d’une grappe de raisins de mer[8] arrangée dans une coquille d’huître et servie par quelqu’un portant des geta[9]. Oui, à peu près autant.

Cela dit, Banri ne se cachait pas afin de l’observer aussi longtemps qu’il le voulait mais plutôt à cause des filles plus âgées du Club de Cérémonie du Thé juste à côté d’elle.

Cette semaine, lui et Yanagisawa avaient fait le tour de tous les clubs qui essayaient de recruter des nouveaux membres, obtenant ainsi toutes sortes de nourriture et de boisson gratuitement. Ils avaient visité le club de tennis, le club gastronomique et le club de publicité ; par curiosité, ils avaient même été jeter un œil à l’immense fête organisée par les clubs d’une autre université… puis ils étaient allés au Club de Cérémonie du Thé.

La fête du Club de Cérémonie du Thé était tout aussi amusante. Mais, avec seulement des femmes, l’ambiance était formidable (Des filles criant « Nee-saan[10], tu sens tellement bon ! » en s’inclinant si bas qu’elles enfonçaient presque leur visage dans l’aine de leurs senpai[11]. Ce n’était pas quelque chose que l’on voyait très souvent…) et, voir les quelques participants mâles réduit à l’esclavage était quelque chose de terrifiant. « Toi là ! Amène le pichet ! » « Toi ! Sers-moi ! » « Hey toi ! Choisis le l’endroit pour l’after-party ! » « Toi ! Coupe le poisson ! » « Hey hey ! Le Club de Cérémonie du Thé n’est pas si ennuyeux ?! » « Gulp… Nee-chan, c’est délicieux ! » C’était ainsi que cela se passait. "L’aide des garçons est accueillie chaleureusement !" "Venez rejoindre le club !" "Travaillons ensemble !" De tels e-mails d’invitation constellés d’émoticônes brillant, pour la plupart envoyé par des ainés de sexe masculin, étaient encore plus effrayants.

Pour cette raison, ne voulant en aucun cas être vu par les filles, Banri se cachait derrière la grande enseigne d’un stand qui était transporté par un groupe qui fort heureusement passait par là. Courbé, il se plaça derrière le mince contreplaqué, se rapprochant de Kouko à petits pas. Pour quelque raison, il y avait des grands et des petits trous dans le panneau juste aux bons endroits.

« Kaga-san, Qu’est-ce que tu fais ? »

« … W, wha… »

Masquant sa nervosité, il fit jaillir son visage de l’un des trous juste assez large pour celui-ci et il passa sa main droite dans un autre trou juste assez large pour sa main. L’avant du panneau affichant un portrait en pied de Ryôma Sakamoto[12] dont le visage et la main avaient été retirés afin de permettre aux gens de poser pour des photos là. C’était toutefois un peu surréaliste de voir Ryôma, transporté dans un angle, s’adresser soudainement à Kouko.

« Aah ! Ouch ! »

Il eut l’impression que sa tête allait s’arracher lorsque le panneau fut déplacé latéralement. Remarquant sa présence, les gars transportant l’objet le réprimandèrent. Ils étaient probablement tous membres du club d’histoire.

Dégageant sa tête et sa main, Banri sortit de derrière l’enseigne. Kouko resta un moment à le fixer du regard, perplexe.

« … Um. »

Mais rapidement, son sourire charmant lui revint. Malgré la brève conversation d’hier qui s’était terminé désagréablement et sa solitude à l’instant, elle sourit gentiment comme pour prétendre que rien de tout cela ne s’était passé.

« Takada-kun. C’est bon si je t’appelle comme ça ? Bonjour ! »

Encore raté.

« Tada, Banri Tada. Comme j’ai vu que tu étais seule, je me demandais ce que tu faisais ici. »

« Oui, oui. Tada-kun. Bonjour ! »

Tandis qu’elle sourirait magnifiquement avec ses lèvres d’un rouge profond, Kouko ne regardait pas du tout le visage de Banri. Elle semblait observer les alentour, cherchant quelqu’un d’autre. Banri supposa qu’elle était probablement en train chercher Yanagisawa. Ce-dernier lui avait dit qu’aujourd’hui, il se rendait à la fête de bienvenue du Club de Recherche Vidéo. Banri était aussi invité, mais tous ces senpai passionnés de films lui laissaient un sentiment oppressant et il avait décidé de faire quelque chose d’autre à la place.

« Si tu cherches Yanassan, il a une réunion aujourd’hui. »

Kouko cligna des yeux et, bougeant seulement ses pupilles, elle regarda finalement le visage de Banri.

« Où ça ? … Même si je demande, tu ne me le diras pas, non ? Tada-kun ? »

Tout en glissant un doigt dans ses cheveux brillants, elle leva un peu son menton. Ses dents blanches scintillaient à travers son sourire figé. Elle passa lentement son regard sur Banri, du haut de sa tête jusqu’à la pointe de ses chaussures avant de remonter. Croisant les bras, elle donnait une impression inhabituelle tandis qu’elle penchait légèrement la tête sur le côté.

« Ou peut-être que tu as changé d’avis ? »

Prenant délibérément beaucoup de temps, elle cligna des yeux encore une fois.

Elle regarda Banri avec un sourire parfait, les yeux fixés sur lui sans bouger.

Mais pas assez pour qu’il ne ressentît de l’hostilité.

« Non, … ça n’a pas changé. »

« Evidemment. »

Par habitude, peut-être, elle repassa ses doigts dans ses cheveux.

Suites à ces gestes uniquement, des pensées comme Elle peut être assez effrayante… venait à l’esprit. Probablement à cause de son expression qui, avec les coins de sa bouche joliment tourné vers le haut, ne dégageait pas la moindre température. Ce n’était ni trop chaud ni trop froid, ni trop sec ni trop humide. Il n’y avait pas non plus la moindre trace de quelque chose d’artificiel dans ses traits. Simplement ce sourire empli du sentiment oppressant d’indifférence qui brillait face à Banri.

Sous la force de ces yeux noirs luisants, Banri ne pouvait subitement plus comprendre pourquoi il avait ressenti de la pitié pour elle la veille. Tandis qu’elle se tenait là, avec sa silhouette se courbant souplement à la taille avec grâce, son sourire et sa tenue chic, n’était-elle pas parfaite ? Il ne pouvait voir ni faiblesse ni défaut. Il avait l’impression que personne en ce monde ne pourrait éclipser Kouko Kaga.

Il avait déjà oublié pourquoi il voulait lui parler et, en déclarant « Bon, je te prie de m’excuser… », il essaya de s’échapper comme une écrevisse maladroite grâce à un pas de côté, mais…

« Ah, Banri Tada ! »

Il fut soudainement pris au dépourvu.

« Qu’est-ce que c’est, à quel nouveau club te rends-tu maintenant ? Se pourrait-il que tu nous trompes ?! »

« On boit encore aujourd’hui ! Tu vas venir, bien sûr, non ? »

Quelqu’un lui avait saisi fermement ses deux épaules et les secouait. Il venait d’être découvert. C’était l’épouvantable duo de filles du Club de Cérémonie du Thé. Leur nom : Sao-chan et Shii-chan. Sao-chan était agressive et Shii-chan relativement distraite en comparaison. Ces filles un peu plus âgées se collaient comme de la glue à Banri au visage d’enfant, qui était facile à vivre et à qui il manquait en apparence bon nombre de qualités masculines secondaires. A vrai dire, ce n’était pas si mal, mais comme on pouvait s’y attendre, ce n’était pas si bien non plus.

« Ah… uwaa… mesdemoiselles… Mes salutations… »

« Il n’y a pas de "salutations" qui tiennent ! Espèce d’enfant gâté ! »

En tout cas, c’était assez effrayant. Tandis qu’elle tapotait les côtes de Banri, Sao-chan lui demanda :

« Alors, pourquoi n’as-tu toujours pas décidé de t’inscrire dans notre club ? Et aussi, ne vas-tu pas répondre aux e-mails de nos garçons ? Ils pleuraient de n’obtenir aucune nouvelle ! Hmm ? »

« Oha ! »

Shii-chan inséra lentement le bout d’un stylo dans l’orifice de son oreille. Le dos de Banri était sur le point de rompre, Aah, s’il vous plait, arrêtez… Il était sur le point de rejoindre le Club de Cérémonie du Thé lorsque :

« Ah, désolé. Tu as de la compagnie. »

Apparemment, Sao-chan et Shii-chan venaient tout juste de remarquer la présence de Kouko qui les observait avec la tête légèrement inclinée.

Libérant Banri, elles échangèrent un coup d’œil avant de se tourner une nouvelle fois vers Kouko. Avec son éternel sourire sans défaut, Kouko attendait les présentations en gardant sa bouche close comme un chien bien dressé. Les deux autres filles échangèrent un autre regard et annoncèrent, « Bon, alors, envoie un message si tu en as envie », « A plus tard, Banri Tadaa ». Elles lui firent lentement signe de la main puis elles partirent.

Banri, qui n’avait aucunement l’intention de rejoindre le Club de Cérémonie du Thé, avait été sauvé par Kouko.

« … Qu’est-ce que c’était à l’instant ? Je me le demande… »

Le ton de son murmure ne ressemblait pas à un monologue.

Kouko plaça son doigt mince sur le côté de son menton, prenant un air interrogateur tandis qu’elle se tournait légèrement vers Banri.

« Hey Tada-kun, qu’est-ce que tu en penses ? A propos de ça. »

« Hein ? C’était… »

Juste en face de lui, Kouko le regardait à bout portant et, encore une fois, il déglutit en pensant C’est sûr, elle à un beau visage ! Malheureusement, son regard en lui-même ne paraissait pas avoir changé.

« Euh, c’était deux filles du Club de Cérémonie du Thé, je crois. »

« Je ne parlais pas de ça. »

« Elles s’appellent Sao-chan et Shii-chan. »

« Je ne veux pas non plus connaitre leur nom de scène. »

Kouko secoua lentement la tête en se rapprochant encore plus. Puis, pour une raison quelconque, elle baissa d’un ton.

« … Pourrais-tu me répondre honnêtement ? Mettons Mitsuo de côté pour l’instant, je voudrais vraiment savoir… »

Hein ? Hein ? Une fois de plus, le nez de Banri tressaillit, chatouillé par l’étouffant parfum sucré.

« Tada-kun, depuis la cérémonie d’entrée jusqu’à maintenant, combien de clubs t’ont invité à les rejoindre ? »

Elle portait un parfum de rose encore aujourd’hui— retrouvant sa raison, son cerveau sur le point de fondre quitta la zone rouge. Kouko attendait sa réponse.

« S’il te plait, réponds. Combien ? »

« "Combien", à vrai dire… euh, bah… je suis allé à cinq ou six réunions de recrutement… si l’on compte aussi les fois où j’ai refusé et quand je me suis incrusté dans les afters, humm humm, mais… »

Banri essayait de dissimuler la vérité, bien qu’il ne fût plus un enfant, il était tellement nerveux dans les situations de ce genre, à chercher désespérément dans sa mémoire, mais…

« Le nombre d’invitations, précisément, eh bien… impossible de tous me les rappeler, et ce c’est dur de dire qu’est-ce qui compte en tant qu’invitation, à de nombreuses reprises, ils m’ont juste appelé. »

Depuis la cérémonie d’entrée, les assemblées de recrutement chaotiques n’avaient pas cessé. Dès que les nouveaux étudiants passaient devant les stands des clubs, les senpai leur sautaient dessus comme des hyènes. A eux deux, Banri et Yanagisawa avaient été attrapés à maintes reprises, se retrouvant avec des tracts enfoncés dans leurs poches et invités à tout va dans des fêtes de bienvenue. Ils se devaient au moins d’aller découvrir les endroits qui leur faisaient envie. Toutefois, c’était les clubs provenant d’écoles affiliées ayant déjà des relations avérées qui étaient probablement engagés dans les activités les plus intelligentes et les plus prometteuses.

« … D’innombrables… »

Conservant habilement son sourire, Kouko poursuivit :

« C’est… vraiment "many, many many manyyy" pas vrai… ? »

« Kaga-san… es-tu Ooshiba Ruu[13]… ? »

« Je suis… »

Regardant rapidement de chaque côté, vérifiant que la voie était libre, elle roula les prospectus qu’elle avait dans la main avant d’appuyer le cylindre ainsi formé contre l’oreille droite de Banri. Puis, d’une voix étrangement basse, elle murmura comme si elle confessait quelque chose de honteux :

« Pas un seul. »

C’était comme si son souffle brulait son oreille droite.

Sans montrer la moindre gêne face à l’expression surprise de Banri, Kouko recula, une main sur la hanche. Ses dents blanches étincelaient travers le sourire dessiné par sa jolie bouche. Même si la pose allait avec, son sourire était décidément celui d’une actrice.

« … Je me demande pourquoi ? Pourquoi, pourquoi personne n’ose m’adresser la parole ? »

Ah la la, pensa-t-il.

Elle ne pouvait pas cacher le léger tremblement de sa voix venant de sa tête penchée sur le côté, révélant son incapacité à supporter l’isolement. Du moins, c’était ainsi que le ressentait Banri.

L’état de Kouko irradiait de solitude et la réalité et il prit une fois de plus conscience de la réalité. La vie est trop facile pour les jolies filles !, il se souvint du cri de Yanagisawa. Tout le monde se fait trop facilement duper ! — Vraiment ?

Etais-je en train de me faire duper actuellement ?

Mais, pour l’instant, la vue de cette femme qui était devant lui en chair et en os blessait le cœur de Banri. Cela était sûr et certain.

« Non pas que je sois intéressée par les clubs ! Je ne veux pas être invité. Je n’imagine même pas en rejoindre un si je ne peux pas être avec Mitsuo. Mais, d’une manière ou d’une autre, je suis tellement… Je ne sais pas comment le formuler… En tout cas, depuis que je suis arrivé ici, je suis complètement… »

Si seule, si pathétique. Si,

« … devenue invisible, j’ai l’impression. Comme si j’étais ignoré, c’est ce que je ressens. Et pas seulement par Mitsuo. … Par tout le monde autour de moi. »

Message reçut haut et clair ! Laisse-moi faire ! Les cours de Yanassan, les clubs qu’il va voir, je vais tout te dire, alors vas-y et immisce auprès de lui ! Je te soutiens !— C’est bien comme ça ?

En sympathisant avec la personne devant ses yeux, avait-il simplement été dupé et envouté par son joli visage ? En gros, n’était-il pas juste utilisé comme un moyen pour obtenir Yanassan ?

Où est-ce que Kouko Kaga était réellement abattue par ces jours de solitude ?

Mais même en étant trompé et manipulé, y avait-il un mal à ça ? Quoi qu’il en soit, si sa sympathie envers elle lui faisait révéler des informations sur Yanagisawa, c’est ce dernier qui aurait des soucis. … Je vois, alors c’est pourquoi il est si alerte lorsque Kouko suscite la sympathie d’autrui ? Quant à lui, … que devait-il faire ?

Quant à lui, que voulait-il faire ?

Est-ce mal de montrer de la sympathie ? Est-ce que je ne veux pas être dupé ? Et pourquoi ? Pour le bien de Yanagisawa ?

Sans rien comprendre, il était perdu dans la façon d’exprimer ses sentiments. Banri perdit son regard au loin, la tête vide. La révélation divine, l’inspiration d’un ange gardien, peu importe d’où il venait, mais un message lui indiquant ce qu’il devait faire serait la bienvenue— il avait même de telles pensées irrationnelles. Mais bien sûr, une telle chose ne pouvait pas arriver. Il se devait de réfléchir avec sa propre tête et son propre cœur.

Kouko s’interrogea :

« Suis-je si étrange, je me le demande… »

Elle cacha son visage en se tapant le front avec les brochures dans ses mains. Seule la forme de sa bouche forcée en un sourire était encore visible.

« Je me demande si c’est pour cette raison que même Mitsuo ne veut pas m’accompagner. »

« … Kaga-san, est-ce que… »

Etait-ce une méthode pour lui soutirer des informations sur Yanassan ?

Ou était-ce pour de vrai.

« …cela te brise le cœur. »

« Non. »

Ses lèvres se figèrent en un large sourire, elle n’avait prononcé qu’un seul mot, sans hésitation. Son intonation croissante montrant son indifférence résonna fermement.

Il resta à regarder sa bouche sans réfléchir jusqu’à ce que,

« Ah, tu es intéressé par notre club ? Désolé, désolé, le stand est resté sans surveillance pendant un moment ! »

Quelqu’un souleva les tracts utilisés par Kouko pour se cacher le visage, c’était une femme qui leur adressa un sourire.

Kouko la regarda, surprise, avec des grands yeux. A quoi pouvait bien ressembler son visage derrière ces prospectus, personne ne le saura jamais.

« Vous deux, vous êtes en première année, n’est-ce pas ? Merci pour votre intérêt. Nous sommes un "tout en un", ou pour faire plus simple, le club "des fêtes Hanami[14] pendant le printemps, des fêtes barbecues au bord de la mer pendant l’été, des fêtes dans les feuilles mortes en automne, des fêtes aux sports d’hiver", tout ça sans se prendre la tête. Nous avons des étudiants de plusieurs universités, vous allez vous faire beaucoup d’amis. Je ne suis pas réellement une étudiante d’ici ; je suis une troisième année de l’université pour fille ****. »

Se matérialisant brusquement, la nouvelle arrivante était plus grande que Kouko et Banri. Elle portait un jean mince avec un pull au col en V et, autour de son cou, un collier en argent en forme de flocon de neige. Les cheveux coupés au carré couvrant ses oreilles, une expression joviale, un air pur et rafraichissant, elle ressemblait d’une certaine manière à une animatrice de télévision.

« Vous avez l’air un peu abattu par contre. Qu’est-ce qu’il y a ? Vous êtes OK ? Ah, peut-être que quelque chose est arrivé pendant les recrutements ? »

Elle se tourna anxieusement vers le visage de Kouko. Aussitôt, celle-ci restaura son sourire habituel.

« Loin de là. Je vais bien. Merci beaucoup. »

Avec son attitude princière, elle inclina calmement la tête. Par réflexe, Banri inclina la sienne en même temps.

« Sûre ? Dans ce cas, c’est bon. Si jamais quelqu’un est trop insistant ou vous pose des problèmes, n’hésitez-pas à me le dire, OK ? Il y a apparemment quelques types importuns, le club de tennis à vraiment une mauvaise réputation. J’ai entendu dire qu’ils sont super insistant dans leur recrutement. Quoi qu’il en soit, vous deux, comment vous vous appelez ? »

« Ah, euh, Tada. Banri Tada. »

« Mon nom est Kaga. »

« Je vois, je vois. Tada-kun et Kaga-san, n’est-ce pas ? Êtes-vous allés aux fêtes de bienvenues de certains clubs ? »

« Hein ? Eh bien, euh, oui. »

En voyant Banri hocher la tête, elle poursuivit :

« Ah, je vois ! Où ça, où ça ? Où es-tu allé ? »

La senpai du "club tout en un" le bombardait de questions. Banri voulut lui donner une réponse honnête en les énumérant tous, mais,

« Ah, j’ai une idée ! »

Avec un sourire chaleureux, elle frappa dans ses mains et dit en l’interrompant :

« Si vous êtes d’accord, on pourrait peut-être en discuter autour d’un thé ? Je veux dire, c’est juste que j’ai soif maintenant, à force de passer ma journée dans ce stand à demander "Êtes-vous en première année ?", je suis crevée ! Je ne serais pas réprimandée si je sèche tant que je sors avec des premières années, pas vrai ? Haha, les endroits près de la gare comme le Doutor[15] sont toujours horriblement bondés, mais est-ce que vous saviez qu’il y a aussi un petit café agréable et peu connu ? Non, hein ? Et que leur café au lait est servi dans un bol à café au lait ? D’ailleurs Tada-kun, tu sais ce que c’est ? Un bol à café au lait ? »

« … Hein ? Eh bien, non… je ne sais pas. »

« Vraiment— tu loupes quelque chose, mais moi, j’aime vraiment le café et— bah, la plupart des filles sont pareil, j’imagine. »

Elle lui donna une petite tape sur l’épaule puis elle tourna gaiement son sourire vers Kouko.

« Les filles comprennent, pas vrai ? »

« Hein ? »

« Un bol à café au lait ! Tu vois ce que je veux dire, pas vrai Kaga-san ? »

« E… eh, oui… »

« Bien alors, c’est décidé ! C’est parti ! »

Soudainement, comme si elles étaient de vieilles amies, elle attrapa intimement la main de Kouko. Visiblement un peu surprise, Kouko baissa les yeux vers sa main, mais avant qu’elle n’eut pu ouvrir ses lèvres bien formées pour dire un mot,

« Tiffany ?! »

La senpai poussa un cri perçant. La soudaine élévation de sa voix avait dû être accablante : les longs cils de Kouko battirent et son menton rentra un peu.

« Impossible, impossible, ehhh, c’est une bague sublime ! C’est un diamant, n’est-ce pas ?! Ça vient de chez Tiffany[16] ?! »

« … Euh, eh bien, mais… En quelque sorte, je pensais que c’était un peu flashy de la porter à l’école, mais, euh, mais main… »

« Hein, et pourquoi ? C’est complètement OK, ce n’est pas du tout excessif ! C’est OK OK OK ! Je veux dire, ça te va incroyablement bien, et quand je l’ai vue il y a pas longtemps, j’en voulais une aussi ! Je veux dire, si j’en avais une, je la porterai à l’école quoi qu’il arrive, et même au travail après les cours. Quel est l’intérêt d’en avoir une si tu ne la portes pas ! C’est OK, laisse-moi la voir de plus près ! Ah, elle est aussi belle que je l’imaginais ! »

Dans la position où elles se trouvaient, c’était presque avec une force brute qu’elle tira Kouko à sa suite et qu’elles partirent. « Et si cette senpai veut me prendre la main avec autant de force… », mais les inquiétudes de Banri se révélèrent sans fondement. Elle se contenta de lui crier : « Sors par l’entrée là-bas ! »

« Oh, ne vous inquiétez pas, c’est moi qui régale ! C’est normal puisque je suis celle qui vous invite ! Entre autre, je peux aussi vous dire tout ce que je sais à propos des cours ! »

… Se pourrait-il que les détails sur nos cours se soient répandus jusqu’aux étudiants des autres universités ?

Banri était abasourdie, mais malheureusement, en tant que nouvel étudiant plein d’entrain, il se devait de l’accepter.

« Je m’en souviens encore, quand nous étions en première année, nos ainés nous ont appris de cette façon aussi. Ah, j’ai en quelque sorte loupé l’atmosphère dynamique du printemps ! L’ambiance de la saison, il y a quelque chose de spécial dans l’air ! Ne le sentez-vous pas tremblant d’excitation ? »

Oui, l’air tremble d’excitation, il devait juste sourire et hocher la tête dans cet état d’esprit— c’était l’impression qu’il avait alors il le fit.

Tandis que l’étudiante plus âgée la tirait par la main comme si elle était une petite fille, Kouko se retourna pour regarder Banri qui suivait derrière. Avec ce seul regard, même Banri comprit que Kouko était confuse. Banri était lui aussi troublé, vraiment troublé. Cette senpai, après sa soudaine apparition, lui donnait un sentiment étrangement déplaisant. Elle était agréablement enjouée, bavardant de ci et ça, mais après tout, il ne pouvait pas réellement comprendre ses intentions. Il n’avait aucune idée d’où et de pourquoi elle les entrainait avec elle.

« Eh bien— peu importe. Allons voir », articula Banri tout en hochant un peu la tête en réponse au coup d’œil de Kouko.

Accompagné de Kouko Kaga, dans un café, écoutant ce que dirait leur senpai. Il avait le sentiment qu’il ne rencontrerait plus jamais de situation aussi curieuse. Rare, c’était rare. Il n’aurait jamais pu l’inviter naturellement à prendre un thé de lui-même. De plus, cette mystérieuse senpai était plutôt jolie.

En outre, et plus important d’ailleurs, c’était la première invitation de Kouko dans un club. C’est l’opportunité longuement attendue, alors tu devrais être ouverte pour ça, pensa Banri.

Bien sûr, Banri ne connaissait pas les véritables pensées de Kouko.

Elle se sentait probablement seule, cette situation où personne ne lui adressait la parole était probablement une épreuve douloureuse pour elle.

Mais c’était peut-être un mensonge, peut-être qu’elle n’était pas réellement seule et qu’elle arborait ce visage, qu’elle utilisait cette voix, uniquement dans le cadre de sa stratégie visant à soutirer l’emploi du temps de Yanagisawa à Banri. Tant que Yanagisawa n’était pas dans l’un d’eux, être invité ou non par des clubs n’étaient pas un problème pour elle. Être ignoré par quelqu’un d’autre que Yanagisawa ne la dérangeait probablement pas.

Quoi qu’il en soit, si jamais elle me trompe, il en sera ainsi, pensa Banri. Détestée et évitée par Yanagisawa, et avec tout le monde gardant ses distances, la Kouko solitaire avec son regard abattu inspirait la compassion. Que ce soit un mensonge ou la vérité, aussi longtemps que Banri verrait Kouko comme ça, sa poitrine continuerait à le faire souffrir.

Il pouvait vivre en étant dupé. D’une manière ou d’une autre, Banri voulait faire quelque chose au sujet de la solitude de Kouko. Mais céder des informations privées sur Yanagisawa était hors de question.

Si cela pouvait aider, alors il irait jusqu’au bout de cette étrange ballade. Tirant Kouko par la main tout en jetant des coups d’œil en arrière pour vérifier si Banri suivait, la senpai les entraina hors du bâtiment universitaire.

C’était ainsi, en étant invité dans un club, en écoutant les ainés, ou même en se rendant aux fêtes des clubs, qu’ils pouvaient se faire de nouveaux amis, en mettant de côté s’ils voulaient ou non rejoindre le club de manière officielle. Même pour Kouko, un coup d’œil dans ce nouveau monde pourrait s’avérer bénéfique.

On pouvait appeler ça une intervention égoïste, et c’en était très certainement une.

Mais, même si pour Kouko, tout ça n’est rien de plus qu’une intervention égoïste indésirable, c’est de sa faute d’avoir suscité la sympathie d’un simple idiot comme moi.

Quoi qu’il en soit, pour le moment, Banri comptait tout donner pour sauver Kouko de sa solitude.



Notes de traduction[edit]

  1. Ajishio : Marque de sel.
  2. 1K, 1DK : Un "1K" désigne un appartement une pièce avec une cuisine séparée. Un "1DK" est un logement plus grand avec une chambre et une seconde pièce faisant office de salle à manger/cuisine.
  3. Calorie Mate : marque de compléments alimentaires.
  4. Satou Food Co est une entreprise spécialisé dans le riz cuisiné. Un de leurs produits, appelé "Repas de Satou" (サトウのごはん) a gagné en popularité principalement parmi les personnes vivant seules ou sans enfants en raison de sa facilité et de sa rapidité de préparation.
  5. Grande surface japonaise.
  6. L’auteur fait ici référence aux Atergatis floridus, une espèce de crabes très venimeux présent au Japon. Aucun antidote n’est connu à ce jour.
  7. La Naissance de Vénus : Tableau peint en 1485 par l’artiste italien Sandro Botticelli
  8. Raisins de mer : Algues en forme de grappes de raisins miniatures utilisées dans la cuisine japonaise.
  9. Geta : Chaussures traditionnelles japonaises.
  10. Nee-san/Nee-chan : littéralement, grande sœur.
  11. Senpai est le terme japonais utilisé pour désigner un ainé au sein d’une hiérarchie (dans le cas présent, senpai réfère à un étudiant plus âgé). L’inverse, Kouhai, désigne un cadet.
  12. Ryôma Sakamoto
  13. Ooshiba Ruu (ルー大柴) est un acteur et comédien japonais célèbre pour utiliser "many, many many manyyy" dans ses répliques. Many signifiant beaucoup en anglais.
  14. Hanami
  15. Doutor Coffee : franchise japonaise de cafés.
  16. Tiffany & Co : entreprise américaine de joaillerie.


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