Chrome Shelled Regios:Tome 1 Chapitre 3

From Baka-Tsuki
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Chapitre 3 : Entraînement[edit]

Enfin je me suis installé. Comment vas-tu là-bas ? C’est frustrant que les Cités ne puissent maintenir le contact que par courrier. Ce serait bien si l’on pouvait simplement s’appeler, mais comment faire tenir une ligne entre les Cités. Et même si c’était faisable, elles trébucheraient sur les câbles.

Franchement, je suis fatigué. Je me suis habitué au nettoyage de la Machinerie bien que ça me pose encore des problèmes. J’imagine que je m’habituerai aussi, tôt au tard, à ces horaires irréguliers. Pour l’instant, je dois tenir le coup.

Au niveau de l’école, ça peut aller. Mais comme je n’ai jamais vraiment fait travailler ma tête, je n’espère pas grand-chose pour mes notes. Je regrette de ne pas t’avoir écoutée et étudié plus sérieusement. Tu dois être en train de bien te moquer en ce moment. C’est le jeu et je ne peux qu’accepter ton rire. Je le regrette vraiment.

Du jour où j’ai abandonné ma Lame Céleste, je suis redevenu une personne quelconque. Mais c’est difficile de repartir de zéro. Des fois, je trouve que mon ancienne vie était facile et au plus profond de moi j’espère la retrouver. C’est embarrassant. Ni le Maître, ni Sa Majesté ne le permettront. Moi non plus. Abandonner la Voie du Katana était ma façon de leur montrer ma gratitude. Etre pardonné en y renonçant était mon plus grand… Eh ! Qu’est ce que je raconte ? Désolé, oublie tout ça.

Ce ne sont que des excuses. Tout. Je me sens vraiment inutile.

Je n’enverrai pas cette lettre, elle ne vaut pas la peine d’être lue.

« Tu vas bien ? » demanda Mifi.

C'était la pause déjeuner dans la salle de classe et Layfon était affalé sur la table. Il n'avait même plus la force d'aller acheter un sandwich.

Mifi vida la brique de lait et, sans bouger d'un pouce, la jeta. Elle traversa les airs, éclaboussant au passage Meishen, et tomba comme aspirée par la poubelle.

« Mifi,c'est sale ! » protesta la victime.

Mifi l'ignora. Tout en s'essuyant avec son mouchoir, Meishen observait aussi le garçon.

« … Vraiment, ça va bien ? »

« Oui, oui. Ça va »

Layfon, lui même, n'en était pas convaincu et cela se sentait dans ses paroles. La veille, il avait vu les valises sous les yeux de son reflet dans le miroir. Il était un peu abattu.

« Avec ta tête, c'est pas facile à croire »

Naruki venait de revenir avec deux sacs en papier. Elle en déposait un devant lui.

« Tiens. Comme je ne sais ce que tu aimes, j'ai pris au hasard. »

« Désolé du dérangement. Merci. »

« Pas de problème. Par contre, tu n'oublieras pas de me rembourser, hein ? »

Elle souriait tout en ramassant l'argent de Layfon. Elle regarda à sa ceinture et y vit une Dite suspendue au harnais.

« Alors, c'est quoi ? Le boulot à la Machinerie ou bien 'ça' » demanda-t-elle en désignant l'arme.

« Hum. Le travail, ça va. Étonnamment. »

Layfon se redressa lentement, sortit le sandwich du sac et en prit une bouchée. Il était sec et c'était plutôt désagréable. Il planta une paille dans une brique de lait prise dans le même sachet. Mifi l'imita.

« Donc c'est l'entraînement. C'est dur ? »

Les trois jeunes filles s'assirent autour de lui. Il souriait avec amertume et aspira une gorgée pour s'humecter la bouche.

« C'est l'entraînement pour le prochain match inter-sections ? Ça doit être épuisant. »Opina Naruki.

« Aah ! J'en ai entendu parlé mais j'ai oublié. C'est quoi au juste ? » Mifi soulevait la même question que Meishen. Naruki commençait ses explications.

Quant à Layfon...

Naruki parle comme une ancienne. Est ce que toutes les femmes-soldats parlent ainsi ?

En y repensant Layfon n'avait rien entendu de ce que ce qui s'était dit autour de lui.

« j'ai déjà parlé des matchs par sections. Ils servent à déterminer le rang de chacune. Meilleur il est et meilleure est la place qu'occupera la section dans la Compétition des Arts Militaires. »

« C'est une bonne chose ? »

« Bien sûr. Cela montre que tes compétences sont reconnues. De plus tu peux réellement venir en aide aux habitants de la Cité. C'est quelque chose dont les Pratiquants des Arts Militaires peuvent être fier. »

La façon dont elle présentait le sujet semblait n'avoir aucun rapport avec celui-ci.

« Ce n'est pas dangereux ? Moi, je ne ferais pas un truc aussi dangereux. »

« C'est parce que tu ne vois pas ça du point de vue des Pratiquants. Par exemple, si tu devais gérer un magazine, tu ferais tout pour qu'il se vende bien. N'est ce pas ? »

« Oh, je vois. »

« Et toi, Meishen, tu donnerais ton maximum pour ta pâtisserie, non ? »

« … Oui »

Elles comprenaient toutes les deux maintenant.

« Avoir de bonnes notes dans ta spécialité n'est pas seulement une question d'honneur, c'est aussi une évaluation de ton niveau. En terme de stratégie tu dois absolument connaître tes propres forces. Comme qui est le plus compétent, quelle section fonctionne bien, ce genre de chose. Et le meilleur moyen d'acquérir cette connaissance est de simuler des situations réalistes de conflit, d'où les matchs inter-sections. »

« Donc c'est pour savoir qui est le plus fort ? On dirait un truc de gamins. »

Layfon ne pouvait s'empêcher d'être d'accord avec Mifi. Et repensant à sa participation à ces combats insensés, il ne put avaler sa bouchée.

« Ces matches ne vont pas jusqu'au KO. Ce sont des contre-la-montres, qui permettent de juger de l'efficacité d'une équipe même si certaines attachent aussi de l'importance à leur nombre de victoires. De plus les sections victorieuses touchent une primes de la même façon que tu toucherais une bourse si tu te plaçais régulièrement dans le haut du classement aux tests du Cursus Général. »

« Un sujet qui ne me concerne pas vient d'apparaître. » Mifi gonfla ses joues et les deux autres filles sourirent. Layfon riait aussi.

« Est ce que l'entraînement est vraiment dur ? » Demanda prudemment Meishen, le regard anxieux.

« Humm. Oui... »

Elles le devineraient s'il essayait de le nier, mais c'était quand même assez pitoyable de l'admettre aussi facilement. Aussi il se contenta de marmonner une vague réponse. Les hommes étaient des créatures plein de fierté. Cela l'attrista et il ne put qu'arborer un sourire amer.

« Haa ! Mais comme tu n'aimes pas ça, tu n'as pas besoin de te donner à fond. Tu peux juste faire semblant, si c'est fatiguant. » Conclut Mifi en finissant sa troisième brique de lait. Meishen approuvait de la tête. Seule Naruki fixait avec suspicion Layfon du regard en grignotant silencieusement son sandwich.

Il ne s'entraînait pas parce qu'il aimait ça. C'était la vérité. Il n'aimait plus les Arts Militaires. Non, en fait, il ne les avait jamais aimés. De plus il les avait déjà abandonnés.

Tout comme on ne pouvait remonter le temps, on ne pouvait reprendre ce qui avait été rejeté.

Wolfstein. Le titre que le Président avait utilisé appartenait lui aussi au passé et ne pouvait être récupéré.

Karnian Loss recherchait ce qui ne pouvait être retrouvé.

Et Nina ignorait tout de cela.

« … C'est vrai. »

Layfon reporta son attention sur la salle.

« Au fait... »

« Quoi ? » Lui répondit Mifi, une quatrième portion de lait à la main.

« Tu ne prends que du lait au déjeuner ? »

Mifi admit, rageusement, le besoin de vaincre son manque de maturité physique. Et elle le roua de coups.