Suzumiya Haruhi (fr) : Tome 4 - Chapitre 6

From Baka-Tsuki
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Chapitre 6[edit]

Swish, swish

Un bruit de crissement fouetta à mes oreilles.

Tandis que je reprenais lentement connaissance des ténèbres, mon esprit commença à réfléchir, groggy.

Peut-être était-ce un rêve. De ce que je pouvais me rappeler, ça avait l'air d'un rêve très intéressant. D'habitude, quand vous vous réveillez, vous allez trouver un rêve intéressant pendant environ cinq minutes. Mais quand vous commencez à vous brosser les dents, les détails commencent à devenir flous et le temps que le petit-déjeuner soit prêt, vous l'avez complètement oublié. Le temps que vous le réalisiez, tout ce qui reste dans votre esprit est l'impression que "c'était vraiment un rêve intéressant." J'étais déjà passé par cette expérience de nombreuses fois.

Il y avait aussi des fois où j'avais fait des rêves qui étaient à peine intéressants mais dont les détails étaient clairs comme le jour et restaient gravés dans mon esprit pendant un certain temps. Peut-être s'agissait-il d'expériences oniriques, tout comme cette nuit où j'avais été piégé dans la Dimension Close avec Haruhi, une expérience qui avait réellement eu lieu, mais avait été inconsciemment traitée comme surréaliste.

Ce fut la première chose à laquelle je pensai quand j'ouvris les yeux.

Le plafond était blanc ; je n'étais pas dans ma propre chambre. La lumière du soleil orange translucide teignait les murs, qui étaient aussi blanc que le plafond, de toutes sortes de couleurs, je me demandais si c'était le matin ou le soir.

« Purée. »

Pour un esprit qui avait seulement commencé à s'éclaircir, cette voix semblait aussi plaisante que des cloches d'église le sembleraient à une personne fidèlement religieuse.

« Tu es finalement réveillé. Il semble que tu ais dormi tout à fait confortablement. »

Je tournai la tête pour trouver le propriétaire de la voix. Là était assis le garçon sur une chaise près de mon lit, utilisant un couteau de cuisine pour découper en tranches la pomme dans ses mains. Swish swish- La pelure de la pomme était uniment enlevée et tombait.

« Normalement je devrais dire bonjour mais le soleil est actuellement couché. »

Koizumi Itsuki montra son doux sourire.

Koizumi plaça les morceaux de pomme dans le plateau et plaça celui-ci sur la table de chevet. Il prit ensuite une autre pomme d'un sac en papier et sourit en me disant :

« Fort heureusement tu t'es finalement réveillé. Je ne savais vraiment plus quoi faire. Ah... Tes yeux semblent assez confus. Tu me reconnais ? »

« C'est ce que j'allais te demander. Tu sais qui je suis ? »

« Quelle étrange question. Bien sûr que je le sais. »

Il était facile de dire quel Koizumi celui-ci était, rien qu'en regardant son uniforme.

Il portait un ensemble bleu marine et non le gakuran noir.

C'était l'uniforme du lycée Nord.

Un de mes bras était placé à l'extérieur de la couverture. Au dessus était suspendu un sac de liquide que l'on injectait à l'intérieur de mon bras. Je regardai cette chose et demandai :

« Quel jour sommes-nous aujourd'hui ? »

Koizumi laissa voir une expression qui, tout au moins pour lui, était celle de l'étonnement.

« Est-ce ça la première question que tu poses après t'être réveillé ? Il semble que tu ais une idée de ta situation. Quant à ta réponse, il est maintenant cinq heures passé de l'après-midi du 21 décembre. »

« Le vingt-et-un, hein... »

« Oui, cela fait aujourd'hui trois jours que tu es tombé dans le coma. »

Trois jours ? Coma ?

« Où est cet endroit ? »

« Un hôpital privé »

Je jetai un oeil alentour. C'était une impressionnante salle d'hôpital à lit unique et je dormais dans le lit. Pour moi, être en fait enregistré pour une salle à lit unique, ma famille doit être vraiment riche et je ne l'avais jamais réalisé.

« Un ami de mon oncle se trouve être le directeur de cet hôpital, donc tu as reçu un traitement spécial quand tu fus enregistré ici. »

Il se trouve que ma famille n'est pas riche après tout.

« Eh bien, grâce à l'intervention de l'"Organisation", tu peux rester ici à moindre prix pour une année sans que des questions soient posées. Cela dit, je suis soulagé que ça ne t'ai pris que trois jours pour te réveiller d'ailleurs. Non, non, ça n'a rien à voir avec l'argent. En gros, mes supérieurs m'ont descendu en flammes pour avoir permis que quelque chose comme ça t'arrive alors que tu étais sous ma garde et j'ai même eu à préparer une lettre exprimant mes remords. »

Trois jours avant le 21, c'était le 18. Qu'avais-je fait lors de cette journée ? ...Ah, je me souviens. J'étais à deux doigts de la mort à cause d'une perte massive de sang, et donc ils m'ont envoyés dans cet hôpital... Non attends, quelque chose n'allait pas.

Je regardai anxieusement la robe d'hôpital que je portais, puis plaçai ma main sur la droite de mon abdomen.

Je ne pouvais rien sentir. Normalement une blessure devrait être engourdir au toucher, mais ça démangeait même à peine. Ce serait impossible de récupérer d'une telle blessure en trois jours, à moins que quelqu'un ne m'ait rafistolé jusqu'au bout, de zéro...

« Quelle était la raison de mon hospitalisation ? À cause de mon coma ? »

« Donc tu as oublié. Eh bien, je suppose que je ne peux te blâmer pour ça, puisque tu t'es pris un assez gros coup sur la tête. »

Je touchai ma tête. Tout ce que je pouvais sentir étaient mes cheveux, il n'y avait pas de bandages ni de filet de protection dessus.

« Ce qui est stupéfiant est que tu ne souffrais pas de blessures externes ni d'hémorragie interne. Tes fonctions cérébrales fonctionnaient également normalement. Même le médecin traitant était perplexe. Ils ne savaient pas ce qui n'allait pas avec toi. »

« Mais... » poursuivit Koizumi :

« Nous fûmes témoins de comment tu es tombé dans les escaliers. Ça avait vraiment l'air horrible à ce moment-là. Pour être honnête, je crois que nos visages sont tous devenus bleus. Le bruit de toi t'écrasant au sol était si lourd que je n'aurais pas été surpris si tu étais tombé inconscient pour de bon. Aimerais-tu savoir ce qui s'est passé ? »

« Vas-y. »

Et donc, alors que je descendais les escaliers du complexe de la salle du club, peut-être avais-je trébuché ou dans le genre, j'avais fait une chute en descendant et avais atterri la tête sur le sol. Wham! J'avais ensuite arrêté de bouger.

De la façon dont Koizumi le décrivait, on aurait dit que c'était vraiment arrivé.

« Les choses furent plutôt chaotiques après ça. Nous avons dû appeler une ambulance et t'amener inconscient à l'hôpital. Le visage de Suzumiya-san était tout pâle et c'était la première fois que je la voyais jamais avec cet air. Oh, celle qui appela l'ambulance était Nagato-san. Ce fut son calme qui te sauva la vie. »

« Comment a réagi Asahina-san ? »

Koizumi haussa les épaules et dit :

« Elle a réagi de la façon dont tu pouvais t'attendre. Elle t'a saisi et pleurait sans arrêter de prononcer ton nom. »

« Donc à quel moment le 18 tout ça est-il arrivé ? C'était quel escalier ? »

Je posai mes questions à brûle-pourpoint coup sur coup, puisque le 18 était le jour où le monde avait radicalement changé et j'étais tombé en état de panique.

« Tu as même également oublié au sujet de ça ? C'était pile après midi, juste après que la Brigade SOS ait fini sa réunion. C'est arrivé pile quand tous les cinq étions sur le point de sortir pour acheter quelque chose. »

Acheter quelque chose ?

« Tu n'as même pas de souvenir de ça ? Tu es sûr de ne pas simuler ton amnésie ? »

« Peu importe, continue s'il te plaît. »

Le sourire sur les lèvres de Koizumi devint discret.

« L'ordre du jour de la réunion, hmm, concernait ce que l'on allait faire pour le jour de noël. Suzumiya-san avait dit qu'il y avait une fête pour enfants près de chez elle, et la Brigade SOS voulait y faire une représentation comme invités. C'était pour que la costume de noël d'Asahina-san puisse être mis pour un bon usage. Elle se serait habillée en magnifique fille noël et aurait distribué des cadeaux aux enfants. Ce joyeux événement avait été entièrement organisé par Suzumiya-san."

Nous y re-voilà ; cette fille peut être tellement imprudente !

« Cependant, il n'aurait pas été réaliste de n'avoir qu'une fille noël. Donc Suzumiya-san a décidé de laisser un des membres se déguiser en renne et porter Asahina-san sur scène. Pour finir, nous avons dû tirer à la courte paille... Qui a été le chanceux gagnant, d'après toi ? Tu t'en souviens maintenant ? »

Je n'avais absolument aucun souvenir de tout ça. Si l'on pouvait se rappeler de quelque chose qui n'existait même pas dans sa mémoire, alors il s'agit d'un impressionnant menteur. Il aurait besoin de faire un examen complet dans un autre hôpital. Je pense qu'il était inutile de parler de ça à Koizumi.

« Ne t'en fais pas, sache juste que tu fus le chanceux. Comme nous devions fabriquer un costume de renne pour toi, nous étions sortis acheter du matériel et ce fut quand nous descendîmes les escaliers que tu tombas. »

« On dirait maintenant que c'était vraiment bête pour moi. »

M'entendant dire ça, Koizumi haussa les sourcils.

« Comme tu marchais à l'arrière, personne n'a vraiment vu comment tu es tombé. Nous t'avons seulement vu tomber sur le côté comme ça. » Koizumi fit la démonstration en laissant délibérément tomber de sa main droite avant de la rattraper avec la gauche : « Au fond, tu es tombé à plusieurs reprises. »

Koizumi continua de peler la pomme.

« Nous nous sommes rapidement précipités vers toi, qui étais devenu immobile. Suzumiya-san a dit qu'elle avait senti qu'il y avait quelqu'un au sommet des escaliers. Elle a vu la jupe de quelqu'un juste à l'angle, mais elle a disparu par la suite. Je trouvai ça également étrange donc je fis quelques recherches. À ce moment, il n'y avait personne d'autre que nous dans ce bâtiment. Même Nagato a secoué la tête. Cette fille a juste disparu comme un fantôme. Nous avons attendu tout ce temps que tu te réveilles pour pouvoir te demander qui était celle qui t'a poussé... »

Je ne me rappelais pas de ça. À ce moment, j'étais sûr que ce serait la réponse la plus appropriée. C'était juste un accident normal. J'avais été négligent, tout ce que je pouvais dire est : pas de chance pour moi. Je suppose que je vais m'en contenter.

« Tu es le seul à être venu me rendre visite ? »

Où était Haruhi ? J'avais voulu le demander, mais pour finir ne le fis pas. Cependant Koizumi gloussa encore et dit : « Tout ce temps tu as regardé autour de toi. Est-ce que tu cherches quelqu'un ? Ne t'inquiètes pas, nous avons pris des tours pour veiller sur toi. Avant que tu n'ouvres les yeux, il y avait toujours quelqu'un à tes côtés. Je crois que c'est à peu près l'heure où Asahina-san arrive. »

J'étais perturbé par le regard de Koizumi ; il me regardait comme s'il avait rencontré un ami qui avait vraiment cru à son poisson d'avril et était interloqué. Qu'essayait-il d'insinuer ?

« Oh, rien vraiment. Je me sentais juste envieux de toi. Tu pouvais dire que ceux là étaient envieux de voir tes yeux. »

Pourquoi dis-tu ça à un patient qui a été frappé à la tête ?

« Pendant que nous membres réguliers faisions des rotations pour veiller sur toi, le Commandant voit ça comme une partie de ses responsabilités de s'occuper de la sécurité de ses membres... »

Koizumi enleva élégamment toute la peau de la pomme puis la sculpta en forme de lapin avant de la placer sur le plateau sur la table de chevet.

« Suzumiya-san était ici tout le temps, depuis trois jours, elle n'a jamais quitté cet endroit. »

Je me tournai vers l'autre côté du lit que montrait du doigt Koizumi.

« ... »

Et elle était là.

Haruhi était étroitement enveloppé dans un sac de couchage, sa bouche béait légèrement tandis qu'elle piquait un roupillon, absente.

« Nous étions tous inquiets pour toi, à la fois elle et moi. »

Il avait l'air tellement triste ; on se serait cru dans un soap opera.

« Tu aurais du voir à quel point Suzumiya-san semblait bouleversée... Non, nous allons laisser ça pour la prochaine fois. Quoi qu'il en soit, n'y a t-il pas là quelque chose que tu as besoin de faire tout de suite ? »

Pourquoi tout le monde aime t-il me commander !? Asahina-san (grande) était comme ça, maintenant même ce Koizumi... Mais je ne le leur en tenais pas rancune. Et je n'en ai rien à faire si toutes ces pommes coupées en rondelles par Koizumi étaient une offrande à une quelconque divinité.

« Ouais. » dis-je.

J'avais vraiment envie de dessiner sur son visage. Peut-être que la prochaine fois, j'aurai tout le temps de faire ça.

Je me levai bien droit et tendit mon bras pour toucher son visage qui avait l'air apparemment en colère.

Ses cheveux n'étaient cependant pas assez longs pour faire une queue de cheval. Je me sentis rapidement nostalgique de ses longs cheveux. Comme pour m'embêter, ses courts cheveux sombres commencèrent à bouger.


Haruhi s'était réveillée.


« ...Umm...hmm ? »

gémit Haruhi pendant qu'elle luttait pour ouvrir les yeux et le temps qu'elle réalise qui lui pincait le visage...

« AH !? »

Elle essaya d'un coup de bondir sur ses pieds, mais échoua misérablement car elle avait oublié qu'elle s'était enfermé à l'intérieur du sac de couchage et donc elle roula et rampa comme une sorte de ver. Finalement elle réussit à se libérer elle-même, passa à pointer un doigt vers moi et commença à me maudire :

« Bordel Kyon ! Pourquoi ne pouvais-tu pas m'informer la première avant de me réveiller !? Je n'étais même pas préparée mentalement ! »

Sur le champ c'est demander l'impossible. Cependant, te voir crier et maudire était pour moi plus efficace que n'importe quel médecine.

« Haruhi. »

« Quoi ? »

« Essuie ta bave. »

Le visage d'Haruhi tressauta pendant un moment, elle frotta rapidement sa bouche, et ensuite me fixa avec cet air renfrogné bien à elle.

« Toi... Tu es sûr de n'avoir rien dessiné sur mon visage ? »

J'étais tenté.

« Pff. Eh bien, n'as-tu rien à dire ? »

Je lui donnai la réponse qu'elle devait attendre :

« Désolé de t'avoir fait t'inquiéter. »

« Eh bien, je suis contente que tu le sois. Après tout, s'inquiéter du bien-être des membres de la Brigade SOS est une des responsabilités d'un commandant ! »

Les jurons d'Haruhi avaient l'air de chants divins. À ce moment, un léger coup fut émis de la porte. Koizumi se leva instinctivement et tira la porte ouverte.

Quand le troisième visiteur se tenant en dehors de la porte me vit :

« Ah, ahh, aaahhhh... »

Elle se mit à faire une série de sons au bruit frénétique. Se tenant là un vase dans les mains, n'était nule autre que l'élève de deuxième année du lycée Nord avec ses longs cheveux, un visage poupin et une silhouette fine mais bien faite.

« Hé... Asahina-san, salut. »

Je n'étais pas sur si je devais dire : longtemps qu'on ne s'est vus ; pour moi du moins je ne pouvais le dire.

« Sniff... »

Des larmes commencèrent à couler des yeux d'Asahina-san :

« Grand merci...oh... mille mercis... »

Je voulais vraiment l'enlacer comme la dernière fois, qui sait, Asahina-san pensait probablement la même chose. Bien qu'elle semblait avoir oublié de poser le vase et se tenait seulement là à pleurer.

« Ne réagis-tu pas de façon un peu excessive ? Il s'est juste cogné la tête et s'est évanoui. Je savais depuis le début que Kyon ne dormirait pas comme ça pour toujours. »

Un sentiment de reconnaissance pouvait se faire entendre dans la voix d'Haruhi et elle poursuivit sans même me regarder :


Koizumi commença à glousser, les larmes géantes d'Asahina-san coulaient sans fin sur le sol tandis qu'Haruhi détournait le visage. Au premier regard, il aurait semblé qu'elle avait l'air furieuse..

« Comme je l'ai déjà mentionné précédemment, la Brigade SOS travaille 365 jours par an sans repos. Personne n'a l'autorisation de prendre un jour de congé. Je n'accepterai jamais une piètre excuse comme se cogner la tête et tomber dans le coma pour un congé maladie, absolument jamais. Tu comprends, Kyon ? Le prix pour avoir déserté pendant trois jours est très élevé. Tu auras une amende ! Pas juste une amende habituelle, mais aussi une amende avec les arriérés en plus de ça ! »

Koizumi commença à glousser, les larmes géantes d'Asahina-san coulaient sans fin sur le sol tandis qu'Haruhi détournait le visage. Au premier regard, il aurait semblé qu'elle avait l'air furieuse.

Je la regardai puis hochai de la tête et haussai mes épaules :

« Très bien alors, en incluant les arriérés de l'amende, combien ai-je besoin de payer au total ? »

Haruhi me fixa, le sourire sur son visage rayonnait si vivement qu'il était dur de croire qu'elle était en colère il y a un moment. C'est vraiment une fille très simple.

À la fin, il fut décidé que je devrai payer l'addition de tout le monde au café pendant trois journées consécutives. Comme je méditais s'il fallait résilier mon dépôt fiduciaire actuel...

« Encore une chose... »

Il y a plus ?

« Ouaip, je n'ai pas encore eu le temps de m'occuper de la compensation pour tout le traumatisme que tu as causé. Ah oui, Kyon, pour la fête de noël, tu pourras te déguiser en renne et éxécuter de spectaculaires acrobaties pour nous. Tu devras jouer jusqu'à ce que tu nous fasses tous rire ! Si c'est trop ennuyant, je vais t'envoyer à coup de pieds dans une dimension alternative ! Tu es également obligé de faire ça pour la fête des enfants. Tu écoutes !? »

Avec un regard aussi brillant que la lumière d'un prisme, Haruhi commença une fois encore à me donner des ordres.


Bien que j'étais maintenant pleinement réveillé, ça ne voulait pas dire que je pouvais être libéré sur-le-champ. Après que le docteur soit venu me voir, je fus envoyé pour être examiné sur toutes sortes de machines, c'était si compliqué et ennuyant qu'on aurait dit qu'ils essayaient de me re-faire en un cyborg. Après avoir passé une journée entière sur toutes sortes de contrôles corporels, j'allais encore passer la nuit dans la salle. Pour moi, ce soir serait réellement ma première nuit à l'hôpital et puisque je n'étais jamais allé à l'hôpital, je pouvais aussi bien faire l'expérience de ce dont ça avait l'air.

Haruhi, Koizumi, et Asahina-san étaient sur le point de partir quand ma mère et ma soeur vinrent me rendre visite. Haruhi semblait très courtoise pendant qu'elle leur parlait, je n'avais jamais su qu'elle pouvait être à ce point polie donc c'était plutôt surprenant.

Tandis que je passai mon temps à discuter avec ma mère et ma soeur, mon esprit fut occupé par diverses pensées.

Si les choses continuaient de la façon dont elles se passaient, qu'est-ce qui arriverait ensuite ? Nagato, Koizumi, et Asahina-san seraient juste de êtres humains ordinaires sans aucune expérience super-naturelle que ce soit. Nagato serait un silencieux rat de bibliothèque du club de littérature, Asahina-san serait une magnifique senpaï inaccessible tandis que Koizumi serait un élève transféré normal étudiant dans une autre école.

Et Haruhi ne serait probablement qu'une lycéenne excentrique.

Peut-être que sous de tels réglages, une histoire intéressante peut également être écrite. Il n'y aurait plus aucune nécessité d'apprendre sur la vérité de ce monde, ni de s'inquiéter des changements causés. Ce serait juste une histoire normale sans aucune connexion avec ce monde dysfonctionnel. Je ne jouerais probablement aucun rôle dans cette histoire. Tout ce que je pouvais faire là-bas était simplement de vivre paisiblement ma vie de lycéen normal et obtenir mon diplôme sans incident.

Dans quel monde serais-je plus heureux ?

Je pense que je connais la réponse à ça maintenant.

C'était uniquement dans ce 'monde actuel' que je pouvais être heureux. Autrement pourquoi aurais-je risqué de perdre la vie juste pour revenir dans ce monde ?

Et pour vous ? Quel monde auriez-vous choisi ? Je suis sur que la réponse serait assez évidente. Ou suis-je le seul qui aurait pensé ainsi ?


Après que ma famille soit rentrée à la maison et que les lumières se soient éteintes, je pus seulement fixer le plafond. Comme je n'avais rien de mieux à faire, je décidai de fermer les yeux.

Pour ces trois derniers jours, c'est-à-dire dans ce monde, on m'a dit que j'avais passé tout ce temps à dormir.

Dans ce cas...

Si le monde était devenu comme ça, ça voulait dire qu'il avait été changé.

Ce monde avait déjà été changé deux fois. Le monde qui était déformé par Nagato avait changé une fois encore pour le monde original comme il est maintenant. Donc qui fit le second changement ?

Ça ne pouvait pas être Haruhi. Pendant ces trois jours, Haruhi n'avait pas de tels pouvoirs, et la Haruhi de ce monde ne savait même pas que le monde avait changé.

Alors, qui cela pouvait-il être ?

Sauvant ma vie en attrapant la lame d'Asakura à mains nues, il ne pouvait y avoir qu'une seule personne avec la capacité de faire une telle chose...

Ça serait Nagato.

À part ça, avant que je ne perde connaissance, j'avais vu deux Asahina-sans. La seconde n'était pas l'adulte Asahina-san, mais ma senpai Asahina-san. Ce n'était nulle autre que la mignonne senpai du futur que je connaissais très bien.

Il y avait une autre personne, la voix mystérieuse qui m'avait parlé près de la fin, je savais que j'avais entendu cette voix avant.

J'essayai de me rappeler de qui il s'agissait, mais très vite je réalisai que je n'avais même pas besoin d'essayer.

C'était ma propre voix.

« Je vois, donc c'était comme ça. »

Dans ce cas...

J'aurais encore à repartir pour cette époque. Le moment devrait être tôt le matin du 18 décembre et j'aurai à y aller avec l'Asahina-san et la Nagato de cette époque.

Ensuite seulement le monde pourrait être restauré à son état actuel.

Asahina-san aurait pour responsabilité de nous ramener moi et Nagato à cette période du temps, tandis que la mission de Nagato était de corriger son soi passé, qui s'était égaré les trois derniers jours. Bien que je ne veuille pas savoir si elle utiliserait les pouvoirs d'Haruhi ou ceux de l'entité consciente d'intégration des données.

Moi aussi avais également un rôle à jouer dans ça.

C'est ce que je pensais en tout cas. Si je n'avais pas entendu ma propre voix parler à l'époque, je ne serais pas là aujourd'hui. Afin de préserver mon existence présente, j'aurais besoin de repartir et de dire la même chose à mon moi passé :

« Désolé pour ça, j'ai mes raisons de ne pas te sauver tout de suite, mais ne me haïs pas pour ça. Après tout, ce fut douloureux pour moi également. Quoi qu'il en soit, nous nous occuperons du reste. Non, je sais déjà quoi faire maintenant, et tu le sauras également. Donc prends un peu de repos pour le moment. »

J'enregistrai à plusieurs reprises ces lignes dans ma tête. C'est ce que j'avais dit si je me rappelai correctement. Bien que je ne puisse garantir que ce serait correct mot pour mot, le sens devrait être le même.

En place du moi qui fut poignardé, celui utilisant la pistolet à aiguille serait mon rôle destiné.

Quant à la raison pour laquelle je ne pouvais pas sauver mon moi passé d'être poignardé par Asakura, je compris également cela. D'après le ton de la voix du moi futur, je n'avais pas l'air de m'être pressé d'arriver; J'avais dû me cacher préalablement quelque part à proximité. Asahina-san et Nagato étaient aussi sorties au signal à l'heure. Ce ne pouvait être ni trop tôt, ni trop tard. Je devais attendre jusqu'à ce que je sois poignardé par Asakura. Pourquoi ça ? À cause de mon moi passé, c'était quelque chose qui était déjà arrivé. Pour citer Asahina-san :

« C'est un événement prédéterminé. »


C'était maintenant la nuit, tard, mais je n'étais pas d'humeur à dormir.

J'attendais. Vous demandez pourquoi j'attendais ? Évidemment, j'attendais la seule personne parmi les gens que je connaissais qui devait encore me rendre visite. Ce serait une blague si elle ne venait pas.

Je me couchai dans le lit et fixai le plafond tout ce temps. Ce ne fut que tard dans la nuit, quand les heures de visite étaient depuis longtemps terminées, que ma patience fut récompensée.

La porte de la salle d'hôpital s'ouvrit lentement, la lumière dans le couloir révéla l'ombre d'une toute petite silhouette sur le plancher.

Se tenait là la silhouette de la dernière personne à venir me rendre visite, Nagato Yuki.

Comme d'habitude, Nagato dit sans aucune émotion :

« Je suis responsable de tout ce qui est arrivé. »

Pour une quelconque raison, je me sentis nostalgique en entendant cette voix calme.

« Ma punition est fixée en ce moment. »

Je levai la tête et demandai :

« Fixée par qui ? »

« l'entité consciente d'intégration des données. »

dit calmement Nagato, comme si tout ça arrivait à la place à quelqu'un d'autre.

Bien sûr, Nagato savait depuis longtemps qu'elle créerait du grabuge le matin du 18 décembre. Parce que j'étais allé rendre visite à Nagato il y a trois ans avec Asahina-san adulte. Elle l'avait su tout le temps et elle avait essayé de son mieux d'empêcher ceci d'arriver. Cependant il n'y avait pas moyen d'arrêter la marée. Parfois, même si tu savais ce qui allait arriver, tu ne pouvais pas simplement y échapper. Non, il était possible de l'éviter...

Je pensai soudainement au comportement et aux manières de Nagato après l'été, qui étaient légèrement différentes d'avant :

« Mais », l'interrompis-je : « Si tu savais que tu allais t'égarer il y a trois ans, tu aurais pu me le dire à n'importe quel moment, non ? Si c'était après le festival scolaire ou avant le tournoi de baseball. Dans ce cas, j'aurais été capable d'agir plus tôt dans ce temps spécifique du 18 décembre. Alors tout ce qu'il aurait été nécessaire de faire aurait été d'appeler tout le monde et de repartir à nouveau il y a trois ans. »

L'expression de Nagato était froide comme la glace, il y avait à peine un sourire :

« Si je te l'avais dit au préalable, le moi égaré aurait encore été capable d'effacer tout tes souvenirs concernant l'incident et de changer le monde. D'ailleurs, personne ne peut garantir que quelque chose qui ne s'est pas passé va jamais se produire; Le mieux que je puisse faire était de te conserver dans ton état actuel quand le 18 décembre arrivait. »

« N'avais-tu pas laissé un Programme d'Évacuation pour moi ? C'était déjà plus qu'assez ! »

Alors que je la remerciais, la colère commença à grandir. Mais je n'étais pas en colère contre Nagato ni contre moi-même.

La voix blanche se répercuta à travers les murs de la salle :

« Je ne peux pas garantir que je ne m'égarerai pas à nouveau dans le futur. Tant que je continue à exister, mes erreurs internes continueront à s'accumuler. C'est une possibilité très dangereuse. »

« BORDEL DE MERDE ! Relaie ce message pour moi. »

M'entendant jurer, la tête de Nagato se pencha en arrière d'environ deux centimètres. Elle cligna même des yeux.

Je me tendis et attrapai son petit bras blanc. Nagato ne résista pas.

« Raconte ça à ton boss, donc écoute attentivement. Si jamais il pense à te faire disparaître, alors je vais tout laisser gravement dégénérer. Je vais te ramener, quoi qu'il arrive. Je n'ai peut-être pas de pouvoirs, mais je suis plutôt bon pour provoquer Haruhi. »

J'avais en effet un atout en provoquant Haruhi. Tout ce que j'avais besoin de faire était de lui dire : « Mon nom est John Smith. »

C'est vrai. Bien que mes pouvoirs étaient tout aussi bons que ceux d'un bon-à-rien inutile, cette idiote d'Haruhi se trouvait posséder d'énormes pouvoirs. Une fois Nagato disparue, je dirais tout à cette fille jusqu'à ce qu'elle me croit. Et alors nous embarquerions pour notre voyage à la rescousse de Nagato; Même si le boss de Nagato l'ensevelissait ou l'éliminait, Haruhi pourrait toujours penser à une façon de renverser la situation, je lui ferais tout du moins réfléchir à une manière d'y arriver. Qui sait, Koizumi et Asahina-san pourraient même donner un coup de main. À ce moment-là, qui se préoccuperait d'une entité de données venant d'un quelconque coin inconnu de l'univers !? Quelle différence cela ferait-il que cette chose existe ou pas !?

Nagato était notre amie. Et si quelqu'un de la Brigade SOS était porté manquant, Haruhi ne laisserait jamais l'affaire reposer. Et ce n'était pas que Nagato, si Koizumi, ou Asahina-san, ou moi devait subitement partir, même de notre propre volonté, cette fille ne nous abandonnerait pas aussi facilement. Elle aurait recours à tout pour nous ramener. C'est Suzumiya Haruhi, l'ambitieuse, la nombriliste, inconsidérée et causeuse de troubles Reine de la brigade SOS pour vous.

Je fixai furieusement Nagato :

« Si ton boss essaye même de faire quoi que ce soit de bizarre, alors je me joindrai à Haruhi et transformerai complètement le monde. Nos créerons un monde similaire à celui de ces trois jours, où tu existes mais pas l'Entité consciente d'intégration des données. Je suis sûr qu'ils seront même plus déçus si ça arrive. Cible d'observation ? Observation mon cul ! »

Ma colère s'intensifia tandis que je parlais :

Je n'avais aucune idée sur la conscience de l'entité d'intégration des données, mais il devrait être plutôt intelligent. Il était probablement un de ceux à pouvoir calculer Pi à cent millions de chiffres après la virgule en seulement deux secondes et faire toutes sortes de combines avancées.

Si cela était vrai, alors j'ai à lui dire quelque chose.

Je suis sûr que ce serait du gâteau pour vous autres de donner à Nagato une personnalité plus humaine. Avant qu'elle ne devienne une tueuse psychotique, Asakura était plutôt populaire en cours, sans parler qu'elle était ouverte et amicale. Elle avait même appelé des camarades de classe pour aller faire des courses ensemble pendant les vacances. Si tu pouvais créer quelqu'un comme elle, pourquoi devais-tu installer Nagato comme une petite écolière solitaire s'asseyant et lisant un livre tout par elle-même dans la salle du club de littérature ? Penses-tu que si sa personnalité n'avait pas été montée de cette façon, alors ça n'aurait pas ressemblé à un club de littérature, qui n'aurait pas attiré l'attention d'Haruhi ? De toute façon, qui avait pris une telle décision ?

À ce moment, je remarquai que je serrai fortement la main de Nagato. Néanmoins, l'interface humanoïde interactive amoureuse des livres ne m'en tint pas du tout rancune.

Nagato regarda simplement droit vers moi, puis hocha lentement la tête :

« Je relaierai le message. »

La voix calme ajouta ensuite doucement :

« Merci. »


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