Difference between revisions of "Suzumiya Haruhi (fr) : Tome 1 - chapitre 4"

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Nagato, comme à l'accoutumée, restait en retrait, vêtue de son uniforme scolaire. Même si elle se considérait comme un membre de la Brigade SOS à part entière, techniquement parlant, elle appartenait toujours au club de littérature. Le fait de l'avoir écoutée me raconter ses propos étranges la nuit dernière me rendait encore plus soucieux quant à son air détaché. À propos, pourquoi portait-elle son uniforme un jour de repos ?
 
Nagato, comme à l'accoutumée, restait en retrait, vêtue de son uniforme scolaire. Même si elle se considérait comme un membre de la Brigade SOS à part entière, techniquement parlant, elle appartenait toujours au club de littérature. Le fait de l'avoir écoutée me raconter ses propos étranges la nuit dernière me rendait encore plus soucieux quant à son air détaché. À propos, pourquoi portait-elle son uniforme un jour de repos ?
   
Alors que le Club des Cinq pénétrait dans le café du coin de la rue et prenait place autour d'une table, la serveuse entreprit de prendre notre commande. Nagato fut la seule à étudier la carte avec attention –le visage toujours dénué d'expression, bien entendu– prenant son temps pour décider. Franchement, le temps qu'il lui a fallut pour choisir ce qu'elle allait boire aurait été suffisant pour cuisiner un bol de ramen !
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Alors que le Club des Cinq pénétrait dans le café du coin de la rue et prenait place autour d'une table, la serveuse entreprit de prendre notre commande. Nagato fut la seule à étudier la carte avec attention –le visage toujours dénué d'expression, bien entendu– prenant son temps pour décider. Franchement, le temps qu'il lui a fallu pour choisir ce qu'elle allait boire aurait été suffisant pour cuisiner un bol de ramen !
   
 
« Un thé aux amandes<!-- je ne suis pas un amateur de thé, donc vous dire si ça existe... --> » dit-elle finalement.
 
« Un thé aux amandes<!-- je ne suis pas un amateur de thé, donc vous dire si ça existe... --> » dit-elle finalement.
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Nous nous séparions en deux groupes. Si l'un des groupes venait à trouver quelque chose de mystérieux, nous devions contacter l'autre groupe par téléphone portable pour ensuite nous rejoindre et décider de la marche à suivre. Une fois tout ceci terminé, un debriefing serait tenu pour faire le point et se préparer pour un approfondissement des recherches.
 
Nous nous séparions en deux groupes. Si l'un des groupes venait à trouver quelque chose de mystérieux, nous devions contacter l'autre groupe par téléphone portable pour ensuite nous rejoindre et décider de la marche à suivre. Une fois tout ceci terminé, un debriefing serait tenu pour faire le point et se préparer pour un approfondissement des recherches.
   
Voilà.<!-- That was all = C'était tout, mais je trouve que ça sonne faut. Sinon on pourrait mettre "Ça s'arrêtait là." ... -->
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Voilà.<!-- That was all = C'était tout, mais je trouve que ça sonne faux. Sinon on pourrait mettre "Ça s'arrêtait là." ... -->
   
 
« Maintenant, tirons les groupes au sort ! »
 
« Maintenant, tirons les groupes au sort ! »
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« Nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il existe à cette période une importante faille temporelle, mais nous ne savons pas pourquoi elle est apparue uniquement dans cette époque en particulier. Ce n'est que récemment que nous avons découvert la cause... désolée, je veux dire récemment par rapport à ma propre époque. »
 
« Nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il existe à cette période une importante faille temporelle, mais nous ne savons pas pourquoi elle est apparue uniquement dans cette époque en particulier. Ce n'est que récemment que nous avons découvert la cause... désolée, je veux dire récemment par rapport à ma propre époque. »
   
« ...Et qu'elle en est la raison ? »
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« C'est à cause de Suzumiya-san. »
 
« C'est à cause de Suzumiya-san. »
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« Elle a dit qu'on devait de nouveau se retrouver à midi, alors on ferait mieux de se dépêcher ! »
 
« Elle a dit qu'on devait de nouveau se retrouver à midi, alors on ferait mieux de se dépêcher ! »
   
Je pris Asahina-san par la main, sachant pertinemment que nous n'avions aucune chance d'être là-bas pour midi à moins d'y aller en courant, et nous filâmes à toutes jambes en direction de la station. Qu'elle réaction pourrait avoir Haruhi si elle nous voyait courir main dans la main ? Je me demande. Je suppose qu'elle deviendrait folle.
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Je pris Asahina-san par la main, sachant pertinemment que nous n'avions aucune chance d'être là-bas pour midi à moins d'y aller en courant, et nous filâmes à toutes jambes en direction de la station. Quelle réaction pourrait avoir Haruhi si elle nous voyait courir main dans la main ? Je me demande. Je suppose qu'elle deviendrait folle.
   
 
« Alors, des résultats ? » nous demanda Haruhi au moment où nous arrivâmes.
 
« Alors, des résultats ? » nous demanda Haruhi au moment où nous arrivâmes.
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« ...Allons-y. »
 
« ...Allons-y. »
   
Je pris les devants, et m'aperçut qu'elle m'avait emboité le pas. Il semblerait que je commence à avoir l'habitude de traîner avec elle.
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Je pris les devants, et m'aperçus qu'elle m'avait emboité le pas. Il semblerait que je commence à avoir l'habitude de traîner avec elle.
   
 
« Nagato, à propos de ce que tu m'as raconté l'autre jour... »
 
« Nagato, à propos de ce que tu m'as raconté l'autre jour... »
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Je lisais beaucoup avant. Quand j'étais à l'école primaire, ma mère avait pour habitude d'emprunter des livres illustrés de la section enfants pour moi. Il y avait toutes sortes de livres, mais je me souviens que tous ceux que j'avais lu étaient vraiment intéressants. Cependant, je n'arrive plus à me rappeler aucun de leur titre. À quelle époque ai-je cessé de lire ? À quel moment la lecture a-t-elle commencé à m'ennuyer ?
 
Je lisais beaucoup avant. Quand j'étais à l'école primaire, ma mère avait pour habitude d'emprunter des livres illustrés de la section enfants pour moi. Il y avait toutes sortes de livres, mais je me souviens que tous ceux que j'avais lu étaient vraiment intéressants. Cependant, je n'arrive plus à me rappeler aucun de leur titre. À quelle époque ai-je cessé de lire ? À quel moment la lecture a-t-elle commencé à m'ennuyer ?
   
Je pris au hasard un livre sur une étagère et en feuilleta rapidement quelques pages, avant de le reposer et d'en piocher un autre. Cela m'aurait pris une éternité pour trouver un bouquin intéressant dans cette mer de livres sans faire aucune recherche. En considérant cela, je me mis à errer au milieu des étagères.
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Je pris au hasard un livre sur une étagère et en feuilletai rapidement quelques pages, avant de le reposer et d'en piocher un autre. Cela m'aurait pris une éternité pour trouver un bouquin intéressant dans cette mer de livres sans faire aucune recherche. En considérant cela, je me mis à errer au milieu des étagères.
   
 
Alors que j'étais parti pour chercher Nagato, je la trouvai en train de lire en face d'une étagère pleine d'épais livres reliés. Elle doit vraiment aimer ce genre de livres !
 
Alors que j'étais parti pour chercher Nagato, je la trouvai en train de lire en face d'une étagère pleine d'épais livres reliés. Elle doit vraiment aimer ce genre de livres !
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Arrête d'exiger des choses impossibles à accomplir !
 
Arrête d'exiger des choses impossibles à accomplir !
   
Une fois que Haruhi eut brutalement raccroché, je rangeai mon téléphone dans ma poche et retourna dans le bâtiment. J'y trouvai Nagato encore debout en train de lire ce qui semblait être une lourde encyclopédie.
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Une fois que Haruhi eut brutalement raccroché, je rangeai mon téléphone dans ma poche et retournai dans le bâtiment. J'y trouvai Nagato encore debout en train de lire ce qui semblait être une lourde encyclopédie.
   
 
La suite fut quelque peu fastidieuse. Essayer de faire bouger Nagato – qui paraissait enracinée dans le sol – me prit pas mal de temps, puis nous dûmes aller à l'accueil pour remplir un formulaire afin d'emprunter le livre. Tout ce temps en ignorant les nombreux appels de Haruhi.
 
La suite fut quelque peu fastidieuse. Essayer de faire bouger Nagato – qui paraissait enracinée dans le sol – me prit pas mal de temps, puis nous dûmes aller à l'accueil pour remplir un formulaire afin d'emprunter le livre. Tout ce temps en ignorant les nombreux appels de Haruhi.
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Finalement, nos activités à l'extérieur prirent fin, après avoir gaspiller notre temps et mon argent.
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Finalement, nos activités à l'extérieur prirent fin, après avoir gaspillé notre temps et mon argent.
   
 
« Je suis épuisée ! Suzumiya-san marchait tellement vite que j'avais du mal à suivre » m'avoua Asahina-san au moment de partir, puis elle me murmura à l'oreille, « Merci d'avoir écouté ce que je t'ai dit aujourd'hui. » Elle inclina alors la tête et sourit timidement.
 
« Je suis épuisée ! Suzumiya-san marchait tellement vite que j'avais du mal à suivre » m'avoua Asahina-san au moment de partir, puis elle me murmura à l'oreille, « Merci d'avoir écouté ce que je t'ai dit aujourd'hui. » Elle inclina alors la tête et sourit timidement.

Revision as of 23:50, 3 September 2008

Chapitre 4

(* = notes à l'éditeur dans la partie discussion)


Qu'est-ce que c'est que cette plaisanterie ? Nous demander de nous rassembler à neuf heures du matin un week-end ! Et pourtant, j'étais quand même en train de pédaler énergiquement en direction de la station. Je suis vraiment irrécupérable !

Située au centre de la ville, la station Kitaguchi faisait office d'important centre ferroviaire, et chaque week-end la place en face de la station était envahie par des jeunes venus faire du lèche-vitrines. À part aller faire un tour dans une ville voisine plus importante, il n'y a pas grand chose à faire dans celle-ci, si ce n'est traîner au centre commercial à proximité de la station. J'ai toujours été étonné que les gens puissent vivre une vie normale dans ce trou avec si peu de choses à faire.

Rangeant mon vélo au hasard en face du mur de la banque, je courus aux tourniquets à l'entrée nord de la station. Il restait encore cinq minutes avant l'heure fixée, mais tout le monde était déjà là.

Haruhi tourna alors la tête vers moi et dit :

« Tu es en retard ! Tu dois être pénalisé ! »

« Mais il n'est pas encore neuf heures. »

« Même si tu n'es pas en retard, le dernier arrivé doit être puni. C'est la règle ! »

« Comment ça se fait que je n'ai jamais entendu parler de cette règle auparavant ? »

« Parce que je viens de l'inventer ! »

Vêtue d'un T-shirt à manches longues et d'une mini-jupe en jeans, Haruhi semblait être de bonne humeur.

« Tu vas devoir payer à boire à tout le monde. »

Plaçant ses mains sur ses hanches avec aisance, Haruhi paraissait plus abordable que lorsqu'elle affichait sa hargne habituelle. Incapable de répondre, je n'eus pas d'autre choix que d'obéir à son commandement et conduisis tout le monde à un café avoisinant.

Asahina-san était vêtue d'une robe sans manches blanche, avec un gilet bleu clair par-dessus. Ses longs cheveux ondulés étaient attachés en arrière par une broche. Chacun de ses mouvements les faisait légèrement rebondir, ce qui la rendait adorable. Son sourire lui donnait un air de jolie jeune demoiselle cultivée. Même son sac à main était tendance.

Debout à côté de moi, Koizumi portait une veste par-dessus une chemise rose, accompagnée d'une cravate rouge vif, lui donnant une allure très sérieuse. Bien que j'en fusse irrité, je devais admettre qu'il avait l'air plutôt cool, ajouté au fait qu'il était plus grand que moi.

Nagato, comme à l'accoutumée, restait en retrait, vêtue de son uniforme scolaire. Même si elle se considérait comme un membre de la Brigade SOS à part entière, techniquement parlant, elle appartenait toujours au club de littérature. Le fait de l'avoir écoutée me raconter ses propos étranges la nuit dernière me rendait encore plus soucieux quant à son air détaché. À propos, pourquoi portait-elle son uniforme un jour de repos ?

Alors que le Club des Cinq pénétrait dans le café du coin de la rue et prenait place autour d'une table, la serveuse entreprit de prendre notre commande. Nagato fut la seule à étudier la carte avec attention –le visage toujours dénué d'expression, bien entendu– prenant son temps pour décider. Franchement, le temps qu'il lui a fallu pour choisir ce qu'elle allait boire aurait été suffisant pour cuisiner un bol de ramen !

« Un thé aux amandes » dit-elle finalement.

Peu importe ce que tu commandes de toute façon, puisque c'est moi qui paye.



Haruhi fit les propositions suivantes :

Nous nous séparions en deux groupes. Si l'un des groupes venait à trouver quelque chose de mystérieux, nous devions contacter l'autre groupe par téléphone portable pour ensuite nous rejoindre et décider de la marche à suivre. Une fois tout ceci terminé, un debriefing serait tenu pour faire le point et se préparer pour un approfondissement des recherches.

Voilà.

« Maintenant, tirons les groupes au sort ! »

Haruhi sortit cinq cure-dents du porte cure-dents, puis à l'aide d'un marqueur emprunté à la serveuse, fit une marque sur deux d'entre eux. Elle les serra ensuite dans sa main pour nous permettre de piocher.

J'en tirai un marqué ; Asahina-san également, qui déclara en fixant son propre cure-dent : « Eh bien, drôle de combinaison, hein... »

Pour je ne sais quelle raison, Haruhi nous jeta un regard glacial, puis s'écria : « Kyon, écoute bien, ce n'est pas un rendez-vous ! Sois sérieux, compris ? »

« Je le sais bien ! »

Mes pensées avaient-elles transparues ? Quoi qu'il en soit, c'est chouette ! Je jubilais intérieurement en voyant Asahina-san les yeux rivés sur son cure-dent rougir furieusement. Oh oui !

« Que recherchons-nous exactement ? » demanda nonchalamment Koizumi, pendant que Nagato buvait son thé avec méthode.

Après avoir avalé la dernière goutte de son café glacé, Haruhi ramena délicatement ses cheveux derrière ses oreilles.

« Tout ce qui vous paraît suspect. N'importe quoi ou n'importe qui ayant l'air bizarre. Nous cherchons aussi des portails qui pourraient mener à des dimensions alternatives ou des aliens déguisés en humains. »

Je faillis recracher le thé à la menthe que j'étais en train de boire. C'est curieux, pourquoi Asahina-san affiche-t-elle la même expression ? Bien entendu, Nagato reste la même, comme à son habitude.

« Je vois » dit Koizumi.

Tu es vraiment sûr d'avoir tout compris ?

« En fait, tout ce que nous avons à faire c'est de chercher des aliens, des voyageurs temporels et des êtres psioniques aux pouvoirs surnaturels, ainsi que les traces qu'ils ont laissées derrière eux sur terre. Je comprends parfaitement » conclut gaiement Koizumi.

« Absolument ! Tu es vraiment quelqu'un de brillant, Koizumi-kun ! C'est exactement ça ! Kyon, tu devrais prendre exemple sur lui ! »

Arrête de nourrir son ego ! Agacé, je portai mon regard sur Koizumi qui se contenta de sourire et de hocher la tête.

« Très bien ! On y va ! »

Haruhi me tendit alors la note avant de sortir à grands pas du café.

Même si je l'ai déjà dit bon nombre de fois, je le répète une fois de plus :

« La vache ! »



Et souviens-toi, ce n'est pas un rendez-vous ! Si je te trouve en train de prendre du bon temps avec elle, je te tue ! déclara par la suite Haruhi, alors qu'elle s'éloignait avec Koizumi et Nagato. Nous nous mîmes en route respectivement vers l'est et l'ouest. Je ne sais toujours pas ce que nous sommes supposés chercher.

« Qu'est-ce qu'on fait ? »

Asahina-san se tourna vers moi, serrant son sac dans ses mains. Je voulais rentrer chez moi tout en sachant que c'était impossible. Du coup, je fis mine de réfléchir un instant avant de répondre : « Ça ne sert à rien de rester planter là, allons faire un tour. »

« D'accord. »

Asahina-san déambulait à mes côtés avec obligeance. Elle hésitait quant à marcher coude à coude avec moi. Chaque fois qu'elle touchait accidentellement mon épaule, elle reculait timidement. Elle paraissait tellement innocente. Nous suivîmes un chemin au bord de la rivière et nous dirigeâmes sans but vers le nord. Si nous étions venus un mois plus tôt, nous aurions pu apprécier la floraison des cerisiers, mais actuellement c'est juste une simple promenade sur la berge.

Ce lieu étant populaire pour les promenades, nombreux étaient les familles et les couples qui flânaient çà et là. Quiconque n'étant pas au courant aurait pu penser que nous étions un jeune couple, et non un groupe à la recherche de phénomènes mystérieux.

Le regard dirigé vers la berge, Asahina-san murmura doucement pour elle-même : « C'est la première fois que je fais une promenade comme ça. »

« Comment ça ? »

« ...C'est à dire, seule avec un garçon... »

« C'est étonnant. Se pourrait-il que tu ne sois jamais sortie avec quelqu'un auparavant ? »

« Non... »

Je me tournai vers Asahina-san dont les doux cheveux ondulaient avec légèreté au gré du vent et demandai : « Hé bien ! Mais tu as dû recevoir un paquet de demandes, non ? »

« Hmm... »

Asahina-san baissa timidement la tête. « Mais ça ne peut pas marcher. Je ne peux pas m'impliquer dans une relation avec quelqu'un, du moins pas à cette époque... »

Elle se tut soudainement. Alors que j'attendais qu'elle poursuive, trois joyeux couples nous dépassèrent.

« Kyon-kun... »

J'étais déjà en train de compter le nombre de feuilles qui étaient tombées dans la rivière quand Asahina-san m'adressa la parole.

Elle me regarda d'un air déconcerté puis, rassemblant son courage, déclara : « J'ai quelque chose à te dire. »

Ses grands yeux ronds révélaient une forte détermination.



Nous nous assîmes sur un banc près des cerisiers en fleurs et pendant un certain temps, Asahina-san garda le silence. La tête baissée, elle marmonnait : « Par où commencer ? Je ne suis pas douée pour expliquer les choses. Il ne me croira peut-être pas. »

Elle releva finalement la tête et commença à parler d'un ton quelque peu embarrassé : « Je n'appartiens pas à cette époque. Je viens du futur. Je ne peux pas te dire de quelle époque je proviens, ni de quel plan spatio-temporel. Je n'en serais pas capable de toute façon, même si je le voulais. Transmettre des informations concernant le futur à une personne du passé est strictement prohibé ; c'est pour cette raison que j'ai été contrainte de passer par un conditionnement mental très strict avant d'embarquer à bord de la machine à remonter le temps. Si j'essayais de te révéler une chose sensée rester secrète, ma mémoire concernant cette information serait instantanément scellée. »

Asahina-san respira un grand coup et poursuivit : « Contrairement au flux régulier d'une rivière, le temps est composé de différents plans en deux dimensions. »

« Tu m'as perdu dès le début. »

« Eh bien, voyons, essaye de voir ça comme un dessin animé. Quand tu regardes un dessin animé, tu vois les personnages bouger avec fluidité, mais en réalité, ils sont tous créés à partir d'une succession d'images fixes. De la même façon, le temps est aussi une version digitalisée. Mais tu comprendrais peut-être plus facilement si je me servais d'une succession d'images fixes comme exemple. »

« Entre un plan et un autre, il y a ce qu'on appelle des failles temporelles. Elles existent, bien que leur fréquence soit proche de zéro ; ainsi, il n'y a aucune continuité entre deux plans temporels. Le voyage dans le temps consiste à se déplacer en trois dimensions au milieu des plans en deux dimensions. Pour moi qui arrive du futur dans ce cadre temporel, ma présence revient à insérer un objet supplémentaire, rajouté à l'image fixe. Même si j'essayais de modifier le cours de l'Histoire de cette époque, ça n'affecterait pas le futur, pour la simple raison qu'il n'y a aucune continuité entre les plans. Tout resterait dans ce plan temporel. Ce serait comme tenter d'ajouter quelques mots sur une image parmi les centaines d'autres qui composent le dessin animé : l'histoire globale n'en serait pas affectée, n'est-ce pas ? »

« Le temps n'est pas semblable à cette rivière : chaque moment appartient à un plan temporel digitalisé. Tu comprends maintenant ? »

J'hésitais quant à placer ma main sur mon front, ce que je finis par faire. Plan temporel ; digitalisé. Ces termes m'importent peu, mais qu'est-ce que c'est que cette histoire de voyage dans le temps ?

Asahina-san considéra ses orteils au bout de ses sandales avant de reprendre : « Laisse-moi t'expliquer la raison de ma venue dans ce plan temporel... »

Un couple accompagné d'un jeune enfant passa devant nous à cet instant.

« Il y a trois ans nous avons détecté l'apparition d'une énorme commotion temporelle. Oui, ça devrait faire environ trois ans à partir de maintenant, juste au moment où Suzumiya-san est entrée au collège. Nous avons été surpris en essayant de remonter le temps pour enquêter, parce que nous étions incapables de voyager plus loin dans le passé."

Comment ça, de nouveau il y a trois ans ?(*)

« Nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il existe à cette période une importante faille temporelle, mais nous ne savons pas pourquoi elle est apparue uniquement dans cette époque en particulier. Ce n'est que récemment que nous avons découvert la cause... désolée, je veux dire récemment par rapport à ma propre époque. »

« ...Et quelle en est la raison ? »

« C'est à cause de Suzumiya-san. »

Asahina-san avait dit les mots que je ne voulais pas entendre.

« Elle est située juste au centre de la quatrième dimension.(*) S'il te plaît, ne me demande pas pourquoi, vu que c'est interdit, je ne peux pas t'en dire plus. Toutefois, nous sommes certains que c'est Suzumiya-san qui a bloqué le passage vers le passé. »

« ...Je ne pense pas que Haruhi soit capable d'une telle chose... »

« Moi non plus. Honnêtement, il est impossible pour un humain normal d'interférer avec les plans temporels. Ça reste encore un mystère, et Suzumiya-san elle-même n'est pas consciente d'être la source de toutes ces distorsions et de ces commotions temporelles. Je suis venue aux côtés de Suzumiya-san pour être en mesure d'observer précisément tout nouveau changement dans ce plan temporel... Je suis désolée, je n'ai pas trouvé de meilleure façon de te le décrire, disons simplement que je suis chargée de la surveillance. »

« ... » Elle m'avait laissé sans voix.

« Tu ne me crois pas, n'est-ce pas ? »

« Non, en effet... alors pourquoi me raconter tout ça ? »

« Parce tu as été choisi par Suzumiya-san. »

Asahina se tourna et me regarda en face :

« Je ne peux pas te donner de détails. Mais, si mes suppositions sont correctes, tu es une personne très importante pour Suzumiya-san. Il y a un motif à toutes ses actions. »

« Alors Nagato-san et Koizumi sont... »

« Ils sont comparables à moi, mais Suzumiya-san n'a pas encore conscience que c'est elle qui nous a regroupés dans son entourage. »

« Dans ce cas, tu sais qui ils sont ? »

« C'est une information confidentielle. »

« Qu'est-ce qui se passerait si on abandonnait Haruhi à elle-même ? »

« Information confidentielle. »

« Vu que tu viens du futur, tu devrais savoir ce qui va arriver, non ? »

« Information confidentielle. »

« Et si je raconte tout ça à Haruhi ? »

« Information confidentielle. »

« ... »

« Je suis désolée, je ne peux vraiment rien te dire. Surtout maintenant, puisque je n'ai pas le droit de le faire. »

Asahina-san dit d'un air navré : « Ça ne fait rien si tu ne me crois pas ; je voulais juste que tu sois au courant. »

Je me rappelle avoir entendu la même chose dans un appartement terne et silencieux.

« Je suis désolée. »

Voyant que je ne disais rien, les yeux d'Asahina-san devinrent désespérément rouge.

« Je suis tellement désolée, de t'avoir révélé tout ça si soudainement. »

« C'est pas grave, je t'assure... »

D'abord Nagato qui m'avoue être une Interface Humanoïde organique créée par des aliens, et maintenant Asahina-san qui prétend venir du futur. Comment voulez-vous que j'y croie ?

Que quelqu'un me vienne en aide !

En reposant ma main sur le banc, je touchai accidentellement la main d'Asahina-san. Bien que je n'eus seulement effleuré ses doigts frêles, elle les rétracta à la vitesse de la lumière et baissa la tête.

Nous contemplâmes la rivière en silence.

Le temps passa.

« Asahina-san. »

« Oui...? »

« Est-ce qu'on peut faire comme si cette conversation n'avait jamais eu lieu ? Que je te croie ou non, mettons ça de côté pour l'instant. »

« D'accord. »

Un sourire apparut sur son visage. C'était un très beau sourire.

« Au vu des circonstances, c'est la meilleure solution. S'il te plaît, traite-moi comme tu l'as toujours fait, je compte sur toi.(*) »

Cela étant dit, Asahina-san s'inclina profondément devant moi. Hé, pas besoin d'aller jusque là !

« Je peux te demander une chose ? »

« Quoi donc ? »

« Dis-moi quel âge tu as réellement, s'il te plaît. »

« Information confidentielle~ »

Asahina sourit avec malice.


Information confidentielle~


Un peu plus tard, nous nous promenions tranquillement dans les rues. Malgré les ordres de Haruhi de ne pas prendre ça pour un rendez-vous, je n'avais aucune intention de l'écouter. Nous fîmes du lèche-vitrines devant les magasins de mode de la galerie marchande, dégustâmes gaiement une crème glacée, et jetâmes un œil aux boutiques de souvenirs côté rue... les choses typiques qu'un couple aurait fait pour passer le temps. Tout ça aurait pu être parfait si nous avions pu nous tenir par la main...

À ce moment, mon téléphone sonna : c'était Haruhi.

« On se retrouve à midi, à la station où on s'est réunis ce matin. »

Elle raccrocha directement après ça. Je regardai ma montre : il était déjà onze heures cinquante. Y a pas moyen, on n'y arrivera pas !



« C'était Suzumiya-san ? Qu'est-ce qu'elle a dit ? »

« Elle a dit qu'on devait de nouveau se retrouver à midi, alors on ferait mieux de se dépêcher ! »

Je pris Asahina-san par la main, sachant pertinemment que nous n'avions aucune chance d'être là-bas pour midi à moins d'y aller en courant, et nous filâmes à toutes jambes en direction de la station. Quelle réaction pourrait avoir Haruhi si elle nous voyait courir main dans la main ? Je me demande. Je suppose qu'elle deviendrait folle.

« Alors, des résultats ? » nous demanda Haruhi au moment où nous arrivâmes.

Nous étions en retard de dix minutes, et ce fut la première chose qu'elle dit en nous voyant. Elle avait l'air plutôt en pétard.

« Vous avez trouvé quelque chose ? »

« Non. »

« Vous avez vraiment cherché ? Vous n'avez pas passé votre temps à flâner, j'espère ? Et toi, Mikuru-chan ? »

Asahina-san hocha la tête.

« Et vous, qu'est-ce que vous avez trouvé ? »

Haruhi se tut. Koizumi, situé derrière elle, se gratta la tête, tandis que Nagato attendait, immobile.

Après un bref instant où personne ne pipa mot, Haruhi lança presque en grognant : « Allons d'abord manger, on reprendra après ça. »

Tu as toujours envie de continuer !?



Alors que nous prenions notre déjeuner dans un fast-food, Haruhi annonça qu'il était temps de définir les nouveaux groupes, et sortit quelques cure-dents qu'elle avait carottés au café de ce matin. Elle était vraiment bien préparée !

Koizumi en tira un sans plus attendre.

« De nouveau sans marque. »

Des dents d'une telle blancheur ! J'ai toujours l'impression que ce type sourit en permanence !

« Pareil pour moi. »

Asahina-san me montra le cure-dent qu'elle venait de piocher.

« Et toi Kyon-kun ? »

« Pas de bol, le mien est marqué. »

Haruhi semblait de plus en plus morose et pressa Nagato de choisir un cure-dent.

Au final, Nagato et moi tombèrent ensemble, tandis que les trois autres formaient l'autre groupe.

« ... »

Haruhi fixa son cure-dent sans marque comme si elle dévisageait la personne qui avait tué son père, puis se tourna vers moi et Nagato – qui était occupée à manger son cheeseburger – et fronça les sourcils.

Qu'est-ce qui te rend si furieuse ?

« On se retrouve en face de la station à quatre heures. Assurez-vous de trouver quelque chose d'ici là ! »

Sur ces paroles, elle finit son verre d'un trait.



Cette fois-ci nous partîmes au sud et au nord, mon groupe étant chargé d'aller au sud. Avant de partir, Asahina-san me fit un signe de sa petite main. Ça me réchauffe tant le cœur !

À présent c'était au tour de moi et Nagato d'être plantés devant la station à ne rien faire.

« Qu'est-ce qu'on fait ? »

« ... »

Nagato ne répondit pas.

« ...Allons-y. »

Je pris les devants, et m'aperçus qu'elle m'avait emboité le pas. Il semblerait que je commence à avoir l'habitude de traîner avec elle.

« Nagato, à propos de ce que tu m'as raconté l'autre jour... »

« Oui ? »

« Je commencerais presque à y croire. »

« Ah oui ? »

« Ouais. »

« ... »

C'est sous cette ambiance stérile que nous déambulâmes sans un mot dans le voisinage de la station.

« Tu n'as pas de tenue décontractée ? »

« ... »

« Qu'est-ce que tu fais pendant tes vacances ? »

« ... »

« Tu t'amuses aujourd'hui ? »

« ... »

Notre conversation s'arrêta là pour aujourd'hui.

Comme il n'y avait aucune utilité à se promener sans but, je conduisis Nagato à une nouvelle bibliothèque près du bord de mer qui avait été construite en même temps que les autorités avaient développé le terrain pour la station. Je n'y avais encore jamais mis les pieds, vu que j'empruntais rarement des livres. Toutefois, j'avais pensé pouvoir me reposer un peu une fois à l'intérieur, avant de découvrir que tous les sièges étaient occupés. Ces gens aussi n'ont probablement aucun autre endroit où aller pendant leur temps libre. Je jetai des coups d'œil autour de moi, l'air un peu paumé, alors que Nagato avait déjà filé en direction des étagères comme une somnambule. Qu'elle fasse ce qu'elle veut !

Je lisais beaucoup avant. Quand j'étais à l'école primaire, ma mère avait pour habitude d'emprunter des livres illustrés de la section enfants pour moi. Il y avait toutes sortes de livres, mais je me souviens que tous ceux que j'avais lu étaient vraiment intéressants. Cependant, je n'arrive plus à me rappeler aucun de leur titre. À quelle époque ai-je cessé de lire ? À quel moment la lecture a-t-elle commencé à m'ennuyer ?

Je pris au hasard un livre sur une étagère et en feuilletai rapidement quelques pages, avant de le reposer et d'en piocher un autre. Cela m'aurait pris une éternité pour trouver un bouquin intéressant dans cette mer de livres sans faire aucune recherche. En considérant cela, je me mis à errer au milieu des étagères.

Alors que j'étais parti pour chercher Nagato, je la trouvai en train de lire en face d'une étagère pleine d'épais livres reliés. Elle doit vraiment aimer ce genre de livres !

Finalement, après avoir vu un homme lisant son journal se lever de sa chaise, je m'assis à sa place muni d'un roman choisi au hasard. Impossible de tenter de lire un livre que je n'ai jamais eu l'intention de lire. Un moment plus tard, je me sentis quelque peu somnolent, puis m'endormis.

C'est à ce moment-là que ma poche se mit soudainement à vibrer.

« WAAAH !? »

Je bondis de stupéfaction. En voyant tout le monde me faire les gros yeux, je me souvins que j'étais dans une bibliothèque. Essuyant la bave sur mon visage, je me précipitai à l'extérieur pour décrocher mon téléphone portable, qui avait été passé en mode vibreur.

« Qu'est-ce que tu faisais, espèce d'idiot !? »

Un bruit assourdissant résonna dans mon oreille. Ce qui eut pour mérite de me tirer de ma torpeur.

« Tu te rends compte de l'heure qu'il est ? »

« Désolé, je viens de me réveiller ! »

« Quoi !? Imbécile ! »

Tu es la moins bien placée pour me traiter d'imbécile !

Je jetai un coup d'œil à ma montre : il était quatre heures et demie passées. Elle nous avait donné rendez-vous à quatre heures !

« Ramène tes fesses ici tout de suite ! Tu as trente secondes ! »

Arrête d'exiger des choses impossibles à accomplir !

Une fois que Haruhi eut brutalement raccroché, je rangeai mon téléphone dans ma poche et retournai dans le bâtiment. J'y trouvai Nagato encore debout en train de lire ce qui semblait être une lourde encyclopédie.

La suite fut quelque peu fastidieuse. Essayer de faire bouger Nagato – qui paraissait enracinée dans le sol – me prit pas mal de temps, puis nous dûmes aller à l'accueil pour remplir un formulaire afin d'emprunter le livre. Tout ce temps en ignorant les nombreux appels de Haruhi.

De retour à la station, avec Nagato transportant son gros livre philosophique comme un objet précieux, écrit par un certain auteur étranger au nom difficile à prononcer, les trois personnes qui nous y attendaient eurent toutes une réaction différente. Asahina-san, l'air fatigué, sourit avec un soupir de soulagement ; Koizumi haussa les épaules comme un idiot ; tandis que Haruhi brailla comme si elle venait juste d'avaler une soupe froide.

« Tu es en retard ; pénalité ! »

Je dois encore payer mon coup ?



Finalement, nos activités à l'extérieur prirent fin, après avoir gaspillé notre temps et mon argent.

« Je suis épuisée ! Suzumiya-san marchait tellement vite que j'avais du mal à suivre » m'avoua Asahina-san au moment de partir, puis elle me murmura à l'oreille, « Merci d'avoir écouté ce que je t'ai dit aujourd'hui. » Elle inclina alors la tête et sourit timidement.

Les gens du futur sourient-ils tous avec autant d'élégance ?

« Bon, eh bien au revoir ! » Asahina-san me fit signe de la main et s'éloigna. Koizumi me tapota légèrement l'épaule et dit, « C'était sympa cette journée ! Comment dire... Suzumiya-san est vraiment une personne intéressante. Dommage que je n'ai pas pu être avec toi aujourd'hui, peut-être une prochaine fois. »

Après le départ de Koizumi et de son agaçant sourire, je me rendis compte que Nagato était déjà partie.

Ça nous laisse Haruhi, son regard fixé sur moi.

« Je peux savoir ce que tu as bien pu faire aujourd'hui ? »

« Hmmm, ce que j'ai fait aujourd'hui ? »

« Ça ne peut pas durer comme ça ! »

Elle paraissait vraiment furieuse.

« Ah oui, et toi alors ? Tu as trouvé quelque chose d'intéressant ? »

Haruhi se mordit la lèvre et ne répondit pas. Si je ne fais rien elle risque de mordre jusqu'au sang.

« Bah, ce n'est pas comme s'ils étaient assez imprudents pour te laisser les trouver en une seule journée. »

Me voyant essayer de détendre l'atmosphère, Haruhi détourna son regard rapidement.

« Nous aurons un debriefing après-demain à l'école. »

Elle tourna alors les talons et se joignit à la foule, sans même un regard.

À la pensée de pouvoir enfin rentrer chez moi, je retournai à la banque pour finalement découvrir que mon vélo avait disparu. À la place, je pouvais lire sur une pancarte « Votre vélo a été confisqué à la suite d'un stationnement illégal. »



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Tome 1

Illus | Prologue | Chapitres 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 | Épilogue | Postface

Tome 2

Illus | Prologue | Chapitres 1 - 2 - 3 - 4 - 5 | Épilogue | Postface

Tome 3

Illus | Prologue | Chapitres 1 - 2 - 3 - 4 | Postface

Tome 4

Illus | Prologue | Chapitres 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 | Épilogue | Postface

Tome 5

Illus | Prologues 1 - 2 - 3 | Chapitres 1 - 2 - 3 | Notes de l'auteur