Kaze no Stigma - Français:Volume1 Chapitre3

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Chapitre 3 — Bataille avec le Passé

1ère Partie

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Kazuma se tenait dans l'obscurité.

Tard dans la nuit, le jardin public était enveloppé d'un silence funèbre. On aurait dit que l'on avait payé des gens, pour qu'il n'y ait plus, ni sans-abri, ni kiosque dans le parc.

Depuis la colline du parc, on apercevait le port, elle avait l'air d'une montagne française, le lieu était réputé pour son aspect naturel, une grande variété d'arbres y poussaient. Le parc n'avait pourtant rien de féerique. Il semblait sombre même en plein jour, et la nuit, les promeneurs devaient sûrement y rencontrer des mésaventures.

Au sommet de cette colline, Kazuma s'appuya légèrement contre un tronc d'arbre, se reposant, immobile.

Sa veste noire le dissimulait presque complètement, et ce même pour quelqu'un qui se serait tenu juste devant lui.

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Tout comme un chasseur expérimenté, Kazuma ne faisait plus qu'un avec la nature.

— …………… !

Ses yeux s'ouvrirent subitement. Son corps se mit à trembler non de peur ou de frustration mais de joie.

— Déjà là…

Bredouilla-t-il. Une chaleur inhabituelle venant de l'entrée du parc, se dirigea droit sur lui.

Cette présence aurait sûrement été remarquée même par quelqu'un dont les sens n'auraient pas été aussi aiguisés que ceux de Kazuma. Parce que les ondes d'énergie qui brillaient dans l'obscurité étaient si impressionnantes, qu'elles donnaient l'impression de voir l'aube se lever.

Si dans cette soirée, Ayano avait été comparée à un soleil, alors on l'aurait plutôt comparée à une supernova.

L'autre partie n'avait aucune intention de cacher sa présence. Au contraire, comme se sacrifiant lui-même, il marchait avec la même aisance qu'aurait eu un roi.

Alors qu'"il” entrait dans l'esplanade, son champ de vision croisa Kazuma, qui se tenait dans sa ligne de mire.

— …… Suis-je en retard ?

— Non, à point nommé.

Répondit Kazuma qui émergea de l'ombre, marchant dans l'ouverture sans inquiétude.

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Une statue représentant une mère affectueuse et son enfant se tenait entre eux. Il ne savait pas si c'était une simple coïncidence ou si Kazuma s'en servait pour se moquer de la situation.

— Alors, commençons.

Déclara calmement Kazuma annonçant le début de la bataille.

— Alors, tu…… n'es pas disposé à t'asseoir et parler pour en finir…… ?

Questionna-t-"il" aussitôt.

Peut-être connaissait-“il” déjà la réponse, comme son ton le faisait présager.

Comme attendu, Kazuma ricana en retour,

— Laisse-moi te répondre par mon pouvoir…… « Père » !!

Kazuma relâcha des lames de vent au moment où il parlait. Genma sortit ses flammes en réponse.

Les deux parties avaient de bonnes raisons de ne pas perdre. Le vent et le feu se battirent l'un l'autre avec fureur, peut-être était-ce la seule façon pour le père et le fils de communiquer dans cette rencontre après quatre ans.


La résidence fut enveloppée de silence. Alors que Genma marchait dans le couloir tout seul, on aurait dit que la maison était abandonnée, sans personne à l'intérieur.

À ce moment, la plupart des membres de la famille étaient réunis dans la résidence Kannagi. Chacun d'entre eux respirait lentement

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comme s'il avait peur d'être découvert, trop peur de rester seul. Ils s'étaient assemblés dans le hall principal, tremblants.

Il y avait une raison à leurs craintes, en y réfléchissant. Masato, le plus fort des familles indirectes, et Shingo et Takeya, qui étaient reconnus pour rivaliser même avec la famille principale quand ils étaient ensemble, ont été assassinés un à un. Tout le monde était effrayé, craignant d'être le prochain.

Genma les appelaient lâches à cause de cela, mais personne n'était aussi puissant que lui.

— Je suis en retard.

Genma s'agenouilla à l'entrée de la chambre de Juugo, et reçu aussitôt la permission d'entrer, il coulissa la palissade en papier. Genma entra, se déplaçant sur les genoux, et s'arrêta devant Juugo, toujours agenouillé. Juugo montra un profond agacement dans ses yeux.

— …… Tu es vraiment en retard.

(Ce petit malin t'a échappé.)

Dit Juugo, sans même prendre la peine de garder ses pensées désagréables pour lui-même.

— Au fait, où est Ayano ?

Demanda Genma comme si de rien n'était.

— Elle était trop bruyante, alors je l'ai congédiée ailleurs.

La voix de Juugo était devenue plus amère. Furieuse, Ayano avait quitté la maison de nuit pour l’hôtel même

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où Kazuma était allé se reposer, seulement quelques minutes auparavant.

— C'est compréhensible. Après tout, elle était très proche de Masato.

Commenta Genma qui sous-entendait qu'il avait mal réagi. Ce qui énerva bien plus Juugo.

— Oh, je ne te savais pas si tolérant. Si tu étais si préoccupé par Ayano, n'aurait-il pas fallu la calmer toi-même plutôt ?

Dans le passé, quand Ayano faisait une grosse crise en criant et hurlant, Genma tournait en rond l'air de rien puis s'éclipsait. Et cet être insensible ne revenait qu'une fois qu'elle s'était enfin calmée ce qui faisait enrager Juugo.

— C'est à cause des ordres que j'ai donnés à tout le monde. J'ai aussi voulu entendre les rapports du clan FUUGA.

Genma décida de ne pas aborder le sujet car ce n'était pas nécessaire, et qu'il valait mieux ignorer certaines choses. Juugo le savait tout aussi bien, il s'arrêta en s'appuyant sur Genma comme il n'y avait pas d'autres manières de continuer la discussion.

— Qu'est-ce qui te fait penser ça ? La plupart des gens on déjà mis tous ces crimes sur le dos de Kazuma…

— Tuer Masato et Takeshi sans se faire remarquer d'Ayano, puis se montrer exprès avant de s’enfuir. Même si pendant qu'il s'échappait, il avait repéré Shingo et Takeya et les avait tués en même temps. Même si on part du principe que ce soit possible et en prenant en compte le timing……… ce serait bien trop compliqué à réaliser.

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— Entendre cela me rassure. Je pensais presque être le seul sain d'esprit.

Après avoir entendu les paroles de Juugo, qui auraient été prises comme des moqueries par n'importe d'autre, Genma sourit.

— C'est parce qu'ils ont tous peur. Plutôt qu'affronter un ennemi inconnu, ils ont trouvé plus facile que Kazuma soit revenu au Japon pour se venger.

— … Est-ce qu'Ayano a peur elle aussi ?

— Elle a simplement perdu sa capacité à réfléchir après la mort de Masato. Rien de plus.

Genma mis fin à cette question d'une voix faible. C'était un moment critique, il n'y avait pas le temps de se préoccuper de cette fille têtue.

(Une fois que nous connaîtrons la véritable identité de l'ennemi, elle sera libre d'exprimer sa colère autant qu'elle le voudra !)

Gemna pensait que c'était blessant, même s'il aurait été plus dur de le dire à haute voix.

— À part ça, un problème demeure avec Kazuma. Quoi qu'il ait fait, ces actes sont trop suspects. Peut-être est-il complice avec l’ennemi !

— C'est possible. S'il n'a vraiment rien fait, pourquoi ne vient-il pas s'expliquer. Je ne pense pas qu'il ait peur que nous le tuions sans même l'écouter. De plus, il doit toujours avoir confiance en moi.

— C'est sûr.

Genma aurait simplement pu rire en réponse aux paroles de Juugo. Après tout, il n'y avait rien qui puisse mettre Kazuma en confiance, mais il n'avait trouvé aucun mot en réponse à Juugo.

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— Peu importe, je suis le seul qui puisse capturer Kazuma.

— …… Et si Shingo et Takeya avaient vraiment été tués par Kazuma ?

— Même si ce n'est qu'une intuition, je crois que ces meurtres ont été commis par quelqu'un d'autre…… peut-être la personne qu'Ayano a vue. Mais Kazuma n'aurait pas pu les vaincre tous les deux de front. D'après les marques laissées par les lames de vent, c'est comme si elles étaient venues du sol en direction des corps de Shingo et Takeya, ils devaient certainement déjà être étendus au sol quand ils ont été attaqués.

Genma avait parlé de manière évasive, mais cela ressemblait plus à de la fierté aux oreilles de Juugo. Si les hypothèses de Genma étaient vraies, Kazuma avait déjà atteint la force qui pourrait rivaliser avec la famille directe.

— Tu sembles vraiment fière, Genma. Si c'est vrai, pourquoi avoir abandonné Kazuma alors ?

Juugo posa finalement la question qu'il retenait depuis quatre ans. Il se l'était toujours demandé.

Peu importe l'impression que Genma se donnait, même si rien ne le laissait penser, Juugo venait de se rendre compte que Genma tenait encore beaucoup à Kazuma.

— Quand on nait KANNAGI on demeure un KANNAGI. Nous n'avons pas d'autre façon de vivre…… il en est de même pour mon fils.

— Alors c'est pour ça que tu l’as éloigné de toi ? C'est pour qu'il puisse choisir sa propre voie ? Même si c'est pour cette raison, tu n'avais pas besoin de l'abandonner ! Qu'aurais-tu fait s'il était mort de faim en route ?

— Pff…… Qu'est-ce que tu racontes ? C'est mon fils.

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— Ah, je vois.

Il n'avait pas envie de l'écouter se vanter d'avantage. Juugo décida alors de revenir à nouveau au sujet principal.

— Alors, peux-tu battre Kazuma ?

Genma ne répondit pas. Au lieu de cela, il fixa les yeux sur Juugo. Ses yeux étaient plus convaincants que des mots n’auraient pu l'être, ils disaient : « Il n'y a rien qui puisse me faire perdre. »

— Très bien. Je te laisse t'en charger ! Quand en auras-tu fini ?

— On doit régler ça aujourd'hui. Si nous laissons trop d'avance à nos ennemis en pourchassant Kazuma inutilement, ils l'utiliseront à leur avantage. Si on leur laisse faire un pas d'avance, ils devanceront de plus d'un mètre.

— …… J'attends avec impatience ta performance.

Genma, sans répondre, s'inclina et quitta la pièce en silence, avec la ferme intention d’attraper son fils de ses propres mains.

2ème Partie

Au 67ème étage du Landmark Tower de Yokohama. Dans la suite royale la plus proche du ciel, Kazuma savourait un dessert raffiné en prenant le thé. Quoi qu'il en soit, il était déterminé à gaspiller tout l'argent qu'il avait escroqué

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et ce par tous les moyens possibles, aussi mauvais ou horribles soient-ils.

Cependant, comme pour se moquer de cette décision sadique, son portable sonna. Kazuma regardait, irrité, le téléphone sur la table.

Drinnnnnnnng

Regardant inconsciemment le téléphone portable qui sonnait, Kazuma se sermonna lui-même.

Pourquoi ai-je oublié de mettre le répondeur ?

Même en disant cela, Kazuma n'alla pas couper le téléphone.

Drinnnnnnnng

La sonnerie habituelle continua. Kazuma ne ramassa pas son téléphone, à la place il lista mentalement toutes les personnes connaissant son numéro, un par un, essayant de fuir la réalité.

Drinnnnnnnng

— Ahhh ! Tais-toi !

Il décrocha enfin, en appuyant sur le bouton pour prendre d'appel.

— Qui est-ce ?

Kazuma ne pouvait cacher son mécontentement. Il utilisa un ton très brutal, qui fut transmis aux oreilles de la personne à l'autre bout du fil via les ondes électriques.

— C'est moi.

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Mais ce fut plus dur de l'autre côté. Quand il entendit la voix de l'interlocuteur, Kazuma regretta immédiatement sa décision d'avoir décroché le téléphone, c'était vraiment la dernière voix qu'il souhaitait entendre.

— Monsieur MOA ? Quel nom étrange. Nous sommes-nous déjà rencontrés ?

— Arrête de plaisanter espèce d'idiot.

Bien que Kazuma ait essayé de plaisanter de cette manière, la voix dans le téléphone parlait toujours avec autant d'arrogance qu'avant. Kazuma prit une profonde inspiration et se prépara à affronter l'homme qui l'avait autrefois abandonné.

— Ça faisait longtemps. Je me demande si je peux encore t'appeler « Père » ?


La voix de Genma avait réveillé les souvenirs douloureux de son passé.

Je m'appelais encore KANNAGI Kazuma à l'époque, et j'étais affreusement faible.

À l'époque, je n'aurais jamais pu défier mon père. Je ne pouvais qu'écouter bêtement ses ordres et poursuivre son entraînement, même s'il savait que je n'avais aucun talent.

— Tu as perdu ?

Ce n'était ni une question ni une confirmation. C'était une sentence incroyablement calme qui surpassait la colère et la déception, achevant d'un grand coup le pitoyable perdant.

— Tu as perdu contre une gamine de douze ans ?

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La voix avait répété, comme si elle se préparait à délibérer.

— …… Je suis…… vraiment désolé……

Le garçon avait posé son front sur le tatami, et parlé d'une voix très faible. L'homme ne répondit pas, il regarda simplement le garçon trembler avec un regard froid.

— …… Alors c'est cela. C'était une simple erreur, n'importe quel praticien Enjutsu aurait pu la faire.

L'homme n'avait aucune pitié pour le garçon. Pourtant, le garçon semblait plutôt bien le prendre.

— Tu n'auras plus besoin de pratiquer l'Enjutsu à présent.

Le garçon, qui était près de s'évanouir à l'instant, s'illumina soudain. Après quoi, l'homme, prononça une sentence bien plus dure.

— Quelqu'un qui ne peut pratiquer l'Enjutsu n'a aucune place dans la famille KANNAGI.

— …… Hein ?

Le sourire du garçon se détériora. L'homme continuait de marcher normalement.

— À partir de maintenant, tu n'es plus mon fils. Pars ! Va-t’en loin d'ici !

— …… Quoi…… pè…… père !

— Je ne suis plus ton « père ».

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Dit l'homme froidement.

— Hors de ma vue immédiatement.

Avec cette déclaration brutale, l'homme sortit de la pièce sans un autre regard vers le garçon.

— Pè… Père ! Attends s'il te plait !

L'homme semblait n'avoir pas la moindre émotion pour le garçon à son dos qui le serrait dans ses bras, il le rejeta à distance. Le garçon fut projeté avec tant de force qu'il faillit heurter le mur.

— Père… Père ! Père !

Le garçon n'était plus capable de se tenir debout et n'arrivait qu’à pleurer sa douleur et sa misère. Il tendait les mains mais était incapable de saisir quoi que ce soit. Mais même ainsi, le garçon refusa d'abandonner et continua à tendre les bras.

— Père !!!!!!

L'homme marcha sans même se retourner.

Il n'y avait plus personne pour consoler ce garçon maintenant……


— Appelle-moi comme tu veux.

La même voix que celle de ses souvenirs douloureux ramena violemment Kazuma à la réalité.

— Alors que disais-tu Gen-chan ?

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— Pourquoi es-tu revenu au Japon ?

Ignorant la plaisanterie de Kazuma, Genma était revenue au vif du sujet.

— Je crois que le plus jeune enfant de la famille YUUKI devrait-avoir mentionné que j'étais revenu « sur un coup de tête », n'a-t-il rien dit ?

— …… Rends-toi ! Il n'est pas encore trop tard !

— Vous semblez tous me prendre pour le coupable. Je ne suis pas revenu ici pour me brouiller avec la famille KANNAGI, mais si vous venez frapper à ma porte, je n'aurai aucune pitié.

La discussion était plus celle de deux personnes qui se parlent à elles-mêmes qu'à une véritable conversation. Après tout, une conversation implique aux gens de se comprendre, ou du moins essayer de se comprendre mutuellement, et donner ensuite ses réactions. Cependant, l'expression «se comprendre mutuellement» ne semblait pas s'appliquer à ces deux-là.

— Tu penses pouvoir gagner contre la famille KANNAGI ?

— Personne ne le saura tant que je ne l'aurai pas essayé, non ?

Kazuma réalisa qu'il ne craignait plus Genma comme autrefois. À travers cette fierté nouvelle, Kazuma ressentait une certaine chaleur dans cette absence de crainte.

(Ce vieux têtu n'a donc pas changé…)

Kazuma cessa de prêter attention à tout ce que Genma pouvait dire depuis l'autre bout du téléphone, se perdant dans ses propres pensées.

— Tu m'entends, Kazuma ?!

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Genma éleva la voix. Il y a quatre ans, Kazuma se serait mis à genoux près du téléphone implorant le pardon. Leur relation était basée sur des ordres stricts suivis d'une stricte obéissance.

— Hein ? Oh, mais bien sûr que je t'entends. Qu’y a-t-il ?

Le profond soupir de Genma sortit du téléphone quand il répondit,

— Je dois te rencontrer. Je viens te voir maintenant, ça te va ?

(Bonne chance.)

Kazuma avait besoin de clarifier une chose et même s'il était dur d'entendre à nouveau la voix de son père après quatre ans.

(Je veux savoir si j'ai surpassé cet homme… si je suis devenu plus fort que l'homme qui m’a commandé par le passé. Peu importe comment, je dois m'en assurer.)

— Non, maintenant ne me convient pas.

Kazuma garda ses émotions au fond de lui-même. Sans changer sa façon insolente de parler, puis il dit,

— Cette nuit à minuit, on se retrouve sur la colline.

— C'est quoi cette heure ? Le parc sera fermé depuis bien longtemps !

— Et alors personne ne viendra nous déranger, non ?

Alors qu'il disait cela, le ton de Kazuma changea radicalement.

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— Veux-tu vraiment me tuer, moi ? … Alors je serais ton adversaire.

Pour Genma, je ne suis rien de plus qu'un produit défectueux. Il n'hésitera pas même si c'est moi qu'il doit exécuter.

— Je vois que tu me vois comme j'étais il y a quatre ans. Pourtant, je suis plus un gamin. Je n'ai plus d'ordre à recevoir.

— … Sale gamin. Bien, alors. Laisse-moi te montrer les limites de ta force.

Répliqua Genma avec arrogance. Même s'il voyait clairement que son fils l'avait mal compris, il n'avait pas trouvé d'autre façon de lui répondre.

— J'attends ça avec impatience, « Père ».

Après ses adieux enthousiastes, Kazuma raccrocha. Il éteignit le téléphone et le jeta immédiatement sur le bureau à côté de lui.

Cependant, le téléphone manqua sa cible et roula sur le sol.

En regardant sa main gauche tremblante, Kazuma eut un sourire amer. Sa main gauche tremblait tellement qu'il ne pouvait contrôler sa force, mais il n'avait pas honte de cela.

(Ouais, bien sûr que j'ai peur. Après tout, je défie le plus fort praticien du clan KANNAGI.)

Il serra le poing gauche fermement, comme s'il avait l'intention de piéger ses craintes en lui.

Peu importe à quel point j'ai peur, je ne dois

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pas fuir. Pour vraiment couper tout lien avec le clan KANNAGI et surpasser l'ancien moi, je dois effectuer le «rituel de passage» en battant mon père, qui symbolise mon passé.

Il ne détestait pas Genma. En fait, maintenant il trouvait l'entêtement de Genma plutôt agréable.

Mais ce sont deux choses différentes. C'est une chose que je ne peux pas laisser tomber, peu importe pour qui.

Il arrêta de trembler. Avec une détermination au-delà de la peur qu'il ressentait dans son point gauche serré, Kazuma se dit à lui-même,

— Je ne fuirai pas et ne me cacherai pas. Ni faiblirai devant toi…… le vieux.

3ème Partie

Les flammes que Genma invoqua engloutirent et détruisirent facilement les lames de vent de Kazuma.

— …… Tu viens de faire quelque chose ?

Son corps entier était recouvert de flammes dorées, Genma descendit tel un dieu, comme un homme aux pouvoirs divins. Une telle manifestation de puissance faisait que toute tentative de résistance semblait inutile.

La simple existence de cet homme, KANNAGI Genma, était suffisante pour inspirer de telles pensées à ses opposants. Un tel pouvoir lui donnait ce « privilège ».

— … Ce n'est pas encore fini !

Kazuma recula inconsciemment de plusieurs pas, criant comme pour s'encourager lui-même, puis recommença à former des lames de vent.

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— Le jeu ne fait que commencer !

Plus d'une centaines de lames de vent volèrent vers Genma de toutes les directions. Toutefois, les lames ne l'attaquaient pas simultanément. Au lieu de cela, les lames de vents s'étaient habilement déployées, chacune avait sa propre trajectoire et vitesse, et volait dans le ciel.

— Hummm……

Genma observait calmement les lames. Peu importe comment il bougeait, il n'y avait aucun moyen d'éviter une telle attaque. Cependant, il remarqua que les lames prises individuellement n'étaient pas aussi fortes que celles qui étaient venues sur lui ensemble.

Genma ne prit aucune action, il resta simplement là quand les lames vinrent à lui. Alors que les lames de vent rencontrèrent les flammes qui enveloppaient sont corps… Elles disparurent sans laisser de traces.

(Ce n'est pas…)

Réalisant la grande différence entre leurs forces, Kazuma en fut tellement choqué qu'il en perdit la parole. Genma regardait tranquillement l'expression de Kazuma.

— Je suis sûr que tu es plus fort que ça, non ? Je n'ai pas de temps à perdre à jouer avec toi, alors finissons-en maintenant !

En disant cela, ses flammes augmentèrent à un rythme explosif.

Plusieurs colonnes de feu tirées avec des rugissements féroces, visaient Kazuma. Elles avaient la forme de grands serpents ou de dragons avec un corps arqué, c'était la matérialisation d'une très grande puissance.

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L'attaque de Genma donnait l'impression d'un éclat venant d'un serpent venimeux. Essayant de contrôler son corps tremblant de peur, Kazuma bondit de toutes ses forces.

En un clin d'œil, l'endroit où Kazuma se trouvait fut englouti par la bouche du dragon. Même s'il s'en était échappé, les flammes qui avaient frappé le sol étaient devenues des petits morceaux et continuaient de se déchaîner violemment.

Bien que ce n'était que de petits morceaux de flamme, c'était encore des flammes que Genma contrôlaient. La densité des flammes était particulièrement élevée, et un coup direct mettrait n'importe quelle cible en cendres.

Kazuma portait toute son attention à les éviter. Il utilisa le flux de l'air pour comprendre la situation et, en les synchronisant avec les esprits du vent, « il voyait » chaque direction qu'elles prenaient à la fois.

Il comprit précisément les mouvements de chacune des flammes qui pleuvaient du ciel, les esquivant par moments et les déviant avec son vent à d'autres.

Prendre violemment toutes les flammes n'était pas une solution. La puissance des familles secondaires ne pouvaient pas être comparées à celle de la principale, alors Kazuma n'avait pas confiance en sa barrière de vent pour le protéger ne serait-ce qu'une seconde.

(Bon, c'est pas comme si je ne pouvais pas le faire. Mais ce n'est pas le bon moment.)

Ayant échappé à la tempête de feu, Kazuma attendit tranquillement une occasion de frapper. À côté de la véritable force de Genma, ce n'était rien du tout. Il n'y avait pas de quoi être fier même s'il avait bloqué cette attaque.

— Oh, tu l'as esquivé ?

Genma fit un geste de la main, éteignant instantanément toutes les flammes. Comme si tout cela n'était qu'une illusion, il y avait

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aucune trace de ce qui s'était passé. Pas même une feuille brûlée.

— Ne brûler que la cible visée ? Ce n'est pas un simple tour.

Le plus haut niveau qu'un praticien Enjutsu puisse atteindre, être capable de contrôler complètement les esprits et leurs flammes. Cela pouvait même dépasser les lois de la physique, comme une fournaise qui ne faisait pas bouillir l'eau ou former des flammes qui n'affectaient que la cible visée.

— Je pourrais dire la même chose de toi. J'avais l'intention de te tuer à l'origine…… Mais il semble que j'ai été trop gentil avec toi. Tu peux être fière. J'admets que tu es un adversaire digne de me combattre.

Un sourire aimable apparut sur le visage strict de Genma pendant qu'il complimentait son fils. Mais son fils se gratta simplement le bout du nez avec un sourire gêné en retour.

— Ah… Eeeh… En fait, tu n'as pas besoin d'être si sérieux…… Je ne suis, après tout, qu'un produit défectueux. Alors pourquoi ne pas te relaxer un peu ?

Genma ignora les mots ridicules de Kazuma et commença à se concentrer. Il concentra avec attention sa puissance, créant ainsi une puissance encore plus forte.

(Je peux clairement le voir…)

Contrairement à tout à l'heure, inexpressif, Kazuma mobilisa toute son énergie pour tenter de passer au travers de l'attaque de Genma. Il n'y aurait pas de seconde chance, alors il n'avait pas le droit à l'erreur.

— Ne meurs pas, Kazuma.

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Genma n'avait aucune intention de tuer Kazuma, il n'avait pas oublié que son objectif principal était de capturer Kazuma. Toutefois, Genma relâcha une énorme quantité de puissance tout en la gardant à un niveau qui laisserait la cible à peine en vie.

(…… Maintenant !!)

Boom !!

Les flammes qui apparaissaient devant Genma s’élargirent soudainement et explosèrent. L'onde de choc frappa la végétation environnante, envoyant des bancs et des poubelles dans les airs, et cassant les lampadaires dans toutes les directions.

— J'ai réussi… ?

Genma était encore enveloppé par les flammes. Bien que le résultat fût toujours incertain, les environs donnaient l'impression qu'une bombe venait d'exploser. Les plantes flottaient en direction de Genma, et tous les objets mobiles lui avaient été soufflés en pleine face.

(Même si cela n'avait pas été un choc fatal, il devrait au moins avoir quelques blessures !)

Quand les flammes se dissipèrent, la scène cachée devint plus claire. Ce que vit Kazuma fut…

— Alors c'est ça ton coup mortel ?

… Genma, complétement indemne. Même son manteau était impeccable comme auparavant.

Genma regarda Kazuma calmement.

— Moi qui pensais que tu avais grandi après ces quatre ans… Alors tu n'as appris que ce genre

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de tour simpliste ? Quelle déception.

Ces mots étaient tout aussi humiliants qu'il y a quatre ans, le jour où il avait regardé Kazuma à terre en disant : « Je n'ai que faire des déchets. »

— Ne me fais pas rire……

Kazuma grinça des dents, durcissant le ton de sa voix le poing tenu serré et tremblant tandis que les scènes du passé lui revenaient une à une à l'esprit. Il en perdit sa capacité de raisonnement.

— Qu'y-a-t-il de drôle !! Tu es déçu !? Tu ne te serais jamais attendu à ça venant de moi !! Crois-tu être en droit d'attendre quoi que ce soit de moi ? N'est-ce pas toi qui m'a abandonné…

Les blessures que Genma avaient causées étaient trop douloureuses pour Kazuma, de telles cicatrices même après quatre ans lui faisaient encore mal à la poitrine.

— Tais-toi !

Mais Genma interrompit simplement les cris du garçon qui avait resurgit du passé.

— Si tu veux faire des histoires, je vais te faire gagner du temps. Tu n'as que deux options : soit tu reviens de toi-même, soit je te ramène de force. À toi de décider !

— Je n'ai pas à choisir.

Répliqua Kazuma sans même réfléchir. Puis se calma, il n'était plus le gamin qui pleurait après que son père l'ait abandonné, après tout.

— Bon sang… Je préfère mourir que de perdre contre toi ! Je vais vraiment te battre !

Kazuma répondit violemment, en lui faisant un doigt d'honneur… Peut-être était-il toujours un enfant après tout !

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— Alors tu penses toujours pouvoir me battre ? Avec tes petits tours, tu n'aurais jamais pu vaincre Shingo et Takeya !

— Oh, alors tu as remarqué ?

Dit Kazuma en haussant légèrement ses épaules comme pour dire, « Je m'en moque. »

— En inspectant les corps, on le remarque au premier coup d’œil. La simple manipulation de l'oxygène a entrainé la combustion. Si on ne s'y attend pas, ça peux être efficace contre deux praticiens Enjutsu de second rang et inférieur.

Genma voyait parfaitement les ruses de Kazuma. Kazuma avait simplement déplacé l'oxygène autour de Shingo vers les environs de Takeya qui relâchait ses flammes.

La soudaine augmentation de la concentration d'oxygène avait entrainé la perte de contrôle des flammes de Takeya. De l'autre côté, Shingo avait souffert du manque d'oxygène dû à ses flammes qui avaient brûlé le peu qu'il lui restait.

C'était l'attaque meurtrière que Kazuma réservait aux praticiens Enjutsu. Quand on a deux assaillants, ça fonctionne encore mieux, car on fait d’une pierre deux coups.

Mais comme Genma l'avait fait remarqué, cette technique ne marche que si l'opposant baisse sa garde.

Comme mentionné, les praticiens Enjutsu pouvaient défier les lois de la physique. Allumer une flamme sans utiliser d'oxygène était l'une des bases de l'Enjutsu.

— Alors c'est comme ça. Tu as l'intention de te battre quoi qu'il advienne, je vais te montrer ce que veut dire pouvoir

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suprême !

Genma éleva au maximum son ki. Une aura azur éclata de son corps et les esprits du feu qui l'entouraient se teintèrent de bleu les uns après les autres.

Les esprits qui baignaient dans le ki azur semblaient matérialisés sous forme de flammes azur, remplaçant les brillantes flammes dorées d'origine et dégageaient une lueur bleue claire et translucide.

Kazuma regarda les flammes azur avec stupéfaction. Après avoir avalé sa salive plusieurs fois, il marmonna d'une voix rauque…

— C'est la première fois que je la vois… Alors c'est ça la flamme azur de KANNAGI Genma…

Les flammes du clan KANNAGI étaient des flammes de purification… et le plus haut niveau était celui de « doré ».

C'était tout à fait exact. Cependant, les plus grandes puissants de lignée directe pouvaient parfois dépasser cette limite.

La « Flamme divine » … C'était une puissance invincible que seuls quelques élus pouvaient obtenir. Ajouter la couleur de leur propre ki à leurs flammes était une habilité que seules onze personnes avaient obtenu depuis mille ans. Les seuls qui avaient atteint ce niveau en deux siècles était Genma avec sa « flamme azur » et Juugo avec sa « flamme améthyste ».

— Regarde de plus près ! C'est le véritable pouvoir contre lequel tes pauvres tours ne peuvent rien.

— Oh… On dirait bien que mes tours ne fonctionneront plus.

Ça sonnait comme une déclaration de forfait, Genma sembla affecté. Cependant, Kazuma n'avait pas encore terminé sa

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phrase.

— Alors, laisse-moi me montrer un peu plus sérieux également !

Après quoi, Kazuma éleva sa main droite en direction du ciel.

— Arrête de plaisan……

Genma s'arrêta. Les esprits du vent s'assemblaient à la demande de Kazuma à une vitesse incroyable, et Genma fut ébahi par ce phénomène.

— Comment… Comment est-ce…

Son choc se montra par ces mots. À ce moment, Genma réalisa pour la première fois qu'il avait sous-estimé la puissance de son fils.

Kazuma n'était pas simplement digne d'être combattu. Il était quelqu'un que Genma ne pouvait vaincre même s'il le désirait.

Genma avait perdu seulement quelques secondes, et ces quelques secondes étaient ce que Kazuma recherchait.

Genma commença rapidement son invocation, mais Kazuma l'informa calmement.

— C'est inutile, mon invocation est bien plus rapide.

À dire vrai, Kazuma ne pensait pas pouvoir battre Genma en terme de force. Au niveau de la puissance d'attaque, les esprits de feu sont les plus forts des quatre

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éléments. Par conséquent, si un praticien Enjutsu se bat avec un praticien Fûjutsu de force égale et que les deux s’attaquent à pleine puissance en même temps, le praticien Enjutsu sera définitivement vainqueur.

Dans tous les cas, tout praticien Fûjutsu se doit d'empêcher les praticiens Enjutsu d'attaquer à pleine puissance.

Au niveau de la rapidité, les esprits du vent sont les plus rapides. Si le praticien Fûjutsu commence son invocation le premier, et qu'il peut attaquer son opposant le premier avec suffisamment de force. Alors s'il atteint sa cible avec une différence de temps suffisante, il ne peut pas perdre.

Agir faiblement en premier, mais révéler ses vraies capacités quand l'ennemi est incapable de donner sa pleine puissance.

Pour certains cela pourrait être considérer méprisable, mais « fairplay » n'était pas dans le vocabulaire de Kazuma. « Le vainqueur est le vainqueur, peu importe comment il gagne » c'était sa devise.

Kazuma savait qu'il serait surement vainqueur. Il avait déjà assemblé plus de puissance que Genma, et tout ce qui lui restait à faire était de la relâcher.

— Je vais épargner ta vie… Sois-en reconnaissant !

D'une taille apparemment dix mille fois qu'un grand typhon, une effroyable énergie se déchaîna violemment. Le vent déchaîné se changea en d'innombrables lames se précipitant de partout, coupant la flamme azur en de petits morceaux.

— Argh…… Ahhhhhhhhhhh !!

Même ainsi, le vent frénétique ne semblait pas faiblir. Il atteignit la chair de Genma, sans s'arrêter… passant au travers.

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Les lames étaient tellement rapides et fortes qu'il n'y avait même pas le temps pour la victime de ressentir la douleur. Au lieu de cela, un froid infiniment perçant se faisait sentir ... Ce fut la dernière sensation que ressentit Genma, quand il succomba à l'obscurité.

— ………………………

Kazuma regarda froidement le corps de son père, qui était étendu sur le sol dans une flaque de sang. Genma sur le sol teinté de rouge, était inanimé comme mort.

— …… !

Kazuma, dont la tête s'était abaissée et dont les frissons de ses épaules commençaient à s'étendre à travers tout son corps, explosa finalement sous l'émotion.

— …… Ho…… Ha…… Haha…… Ha…… Hahahahahahahaha !! C'est génial ! J'ai gagné ! Maintenant je sais à quel point je suis fort ! Bon sang papa ! Sur ton lit d'hôpital tu regretteras m'avoir abandonné ! Ahahahahahahaha…… Hahahaha…… Haha…… Ha……

Kazuma, riait brillamment dans le parc vide, puis se calma soudainement puis s'écroula au sol pris de fatigue. Il regarda vers le ciel avec une expression un peu troublée.

— J'ai gagné… Que faire… Tsoirin…… Que…… que dois-je faire maintenant…… ?

… Mais la lune ne répondit pas à sa question.

Personne ne pouvait y répondre. La lune resta immobile dans le ciel nocturne, brillant silencieusement.

4ème Partie

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Il était déjà, près des deux heures du matin au moment où Kazuma rejoignit son hôtel. Ses pas étaient quelques peu lourds après avoir enduré trois batailles en une journée.

Mais il ne pourrait pas encore se reposer. Le vent rapportait l'odeur d'un feu.

(Un KANNAGI encore ? Quand vont-ils enfin comprendre……)

Même si c'était gênant, Kazuma n'avait pas l'intention de fuir, car l'ennemi attendait à l'entrée principale de l'hôtel. Kazuma marcha droit vers la source.

Peut-être que l'ennemi sentait que Kazuma approchait. L'ombre maigre assise à côté du parterre de fleurs tourna la tête.

Dû à l'obscurité de la nuit, Kazuma était incapable de voir clairement le visage de cette personne, bien qu’il ait une petite tête. La puissance qu'il possédait était plus faible que celle d'Ayano, mais bien différente comparée à celle de Shingo et de Takeya.

(…… ? Y-a-t-il une telle personne dans la famille KANNAGI…… ?)

L'ombre approcha soudainement de Kazuma sans hésitation. Son visage était éclairé par les lampadaires, révélant qu'il était plus jeune que prévu. Un enfant d'environ dix ou onze ans, marcha vers Kazuma.

Il portait un short beige et une veste avec une doublure en laine. Il avait des bottes lui montant aux genoux. Portait des vêtements d'occasion, mais de bonne facture.

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Son minois pouvait faussement le faire passer pour une fille, mais il avait une aura mature. Il ressemblait à un jeune homme de bonne famille.

Le jeune homme semblait nerveux en regardant Kazuma, qui renvoya ses regards suspicieux. Après s'être regardés l'un l'autre quelques secondes, le garçon ouvrit doucement la bouche.

— Pour dire vrai, j'ai du mal à y croire…… mais si tu es là, alors ça veux dire que père a perdu ?

(Père… ?)

Après coup, quand Kazuma se rappelle de cette scène, il se sent vraiment stupide. Toutefois, à ce moment-là il ne comprenait pas ce que voulait dire le jeune homme, il lui demanda donc directement,

— …… Qui es-tu ?

Ces jeunes yeux devinrent soudain plus sérieux. Il semblait en colère, mais à cause de son joli minois, il n'était pas du tout menaçant.

— Tu parles sérieusement ? … Grand frère

— 'Grand frère'… ? Oh, tu es Ren

Kazuma frappa dans ses mains et en prononçant le nom de son frère, qui avait apparemment douze ans maintenant.

(Mais oui, j'ai un frère.)

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S'il avait dit ses mots à haute voix, Ren lui en aurait probablement voulu pour toujours, c'est pourquoi Kazuma se força à garder ces mots pour lui.

— Tu as grandi ! Ça fait au moins dix ans que je ne t'ai pas vu, non ?

— …… Je ne pense pas que ça fasse si longtemps !

Ren répondit durement.

— Ça alors ? Mais ça dois faire au moins quatre ans la dernière fois que nous nous sommes vus, non ? Après tout, je n'ai pas rappelé pour te voir après que je sois parti.

— Oui, tu es parti sans même un mot.

— Oh…… Ahh…… Désolé……

La voix de Ren semblait bien plus sérieuse. Kazuma répondit simplement par un sourire embarrassé.

La raison pour laquelle Kazuma avait oublié Ren n'était pas parce qu'il était sans cœur… ou plutôt, pas seulement.

Contrairement à son grand frère, Ren était né avec d'exceptionnels pouvoirs de Fûjutsu, Genma avait de grandes attentes envers lui. Genma avait apparemment peur que l'inutilité de Kazuma puisse influencer Ren, au point de chercher à les séparer le plus possible.

Les deux frères ne se voyaient qu'une fois tous les six mois. Malgré tout, aussi innocent que soit Ren il allait voir Kazuma contre l'avis de son père.

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Kazuma ne pouvait s'empêcher d'avoir des sentiments partagés envers son frère talentueux. Malgré tout, il ne pouvait détester l'adorable garçon qui lui souriait et qui n'était pas conscient qu'il avait ce genre de sentiments envers lui et qu’il restait très attaché à lui.

Même si Genma avait tenté de les séparer, Kazuma et Ren étaient très proches.

…… Au final on ne peut pas le dire sans cœur.

— Ah…… alors qu'est-ce qui t'amène ici ?

Demanda Kazuma, se reprenant lui-même.

Ren devint soudainement sérieux, regardant Kazuma dans les yeux.

— Je…… je suis venu pour te convaincre, grand frère.

— …… pfff

Kazuma grommela en s'éloignant, laissant Ren derrière lui.

— Grand frère !?

— D'abord, allons dans ma chambre ! Cette journée a vraiment été éreintante, je suis crevé.

Après avoir deviné la raison de sa fatigue, l'expression de Ren devint obscure. Il était secrètement déterminé à ramener Kazuma avec lui.

Ren suivit Kazuma, qui était déjà à l'intérieur de la chambre.

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Dans le salon de la suite, Ren et Kazuma s'étaient assis face à face. Ren s'assit doucement sur le bord du canapé. Il n'était pas méfiant, toutefois. Le canapé était bien trop mou, et il avait peur qu'en s’assaillant plus au milieu, il ne reste coincé dedans.

Kazuma était assis face à une tasse de thé et Ren à une mug rempli de lait chaud avec du miel. Pourtant aucun d'eux n'y toucha. Ils se regardaient l'un l'autre en essayant de deviner les pensées de l'autre.

— Revenons-en au sujet. Pourquoi es-tu venu ?

— …… Hein ? C'est parce que……

Kazuma leva la main, arrêtant Ren pour reposer la même question.

— Je sais déjà la raison. Mais pourquoi ? KANNAGI Genma a déjà essayé, alors pourquoi es-tu venu ici ? Normalement, tu ne devais pas t'attendre à ce qu'il perde face à moi !

Genma ne pouvait pas perdre, c'était une idée communément admise par tout le clan KANNAGI. Depuis que Juugo avait perdu l'usage d'une de ses jambes dans un accident de la route, Genma était sans nul doute le plus puissant praticien dans le clan KANNAGI.

Ils devaient probablement penser en ce moment même, que Genma arriverait d'ici peu chargé d'un Kazuma blessé ! Cependant, Ren,

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en dépit d'être celui qui croyait le plus en la force de son père, ne semblait ne pas voir les choses de cette manière. Ce qui signifiait……

— Dis-moi, qu'est-ce que tu sais ?

Ren essayait de lutter contre ses yeux qui semblaient voir au travers de lui.

— Je sais qu'il y a des rumeurs, venant d'un site web d'occultisme européen.

Les utilisateurs de magie, et leurs techniques d'autres temps, étaient en réalité très progressistes quand il s'agissait d'utiliser quelque chose d'aussi pratique qu'Internet.

Le site web que Ren avait trouvé était l'un de ceux qu'utilisaient les praticiens pour échanger des informations.

— Je les ai entendu dire…… qu'il avait un « Contracteur » japonais……

Kazuma écarquilla les yeux lentement. Ren, témoin de cette réaction, pris son courage à deux mains et dit à Kazuma ses soupçons.

— Je n'ai aucune preuve. Mais…… j'en suis certain… c'est toi, n'est-ce pas ? Le seul Contracteur connu de l'histoire…… c'est toi, n'est-ce pas, grand frère ?

— Tu as tort.

Kazuma répondit simplement. Arrêtant Ren, qui était en train de parler, et poursuivit.

— Pas le seul, il y en a au moins un autre. Je pense que nous le savons tous les deux.

— Alors, alors grand frère tu es vraiment un……

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Ren regarda Kazuma avec crainte, comprenant l'implicite réponse.

— Peu importe, ce n'est pas le plus important. Retournons plutôt au sujet !

Kazuma se mis confortablement en croisant les jambes et leva sa tasse.

Ren se redressa, et utilisa son franc-parler juvénile.

— Alors laisse-moi te demander, es-tu le praticien Fûjutsu qui a tué des praticiens KANNAGI ces derniers jours ?

— Ce n'était pas moi.

Kazuma répondit avec la même franchise.

— Je l'ai dit à chaque personne que j'ai rencontrée, mais aucune ne m'a cru. Je me demande bien pourquoi ?

Même s'il savait bien que Ren en connaissait la raison, il l'a garda pour lui. C'était peut-être mieux ainsi !

— Si c'est le cas, pourquoi ne pas venir t'expliquer !? Sinon, tout le clan KANNAGI risque de devenir ton ennemi d'ici peu !

— …… C'est pas déjà le cas ?

En entendant la calme réponse de Kazuma, Ren le regarda avec de gros yeux…… mais cela n'avait rien d'une plaisanterie.

— Peu importe à quel point tu es fort, contre le clan KANNAGI……

— Notre vieux m'a dit la même chose ! En sachant dans quel état il est maintenant, non merci. Ayano ne peux pas être considérée comme une vraie adversaire. Et ceux de la famille indirecte ne sont rien. De toute façon, je ne pourrais pas perdre tant que je ne me bats pas directement avec le chef du clan.

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Ren ne trouva rien pour contredire ce qu'avait dit Kazuma.

Peut-être à cause de son frère, qui semblait prêt à pleurer, Kazuma baissa le ton de sa voix.

— …… Je comprends que ce que je fais est très stupide. Se battre uniquement pour gagner prouve à quel point je suis idiot. Si je revenais pour dire bonjour, le chef du clan me pardonnera sûrement. Mais…… Je n'ai pas l'intention de céder face au clan KANNAGI en aucune façon.

Kazuma s'arrêta, se rinça la gorge avec un peu de thé rouge. Le son de la tasse posée dans sa soucoupe était anormalement aigu.

— Après si longtemps, je n'ai plus de haine envers la famille KANNAGI. Même si je suis maintenant beaucoup plus puissant que tous ceux qui m'ont intimidé par le passé, réunis, je n'ai pas l'intention de me venger et me mettre à leur niveau. Toutefois, cela ne signifie pas que j'ai oublié toutes les choses qu'ils m'ont faites, ni les cicatrices douloureuses qu'ils m'ont laissées au cœur. Afin de remédier à ma faiblesse, j'ai abandonné le nom de KANNAGI. Par conséquent, je ne cèderai pas face au clan KANNAGI. Je jure sur le nom des YAGAMI de ne jamais leur céder.

Le ton de sa voix était beaucoup plus calme que ses mots le laissaient penser, pourtant son inflexible détermination était claire.

Ren n'avait d'autre choix que de rester silencieux, apparemment incapable d'atteindre Kazuma.

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— Bien qu'il s'agit d'une décision très stupide ! Après tout, elle n'aura pas à tenir éternellement.

— …… Que veux-tu dire ?

Demanda Ren, surpris.

Kazuma répliqua naturellement,

— Le clan KANNAGI sera exterminé tôt ou tard. J'ai vu l'un de leurs ennemis aujourd'hui, et il a un niveau bien plus grand que celui d'Ayano. En plus, on dirait que notre vieux n'aura pas le temps de guérir à temps !

En dépit d'être celui qui avait grièvement blessé Genma, Kazuma ne semblait pas s'en soucier du tout.

— Tu…… Comment peux-tu dire une telle chose !? Grand frère, ne fais-tu pas parti de la famille KANNAGI toi aussi ? Est-ce que ça te va si tous les membres de la famille meurent !?

— Ce n'est plus mes affaires. Je ne suis plus un KANNAGI, ni un membre de cette famille.

Kazuma avait clairement répondu à ses questions, même si cela avait choqué Ren.

— Ne te fais pas de fausses idées, Ren. Je n'ai pas abandonné la famille KANNAGI, c'est la famille qui m'a abandonné.

— Mais…… pourtant……

— Qu'est-ce qui m'oblige à aider le clan KANNAGI ?

Ren ne trouvait rien à dire. Ce que disait Kazuma était vrai, après tout, et Ren n'avait aucun droit de lui demander de les aider non plus.

Mais s'il abandonnait simplement comme cela, il perdrait le but principal de sa rencontre avec Kazuma.

Ren leva

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la tête le regardant montrant son désespoir, Kazuma lui resta impassible.

— …… Ou…… Ouou…… Ouin…… Ouou……

Sous ses regards insistants, Ren était finalement parti en sanglots.

— Hé ho hé ho…… Pourquoi tu pleures comme ça ? Maintenant je passe pour le méchant !

Peut-être par manque de maitrise de soi en tant que méchant, Kazuma avait dit ses mots sans réfléchir.

Ren continuait de sangloter, sans répondre. Dans ce silence ses pleures résonnaient.

— …… Bon sang……

Kazuma abandonna le premier. Il prit un mouchoir sur le côté et le jeta à Ren, en soupirant.

— Reste ici cette nuit ! Essuie-moi ce visage trempé, et va te coucher calmement. Demain…… je te ramène.

— …… Grand frère !!

Ren pris la serviette, et laissa sortir un cri joyeux. Il la jeta sur la table et sauta sur la poitrine de Kazuma, qu'il prit dans ses bras.

(Je savais que ça allait arriver…)

Kazuma caressa doucement la tête de Ren, regardant au plafond.

Même par le passé, Kazuma n'était jamais arrivé à refuser les « requêtes » de Ren. Peu importe si elles étaient

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raisonnables ou non, aussi longtemps qu'il lui faisait son sourire d'ange quand il lui demandait et suppliait, pleurant en cas de refus, Kazuma finissait par l'écouter.

Cette fois ne fit pas exception. Pourtant……

Kazuma attrapa Ren derrière la nuque et le souleva facilement. Ren, était saisi comme un chaton, regardant Kazuma avec une expression béante. Soudainement, il laissa échapper un sourire sur son visage.

Ce n'était pas de l'admiration. Ren était seulement très heureux.

En le réalisant, Kazuma trouva difficile de cacher ses doutes.

(Est-ce que ce gamin a vraiment douze ans ? Est-il permis d'être aussi mignon ?)

Kazuma ne pouvait pas l'aider mais avait peur pour l'avenir de Ren, mais il arrêta immédiatement ses pensées, réalisant à quel point cela paraissait étrange.

Kazuma jeta Ren.

Ren fit un tour complet et atterrit dans le canapé carré.

— Va te coucher !

— Hein…… Mais……

Ren semblait ne pas apprécier la froideur des paroles de Kazuma.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je veux encore discuter ! Ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vus, après tout……

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Kaze no Stigma vol 01 119.jpg

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Kazuma regarda Ren qui boudait, et le résultat fut le même que toujours. Kazuma ajouta mentalement cette défaite aux centaines qu'il avait perdues contre Ren. Il en avait déjà perdu le compte exact, gardant une vague idée de ce palmarès dans le coin de sa tête.

— …… J'ai compris. De quoi veux-tu parler ?

Kazuma sorti le drapeau blanc et se rendit.

Ren demanda timidement,

— Hum… Eh… Que dois-je faire, pour être aussi fort que toi, grand-frère ?

— Comment saurais-je quelle méthode d'entrainement doit suivre un praticien Enjutsu ?

Ren bouda à la réponse directe de Kazuma.

— En plus, tu as suffisamment de talent naturel. Tu n'as pas besoin de te soumettre à un entraînement particulier, non ?

— C'est pas vrai ! Je suis probablement celui qui a le moins de talent dans la famille directe.

— …… Alors que devrais-je dire, moi qui fut abandonné par manque de talent ?

Kazuma répliqua comme s'il y était obligé.

Inquiet, Ren parla franchement,

— Tu es très doué ! Tu pratiques le Fûjutsu à ses limites ! Comparé à toi grand frère, je suis encore qu'un débutant. Mes flammes sont pas comparables à celles de grande sœur Ayano et de père.

— … Je pense que c'est de te comparer au propriétaire d'Enraiha ou des Flammes Divines qui est le problème.

— Mais……

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L'expression de Ren était pleine d’anxiété. Apparemment, il se sentait inférieur par rapport à cette élite parmi les membres de la famille.

Pourtant, du point de vue de Kazuma, la puissance que possédait Ren n'était pas bien différente de celle d'Ayano il y a quatre ans. Leur différence de pouvoir était simplement due au fait qu'Ayano possédait Enraiha.

Et pour Juugo et Genma, il n'y a pas de comparaison possible. Seulement ceux ayant les Flammes Divines peuvent se comparer entre eux. Ren a dix ans devant lui pour avoir à se sentir inférieur à tout cela.

En d’autres termes, il n'y avait rien de comparable. Cependant, même s'il lui disait cela, Ren ne l'accepterait probablement pas. Après tout, il était perdu à cause de son actuel différence de puissance, et ne parvenait pas à se projeter dans l'avenir.

— De toute manière, si tu veux vraiment devenir plus fort, tu le deviendras même si tu manques de talent.

En fin de compte, Kazuma décida de dire franchement ce qu'il pensait à Ren. Kazuma n'aimait pas trop cela, mais il n'avait rien d'autre qu'il ne puisse dire.

— Tu veux dire, qu'aucun talent ne surpasse l’entraînement ?

Ren bouda par insatisfaction.

Kazuma nuança, ce qu'il avait dit,

— Ce n'est pas ce que j'ai voulu te dire. Il y a des frontières que même le plus dur des entraînements ne peut franchir, et des niveaux que l'on ne pourra jamais atteindre sans talent... Mais si tu y mets tout ton cœur, tu seras bien trop occupé pour t'attarder sur ce genre de détail. Alors, peu importe combien cela peut paraître absurde ou impossible, tout ce que tu as à faire c'est travailler dur pour y arriver. Si tu n'arrives toujours pas à oublier ton manque de connaissance et tes limites sinon tu n'arrives pas à travailler aussi durement que tu le peux... Ou bien, tu devrais peut-être tout simplement

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abandonner.

Sûrement les mots de Kazuma étaient trop durs, au point d'effrayer plus Ren que de l'aider.

— C'est…… c'est comme ça que tu es devenu aussi fort, grand-frère ?

— Ouaip, j'ai frôlé la mort quotidiennement !

— Pour travailler aussi dur… Voulais-tu à ce point prendre ta revan…… affronter père ?

Ren avait si peur que le mot « revanche » soit peut-être trop dur, qu'il en bégaya.

Kazuma ne peut que simplement sourire face aux suppositions de Ren qui différaient tant de la vérité.

— Je suis heureux que tu me surestimes. Mais je ne suis pas si puissant. La raison pour laquelle j'ai quitté le Japon était pour fuir… fuir notre sans cœur de père…… et cette femme. Fuir quelque part loin, très loin. Je n'en ai plus rien à faire de la famille KANNAGI maintenant. Je n'avais même pas pensé me venger de notre vieux jusqu'à ce qu'il m'appelle.

— Alors, pourquoi ?

— Sur ça…… tout ce que je peux te dire c'est que j'ai eu de nombreuses difficultés !

Kazuma essaya d'éviter la question de Ren, car le sujet ne convenait pas à l'enfant innocent qu'était Ren.

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— De nombreuses difficultés ?

— Et bien, de nombreuses…… en parlant de ça, la dernière fois j'étais sur le territoire Chinois, et j'ai rencontré un Dragon Roi……

— De nombreuses difficultés……

— Écoutes ! C'était dans la province du Sichuan…

Ren en oublia sa question. Sans même le réaliser, il s'était immergé dans les histoires de son frère.

Kazuma laissa échapper un profond soupir de soulagement tout en continuant d'enjoliver ses aventures à l'étranger.

5ème Partie

Après avoir bordé un Ren trop excité pour dormir, Kazuma s’allongea finalement sur son lit. Il tomba de sommeil dès que sa tête toucha le matelas, mais son repos se termina en un clin d’œil.

— ……………………

Kazuma fut réveillé par la sensation d'une présence maléfique et sauta rapidement hors de son lit. Quand il fit cela, il sentit un objet noir passer lentement sous ses pieds.

(C'est…… !)

Kazuma marcha sur le sol tremblant et passa la tête dans la chambre de Ren.

— Ren ! Réveille-toi !?

— Oui !

Ren était déjà réveillé et portait ses chaussures. En dépit de son âge, c'était déjà un praticien KANNAGI, et il lui était impossible de ne pas remarquer

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cette présence aussi monstrueuse.

— Que se passe-t-il ?

— Un idiot a tranché l’hôtel entier en deux ! On doit partir tout suite !

Kazuma saisit Ren sans plus d'explications et courut vers la fenêtre.

— Attends…… Attends une seconde, grand-frère…… ne me dis pas que…

Kazuma répondit à la question de Ren en acte. Une rafale de vent brisa la vitre. Kazuma sauta par cette nouvelle sortie sans hésiter.

Inutile de dire, qu'il tenait Ren durant toute l'action.

Naturellement, il n'y avait rien après cette sortie. La lumière de l'aube brillait sur la surface de la terre, qui semblait désespérément loin.

La peur de Ren se transforma en sortant de sa bouche.

— WAAAAAAAaaahhh !

Son cri les suivait derrière eux tandis qu’ils descendaient à une vitesse vertigineuse. Ren ferma les yeux.

Mais ils étaient maintenus par une douce brise au lieu de se heurter violemment au sol. Kazuma avait habilement changé sa posture, atterrissant parfaitement sur ses jambes.

— Hé, nous sommes arrivés à destination.

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Kazuma tapa légèrement sur la tête de Ren, qui était fermement agrippé à lui, et l'informa qu'ils avaient déjà rejoint le sol. Ren ouvrit ses yeux apeurés, et regarda les alentours.

— Gran…… Grand frère…… est-ce que je suis encore vivant…… ?

— Les vrais problèmes commencent maintenant.

Ren posa ses pieds, leva la tête pour regarder. Ce qu'il vit était incroyable.

(L'hôtel tombe du ciel…… ?)

L'hôtel avait clairement été coupé à un tiers de sa hauteur en partant d'en haut, et qui maintenant s'écroulait. Une partie de l'immeuble d'environ une centaine de mètres s'écroula d'une hauteur de deux cent mètres. C'était facilement comparable à une météorite géante tombant du ciel, une catastrophe au-delà de toute compréhension humaine.

Quel idiot couper l'hôtel tout entier !

Les mots de Kazuma heurtèrent les pensées de Ren.

(C'est…… un humain qui a fait ça…… ?)

Les malheureux qui avaient été sur le chemin de la coupure furent balancés un à un comme des poupées de chiffons. Leur seule chance fut, de n'avoir probablement pas eu le temps d'avoir eu peur au moment où leurs corps furent déchiquetés. Les parties supérieures des corps gisaient au sol, ces morceaux de chaires indiquaient qu'ils n'avaient plus de chance de survie.

— Ne bouge pas, imprudent !

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Afin de se protéger de l'immeuble qui s'écroulait, Kazuma entoura lui et Ren d'une barrière de vent. Ren s'était instinctivement agrippé à la veste de Kazuma.

L'instant d'après…

Vou…… lan……

Les ruines du gigantesque immeuble s'écroulèrent violemment au sol.

La nette coupure cauchemardesque provoqua un désastre. La partie supérieure de l'hôtel qui avait percuté le sol resta dans sa position verticale d'origine. Les gens qui passaient leur nuit dans cette partie de l'hôtel ont dû profiter de cette chute libre de deux cent mètres de hauteur. Ren vit d'innombrables ombres aux fenêtres, leurs visages déformés par la peur et le désespoir… ou était-ce simplement son imagination ?

— …… Arg……

L'hôtel qui s’écroula à une vitesse terrifiante fut entièrement brisé en mille morceaux. Et avec cela, l'énergie cinétique obtenue lors de la chute fut projeté dans toutes les directions.

D'innombrables morceaux, pour la plupart d'une dizaine de mètres de long, s'étaient envolés vers eux, qui se tenaient au centre de l'impact. Ces morceaux avaient le potentiel destructeur de plusieurs missiles, mais ils furent à chaque fois bloqués par le puissant bouclier de vent de Kazuma.

Plutôt que de continuer à rester dans leur position actuelle, Kazuma utilisa la force de l'explosion pour voler jusqu'au ciel. Son bouclier sphérique réduisit habilement

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l'impact, lui permettant de s'éloigner à une bonne distance.

— …… Ah…… Ah……

Regardant là où se trouvait auparavant l'hôtel, Ren marmonna.

Il y avait de la poussière de partout, bloquant la scène du regard pour le moment. Mais…

Ses yeux regardaient en l'air affichant un grand désespoir. La poussière ne volait pas plus haut que les cinquante mètres, mais il n'y avait rien au-dessus. La partie inférieure de l'hôtel, qui était censé être à l'abri du danger, n'était plus là.

Le grand immeuble, connu pour être le plus élevé du Japon… le Yokohama's Landmark Tower était complètement détruit.

(Ça…… Ça ne se peut pas…… une telle chose……)

Incapable de regarder la scène directement, Ren baissa les yeux, et remarqua soudainement le sol autour de lui.

D'innombrables trous marquaient le bitume, probablement en raison des morceaux projetés. Le nombre de gens se trouvant dans le secteur était incroyable.

Même si c'était seulement l'aube, il était impossible que personne ne se soit déplacé dans une zone si proche d'installation gouvernementale. Que ce soient des gens en col blanc qui aient quitté la maison tôt le matin, des adolescents faisant leur jogging, des livreurs de journaux ou des personnes ayant une autre raison de se réveiller si tôt… Ils avaient tous été frappés directement par les morceaux de béton, et étaient maintenant immobiles au sol, gémissant.

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La marre de sang qui recouvrait la route continuait à se répandre davantage. Les spectateurs épars étaient trop faibles pour échapper aux griffes de la mort, mais ils n'étaient toujours pas encore morts… ou plutôt, ils ne mourraient pas tout de suite.

Ceux qui avaient séjourné dans l'hôtel devaient être plus chanceux. Après tout, au moins ils ne continueraient pas à souffrir.

Ren enfouit son visage dans le dos de Kazuma et s'agrippa avec ses mains tremblantes. Il se sentait comme si tous ces gens qui se plaignaient de douleur cherchaient à le lui reprocher. Il ne pouvait pas supporter de regarder cela plus longtemps.

— Quel bazar il a fait.

Après avoir atterri au sol, Kazuma marmonna comme si cela n'avait rien à voir avec lui.

— Ça…… a été fait par un Fûjutsu ennemi…… ?

— Peut-être.

— Tu pouvais…… Tu pouvais pas l'arrêter ? Si tu l'avais fait, grand-frère……

— Ah…… Nan, Je ne peux pas interférer avec le vent que ce type contrôle.

Entendre Kazuma dire ces simples mots avec insouciance, Ren fut choqué et incrédule.

— C'est pas possible… ?! Parce que, Grand-frère, tu es……

— Ouais, c'est ce que je pense aussi. Il y a apparemment quelqu'un d'autre comme moi.

Incapable de dire quoi que ce soit, l'expression déjà pâle de Ren frissonna légèrement. Et il n'y avait pas de quoi en rougir. Pour se battre contre ce genre

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d’ennemi, même pour la famille KANNAGI……

— Ne prends pas cet air si pitoyable. Ne t’inquiète pas. Une telle personne ne peut pas exister.

Ren eut un sourire soulagé quand Kazuma lui caressa la tête, mais se changea à nouveau en doute en un instant.

— Mais alors, pourquoi tout ça ? Tu le sais déjà, hein ?

— Ouais. Après ce qui vient de se passer, je pense que je commence à comprendre ce qui arrive.

Kazuma serra son poing fermement et, avec une grande force, le jeta dans l'un des morceaux de béton armé se trouvant au sol sur le côté.

Le morceau apparemment résistant du bâtiment s'était réduit en débris encore plus petits, avec sa fondation en acier. Le morceau de gravats s'envola comme une balle, abattant le seul lampadaire qui était resté debout.

— Bon sang, ne joue pas avec moi…… Je vais te montrer qu'il y a certaines choses que je ne tolère pas……

En regardant son frère furieux, Ren frissonna de peur. Il était bien content que la fureur de Kazuma n'était pas dirigée contre lui.

— Hum…… Alors il est là ? Ren, va-t'en d'ici.

Sentant l'ennemi approcher, Kazuma donna cet ordre à Ren.

— Grand…… Grand-frère……

— Ne t'inquiète pas. Il n'y a qu'un ennemi, et tu n'as pas ta place dans cette bataille. Attends-moi simplement dans ce coin

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là-bas, je reviens dès que j'aurai fini.

— Tu…… tu vas gagner, hein ? Grand frère ?

— Laisses-moi faire. Ton grand-frère est invincible !

Sans même tourner la tête, Kazuma leva son pouce en direction de Ren alors que le vent autour de son corps l'élevait vers le ciel. Ren regarda son frère de dos avec une entière confiance.


Voyant le nombre de démons entourant l'ennemi droit devant lui, Kazuma ressentit une profonde peur. Un démon de ce niveau devrait être scellé au plus profond des enfers. Et, même s'il ne l'était pas, il devrait au moins ne pas être libéré à la surface.

Mais Kazuma ne révéla pas ses pensées. Il parla de manière très naturelle.

— Salut, merci pour ta forme d'hospitalité…… Je crois que c'est la première fois que nous nous rencontrons en personne ?

Cette chose resta silencieuse. Même s’il n'avait pas parlé, son attitude ne pouvait pas être plus claire. Même un débutant saurait reconnaître le désir meurtrier qu'il dégageait, une aura tellement froide qu'il donnait l'illusion d'être emprisonné dans une caverne de glace.

(Frapper avant qu'il ne le fasse !!)

Kazuma tira subitement une rafale de vent puissant. Il n'allait pas se laisser faire aussi facilement par ce monstre. En fait, il ne pouvait pas y aller avec douceur avec lui. Il avait l'intention de maintenir son attaque sans relâche jusqu'à ce que l'ennemi soit détruit, il continua à lancer des rafales de vent.

La réaction de son opposant changea immédiatement. Une aura menaçante fit immédiatement basculer Kazuma sur le côté au maximum de sa vitesse.

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Un vent noir passa par l'endroit même où il était un instant plus tôt.

Même s'il avait rebondi sous l'onde de choc, Kazuma connaissait la véritable identité du vent noir.

Un vent avec la force de repousser le vent de Kazuma, et avec une aura qui appelait une mort certaine… il n'y avait aucun doute.

— Ce n'est pas normal…

L'ennemi était clairement plus fort que Kazuma. Mais même si c'était le cas, Kazuma ne pouvait tout simplement pas déclarer forfait. En tant que praticien, il n'y avait aucune raison que des actes aussi anormaux puissent exister.

(Devrais-je révéler ma vrai puissance… ? Après tout, Ren le sait déjà…)

Au moment où il allait se décider, le cri de Ren arriva aux oreilles de Kazuma.

— Ouahhh ! Gran…… Grand-frère ! Gran…

— Ren !? Bon sang !

Le cri coupa la concentration de Kazuma, chose que son opposant prit rapidement avantage. Un vent noir passa juste sous la gorge de Kazuma. S'il ne l'avait pas remarqué à temps, sa tête aurait sans doute été séparée de son corps.

La gorge serrée de douleur, Kazuma fut submergé d'étonnement.

(Comment est-ce possible qu'il y ait une second personne ici…… ? Ça ne se peut pas… Ah !)

Kazuma avait complètement oublié. Le vent noir pouvait non seulement ignorer les ordres de Kazuma, mais

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également cacher la présence d'une autre personne.

Ce fut une erreur d'inattention impardonnable, car celui qui s'était caché battait maintenant en retraite, en prenant Ren avec lui.

Mais Kazuma ne pouvait pas le poursuivre, pas tant qu'il faisait face au monstre devant lui, sinon il était sûr de mourir. Comme tous les autres, Kazuma avait compris qu'il ne pouvait rien entreprendre.

— Bon sang ! Ren, tiens bon !

Kazuma enleva Ren de son esprit, et se concentra sur l'élimination de l'ennemi devant lui.

Le vent commença à briller avec une lueur azur. Le vent noir recula comme s'il avait peur de cette lueur.

(Je vais te tuer !)

Tandis que Kazuma rassemblait le vent azur en une puissance utilisable……

"Cette chose" releva le bord de ses lèvres en un sourire, puis, disparut juste devant les yeux stupéfaits de Kazuma.

— …… !!

Kazuma leva la tête pour regarder plus haut dans le ciel. Même s'il savait que l'ennemi volait dans les airs à une vitesse élevée, il n'avait aucun moyen de rattraper son retard. Il ne pouvait pas utiliser son vent pour le poursuivre. La présence de Ren avait maintenant complètement disparu également.

— Ils se sont servis de moi……

Kazuma marmonna faiblement, puis descendit à l'écart des ruines de l'hôtel qui ressemblaient à un champ de bataille.

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(Attends-moi, Ren ! Je vais venir te sauver !)

Kazuma ne montra aucune expression visible alors qu'il passait devant la police et les pompiers qui étaient réunis, puis il se mêla à la foule.



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