Fate/Zero:Volume1fr

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Illustrations[edit]




PROLOGUE


Prologue

8 ans plus tôt[edit]

Laissez-nous vous conter l'histoire d'un homme.

Le conte d'un homme qui, plus que quiconque, crût en son idéal, et fut par lui plongé dans le désespoir.

Le rêve de cet homme était simple.

Il voulait que tout le monde soit heureux, c'était tout ce qu'il avait toujours souhaité.

C'était un rêve puéril auquel tous les jeunes garçons se sont un jour attachés, mais qu'ils doivent abandonner à cause de la dureté de la réalité.

Toute joie a un prix; tous les enfants le comprennent en devenant adultes.

Mais cet homme était différent.

Peut-être était-il simplement le plus simplet d'entre tous. Peut-être était-il mal fichu quelque part. Ou peut-être était-il de cette catégorie que nous appelons des "saints", appréhendant la volonté de Dieu, une volonté que les gens normaux ne peuvent comprendre.

Il savait que pour chaque existence en ce monde, il n'y avait que deux futurs possibles, le sacrifice ou le salut...

Quand il comprit qu'il ne pourrait pas rétablir l'équilibre en vidant les plateaux de la balance...

A partir de ce jour, il décida qu'il serait celui qui définirait les poids.

Pour atténuer les douleurs de ce monde, il n'y avait pas d'autres moyens, pas de plus efficace.

Pour permettre à une vie de continuer, il devait interdire à une autre de faire de même.

Autrement dit, pour laisser une majorité de personnes vivre, il devait en tuer une minorité.

Ainsi, plutôt que de sauver les gens en leur tendant la main, il excellait dans l'art de tuer.

Encore et encore, il trempait ses mains dans le sang, mais pas une fois l'homme ne cilla dans sa résolution.

Ne se posant jamais de questions sur la justice de ses actes, ne doutant jamais de son but, il se faisait un point d'honneur à ne pas faillir à choisir les bons poids à poser sur la balance.

Et à ne jamais se méprendre sur la valeur d'une vie.

Sans considération pour l'humilité d'une existence ou l'âge de l'individu, toutes les vies pesées également. Sans discrimination, l'homme sauvait des vies, et sans discrimination, l'homme tuait.

Mais il réalisa trop tard.

Juger tout le monde dans la plus parfaite justice, cela revient au même que de n'aimer personne.

Aurait-il gravé cette règle inviolable dans son esprit plus tôt, il aurait atteint le salut.

Gelant son coeur jusqu'à la nécrose, se transformant en une machine n'ayant ni sang ni larmes, il se força à vivre sa vie pour trier ceux qui devaient mourir de ceux qui devaient vivre. Et probablement sans en ressentir la moindre souffrance.

Mais cet homme se trompait.

Peu importe de qui, un sourire soulagé emplissait son être de fierté et n'importe quel gémissement lui étreignait le coeur.

La colère fut ajoutée à ses regrets et ses larmes de solitude demandaient désespérément des mains pour les essuyer.

Alors même qu'il poursuivait un idéal au-delà de toute raison humaine - il était trop humain.

Combien de fois fut-il puni pour cette contradiction ?

Il connaissait l'amitié, il savait le sens de l'amour.

Mais même en mettant la vie de l'être aimé d'un côté de la balance et celle d'innombrables inconnus de l'autre -

Il ne fit jamais d'erreur.

Plus important pour lui que l'amour était de juger impartialement chaque vie, et, impartialement, de s'en défaire.

Même lorsqu'il se trouvait avec quelqu'un cher à ses yeux, il semblait être en permanence en deuil.

Et maintenant, l'homme reçoit sa plus grande punition.

A l'extérieur, tout est gelé par une tempête de neige. La nuit du milieu de l'hiver durcit le sol de la forêt.

La pièce est située dans un vieux château construit sur le sol gelé, mais elle est protégée par une douce flamme brûlant dans la cheminée.

Dans la chaleur de cet abri, l'homme tenait dans ses bras une nouvelle existence.

C'en était une vraiment minuscule - un corps si réduit qu'il semblait éphémère, et sans poids pour prouver le contraire.

Le geste le plus délicat peut être dangereux, comme avec la première boule de neige formée de nos mains qui s'écroule au moindre tremblement.

Avec une faible détermination, le nouveau-né conserve sa température en dormant, la respiration faible. C'est tout ce que les modestes mouvements de sa poitrine sont capables de produire pour le moment.

"Ne t'inquiète pas, elle dort."

Alors qu'il berce le bébé dans ses bras, la mère, se reposant sur sa couche, sourit en les regardant.

À voir l'air exténué de l'enfant, elle n'est pas encore à l'aise, et son teint n'est pas parfait, mais la beauté cristalline de son visage n'en pâlit pas pour autant.

Et par-dessus tout, son sourire bienheureux efface la fatigue qui devrait gâcher sa tendre image.

"Elle est toujours difficile et pleure même dans les bras des nourrices auxquelles elle devrait pourtant être habituée. C'est la première fois qu'elle se laisse bercer si silencieusement... Elle comprend. Elle comprend qu'elle ne risque rien car tu es un homme bon."

"..."

Sans répondre, abasourdi, l'homme compare la mère dans le lit avec l'enfant dans ses bras. Le sourire d'Irisviel a toujours été aussi éclatant ?

Elle était pourtant une femme peu joyeuse. Personne n'aurait pensé lui offrir ce sentiment appelé bonheur. Elle n'était pas une création de Dieu, mais de la main de l'homme... En tant qu'homonculus, un tel traitement était normal. Irisviel n'a jamais eu le moindre voeu.

Créée en tant que marionnette, élevée de la même manière, peut-être n'avait-elle à la base jamais compris le sens du bonheur.

Et maintenant - elle rayonne.

"Je suis vraiment heureuse d'avoir eu cet enfant."

Faisant silencieusement transparaître son amour, Irisviel von Einzbern prit la parole, contemplant l'enfant endormi.

"A partir de maintenant, elle sera avant tout une imitation d'être humain. Ce sera sûrement dur, et elle haïra peut-être la mère qui lui a donné une telle vie. Mais malgré ça, je suis heureuse. Cette enfant est superbe ; elle est magnifique."

Son apparence n'a rien d'étrange, et en la regardant elle est un charmant bébé, pourtant -

Dans l'utérus de sa mère furent conduits un nombre impressionnant de traitements magiques, de façon à ce que, encore plus que sa mère, elle diffère des humains. Son corps a été transformé de telle sorte qu'elle soit réduit à un simple amas de circuits magiques. Telle est la vraie nature de la fille chérie par Irisviel.

Malgré une naissance aussi cruelle, Irisviel prononça quand même le mot "Bien". Donnant naissance à une telle chose, étant née en tant que telle, elle aime cet être, ressent de la fierté à son égard, et sourit.

La raison pour une telle force, pour un coeur aussi aimant, était qu'elle était, sans l'ombre d'un doute, 'une mère".

La fille qui aurait simplement pu être une poupée a trouvé l'amour et devint une femme, et possédant une invincible force en tant que mère. Ca devait ressembler au 'bonheur" que nul ne pouvait détruire. À cet instant, la chambre de la mère et de son enfant, protégé par la chaleur de la cheminée, était indifférente à tout désespoir ou peine.

Mais l'homme le savait mieux que quiconque. Il savait que le monde auquel il appartenait ressemblait plus à la tempête faisant rage à l'extérieur.

"Iri, je — "

En prononçant un simple mot, le torse de l'homme fut comme percé par une lame. Cette lame était le paisible visage endormi de l'enfant, et le chaleureux sourire de sa mère.

"Je serai, un jour, celui qui mettra fin à ta vie."

Alors qu'il se sentait comme sur le point de vomir, Irisviel accepta d'un paisible hochement de tête sa déclaration.

"Je comprends. Bien sûr. C'est le souhait des Einzbern. C'est ce pour quoi j'existe."

C'était l'avenir qui avait été décidé.

6 ans plus tard, l'homme emmènera sa femme au lieu de sa mort. En tant que l'unique victime nécessaire pour sauver le monde, Irisviel sera sacrifiée à son idéal.

Ils en avaient déjà discuté maintes fois, et ils étaient arrivés à un accord.

L'homme avait déjà pleuré à son coeur comptant, s'était maudit pour avoir pris cette décision, et à chaque fois, Irisviel lui avait pardonné et l'avait encouragé.

"Je connais ton idéal, et je me suis attachée à tes prières ; c'est pourquoi je suis ici maintenant. Tu m'as guidée. Tu m'as donné une vie qui n'était pas celle d'une marionnette."

Pour le même idéal, elle s'est sacrifiée. Elle est devenue une part de lui-même ainsi. Et ainsi prit forme l'amour de la femme Irisviel. Parce que c'était elle, l'homme était en mesure de l'accepter.

"Tu n'as pas besoin de me plaindre. Je fais déjà partie de toi. Endurer ta propre douleur est déjà suffisant."

"... Et pour elle ?"

Le nouveau-né était aussi léger qu'une plume, mais un poids d'une autre dimension faisait trembler les jambes de l'homme.

Il ne pouvait pas imaginer, pas plus qu'il n'était préparé, à ce qu'il ferait quand cette enfant deviendrait un obstacle à son idéal.

Il ne faut pas juger ou pardonner la résolution d'un tel homme. Il n'existe pas un tel pouvoir.

Mais, même avec une telle pureté de vie, son idéal est cruel.

Sans considération pour l'humilité d'une vie, ou l'âge de l'individu, toute vie jugée également -

"Je ne suis pas ... digne de la porter."

La gorge de l'homme se serra. Il était proche de sombrer dans le désespoir malgré la douceur du moment.

Une larme tomba sur la joue rose et potelée du bébé dans ses bras.

Sanglotant silencieusement, l'homme mit un genou à terre.

Pour vaincre la cruauté du monde, il avait cherché à atteindre une plus grande insensibilité... Et finalement, pour l'homme qui malgré tout ne pouvait s'empêcher d'aimer, était infligé le plus dur des traitements.

L'être qu'il aimait le plus au monde.

Même si cela signifiait la fin du monde, il voulait le protéger.

Mais l'homme savait. Quand le temps serait venu pour la justice en laquelle il croyait de demander le sacrifice d'une telle vie ... quelle décision prendrait alors cet homme appelée Emiya Kiritsugu ?

Kiritsugu pleura, effrayé de la possibilité que ce jour viendrait, effrayé par cette possibilité sur mille autres.

Tenant fermement sa poitrine dans les bras, Irisviel se dressa sur son lit et posa un main réconfortante sur l'épaule de son mari, fondant en larmes.

"N'oublie pas. N'était-ce pas ton rêve ? Un monde où personne n'aurait à pleurer ainsi. Huit années de plus... et ta bataille arrivera à son terme. Nous parviendrons à le rendre réalité. Je suis sûre que le Graal te sauvera."

Sa femme, parfaitement compréhensive de sa douleur, essuya les larmes de Kiritsugu aussi doucement que possible.

"Une fois que ce jour sera passé, tu devras embrasser cette enfant - Ilyasviel une fois de plus. Offre lui tes bras comme un vrai père."

3 ans plus tôt[edit]

Quand on commence à parler d'occulte, certaines théories portant sur les dimensions reconnaissent l'existence d'un 'pouvoir' hors de ce monde.

Il est le point de départ de toutes les existences. C'est le but le plus cher à tout magus, la 'racine', Akasha... Le domaine de Dieu, les chroniques d'Akasha, le commencement et la fin de toutes choses, qui en gardent la trace, qui créent tout ce qui existe en ce monde.

200 ans plus tôt, certains menèrent des expériences sur ce lieu 'hors de ce monde'.

Einzbern, Makiri, Tohsaka. Ce sont les 3 familles du commencement, qui créèrent une reproduction du 'Saint Graal', sujet de maintes légendes. Espérant que l'invocation du Graal réaliserait tous leurs voeux, les trois familles échangèrent les secrets de leur art pour finalement obtenir la manifestation de l'artefact omnipotent.

... Cependant, ce Graal ne pouvait remplir le souhait que d'une personne. À l'instant même où ce fait fut connu, les liens formés par la coopération furent noyés dans le sang des conflits.


C'est le début de la 'Guerre du Saint Graal', 'Heaven's feel'.

À partir de cet instant, tous les 60 ans, le Graal est invoqué, loin vers l'Est, sur les terres de 'Fuyuki'.

Alors, le Graal sélectionne 7 magi jugés digne de prendre possession de l'artefact et divise entre eux une quantité phénoménale de Prana, ou force de vie, rendant ainsi possible l'invocation d'esprits héroïques, appelés 'Servants'. À l'issue d'un combat à mort, le survivant est désigné comme étant le plus apte à recevoir le Graal.

- Et c'est ce que Kotomine Kirei était en train d'apprendre.

"La marque qui est apparue sur ton bras droit est appelée les 'Sceaux de Commande'. C'est la preuve que tu as été choisi par le Graal, ainsi que la marque sacrée qui te donne le droit de contrôler un Servant."

L'homme qui expliquait ceci de sa voix entraînante s'appelait Tohsaka Tokiomi.

Dans l'enceinte d'une élégante villa bâtie au sommet d'une petite colline, dans le très recommandable quartier au Sud de Turin, en Italie, trois hommes étaient installés dans des fauteuils. Kirei, Tokiomi, et le prêtre qui les avait présentés et dirigeait la conversation, Kotomine Risei... le père de Kirei.

Pour l'ami d'un prêtre qui atteindrait bientôt 80 ans, Tohsaka passait pour un Japonais excentrique. Il semblait être de l'âge de Kirei et donnait l'image d'un expert. D'une vieille et honorable lignée, même pour les standards Japonais, cette villa était sa résidence secondaire, ainsi qu'il n'avait pas manqué de le faire remarquer. Mais le plus intéressant restait qu'il se définissait lui-même comme un 'magus'.

Être un magus n'est pas aussi étrange qu'on pourrait le croire. Kirei était, comme son père, un homme d'église, néanmoins, leur devoir différait notablement de ce que la majorité des gens attendent d'un prêtre.

La 'Sainte Église' à laquelle les personnes comme Kirei appartenaient, avait une obligation qui dépassait le domaine des miracles et autres mystères divins. Elle devait mener l'extermination des manifestations d'hérésie et la faire tomber dans l'oubli. Cela impliquait aussi de superviser un blasphème comme un rituel magique.

Les magi ne traitent qu'avec d'autres magi et se sont organisés, pour leur survie, en un groupe nommé 'L'Association', qui représentait une menace en tant que rival de l'Eglise. À l'heure actuelle, les deux organisations s'étaient entendues pour préserver une certaine tranquillité ; mais même ainsi, le cas d'un prêtre rencontrant un magus pour une petite discussion était proprement impensable.

Bien qu'à la décharge du père, Risei, les Tohsaka étaient une famille avec laquelle l'Eglise avait déjà de vieilles relations, malgré leur statut de magus.

C'était la nuit dernière que Kirei avait découvert l'émergence des trois marques. Il avait alors consulté son père, et Risei l'avait immédiatement emmené à Turin, au matin, pour rencontrer le jeune magus.

À partir de là, après une rapide présentation, Tokiomi avait donné à Kirei les informations concernant la Guerre, 'Heaven's Feel'. La signification derrière les marques sur la main de Kirei... c'était le privilège d'avoir l'occasion de voir son souhait s'accomplir au dénouement de la quatrième recréation du Graal qui aurait lieu 3 ans plus tard..

Ce n'était pas qu'il refusait le combat. Le devoir de Kirei au sein de l'Église était basiquement l'effacement de l'hérésie, faisant de lui un combattant parfaitement expérimenté. On pouvait donc dire que son travail consistait déjà à mettre sa vie en jeu face à un magus. Ainsi, le problème résidait dans la contradiction qui demandait à Kirei, un membre du clergé, de participer en tant que 'magus' à la Guerre qui était un conflit entre magi.

"Heaven's Feel se trouve être une bataille utilisant les Servants comme des familiers. Autrement dit, la magie permettant l'invocation est requise ... Les sept personnes sélectionnées en tant que Maîtres pour les Servants doivent donc être des magi. Ce doit être exceptionnel pour quelqu'un comme vous, qui ne vit pas de magie, d'être reconnu par le Graal à un stade aussi précoce."

"Est-ce que le Graal a des préférences pour les personnes qu'il sélectionne ?"

Tokiomi acquiesça aux paroles d'un Kirei encore indécis.

"J'ai mentionné les '3 familles du commencement' - Ainsi seront favorisés les magi appartenant aux Makiri, qui sont désormais appelés Matou, aux Einzbern et aux Tohsaka. En d'autres termes..."

Tokiomi leva la main pour révéler les trois marques.

"En tant qu'actuel chef de la famille Tohsaka, je participerai à la prochaine bataille."

Alors cet homme comptait affronter Kirei après l'avoir si bien guidé ? Bien que Kirei ne comprit pas où il voulait en venir, il continua avec ses innombrables questions.

"Je me pose des questions a propos des Servants dont vous avez parlé tout à l'heure. Des héros invoqués en tant que familiers..."

"C'est un peu dur à croire, mais c'est un fait. Cela pourrait être la plus grande merveille de cette Guerre."

Les légendes de grands hommes, des êtres surhumains ayant laissé leur marque dans l'Histoire et dans de nombreux folklores. Ce sont ceux qui ont obtenu une place permanente dans la mémoire des hommes, qui, après leur mort, ont été élevés au-dessus de leur condition d'être humains, supérieurs même dans le royaume spirituel ; ce sont les esprits héroïques. Ils possèdent un statut complètement différent des esprits vengeurs ou malveillant qu'invoquent habituellement les magi en tant que familiers. Plus simplement, ce sont des entités avec le statut de dieux. Ainsi, bien qu'une partie de leur pouvoir puisse être empruntée, il est impensable qu'ils puissent être employés comme familiers dans notre monde actuel.

"Si vous considérez que rendre cette impossibilité possible est le pouvoir du Saint Graal, alors vous comprenez combien il est précieux. Finalement, même l'invocation du Servant n'est qu'un fragment du pouvoir du Graal."

Comme si lui-même ne croyait pas en ce qu'il disait, Tohsaka Tokiomi soupira profondement et remua la tête.

"Les esprits héroïques invoqués peuvent provenir de l'ancien âge des dieux jusqu'à au mieux un siècle de nous. Sept esprit héroïques suivent sept Maîtres, chacun protégeant son propre Maître et exterminant les autres. Des héros de n'importe quelle ère et pays sont invoqués dans notre présent et se battent jusqu'à la mort pour leur suprématie. C'est ce en quoi consiste la Guerre du Saint Graal de Fuyuki, Heaven's Feel."

"... Une telle monstruosité ? Dans un lieu ou vivent des milliers de gens ?"

Tous les magi suivent la règle de la dissimulation. C'est le seul moyen de survivre dans une ère ou l'on croit que la science est la seule et unique vérité. En prenant l'existence de l'Église en prime, révéler leur existence est définitivement impossible.

Mais avec les esprits héroïques, il faut cacher un pouvoir capable de provoquer un désastre sans précédent. Utiliser sept Servants dans un conflit entre simples mortels et les faire s'affronter... Cela revient pratiquement au même que d'ordonner un génocide dans le cadre d'une guerre.

"Bien sûr, il est nécessaire que la confrontation se fasse en secret. Nous avons donc besoin d'une supervision sans défaut pour en être assuré."

Silencieux jusque-là, le père de Kirei, le prêtre Risei, s'avanca et prit la parole.

"Heaven's Feel prend place tous les 60 ans, et ce sera bientôt la quatrième fois. L'urbanisation du Japon avait déjà commencée quand la seconde guerre eut lieu. Même dans les lieux les plus reculés, nous ne pouvons ignorer les témoins de la propagation de tels dommages. Aussi, depuis le troisième Heaven's Feel, un accord a été conclu stipulant que l'Église dépêcherait un superviseur. Pour réduire les dégâts de la Guerre au minimum, nous devons cacher son existence, et forcer les magi à garder le conflit secret.

"Alors l'Église sert d'arbitre dans un combat entre magi ?"

"Justement parce que c'est un combat entre magi. Au sein de l'Association, personne ne ferait un arbitre adapté a cause des implications politiques. Il n'y avait donc pas d'autres moyens que de recourir à une autorité extérieure telle que l'Église.

De plus, il n'était de toute facon pas question de laisser le nom du Saint Graal être utilisé à la légère. Nous ne pouvons d'ailleurs pas repousser l'hypothèse selon laquelle ce serait réellement la coupe qui a recueilli le sang du fils de Dieu."

Kirei comme Risei appartenait au groupe appelé l'Assemblée du Huitième Sacrement. Le travail de cette assemblée est de récupérer les saintes reliques. Le trésor appelé Saint Graal apparaît dans de multiples contes et légendes, et son apparition dans les textes sacrés est particulièrement étendue.

"Sous de telles conditions, la dernière fois, dans le chaos de la Guerre, le troisième Heaven's feel, fut tenu un conseil et je fus alors investi d'une importante tâche. Pour la prochaine bataille, je me rendrais a Fuyuki pour superviser votre combat."

Kirei ne put que hocher la tête aux dires de son père.

"Attends un peu. Le représentant de l'Église n'est-il pas censé être impartial ? Cela risque de poser problème si un membre de sa famille participe..."

"Allons, allons. Tu penses donc qu'il y a un défaut dans le règlement ?"

Le sourire inhabituel qu'affichait l'inflexible prêtre impliquait quelque chose que Kirei ne devinait pas.

"Kotomine-san, vous ne devriez pas taquiner votre fils. Nous devrions rentrer dans le vif du sujet."

Tohsaka Tokiomi pressa le prêtre à dévoiler où il voulait en venir.

"Hm, bien. Tout ce dont nous avons parlé jusqu'à présent ne concerne que les 'aspects extérieurs' de la Guerre du Graal. Il y a une autre raison pour ta présence chez M. Tohsaka aujourd'hui."

"... Qui est?"

"À dire vrai, nous avons depuis longtemps la preuve que le Graal de Fuyuki n'est pas la sainte relique du 'Fils de Dieu'. Finalement, la bataille du Heaven's Feel est simplement un combat pour une pâle imitation de l'artefact omnipotent ouvrant le chemin vers une utopie. Ce n'est en aucune facon en relation avec notre Église."

Evidemment. Sinon l'Église ne se serait pas contentée du simple rôle de spectateur silencieux. Si le Graal s'était révélé être une 'Sainte Relique', alors l'Église aurait immédiatement rompu le cessez-le-feu pour l'arracher des mains des magi.

"Si le calice n'est qu'un moyen d'atteindre les Chroniques d'Akasha, ca ne concerne aucunement l'Église. Apres tout, le but des magi de découvrir Akasha, l'origine, n'entre pas nécessairement en conflit avec notre doctrine. Seulement, pour pouvoir le laisser tranquille, nous devons nous assurer que le Graal revienne à une personne appropriée. Si un indésirable venait à en prendre possession, nous ignorons quel genre de désastre cela pourrait provoquer."

"Et si nous le détruisions en tant que symbole d'une hérésie ? "

"C'est toujours compliqué. Les magi qui se battent pour le Graal ont une ténacité peu commune. Si nous devions les faire passer devant le tribunal, un conflit avec l'Association serait inévitable. Et cela créerait beaucoup trop de victimes.

Ainsi, le meilleur choix serait de trouver un moyen de le confier à une personne 'adaptée'."

"... Je vois."

Kirei commencait à comprendre le véritable but de cette entrevue. Vu que son père trempait avec Tohsaka Tokiomi, un magus...

"Suite à l'oppression qu'ils ont subie à cause des croyances de leur terre natale, les Tohsaka ont décidé de suivre les même préceptes que nous. Connaissant le caractère de Tokiomi-kun, il est lui-même tout à fait qualifié pour être l'utilisateur du Graal."

Tohsaka Tokiomi hocha la tête et reprit la parole.

"Atteindre 'Akasha'. il n'y a pas de plus grand but pour la famille Tohsaka que celui-là. Mais malheureusement, les Einzbern et les Matou, qui partageaient cet idéal autrefois, se sont égarés en accordant leur attention à des préoccupations plus matérielles et ont maintenant complètement perdu de vue leur but initial. Je ne mentionnerai même pas le fait qu'ils aient invité quatre Maîtres venant de l'extérieur de nos familles. Ils veulent le Graal pour assouvir leurs méprisables désirs et rien de plus."

Cela signifierait que l'Église ne pourrait accepter personne d'autre que Tohsaka Tokiomi en tant que possesseur du Graal. Et Kirei comprit une chose de plus à propos de cette rencontre.

"Donc vous voudriez me voir participer dans la prochaine Guerre du Graal pour laisser M. Tohsaka gagner ?"

"C'est ca."

Finalement, Tohsaka Tokiomi laissa échapper son premier sourire.

"Nous joindrons officieusement nos forces contre les cinq autres Maîtres pour les abattre. Une facon comme une autre d'augmenter les chances de victoire."

Aux mots de Tokiomi, Risei répondit par un imperceptible hochement de tête. Ainsi, la neutralité de l'Eglise en tant qu'arbitre tournait déjà à la farce. Cet Heaven's Feel risquait d'être intéressant au vu des attentes de l'Eglise.

Pour autant que ça le concernait, Kirei n'y voyait ni bien ni mal. Si les intentions de l'Eglise étaient claires, alors il n'avait qu'à remplir la tâche qui lui était assignée en tant que serviteur dévoué.

"Kirei-kun, tu vas être transféré de l'Église à l'Association, et tu deviendras mon apprenti."

Sans répit et avec un ton égal, Tohsaka Tokiomi poursuivit son exposé.

"Un transfert ?"

"L'échange a déjà été enregistré, Kirei"

À ces mots, Risei sortit une lettre. Elle était marquée des signatures de l'Église et de l'Association, et elle était adressée à Kotomine Kirei. Kirei était plus qu'impressionné par le travail derrière cette lettre : la situation n'exigeait son existence que depuis la veille. Elle avait dû être produite immédiatement.

Kirei ne voyait pas dans quel but ils avaient agi aussi secrètement, de même qu'il ne voyait pas de raisons de prendre offense de cette discussion. Car Kirei n'avait pas de buts de toute façon.

"Le principal sera de ne rien te faire faire d'autre que t'entraîner à la magie. Le prochain Heaven's Feel est dans 3 ans.D'ici là, tu dois être capable d'avoir un Servant qui t'obéit et devenir un magus qui participera à la bataille en tant que Maître."

"Mais... est-ce que ce sera bon ? Si j'étudie ouvertement sous votre tutelle, ne va-t-on pas comprendre que nous travaillons ensemble ? "

Tokiomi sourit froidement et remua la tête.

"Tu ne connais pas les magi. Si leurs intérêts diffèrent, il n'est pas rare de voir un maître et son élève s'affronter dans un duel à mort dans notre monde ."

"Oh, je vois."

Bien que Kirei ne prétendait pas comprendre les magi, il avait une bonne image de ce qu'il étaient capables de faire. Il avait eu de nombreuses occasions de se frotter à la magie "hérétique" en tant qu'exécuteur. Le nombre de personnes qu'il avait abattues de ses propres mains n'étaient pas de l'ordre de la dizaine, ni même de la vingtaine.

"As-tu d'autres questions ?"

Même si Tokiomi demandait à mettre un terme à la conversation, Kirei posa la question qu'il se posait depuis le début.

"Juste un ? Le Graal qui sélectionne les Maîtres, quel peut bien être son but ?"

Manifestement, ce n'était pas une question que Tokiomi attendait. Les sourcils du magus se rejoignirent un instant, puis il donna une réponse légère.

"La volonté du Graal... Il préférera bien sûr choisir des Maîtres qui ont sincèrement besoin de lui.

Comme je le disais tantôt, nous, les Tohsaka, sommes au sommet de cette liste en tant qu'une des trois familles originales."

"Donc tous les Maîtres ont une raison de vouloir le Graal ? "

"Ce n'est pas tout à fait vrai. Le Graal a besoin de 7 personnes. S'il n'en existe pas suffisamment, des personnes banales peuvent être choisies pour porter les Sceaux de Commande. Le cas peut déjà s'être présenté dans le passé, mais... Ooh. Je vois."

Tandis qu'il parlait, Tokiomi sembla réaliser ce dont Kirei doutait.

"Kirei-kun, Tu penses que tu n'aurais pas dû être sélectionné n'est-ce pas ?"

Kirei acquiesça. Peu importe les conditions, il n'y avait aucune raison pour une machine qui exauce les voeux de le remarquer.

"Hm, c'est en effet étrange. La seule chose qui te relierait au Graal serait ton père, qui a été choisi comme superviseur, mais... Non. On peut penser que c'est la véritable raison."

"... Ce qui signifie ?"

"Le Graal peut déjà avoir anticipé que l'Église supporterait la famille Tohsaka. Ainsi, un exécuteur de cette dernière qui obtiendrait des Sceaux de Commande serait un support pour les Tohsaka."

Après avoir dit ça, Tokiomi, satisfait, ajouta pour mettre un terme à la conversation :

"En d'autres termes, le Graal me procure, à moi, un Tohsaka, deux parts de Sceaux en te choisissant comme Maître.

... Alors ? Cette explication te convient-elle ? "

Il donna sa conclusion avec un ton confiant.

"..."

Cette arrogance convenait bien à l'homme appelé Tohsaka Tokiomi. Il possédait un genre de dignité proche du sarcasme.

En tant que magus, c'était sûrement un homme d'excellence. Et il avait la confiance en soi qui vient avec une telle capacité. C'est pourquoi il ne pouvait pas douter de son propre jugement.

Et ça signifait que l'on ne pouvait désormais plus rien tirer de lui, en conlut Kirei.

"Quand partons-nous pour le Japon ?"

Cachant sa déception, Kirei changea de sujet.

"Je vais d'abord me rendre en Grande-Bretagne pour un temps. J'ai des choses à régler à la Tour de l'Horloge.

Tu te rendras donc au Japon avant moi. Je préviendrai ma famille."

"Très bien."

"Kirei, rentre en premier. Je dois discuter de quelque chose avec M. Tohsaka."

Hochant la tête aux paroles de son père, Kirei se leva et, après s'être incliné silencieusement, sortit de la pièce.

                       X                                       X

Seuls dans la salle, Tohsaka Tokiomi et le Père Risei regardèrent Kirei s'en aller.

"C'est un fils digne de confiance que vous avez là, Kotomine-san."

"Ses compétences en tant qu'exécuteur sont garanties. Personne n'est plus assidu que lui durant l'entraînement. Je suis celui dont vous devriez vous inquiéter."

"Ho... est-ce là l'exemplaire attitude d'un défenseur de la Foi ?"

"Cela me coûte de le dire, mais Kirei est la seule chose dont le vieil homme sénile devant vous peut être fier."

Le vieux prêtre était connu pour sa rigueur, mais, à l'aise en compagnie de Tokiomi, il sourit. Alors que ses yeux se tournaient vers son unique fils, sa confiance et son amour rayonnèrent clairement.

"Alors que je n'avais pas encore de fils à 50 ans passés, j'avais abandonné l'idée d'un héritier. Mais maintenant, je suis impressionné par la distance qu'il a parcouru."

"Pourtant, il a accepté plus facilement que je le pensais."

"Mon fils se jetterait dans le feu si c'était la volonté de l'Église. C'est là l'étendue de sa foi."

Bien que Tokiomi ne comptait pas remettre en question les paroles du vieux prêtre, l'impression qu'il avait eu de son fils n'était pas tant celle d'une 'foi passionée'. L'attitude de l'homme nommé Kirei lui avait paru plutôt auto-destructrice.

"Pour être honnête, c'était assez décevant. Peu importe comment je le considérais, il donnait l'impression d'être impliqué dans quelque chose qui ne le concernait pas."

"Non... Cela pourrait vraiment représenter le salut pour lui."

Risei grommela sombrement quelques mots ambigus.

"C'est sa vie privée, mais sa femme est morte il y a quelques jours. Ils n'étaient même pas mariés depuis deux ans."

"Oh..."

Tokiomi était sans voix face à ces circonstances inattendues.

"Bien qu'il ne le montre pas, il semble que ça l'ait affecté plutôt profondément... Il a trop de souvenirs en Italie. Peut-être que retourner dans sa terre natale pour une nouvelle mission lui permettra de panser ses blessures."

Risei soupira tandis que Tokiomi continuait à le fixer des yeux.

"Tokiomi-kun, n'est-il pas vrai que la véritable valeur d'un homme fait surface lorsque les temps sont les plus durs ?"

Tokiomi s'inclina profondément aux mots du vieux prêtre.

"Je vous suis redevable. Ma dette envers l'Église et les différentes générations de la famille Kotomine sera gravée dans les registres de ma famille."

"Pas du tout. Je remplis simplement mon serment envers les futures générations de Tohsaka. Le reste ne sera que prière à Dieu pour votre protection jusqu'à ce que votre voyage vous mène à la 'Racine'."

"Oui. Les regrets de mon grand-père, le voeu le plus cher des Tohsaka, c'est ce à quoi toute ma vie a été dédiée."

Dissimulant à quel point sa confiance avait été ébranlée par le poids de ses responsabilités, Tokiomi hocha résolument la tête.

"Cette année, j'atteindrai le Graal. Je ferai tout pour qu'il en soit ainsi."

Le Père Risei bénit la mémoire de son ami décédé.

'Mon ami... vous avez vous aussi un bon héritier.'

                       X                                       X

Avec le vent de la Mer Méditerranée soufflant dans ses cheveux, Kotomine Kirei descendit la colline où la villa se dressait, seul et silencieux sur l'étroit et venteux sentier.

Finalement, Kirei mit en ordre les différentes impressions qu'il avait reçues de Tohsaka Tokiomi qu'il venait juste de rencontrer.

Il avait sûrement mené une vie difficile. Comme si la fierté était directement convertie à partir des difficultés qu'il avait rencontré, il était un homme doté d'une noblesse dont il pouvait justement s'enorgueillir.

Il comprenait plutôt bien ce genre de personnalité. Son propre père était du même type que Tohsaka Tokiomi.

Des hommes ayant découvert le but de leur naissance, le sens derrière leur existence, et qui l'ont poursuivi, sans jamais en douter. Ils ne vacillaient jamais, ne doutaient jamais.

S'étant forgé une volonté d'acier en poursuivant un objectif clair, menés simplement par la poursuite de l'achèvement de 'quelque chose' ayant été identifié comme le but but de toute leur vie.

Cette 'conviction' pouvait être, comme dans le cas de son père, la Foi ; ou bien, dans le cas de Tohsaka, peut-être était-ce la confiance de quelqu'un ayant reçu un privilège hors d'atteinte du commun des mortels, ainsi que la conscience d'une lourde responsabilité à endurer. Il était l'un des rares 'vrais nobles' restants de nos jours.

L'existence de Tohsaka Tokiomi aurait sûrement de lourdes conséquences sur Kirei... Mais même ainsi, il restait d'un type incompatible avec celui de Kirei. C'était comme dire que Kirei ressemblait à son père.

Ceux qui ne voyaient que leur idéal ne pouvaient pas comprendre la douleur de ceux incapables d'en posséder un. Les gens comme Tokiomi avaient un 'but à atteindre' à la base de leur conviction, mais c'était une considération complètement absente de l'esprit de Kotomine Kirei. Pas une fois, durant plus de 20 ans, il n'avait ressenti une telle sensation.

Il ne pouvait pas reconnaître même le plus noble des idéal, trouver sa place dans aucune quête ou bien se passionner pour quelque loisir que ce soit. Un tel homme ne pouvait tout simplement pas posséder un tel but.

Il ne pouvait même pas comprendre à quel point il était à l'écart de notre concept de valeur. kirei ne pouvait pas se représenter une passion pour laquelle il s'adonnerait corps et âme.

Il continuait pourtant à croire qu'il existait un Dieu et qu'il ne possédait pas la maturité nécessaire pour le percevoir.

Il vivait en croyant que, un jour, la parole sacrée de Dieu le mènerait à la vérité suprême et le sauverait. Il souhaitait la véracité de cette idée, s'accrochait à cet espoir.

Mais dans les profondeurs de son esprit, il savait déjà. Il savait que le salut ne viendrait pas de l'amour de Dieu pour un homme tel que lui.

Ressentir un tel désespoir l'avait conduit au masochisme. Sous le prétexte de pénitence pour son édification morale, il se blessait continuellement. Mais ces tortures avaient modelé son corps comme de l'acier, et avant qu'il ne le réalise, il s'était hissé au sommet de l'élite de l'Église, en tant qu' 'Exécuteur', où personne n'avait pu le suivre.

Tout le monde le louait pour ça. Le self-contrôle et la dévotion de Kotomine Kirei avaient été pris en exemple par le clergé. Son père Risei ne faisait pas exception.

Kirei comprenait parfaitement pourquoi Kotomine Risei avait une telle confiance et une telle admiration pour son fils, mais c'était une erreur monumentale ; car en réalité, son coeur était rempli de honte. Toute une vie ne serait sûrement pas suffisante pour s'amender de ce malentendu.

Jusqu'à ce jour, personne n'avait compris à quel point il manquait quelque chose à Kirei.

Oui, même la seule femme qu'il lui était venu d'aimer.

"..."

Sentant un vertige, Kirei ralentit le pas et mit la main sur son front.

Quand il essayait de se rappeler la femme qu'il avait perdu, ses pensées échouaient dans un brouillard. Une sensation de vide devant lui. Un instinct de survie lui interdisant de faire ne serait-ce qu'un pas en avant.

Quand il reprit ses esprits, Kirei se rendit compte qu'il était arrivé au bas de la colline. Il s'arrêta et regarda la lointaine villa à son sommet.

Finalement, il n'était pas arrivé à une conclusion satisfaisante de son entrevue avec Tohsaka Tokiomi... C'était le problème qui avait le plus d'importance pour Kirei.

Pourquoi un pouvoir aussi miraculeux que le 'Graal' avait-il choisi Kotomine Kirei ?

L'explication de Tokiomi était désespérée. Si le Graal voulait que Tokiomi ait un support, alors il devait y avoir nombre de personnes capables qui accepteraient de s'allier avec lui ; pas Kirei.

Il devait y avoir une raison pour sa sélection dans la prochaine apparition du Graal.

Alors... Plus il y pensait, plus Kirei trouvait le problème inquiétant.

Il n'avait pas de but à atteindre. Pas plus que d'idéal à accomplir. Peu importe comment vous envisagiez la situation, il n'avait aucune raison d'être l'utilisateur d'un miracle tel qu'une 'machine à voeux omnipotente'.

Kirei regarda sombrement les trois symboles qui étaient apparus sur sa main droite.

Ils disaient que les Sceaux de Commande étaient des symboles sacrés ?

Trouverait-il une tâche à accomplir dans les trois ans à venir ?


1 an plus tôt[edit]

Il reconnut immédiatement la femme qu'il cherchait.

Durant l'après-midi, on pouvait voit voir des enfants jouant sur la pelouse, baignés par la claire lumière de ce début d'automne et gardés par leurs parents, souriants. La place autour de la fontaine du parc était remplie des habitants y ayant amené leur famille pour un moment de détente.

Même dans une telle foule, il n'avait pas perdu sa trace.

Peu importe le nombre de personnes, peu importe la distance, il était certain de pouvoir la trouver sans efforts. Même s'il ignorait s'il pouvait la voir une fois par mois ou si elle avait déjà un partenaire.

Elle ne le remarqua seulement que quand il s'avança devant elle.

"—Hé, ça faisait longtemps."

"Oh— Kariya-kun."

Avec un sourire courtois, elle leva les yeux du livre qu'elle lisait.

Exténuée- En la voyant dans cet état, Kariya se sentit pris d'une inévitable angoisse. Quelque chose semblait la tourmenter.

Il voulut immédiatement lui demander la cause de son tourment, se lancer à corps perdu dans la résolution de ce "quelque chose" - mais même si son désir était aussi ardent, il ne put lui en faire part. Il n'était pas assez proche d'elle pour se dévouer à ce point à son bonheur, ce n'était pas son rôle.

"3 mois. Le voyage a été plutôt long cette fois."

"Ah... Eh, oui."

Dans ses rêves, elle sourit. Mais maintenant qu'il est en face d'elle, il n'a pas le courage de lui faire face. Il en a été ainsi pour ces 8 dernières années, et il en sera toujours ainsi. Kariya ne sera probablement jamais capable d'affronter ce sourire.

Comme elle le rend nerveux, il ne sait jamais de quoi parler parler après l'avoir saluée, et un silence s'installe. Cela aussi arrive systématiquement.

Pour briser ce silence gênant, Kariya cherche celle à qui il peut parler sans problèmes.

— Là-bas. Jouant au milieu des autres enfants sur l'herbe, les couettes dansant dans les airs. Bien qu'encore très jeune, la jeune fille montrait déjà des signes de la beauté qu'elle avait héritée de sa mère.

"Rin-chan."

Kariya l'appela et lui fit signe de la main. A peine l'eut-elle aperçu qu'elle courut à sa rencontre avec un large sourire.

"Bon retour, oncle Kariya ! Tu m'as amené un autre cadeau ?"

"Dis donc, Rin, surveille tes manières..."

L'enfant fit mine de ne pas entendre la voix de sa mère embarrassée. Ses yeux brillaient d'excitation, et Kariya, avec le même sourire aux lèvres, sortit l'un des deux cadeaux qu'il cachait derrière son dos.

"Waah, comme c'est beau..."

La délicate broche faite de multiples perles de verre captura le coeur de la jeune fille au premier regard. Même si cela semblait faire un peu trop pour une enfant de cet âge, Kariya savait que Rin avait un sens du goût particulièrement développé.

"Mon oncle, comme toujours, merci. J'en prendrais bien soin."

"Ha ha, si tu l'aimes, j'en suis heureux."

Caressant gentiment la tête de Rin, chercha du regard le destinataire de son second présent.

Etrangement, elle n'était nulle part.

"Dis-moi, où est Sakura-chan?"

A la question de Kariya, le sourire de Rin s'effaça.

Son visage ne montrait aucune émotion, comme celle d'un enfant obligé d'accepter sans raison la réalité.

"Sakura est... déjà partie."

Avec un regard vide, Rin donna sa réponse d'une voix monotone et, comme pour éviter la question, courut retrouver les enfants avec qui elle jouait précédemment.

"..."

Intrigué par les paroles étranges de Rin, Kariya porta un regard interrogateur à sa mère. Elle détourna les yeux, le visage lugubre.

"Qu'est-ce que ça signifie ... ?"

"Sakura n'est plus ni ma fille, ni la soeur de Rin"

Son ton était sec, mais plus courageux que celui de sa fille.

"Cette enfant appartient à la famille Matou."

Matou

Entendre ce nom, familier et terrible, déchira le coeur de Kariya.

"Ca ne peut... Qu'est-ce que ça signifie, Aoi-san!?"

"Tu ne devrais pas avoir à demander, non ? Surtout pas toi, Kariya-kun."

Détruisant un peu plus le coeur de Kariya, la mère de Rin - Tohsaka Aoi - répondit froidement, sans le regarder, comme indifférente.

"Toi plus que tout autre devrait savoir pourquoi les Matou ont besoin d'un enfant avec une ascendance de sorcier pour les succéder, n'est-ce pas ? "

"Comment as-tu pu accepter ça ?"

"C'est ce qu'il a décidé. C'est la décision du chef de la famille Tohsaka, accédant à la requête de nos anciens alliés, les Matou... mon opinion n'intéresse personne."

Pour cette raison, mère et fille, grande soeur et petite furent séparées.

Bien sûr qu'elle ne voulait pas. Mais Aoi et même la jeune Rin savaient qu'elles ne pouvaient rien faire sinon l'accepter. Et ceci parce que c'était ce que signifiait une vie en tant que magus. Kariya le savait trop bien.

"... Et ça te suffit ?"

Aoi répliqua avec un faible et amer sourire à la voix dure de Kariya.

"Quand j'ai décidé de me marier dans la famille Tohsaka, quand j'ai décidé de devenir la femme d'un magus, je m'étais préparée à quelque chose de ce genre. Quand on pénètre dans une famille de magiciens, c'est une erreur de rechercher le bonheur simple d'une famille."

Faisant face à Kariya qui s'apprêtait à reprendre la parole, la femme de magus l'arrêta doucement mais fermement.

"C'est une histoire entre les Tohsaka et les Matou. Rien qui ne concerne quelqu'un qui a tourné le dos au monde des magi."

Elle s'arrêta avec un léger hochement.

Après ça, Kariya ne pouvait plus bouger. Il s'était comme transformé en un des arbres du parc, étouffant sous sa faiblesse et son impuissance.

Depuis bien longtemps, quand elle était enfant, quand elle devint une épouse et même quand elle eût 2 enfants, l'attitude d'Aoi envers Karita n'avait jamais changé. De trois ans son aînée, en tant qu'amie d'enfance, elle avait toujours pris soin de Kariya, gentiment, sans réserve, comme une soeur pour son frère.

C'était la première fois qu'elle lui faisait clairement ressentir leur position respectives.

"Si tu vois jamais Sakura, traite-la bien, je te prie. Elle t'a toujours adoré, Kariya-kun."

Avec Aoi la regardant, Rin jouait joyeusement, de toutes ses forces, comme pour chasser son chagrin.

Considérant le comportement de Rin comme la réponse adaptée, elle poussa un Karita muet de côté et lui montra le profil d'une mère paisible en vacances.

Mais même ainsi, elles n'échappèrent pas à Kariya. Il n'y avait aucune chance pour qu'il les rate.

La ferme et sereine Tohsaka Aoi qui avait accepté son sort.

Et qui ne pouvaient complètement empêcher les larmes de perler.

                      X                                       X

Kariya passa rapidement à travers les scènes de son enfance qu'il ne pensait jamais revoir.

A chaque fois qu'il revenait dans la cité de Fuyuki, il ne traversait jamais le pont menant à Miyama.

Cela devait faire 10 ans. Contrairement au quartier Shinto où tout le monde s'affairait quotidiennement, rien n'avait changé dans ce voisinage où le temps semblait être stoppé.

Des rues silencieuses remplies de souvenirs. Mais pas un de plaisant dont il pourrait se rappeler. Ne prêtant aucune attention à sa nostalgie sans intérêt, Kariya songeait à sa conversation avec Aoi une heure plus tôt.

"... Et ça te suffit ?"

La réplique sans émotion qu'Aoi lui avait lancé, détournant le regard. Il n'avait pas utilisé un ton aussi incisif depuis de nombreuses années.

Ne lève pas les yeux, ne soit pas une gêne... C'est ainsi qu'il avait vécu. Colère, haine, Kariya les avait laissées dans les rues désolées de Miyama. Après avoir abandonnée sa ville natale, Kariya n'avait plus fait d'histoires à propos de quoi que ce soit. Même les plus injustes, les plus horribles choses n'étaient rien comparées à ce qu'il avait haï dans cette ville.

C'est pourquoi - oui. Cela faisait bien 8 ans depuis que sa voix avait véhiculé autant d'émotion.

Cette fois-là, n'était-ce pas avec la même femme que Kariya avait usé du même ton avec exactement les même mots ?

"Et ça te suffit ?" — Il avait posé la même question ce jour. A son amie d'enfance, la nuit avant qu'elle ne reçoive le nom de Tohsaka.

Il n'avait jamais oublié. Son expression ce jour-là.

Elle avait eu un petit hochement de tête, comme si elle était désolée, qu'elle présentait ses excuses, mais tout en rougissant de timidité. Kariya avait abandonné face à ce sourire muet.

"... J'étais préparée... C'est une erreur de rechercher le bonheur simple d'une famille...."

Ces mots étaient un mensonge.

Ce jour, il y a 8 ans, quand elle avait reçue la déclaration du jeune magus, son sourire montrait clairement sa foi dans le bonheur à venir.

Et donc Kariya avait accepté sa défaite parce qu'il avait cru ce sourire.

Peut-être que cet homme qui mariait Aoi était le seul à pouvoir la rendre heureuse.

Mais c'était une erreur.

Plus que quiconque, Kariya aurait dû réaliser que c'était une erreur mortelle.

Parce qu'il s'était déjà rendu compte à quel point la voie de la magie était méprisable. N'avait-il pas refusé son destin et quitté sa famille ?

Pourtant, il avait pu oublier ça.

Même pour lui qui avait tourné le dos à la magie, par peur de son abomination... la personne la plus chère à ses yeux s'était donnée, parmi tous, à celui qui représentait le mieux cette magie.

Ce qui brûle dans la poitrine de Kariya désormais, c'est le regret.

Pas une, mais deux fois, il avait prononcé les mauvaises paroles.

Il n'aurait pas dû demander "Et ça te suffit ?" mais plus avoir affirmer "Tu ne dois pas le faire".

Et 8 ans plus tôt, s'il en avait empêché Aoi, peut-être le futur aurait pu être différent. Si elle ne s'était pas liée à Tohsaka, elle aurait évité le sort maudit des magi et elle aurait pu vivre une vie normale.

Et aujourd'hui, s'il avait réagi différemment à la décision entre les Tohsaka et les Matou, durant ce début d'après-midi dans le parc, alors peut-être cela l'aurait-elle choquée. Elle aurait pu rejeter l'absurdité venant d'un étranger.

Mais même, elle ne devrait pas avoir à porter ce fardeau elle-même. Elle n'avait pas à retenir ses larmes.

Kariya ne pouvait absolument pas se pardonner ceci. Lui qui avait répété la même erreur. Pour sa punition, il retournait sur les lieux de son passé qu'il avait laissé derrière.

Il y avait, là-bas, un moyen de s'amender. Dans le monde auquel il avait tourné le dos. Ce destin qu'il avait évité de peu.

Mais maintenant, il pouvait l'affronter.

S'il pensait à la seule femme au monde qu'il refusait de voir souffrir ...

Sous un ciel où le crépuscule s'approchait, il s'arrêta devant une luxueuse maison de type occidental.

Après une absence de 10 ans, Matou Kariya se tenait de nouveau devant la porte de chez lui.

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Ayant débuté à la porte d'entrée, la dispute fut rapidement déplacée vers l'intérieur de la résidence Matou où Kariya s'installa sur le canapé du salon.

"Je croyais t'avoir dit de ne jamais te représenter devant moi."

Assis en face de Kariya, le vieil homme rabougri qui avait craché ces mots était Matou Zouken, le chef de la famille.Il était tellement ridé que sa tête, chauve, et ses membres semblaient momifiés, pourtant la lumière présente dans les profondeurs de son regard emplissait son esprit. Son apparence et sa personnalité faisait de lui une personne peu commune et mystérieuse.

A vrai dire, même Kariya ne pouvait clairement définir l'âge du vieil homme. Les registres de famille stipulaient qu'il était le frère du père de Kariya. Mais même au niveau de la génération de son arrière-grand-père, on trouvait des archives faisant référence à Zouken dans l'arbre généalogique. Il n'y avait aucun moyen de savoir combien de générations de la famille Matou il avait dirigé.

Pour tout dire, il était un magus immortel, allongeant et rallongeant son espérance de vie par des moyens peu honorables. Une personne à l'origine de la famille Matou sans réelle relation avec Kariya. C'était un véritable spectre hantant l'ère contemporaine.

"J'ai eu vent de quelque chose d'inexcusable. Il semblerait que les actions de la famille soient en train de la faire sombrer dans une outrageuse disgrâce."

Kariya avait, à de multiples reprises, constaté que le magus en face de lui était puissant et possédait une cruauté inégalée. Il était la personnification de tout ce que Kariya avait haï et méprisé au cours de son existence. Même si cet homme finissait par le tuer, Kariya le haïrait jusqu'à la fin. Avec la confrontation d'il y a 10 ans, il avait affronté cet homme d'acier et avait échappé aux Matou, y gagnant sa liberté.

"J'ai entendu dire que tu avais pris la seconde fille des Tohsaka. Tu tiens donc tellement à préserver le statut de Magi des Matou ?"

Zouken se renfrogna au ton provoquant qu'avait emprunté Kariya.

"Tu veux parler de ça ? Rien d'autre ? Et qui crois-tu est responsable de la déchéance des Matou ?

Le fils que Byakuya a finalement eu s'est révélé être vide de tout circuit magique. Le pureté du sang des Matou arrive à son terme avec cette génération. Mais mieux que ton grand frère Byakuya, tu avais saisi la signification d'un magus. Si tu avais sagement accepté ton héritage et appris les secrets des Matou, nous ne serions pas réduits à de telles extrémités. Toute est de ta ..."

Kariya, avec un reniflement, repoussa l'attitude menaçante du vieil homme qui commençait à s'échauffer.

"Cesse de jouer la comédie, vampire. Pourquoi est-il si important que la lignée des Matou persiste ? Ne me fais pas rire. Tout va bien pour toi, même si aucune nouvelle génération n'est produite. Cette conversation n'a pas lieu d'être puisque tu vivras encore 200, voire 1000 ans, hein ?"

Confirmant les dires de Kariya, les lèvres de Zouken s'étirèrent en un mauvais sourire, démontrant que sa colère précédente n'était qu'un mensonge. C'était le sourire d'un monstre qui ne considérait pas les émotions humaines comme étant de la moindre importance.

"Comme à ton habituel, tu es une personne très peu aimable. Tu parles et agis franchement."

"Quoi que tu y reproches, c'est ainsi que tu m'as formé. Je ne suis pas du genre à tourner autour du pot."

Le vieil homme émit son guttural, comme s'il riait intérieurement.

"C'est vrai. Toi, tu pourrais probablement me survivre dans un futur lointain. Disons que tu as plus de chances que le fils de Byakuya au moins.

Mais cela dit, cela dépend uniquement de combien de temps je pourrais préserver ce corps de la décomposition. Même si un héritier Matou est inutile, un magus Matou est nécessaire. Pour obtenir le Graal."

"... Alors finalement, c'est ça ton but ?"

LA supposition de Kariya se révélait être correcte. Il n'y avait que l'immortalité que ce vieux magus poursuivait si ardemment.

L'omnipotent "Graal" pouvait en effet lui apporter, une fois complété... Ce qui empêchait ce monstre de disparaître après ses siècles d'existence, c'était son espoir de voir ce miracle accompli.

"Les 60 ans du cycle seront écoulées l'an prochain. Mais pour la quatrième Guerre du Saint Graal, le quatrième Heaven's Feel, il n'y aura pas de joueur dans le camp des Matou.

Byakuya ne possède pas le niveau de prana nécessaire à l'invocation d'un Servant. Il n'a même pas de Sceaux de Commande.

Mais même si nous devons déclarer forfait pour cette occurrence, mais il y a une chance pour la prochaine. Il n'y pas de doute qu'un excellent participant peut être formé à partir de la fille des Tohsaka. J'ai placé en elle de grands espoirs en tant que vaisseau."

Le visage de Tohsaka Sakura apparut derrière les paupières de Kariya.

Un bourgeon qui tardait à éclore, toujours derrière sa soeur Rin, une frêle petite fille.

Un enfant bien trop jeune pour supporter le poids du cruel destin d'un magus.

Maîtrisant sa rage, Kariya adopta un calme de façade.

Ici et maintenant, il doit négocier avec Zouken. Il n'a rien à gagner à se laisser emporter par ses émotions.

" Si tel est ton but, si tu veux le Graal, alors il Tohsaka Sakura ne t'es pas obligatoirement nécessaire, si ?"

Les yeux de Zouken s'étrécirent, se méfiant du sens caché des paroles de Kariya.

"Toi... quel astuce as-tu en tête ?"

"Un marché, Matou Zouken. Je porterais le nom des Matou au prochain Heaven's Feel. En échange, tu relâcheras Tohsaka Sakura."

Pris par surprise, mais seulement le temps d'un souffle, Zouken se reprit en ricanant avec mépris.

"Bah, ne soit pas stupide. Une erreur qui n'a jamais rien étudié serait en mesure de faire office de Maître pour un Servant dans un an ?"

"Tu possèdes les capacités pour rendre cela possible, non ? Grâce à l'usage des vers dont tu es si fier, vieil homme."

Kariya coupa dans le vif du sujet, les yeux plantés dans ceux du vieillard, sans ciller.

"Place tes "Vers d'Armes" en moi, dans la chair et le sang même des Matous. La compatibilité devrait être bien meilleure que dans la fille d'une autre maison."

Le visage de Zouken se vida de toute expression, devenant le parfait masque d'un magus à défaut de celui d'un humain.

"Kariya — Tu souhaites mourir ?"

"Ne me dis pas que tu t'inquiètes, 'Tonton' ?"

Zouken sembla réaliser que Kariya était sérieux. Froidement, le magus évalua Kariya du regard et pris une profonde inspiration.

"Je dois dire que j'espère plus de toi que de Byakuya. Après avoir amélioré ton Circuit Magique avec les Vers d'Armes, si nous pouvons nous entraîner intensivement durant toute une année, alors peut-être le Graal te sélectionnera.

... Mais mis à part ça, je n'arrive pas à te comprendre. Pourquoi aller aussi loin pour une gamine ?"

"Laisse la perpétuation des Matou aux seules mains des Matou. Ne vas pas impliquer des étrangers."

"Encore ton remarquable dévouement."

Semblant amusé, Zouken afficha un sourire suffisant, faisant preuve de son esprit malsain.

"Mais, Kariya, si tu voulais éviter d'impliquer quiconque, tu ne crois pas que tu es un peu en retard ?

Sais-tu depuis combien de jours la fille des Tohsaka est entrée dans notre famille ?"

Le désespoir vint écraser la poitrine de Kariya.

"Vieil homme, tu veux dire-"

"Il y a eu de terribles pleurs lors des trois premiers jours, mais à partir du quatrième, elle était silencieuse. Aujourd'hui, elle a été jeté dans la pièce aux vers dès l'aube pour tester combien de temps elle pourrait l'endurer, mais, ho ho, elle y est restée pendu toute une demi-journée et elle respire toujours. Que veux-tu que je te dise ? Le matériau Tohsaka est loin d'être défectueux"

Les épaules de Kariya furent parcourues d'un frisson provoqué par une envie de meurtre plus forte que toute haine.

Il voulut la saisir par le cou, l'étrangler de toutes ses forces, lui briser la nuque, là, maintenant-

—Tels étaient les sentiments qui faisaient rage à l'intérieur de Kariya.

Mais Kariya l'endura. Même s'il se flétrissait au point de presque disparaître, Zouken était un magus. Kariya ne pouvait même pas essayer de le tuer pour le moment. Il n'avait pas une fraction de la puissance nécessaire pour ce faire.

Pour sauver Sakura, il n'avait d'autre choix que de négocier.

Bien conscient du conflit qui avait lieu dans Kariya, Zouken laissa échapper un gloussement satisfait, lugubre.

"Que vas-tu faire, alors ? L'enfant est déjà détruite, remplie de vers de la tête aux pieds.

Mais si tu pense toujours vouloir la sauver, je ne vais pas t'en empêcher."

"... Pas d'objections. Faisons-le."

Kariya répondit d'une voix glacée. Bien sûr il n'avait pas d'autre choix.

"Excellent, excellent. Bien, nous pouvons toujours t'entraîner autant que possible. Mais sache que je continuerais l'entraînement de Sakura tant que tu ne montreras pas de résultats satisfaisants."

Le ricanement, l'amusement du vieux magus insultait la rage et le désespoir de Kariya.

"Plutôt que de réinvestir dans un échec qui nous a déjà trahi, le pourcentage de réussite en pariant sur l'enfant est bien plus haut. J'abandonne la bataille pour le Graal cette fois, parce que je la considère comme perdue d'avance.

Mais si dans la chance sur un million où tu arriverais à obtenir le Graal - alors j'accepte. Si cela arrive, évidemment, je n'aurais plus d'utilité pour la fille des Tohsaka. Je mettrais donc un terme aux affaires que je mène avec elle."

"... Tu n'essaies pas de me tromper, Matou Zouken ?"

"Kariya, si tu penses qu'il faut être à ce point retors pour parler avec moi, essaies donc d'abord de supporter les Vers d'Armes.

Essaies d'être leur hôte pour une semaine. Si tu n'a pas succombé à la folie, alors je saurais que tu es en effet sérieux."

S'appuyant sur sa canne, se redressant avec difficulté, Zouken se tourna vers Kariya avec un étrange sourire qui montrait à quel point son âme était corrompue.

"Bien, commençons les préparations sans attendre. Nous allons appliquer le traitement dans l'instant. Si tu veux te rétracer, c'est maintenant."

D'un simple hochement de tête, Kariya rejeta ses derniers doutes.

Une fois que les vers seront en lui, il deviendra la marionnette de Zouken. Il n'y aura aucun moyen pour lui de se rebeller. S'il arrive à se qualifier en tant que magus, Kariya et son sang de Matou recevront forcément les Sceaux de Commande.

Heaven's Feel. La seule chance de salut pour Tohsaka Sakura. Le choix qu'il n'aurait jamais fait pour ce seul individu.

Kariya peut y perdre la vie. Même s'il n'était pas abattu par les autres Maîtres, pour s'accommoder au Vers d'Armes en un temps aussi court qu'une année, sa chair serait consumée par les vers, et son espérance de vie ne dépasserait pas plus de quelques ans.

Mais peu importait.

La décision de Kariya fut trop lente. S'il avait eu la même détermination, 10 ans plus tôt, l'enfant d'Aoi vivrait paisiblement avec sa mère. Le sort qu'il avait refusé avait été transmis, et transmis à une innocente petite fille.

Il n'y avait pas de rédemption possible. S'il y avait une possibilité d'expiation, ce serait de rendre à cette enfant une vie normale.

En plus, s'il devait annihiler les six autres Maîtres pour atteindre le Graal...

Parmi les responsables de la tragédie qu'avait souffert la fille nommée Sakura, il y aurait au moins une personne dont il pourrait jouer le requiem.

"Tohsaka Tokiomi..."

En tant que chef de l'une des 3 familles du commencement, il n'y avait aucun doute qu'il porterait les Sceaux de Commande.

A la différence de sa culpabilité envers Aoi et de sa haine pure envers Zouken, c'était un ressentiment qu'il avait ressassé durant des années.

Un noir sentiment de vengeance avait doucement commencé à brûler dans le coeur de Kariya.




ACTE 1


Partie 1[edit]

Act 1

Personne n'avait jamais compris le talent de Waver Velvet.

En tant que magus, il n'était pas né au sein d'une famille renommée, ni n'avait eu la chance de rencontrer un maître compétent. Ce jeune homme avait essentiellement dû faire son apprentissage lui-même et avait finalement eu la bonne fortune de se faire accepter par l'Association, qui contrôlait les magi à travers le monde, et de rentrer dans leur structure d'enseignement à Londres, plus connue en tant que la "Tour de l'Horloge". Waver avait toujours pensé que cela représentait un critère de première qualité. Il y croyait profondément, sans douter, et il était très fier de ses propres dons. Si je prouve être l'élève le plus doué et le plus capable de la Tour depuis sa fondation, tout le monde aura à me respecter. Tout du moins, c'était ainsi que Waver pensait.

En vérité, l'origine magique de la lignée des Velvet ne remontait qu'à trois générations. Comparé aux rejetons des familles de magi bien établies, la concentration de son Sceau et la quantité de ses Circuits Magiques étaient bien pâles. Alors que le temps passait, le nombre de Circuits augmentait et les Sceaux s'amélioraient. Un bon nombre des étudiants de la Tour de l'Horloge venaient de famille possédant au moins six générations de purs magi.

Les merveilles de la thaumaturgie ne peuvent être accomplies en une génération. Les résultats des recherches de toute une vie étaient transmis à la descendance, car c'était le seul moyen pour la thaumaturgie de progresser. Le prana de ceux possédant une plus longue ascendance magique était plus fort, précisément pour cette raison.

En addition, bien que le nombre de Circuits Magiques soit déterminé à la naissance, certaines familles parmi les plus anciennes étaient parvenues à augmenter cette quantité dans leurs héritiers, augmentant d'autant plus le fossé entre eux et les nouvelles familles de magi. En d'autres termes, les atouts dans le monde de la thaumaturgie étaient distribués avant même la naissance... C'était ce qui était communément accepté.

Mais Waver ne le voyait pas de cet oeil.

Les différences dans la généalogie pouvait être rattrapées par une quantité de travail accrue. Même sans Circuits Magiques exceptionnels, on pouvait, par une compréhension profonde et une utilisation appropriée de la thaumaturgie, franchir le gouffre crée à la naissance. Waver y avait toujours profondément cru. Il pensait en être lui-même un excellent exemple, et ainsi, cherchait toujours à démontrer ses capacités.

Malheureusement la réalité est trop cruelle. Ces étudiants, se vantant de leur lignée ancestrale, et ceux qui étaient constamment à leur suite, les abreuvant de flatteries; voilà en quoi consistait le coeur de la Tour de l'Horloge, et ses rouages tournaient pour eux. Même les professeurs ne faisaient pas exception. Plaçant tous leurs espoirs dans les élèves au lignage fameux, alors que pour un "misérable" travailleur comme Waver, ils hésitaient même à le laisser rentrer dans la bibliothèque, et encore plus à lui enseigner la thaumaturgie.

Pourquoi les possibilités de futur d'un magus sont-elles différentes en fonction de son ascendance ?

En quoi la crédibilité d'une théorie est-elle dépendante de l'expérience portée par les ancêtres de son inventeur ?

Personne ne faisait attention aux question de Waver. Les enseignants utilisaient des formules détournées pour tromper Waver quand il présentait ses thèses, agissant ensuite comme s'il avait été convaincu, ou sinon lui riant au nez, l'ignorant.

C'était proprement incroyable. Ses inquiétudes forcèrent Waver à prendre des mesures.

Pour mettre à jour la corruption du système de l'Association, Waver écrit un exposé. Intitulé "Enquête sur l'Aprentissage de la Thaumaturgie Au Siècle Nouveau", c'était le résultat de trois ans de conceptualisation et une année d'écriture. S'attaquant vicieusement aux traditions conservatrices, cet exposé, écrit avec de douloureux efforts, reflétaient clairement et intensément ses pensées, et ce sans aucune faiblesse d'argumentation. Si les Inquisiteurs pouvaient poser leurs yeux dessus, il en résulterait certainement une commotion de grande envergure.

Mais le professeur du département d'Eulyphis le jeta après l'avoir vaguement lu une unique fois.

Son nom était Kayneth El-Melloi Archibald. Il était l'héritier de la famille Archibald, forte de neuf générations de magi, un homme particulièrement populaire que tout le monde appelait Lord El-Melloi. Fiancé à la fille du principal, titulaire d'une chaire à un si jeune âge, il faisait partie de la crème de la crème. Le symbole même de l'autorité que Waver méprisait.

"Une personne avec de telles illusions n'est pas adapté pour faire de la recherche, Waver" énonça-t-il d'un ton condescendant, sans une once de pitié dans la voix. Le regard froid de Kayneth était quelque chose que Waver ne pourrait jamais oublier.

Durant les dix-neuf années de sa vie, Waver n'avait jamais été aussi humilié.

Puisqu'il possède les capacités nécessaire pour être un professeur, il lui était impossible de comprendre en quoi l'exposé de Wacer était exceptionnel. Non, il est jaloux, précisément parce qu'il a compris. Effrayé par le potentiel de Waver, jaloux, il le traitait comme un danger pour son propre poste. C'était sûrement pourquoi il avait fait subir un tel traitement à l'exposé de Waver. Déchirer volontairement un dossier de sagesse concentrée, est-ce là l'attitude qu'un intellectuel devrait adopter ?

Impardonnable. Son talent qui pouvait faire trembler le monde était arbitrairement passé à la trappe par l'autorité. Il n'y avait vraiment pas de justice. Mais personne ne sympathisait avec la frustration de Waver. L'Association - du point de vue de Waver - était véritablement pourrie jusqu'au noyau.

Mais... alors qu'il endurait ces jours d'infinie frustration, Waver entendit une rumeur.

Une rumeur comme quoi le célèbre Lord El-Melloi, pour ajouter un laurier de plus à son palmarès, avait décidé de rejoindre la compétition de thaumaturgie prochaine, dans l'Est.

Waver commença des recherches concernant cet 'Heaven's Feel', et fut fasciné par ses horreurs.

Avec le "Saint Graal" exauçant les voeux, ainsi que le récipient d'une quantité de Prana phénoménale, en jeu, on invoquait des Esprits Héroïques et, en les utilisant comme familiers, un combat à mort était lancé.

Titre, autorité, tout perdait son importance. Seule les compétences importaient.

C'était certes un peu barbare, mais c'était une façon simple et objective de prouver sa supériorité. Pour un génie méconnu, c'était une parfaite opportunité, une scène idéale pour se mettre en avant.

Dame Fortune avait finalement sourit à Waver.

Cela commença avec la négligence du département des Finances. La relique de Macédoine dont le professeur Kayneth avait demandé l'envoi... avait été remis à son élève Waver, parmi d'autres choses usuelles, afin qu'il puisse le faire parvenir à son enseignant, et ouvert malgré l'absence de son destinataire.

Waver réalisa immédiatement qu'il s'agissait d'un catalyseur pour l'invocation d'un Servant dans le Heaven's Feel. Et ainsi, il reçut une occasion unique.

Il n'avait alors plus une once d'amour pour la Tour de l'Horloge corrompue. La gloire d'être diplômé en tant que major n'est rien par rapport au Saint Graal de Fuyuki. Le moment où Waver Velvet sortira vainqueur de cette guerre coïncidera avec le moment où ces insignifiants membres de la Tour e l'Horloge s'aplatiront à ses pieds.

Ce jour-là, Waver quitta l'Angleterre pour la contrée insulaire à l'Est. La Tour de l'Horloge réalisa immédiatement qui avait dérobé le colis de Kayneth, mais ne le pourchassa pas. Personne ne savait que Waver était intéressé par le Heaven's Feel.

Mais c'était quelque chose que Waver ignorait. Tout le monde pensa, pour autant que Waver Velvet était concerné, qu'il avait volé la relique de Kayneth dans un accès de rage. Personne ne pensa qu'il était déjà prêt à risquer volontairement sa vie dans une compétition. A ce niveau, la Tour de l'Horloge avait véritablement sous-estimé Waver.

Dans la ville de l'extrême-orient, au lieu qui décidera de sa destinée - la ville de Fuyuki, Waver est sous sa couette, tentant de réprimer une envie de rire répétée. Non, il est impossible de s'en empêcher. Baigné par la faible lumière filtrant à travers le rideau, il lève la main droite de façon répétée et laisse échapper un pouffement.

Avec la relique entre ses mains, lui-même à Fuyuki et suffisamment qualifié en tant que magus... Comment le Graal pourrait-il ignorer une telle personne ? Et en effet, la forme des trois Sceaux de Commande est clairement apparue sur la main droite de Waver, la nuit dernière, le signe d'un Maître pouvant invoquer un Servant. Même le vacarme provoqué par les coqs à l'aube passa inaperçu.

"Waver, petit-déjeuner."

La voix de la vieille femme qui l'appelle des escaliers sonne différemment ce matin, comme si elle n'était pas si ennuyante.

Afin de convenablement démarrer ce jour mémorable, Waver commença rapidement à se changer.

Bien qu'étant une village retiré dans un pays entouré d'eau, Fuyuki attire un certain nombre de touristes. Et grâce à ça, le physique de Waver, notablement différent de celui d'un Japonais, n'avait pas attiré beaucoup d'attention. Mais même ainsi, Waver resta prudent et jeta un sort sur ce vieux couple vivant sans parents, leur faisant croire qu'il était leur petit-fils, revenu de ses études à l'étranger. Il s'était ainsi forgé une fausse identité lui permettant de vivre confortablement dans cette ville. De plus, il n'avait pas besoin de payer des frais d'hôtel, ce qui faisait d'une pierre, deux coups. Tout se passait parfaitement bien et Waver commençait à admirer de plus en plus ses capacités d'adaptation.

Pour apprécier pleinement ce doux matin, Waver descendit les escaliers jusqu'à la cuisine au rez-de-chaussée en ignorant consciencieusement les caquètements des poules. Comme tous les autres matins, la table décorée de journaux, les informations de la télévision et la nourriture accueillirent le profiteur.

"Bonjour, Waver. As-tu bien dormi ?"

"Oui, grand-père. J'ai profité d'un sommeil profond jusqu'à ce matin."

Waver répondit avec un sourire en étalant une épaisse couche de confiture sur son toast. Ce pain mou qui ne coûtait que cent-quatre-vingts yen par livre n'était pas très plaisant à mâcher. Normalement, c'était loin de le satisfaire aussi se rattrapait-il en mettant plus de confiture qu'à l'ordinaire.

Glen et Martha Mackenzie avaient immigré au Japon en quittant le Canada plus de vingt ans plus tôt. Mais leur fils ne s'était pas adapté au style de vie japonais et était rentré dans leur pays d'origine, y créant une famille. Le petit-fils qui avait été élevé au Japon jusqu'à l'âge de dix ans était aussi rentré. Pas une lettre n'avait été envoyée, sans parler des visites. Dix ans passèrent ainsi - Waver obtenant ces informations par hypnose. C'était le type de famille idéale pour Waver. Grâce à de subtiles remarques, Waver avait transformé la vision du couple de leur petit-fils pour qu'elle corresponde à sa propre image, devenant ainsi leur précieux petit-fils "Waver Mackenzie".

"Mais, Martha, je trouve que les poulets sont très bruyants depuis ce matin. Est-ce que tu sais pourquoi ?"

"On a trois poulets. D'où est-ce qu'ils sortent ... ?"

Inventant une excuse à la hâte, Waver avala rapidement sa bouchée de pain.

"Ah, ça... J'ai un ami qui nous a envoyé ses volailles pour qu'on en prenne soin quelques jours. Il part en voyage et ne sera pas à la maison, donc elles ne sont là que temporairement. Je vais lui rendre ce soir."

"Ah, c'est donc ça."

Il semblerait que cela ne les gênait pas plus que ça, aussi le crurent-ils sans problèmes. La perte d'auditin de ces deux personnes âgées pouvaient être considéré comme bénéfique. Le caquetage incessant des trois oiseaux de basse-cour faillit faire sortir plus d'un voisin de ses gonds, ce jour-là.

Mais le plus énervé était sans conteste Waver. Au moment même où il avait découvert les Sceaux de Commande sur sa main, il avait frénétiquement préparé le sacrifice nécessaire à la cérémonie.

Il n'avait pas pensé que trouver une basse-cour dans les environs serait si difficile. Il en dénicha finalement une petite, mais attraper trois poulets dépensa presque une heure. Il rentra finalement juste alors que le ciel commençait à s'éclaircir, couvert de déjection de volailles et les mains becquetées jusqu'au sang.

A la Tour de l'Horloge, les animaux à utiliser en sacrifice était toujours prêts à l'emploi. Mais ici, comment un magus de génie tel que moi peut-il être en un si piteux état juste pour attraper trois poulets ? En y pensant, Waver avait manqué s'effondrer en larmes de lamentation. Mais fixer les Sceaux de Commande jusqu'à l'aube lui avait rendu sa bonne humeur.

Il avait décidé de tenir la cérémonie ce soir. Ces ennuyeux volatiles pouvait bien vivre jusque là.

Et Waver voulait avoir le plus puissant Servant. La relique cachée dans le placard de la chambre du premier étage... Ce sera le catalyseur pour l'invocation d'un Esprit Héroïque hors norme, Waver était au moins assuré de cela.

La pièce de tissu en lambeaux, à moitié décomposée, venait d'une cape qui avait autrefois était accrochée à l'épaule d'un roi. Le légendaire "Roi des Conquérants" qui détruisit l'empire perse des Achéménides et créa un empire aux dimensions sans précédents qui s'étendait de la Grèce au Nord-Ouest de l'Inde. Cet Esprit Héroïque allait venir à Waver ce soir et le guider vers le glorieux Graal.

"... Grand-père, grand-mère, comme je vais rendre les poulets à mon ami ce soir, je risque de rentrer un peu tard. Ne vous inquiétez pas."

"Très bien. Sois prudent. Fuyuki n'est pas si sûre ces derniers temps."

"Il semblerait que le fameux tueur en série ait réapparu. Ce monde est vraiment trop inquiétant."

Mangeant une tranche de pain de mauvaise qualité à cette longue table, Waver expérimentait le plus grand bonheur de sa vie. Les cris perçants des poules n'était alors que légèrement gênants.

Partie 2[edit]

Ces ténèbres étaient imprégnées d'une ambition vieille de mille ans.

Emiya Kiritsugu et Irisviel avaient répondu à l'appel du chef de la famille Einsbern, accourant au château des Einsbern scellé dans la glace, dans un lieu des plus grandioses mais aussi des plus sombres – la chambre de cérémonie du Château Einsbern.

L'endroit n'était définitivement pas conçu pour la prière ou pour permettre aux âmes de trouver la paix. Dans un château construit par des magi, la soi-disant « chambre de prière » était en fait la pièce utilisée pour l'exécution de cérémonies thaumaturgiques incluant des offrandes sacrificielles.

Ainsi, les vitraux ne représentaient pas un quelconque saint, mais la longue histoire de la poursuite du Graal par les Einsbern. Des trois familles originelles, Einsbern était celle qui avait consacré le plus de temps à la recherche du Graal.

S'enfermant dans les profondeurs des montagnes glacées, coupant méthodiquement tout lien avec le monde extérieur, ils débutèrent leur recherche du Graal il y a de cela mille ans. Mais cette recherche fut remplie d'échecs et d'humiliations, ainsi que de souffrances et de conflits. Dans ces conditions, la recherche n'amena aucun résultat.

Désespérant finalement de jamais trouver le Graal seuls, ils passèrent à contre-coeur un pacte de coopération avec les familles extérieures Matou et Tohsaka, deux cents ans plus tôt.

Dans les Heaven's Feel qui ont suivis, ils ne l'on jamais remporté à cause d'un manque de capacité de leurs Masters. La dernière chance était donc d'engager un magus étranger doué en combat : cette décision fut prise il y a 9 ans. On pouvait comparer Emiya Kiritsugu à l'atout dans la manche des Einsbern qui avait toujours été très fiers de la pureté de leur sang; pour lui, ils avaient dû faire une autre entorse à leurs principes.

Alors qu'il traversait les couloirs, l'oeil de Kiritsugu fut accroché par une peinture relativement neuve sur le vitrail. Y étaient représentés la « Sainte Vierge de l'Hiver »de la famille Einsbern, Lizleihi Justizia, flanquée de deux autres magi. Les trois levaient la main vers le Graal affiché dans le ciel. Il était facile de deviner, au vu de la composition et de l'équilibre de cette peinture, à quel point, deux cents ans plus tôt, les Einsbern méprisaient les familles Tohsaka et Matou et l'humiliation qu'avait représenté pour eux le besoin de leur demander assistance. Cette peinture en était le symbole.

S'il était suffisamment chanceux pour survivre et remporter cette guerre – Kiritsugu rit intérieurement sans joie – sa propre image serait sûrement représentée pareillement sur ces fenêtres, et sans qu'il ait son mot à dire.

Le vieux magus, le roi de ce château glacial, attendait Kiritsugu et Irisviel devant l'autel sacrificiel.

Jubstacheit von Einsbern. Aussi connu en tant que « Acht » après être devenu le huitième chef de la famille Einsbern. En rallongeant constamment sa vie, il avait déjà vécu deux siècles; dirigeant la famille depuis que la « recherche » du Graal s'était transformée en « Guerre » pour le Graal.

Il ne savait pas ce qu'il en était de l'époque de Justizia, mais depuis que le second Heaven's Feel avait démarré, il avait goûté plus d'une fois à la souffrance de la défaite. Et ainsi, son angoisse à l'idée d'y être confronté une troisième fois était insupportable. Il y a neuf ans, accueillir ce « Magus Tueur » de mauvaise réputation qu'était Emiya Kiritsugu au sein de la famille avait été la décision de ce vieux magus, décision basée purement sur les capacités remarquables de Kiritsugu.

"La sainte relique dont nous avions demandé la récupération à Cornwall est arrivée ce matin."

Tout en caressant sa barbe blanche qui faisait penser à une cascade gelée, le vieil Acht fixa Kiritsugu, une lumière brillant au fond de ses yeux profondément enfoncés, lumière qui niait toute sénilité. Ayant vécu dans ce château depuis un bon moment, Kiritsugu ne pouvait toujours pas tolérer le sentiment ambigu de pression qui l'assaillait dés qu'il se tenait en présence du chef de la famille.

Dans la direction indiquée par ce dernier se trouvait, attaché de façon absurdement serrée sur l'autel, une large boîte de la couleur du charbon.

"En utilisant ceci comme un catalyseur, il sera surement possible d'invoquer le plus puissant des ' Esprits Héroïques de l'Epée '. Kiritsugu, considère cela comme la plus grande aide pouvant t'être apportée par la famille Einsbern." "Je vous en suis profondément reconnaissant, chef de famille. "

Tentant de garder un visage inexpressif, Kiritsugu s'inclina profondément.

Le fait que Einsbern ait brisé la règle établie au commencement et accepté du sang étranger au sein de la famille semblai avoir été accepté par le Graal. Le Sceau de Commande était apparu sur la main de Kiritsugu trois années auparavant. Bientôt, il devrait supporter le poids du désir vieux de mille ans de la famille Einsbern et participer au quatrième Heaven's Feel approchant.

Le vieux chef de famille tourna son regard vers Irisviel qui baissait les yeux en marque de respect.

"Irisviel, dans quel état est le vaisseau ? "

"Aucun problème. Même à Fuyuki, il devrait fonctionner normalement. "

Irisviel répondit normalement.

La machine à exaucer les voeux, 'le calice omnipotent' n'est qu'une entité spirituelle ne possédant pas de forme physique, aussi pour permettre sa manifestation fallait-il préparer un 'Vaisseau du Saint Graal'. Cela faisait de la guerre entre les sept Servants une sorte de rituel d'évocation spirituelle.

Le rôle de préparer un Vaisseau incombait, et ce depuis le commencement de Heaven's Feel, à la famille Einsbern. Pour cette quatrième Guerre, la responsabilité de ce devoir revenait à Irisviel. C'est pourquoi elle devait partir à Fuyuki avec Kiritsugu, elle devait se trouver sur le champ de bataille.

Le vieil Acht, le regard brillant d'une force peu commune, hocha gravement la tête.

"Cette fois... pas un ne doit survivre. Tue les six Servants, cette fois nous devons réussir à obtenir la Troisième Magie, le Graal d'Or."

"Oui, monsieur !"

En entendant l'ordre du dirigeant donné avec une telle passion refoulée, le magus et l'homonculus, les conjoints partageant le même sort, répondirent d'une même voix.

Mais dans son coeur, Kiritsugu n'aurait pu se sentir moins concerné que par le désir rigide du chef de famille.

Réussite... le maître de la famille Einsbern avait condensé toutes les émotions dans ce seul mot, avec toutes ses interprétations possibles. En y repensant, peut-être que la famille Einsbern n'avait plus rien d'autre que ce besoin maladif de réussite.

La matérialisation de l'esprit est un miracle. Un millénaire passé à la recherche de ce miracle... durant ce long parcours, ils avaient depuis longtemps perdu de vue leur objectif et les moyens d'y arriver.

Dans le seul but de prouver que leur travail de mille ans n'était pas un gâchis, dans le seul but de confirmer que « finalement, c'est possible », la famille Einsbern tentait à tout prix d'obtenir le Graal. Mais ce qu'ils en feraient une fois qu'ils l'auraient invoqué, cela avait depuis longtemps perdu sens à leurs yeux.

Peu importe. Comme vous le souhaitez, je vais personnellement vous accorder votre Saint Graal si désiré.

De manière à ne pas se laisser emporter par l'enthousiasme du vieil Acht, ainsi pensait Emiya Kiritsugu.

Mais j'utiliserais moi-même ce calice omnipotent pour réaliser mon voeu le plus cher...


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Kiritsugu et Irisviel retournèrent dans leur chambre, ouvrirent la boîte et furent hypnotisés par son contenu.

"Qui aurait pu penser qu'ils seraient finalement capables de le trouver..."

Kiritsugu, homme d'un naturel composé, était alors profondément impressionné.

Un fourreau.

Fait d'or et décoré d'un émail bleu éblouissant; ce genre d'objet luxueux était plutôt un trésor visant à démontrer le statut de son porteur, comme une couronne ou un sceptre, plutôt qu'un équipement usuel. En son milieu était gravées les Runes des Fées, depuis longtemps oubliées, prouvant ainsi que ce fourreau n'était pas de la main de l'homme.

"... Pourquoi n'y a-t-il pas le moindre défaut ? Est-ce réellement la relique d'une ère datant de plus de mille cinq cents ans ?" "Cet objet est un type d'Arme Conceptuel. Il est évident qu'il ne se détériorera pas physiquement, sans compter qu'il s'agit d'une sainte relique allant servir de catalyseur. Ce trésor appartient au domaine de la magie."

Irisviel retira précautionneusement le fourreau doré de la doublure de la boîte et le tint dans ses mains.

"Les légendes stipulent que conserver ce fourreau sur soi peut guérir toutes blessures et même empêcher le vieillissement... bien sûr, ce sont des pouvoirs magiques accordés par son propriétaire original."

"Ce qui signifie que tant que l'Esprit Héroïque invoqué est opérationnel, il peut être utilisé en tant que Noble Phantasme par un Maître."

Le fourreau d'une conception et d'une beauté unique en son genre avait captivé Kiritsugu, mais en quelques instants, ses pensées prirent un tour tout différent de façon à trouver le moyen de l'utiliser en tant qu'outil efficace. Observant Kiritsugu, Irisviel ne put empêcher de laisser paraître un sourire amer.

"Comme il fallait s'y attendre de ta part. Un outil est un outil peu importe les conditions, n'est-ce pas ?"

"C'est pareil pour les Servants. Peu importe la notoriété du héros, au moment où il est invoqué en tant que Servant, il n'est rien de plus que l'outil du Maître... Il est impossible pour une personne plaçant des espoirs irréalistes en son Servant de gagner cette guerre."

Quand il prenait le rôle ni de père, ni d'époux, mais celui d'un soldat, le visage de Kiritsugu devenait terriblement inhumain. Auparavant, quand elle ne connaissait pas encore suffisamment son mari, Irisviel était véritablement effrayé par cette attitude.

"Seul quelqu'un comme toi est digne de ce fourreau – tel est le verdict de mon grand-père."

"En est-il vraiment ainsi ?"

Le visage de Kiritsugu montrait clairement son mécontentement. Si le vieil Acht connaissait les sentiments de son petit-fils par alliance à la vue du fourreau, il serait sûrement étouffé par la rage.

"Tu n'apprécies pas le cadeau de grand-père ?"

Irisviel ne reprochait pas à Kiritsugu ses remarques impertinentes mais jugeait qu'il serait amusant de poser la question.

"Comment cela serait-il possible ? Il a fait plus qu'il n'aurait dû pour nous. Il n'existe certainement pas un autre Master avec un tel atout."

"Alors qu'est-ce qui ne te plaît pas ?"

"Avec cette parfaite relique, l'esprit héroïque invoqué sera forcément celui que je veux. Mais sa personnalité et la mienne sont trop en désaccord.

Normalement, pour l'invocation d'un Servant, la nature de l'eprit héroïque est grandement influencée par la personnalité du Maître. Théoriquement, tous les esprits héroïques invoqués ont une personnalité similaire à celle de leur Maître. Cependant, la relique possède plus d'importance. Plus l'origine de la relique sera précise, plus l'identité de l'Esprit Héroïque invoqué sera définie."

"... Ce qui signifie que tu n'es pas à l'aise pour un contrat avec le 'Roi de Chevaliers', c'est ça ?"

"Evidemment. Il n'y a certainement pas d'homme au monde plus incompatible avec la voie du chevalier."

Plaisantant à moitié, les lèvres de Kiritsugu s'étirèrent en un mince sourire.

"Un face-à-face équitable n'est pas à mon goût; notamment dans un combat à mort. Si je devais attaquer, ce serait par derrière pendant que ma cible est endormie. Sans considération pour le lieu et l'heure, utilisant simplement la moyen le plus efficace et le plus sûr d'abattre mon ennemi... Tu penses que ce prestigieux chevalier m'aiderait dans de telles batailles ?"

Irisviel se tut, se contentant de fixer le fourreau scintillant.

Kiritsugu était ce genre de combattant. Obtenir la victoire par tous les moyens nécessaires. Il n'était nul besoin d'en faire l'expérience, les personnalités de Kirtsugu et du propriétaire du fourreau entreraient définitivement en conflit.

"... Mais n'est-ce pas un terrible gâchis ? Le porteur d'Excalibur est sans aucun doute le plus puissant de la classe Saber."

En effet.

Seul ce fourreau rayonnant de gloire était accordé avec l'épée suprême. Il s'agissait de la relique du Roi des Chevaliers dont les légendes avaient été contées depuis l'ère médiévale – le Roi Arthur.

"C'est vrai. 'Saber' était déjà la plus puissante des sept classes convoquées par le Saint Graal. Et si c'était le Roi des Chevaliers qui devait occuper cette position... J'ai obtenu un Servant virtuellement invincible.

Mais les clé du problème réside dans comment utiliser cette force de combat suprême de façon adéquate. Pour être honnête, le seul critère de sélection était la facilité à diriger, alors 'Caster' ou 'Assassin' m'auraient mieux convenus."

C'est alors qu'en complète dissonance avec le décor luxueux de la chambre aux couleurs de la tulipe, un faible son électronique résonna.

"Ah, enfin arrivé."

Sur la lourde table de bois de sandal était disposé de façon hasardeuse un ordinateur portable; la merveilleuse combinaison donnait la même impression qu'une machine à coudre sur une table d'opération. Les lignées de magi au long passé n'avaient jamais découvert les joies de la technologie, et Einsbern ne faisait pas exception. Le petit outil électronique qui semblait au-delà de la compréhension à Irisviel était un effet personnel de Kiritsugu. Les magi n'étant pas rebutés par l'usage de telles machines étaient extrêmement rares, et Kiritsugu en faisait partie. Sa requête pour installer une ligne de téléphone et un générateur électrique avait résulté en une grand dispute avec le vieux chef de famille.

"...Ce son, quel est-il ?"

"C'est le rapport envoyé par notre compagnon infiltré à la Tour de l'Horloge de Londres. Je lui ai demandé d'enquêter sur l'identité des Maîtres participant à cet Heaven's Feel."

Kiritsugu s'assit en face de la machine et se mit à taper rapidement sur le clavier. L'écran à cristaux liquides indiquait qu'un nouveau mail était arrivé. C'était la nouvelle technologie appelée « Internet » dont Irisviel avait déjà entendu parler par Kiritsugu. Mais son silence montrait à son époux qu'elle n'avait pu en comprendre le fonctionnement. "...Oh, il y a des informations sur quatre des Maîtres."

Le participant de la famille Tohsaka était évidemment le dirigeant de la famille, Tohsaka Tokiomi. Une personne gênante de l'attribut 'feu' et spécialisé dans la thaumaturgie des joyaux.

La famille Matou avait manifestement forcé cet échec en tant que futur chef de famille à devenir un Maître, quel bêtise... mais la vieille baderne de la famille déployait de grands efforts afin d'obtenir le Graal.

Pour les magi venant de l'extérieur de la ville, il y avait tout d'abord le professeur de première classe de la Tour de l'Horloge, Kayneth El-Melloi Archibald.

Ah, il connaissait cet homme. Possédant les attributs 'Vent' et 'Eau', c'était un expert dans l'évocation sprirituelle, l'invocation et l'alchimie. Il était actuellement le magus le plus renommé de l'Association. Ennuis en perspective.

Et il y avait un homme envoyé par l'Eglise... Kotomine Kirei. A la base, le représentant de 'L'Assemblée du 8e Sacrement', il était le fils de celui remplissant le rôle de superviseur – Kotomine Risei. Envoyé à Tohsaka Tokiomi, trois ans plus plus tôt, pour apprendre la thaumaturgie, il avait rompu les liens avec son mentor après avoir reçu les Sceaux de Commande. Hmm, un type à faire parler la poudre.

Kiritsugu fit glisser l'écran avec la souris pour étudier le compte-rendu détaillé de l'enquête; en regardant son mari s'effectuer, Irisviel s'ennuyait à mourir. Soudainement elle remarqua que son mari avait adopté, depuis elle ne savait combien de temps, une expression concentrée et tendue.

"...Qu'est-ce qui ne va pas ?"

"Ce fils du Père Kotomine. Même son passé a été effacé..."

Irisviel se plaça derrière Kiritsugu et regarda l'écran que pointait son doigt. Pour Irisviel, lire du texte n'étant pas couché sur du papier était très difficile, mais à la vue de l'expression tendue de son mari, elle ne se plaignit pas.

"...Kotomine Kirei. Né en 1967, accompagnant son père Risei sans les lieux saints depuis son enfance, dîplomé en 81 de l'Université Théologis de Manresa St. Ignacio... a sauté deux classes et occupait le poste de président du conseil des élèves; il semble être un homme couronné de succès"

Kiritsugu acquiesça silencieusement.

"Au vu de ces résultats, il aurait définitivement pu devenir cardinal-ministre, mais il a volontairement abandonné cette opportunité pour rejoindre la Sainte Eglise. En fait, il avait un éventail de choix plus que large, alors pourquoi se dévouer à une telle organisation de l'église ?"

"Peut-être a-t-il été influencé par son père ? Kotomine Risei est membre de la Sainte Eglise aussi, non ?"

"Si c'était le cas, il aurait cherché à retrouver des reliques perdues comme le faisait son père. Certes, Kirei a rejoint le même département que son père, mais avant ça, il a été muté trois fois et a même été choisi en tant qu'Exécuteur. Il ne devait pas avoir vingt ans, en plus. Ce travail ne peut pas être effectué sans une certaine dose de volonté."

Il s'agissait du département de la Sainte Eglise le plus couvert de sang, appelé l'Antre de Shura et responsable de punir les hérésies. Pour avoir été capable de prétendre au titre d'Exécuteur, il devait avoir été un assassin de première classe, et avoir donc enduré un entraînement aussi brutal que pieux pour devenir l'arme de l'humanité.

"Peut-être que c'est un fanatique. Plus ils sont jeunes, plus ils sont purs; il existe bien une telle chose que l'amour sans condition pour ses croyances."

A l'explication d'Irisviel, Kiritsugu répondit en remuant la tête.

"Ce n'est pas ça... S'il était comme ça, alors son parcours de ses trois dernières années serait inexplicable.

Si sa foi était pure, il lui aurait été impossible de se faire transférer dans l'Association des Magi; ça pourrait être un ordre de la Sainte Eglise, ou bien il est possible qu'il ait été plus fidèle à la doctrine religieuse qu'à son organisation. Mais même dans ce cas, ça n'explique pas sa nécessité de s'entraîner si sérieusement dans la thaumaturgie.

- Regarde, le rapport de Tohsaka Tokiomi à l'Association à propos de Kirei. Son entraînement englobait l'alchimie, l'évocation spirituelle, l'invocation, la divination... il s'est même révélé plus apte à la thaumaturgie de soin que Tohsaka Tokiomi lui-même. Quelle peut bien être la raison d'un tel enthousiasme ?"

Irisviel poursuivit sa lecture du document jusqu'à la fin du résumé des capacités de Kotomine Kirei.

"… Je dois avouer que ce Kirei est un peu étrange, mais mérite-t-il vraiment que tu te penches sur son cas aussi sérieusement ? Même s'il semble très talentueux, il ne sort pas vraiment du lot."

"Ah, c'est justement ça qui me dérange."

Regardant une Irisviel un peu perdue, Kiritsugu s'expliqua patiemment.

"Peu importe ce qu'il fait, cet homme n'atteint jamais la 'première classe'. A bien le regarder, il n'est pas une sorte de génie, juste un homme normal. Mais sa capacité à obtenir des résultats aussi rapides par la seule grâce de ses efforts est clairement effrayante. Certes, il doit fournir dix voire vingt fois plus d'efforts que les autres pour atteindre un tel niveau. Mais il ne s'arrête que quand il ne lui reste plus qu'une étape à franchir, et alors, sans aucun remords, il change de région. Tout ce qu'il a laborieusement construit jusque là est jeté aux ordures comme un rien."

"..."

"Il a clairement choisi un mode de vie plusieurs fois plus excitant que celui de la majorité, mais dans la vie de cet homme, il n'y a pas de place pour l'affection. Cet homme – est définitivement un homme dangereux."

Et par cette conclusion, Irisviel comprit ce que Kiritsugu voulait vraiment dire.

Quand il qualifie de "gênant" un adversaire réellement inquiétant, c'est parce qu'il ne le voie pas comme un danger. Les moyens de s'occuper d'un tel adversaire et ses chances de succès sont déjà assurés à quatre-vingts pour cents. Mais quand il utilise le qualificatif de "dangereux"... Emiya Kiritsugu n'utilise un tel terme que pour désigner les ennemis qu'il ne devra affronter qu'avec le plus grand sérieux.

"Cet homme ne croit en rien. Toujours à la recherche de réponses, c'est pourquoi il a fait tant d'expériences. Et le résultat est qu'il n'a toujours rien trouvé... Il est de ce genre d'homme dépourvu de morale. Si je devais décrire le contenu du coeur d'un tel homme, alors je dirais qu'il ne s'y trouve probablement que rage et désespoir."

"...Tu veux donc dire que, pour toi, cet Exécuteur est un ennemi plus impressionnant que Tohsaka Tokiomi ou Archibald ?"

Après une petite pause, Kiritsugu hocha résolument la tête.

"...Un homme terrifiant.

En effet Tohsaka et Lord El-Melloi sont de puissants adversaires. Mais je pense que la 'façon de vivre' de Kotomine Kirei est autrement plus inquiétant."

"Façon de vivre ?"

"Le coeur de cet homme est complètement vide. Il n'a rien qui puisse être appelé un désir. Alors pourquoi un tel individu risquerait sa vie pour le Graal ?"

"...N'est-ce pas le souhait de la Sainte Eglise ? N'est-il pas possible qu'ils aient confondu la Graal de Fuyuki avec la véritable relique et aurait alors entrepris de le récupérer ?"

"Non. Avec cette seule motivation, le Graal n'aurait pas accordé de Sceaux de Commande. Cet homme a été choisi par le Graal en tant que Maître. Il doit avoir une raison quelconque pour obtenir le Graal. Quel est cette raison ? C'est précisément parce qu'on ne peut pas le deviner que ça le rend terrifiant."

Kiritsugu soupira profondément en regardant l'écran, ennuyé. Il essayait d'en deviner plus sur le caractère de Kotomine Kirei au vu des informations fournies par ce simple texte.

"Que penses-tu qu'il se passerait si cet homme vide et sans désirs obtenait le Graal ? Sa vie est fondée sur le désespoir. Le pouvoir de la machine à exaucer qu'est le Saint Graal pourrait alors être marqué par son désespoir."

Kiritsugu se laissait trop aller à sa morosité, et dans le but de le faire se reprendre, elle secoua vigoureusement la tête.

"Ce qui est en moi, le Vaisseau du Graal, je ne le laisserais à personne. Une fois le Graal rempli, celui qui aura le privilège de le posséder, ce sera toi et personne d'autre, Kiritsugu.

Les anciens de la famille ne souhaite que la complétion du Graal; c'est leur seul désir... mais ce jeune couple possèdent toujours des désirs. Des rêves demandant à se réaliser.

Kiritsugu referma l'ordinateur portable et serra étroitement Irisviel contre lui.

"Quoi qu'il arrive, nous ne pouvons pas perdre."

Pour sa femme; même comparé au désir de sa famille, Irisviel accordait plus d'importance à ses propres souhaits et à ceux de son mari. Cela émut profondément Kiritsugu.

"...Je l'ai trouvé. Le moyen d'utiliser le pouvoir du plus puissants des Servants à son potentiel maximum."

Partie 3[edit]

Au même moment, dans un pays lointain à l'est, au-delà de la mer, une autre personne recevait le même rapport que Kiritsugu. En tant que magus légitime, Tohsaka Tokiomi ne s'abaisserait pas à utiliser les vulgaires nouvelles technologies comme le faisait Kiritsugu. Il était adepte de l'utilisation d'une technique secrète de sa famille pour communiquer sur de longues distance, une magie de joyaux passée de générations en générations. Dominant la ville de Fuyuki, le manoir de Tohsaka était installé dans le quartier de Miyamachoui. Dans l'atelier de Tokiomi, installé sous terre, était installé l'équipement nécessaire à l'expérience connue sous le nom de pendule noir. La différence entre un pendule de physique traditionnelle et celui-ci était que le plomb du pendule contenait un imposant joyau, héritage des Tohsaka, et que le dispositif était tel que de l'encre coulait le long du fil pour venir recouvrir le joyau. Le roc couplé au joyau était actuellement en possession de l'espion de Tohsaka. Si ce roc était placé devant un rouleau sur lequel on écrivait, alors le joyau associé se mettrait à se balancer, et l'encre en coulant commencerait à reproduire parfaitement et sans erreur le texte sur le papier placé en dessous. Ainsi fonctionnait la structure. Le joyau du pendule et le roc à l'autre bout du monde ondulaient alors en synchronisation, et par cet étrange mouvement répétitif sans schéma défini, le rapport de l'espion commençait à apparaître.

Tokiomi, remarquant le phénomène, ramassa la feuille de papier et, sans attendre que l'encre ne sèche complètement, parcourut son contenu.

"— Peu importe le nombre de fois que je vois ce mécanisme fonctionner, je le trouve toujours aussi peu digne de confiance."

Kotomine Kirei, qui se tenait à côté depuis le début, fit part de ses sentiments.

"Oh, alors tu penses que le fax est plus pratique.

Avec cette méthode, peu importe les coupures de courant, elle continuera à fonctionner. Il n'y a pas non plus le risque de voir le rapport divulgué. Sans l'aide de la technologie, nous autres, magi, avons depuis longtemps possédé un appareillage digne des outils les plus avancés."

Tout de même, la capacité du fax à être utilisé par n'importe qui le rendait toujours plus pratique aux yeux de Kirei. 'N'importe qui' pouvait l'utiliser, c'était quelque chose dont Tokiomi ne pouvait comprendre l'intérêt. Il est parfaitement logique que les méthodes des aristocrates et des gens du commun soient différentes... même à notre époque, Tokiomi conservait ce point de vue dépassé. Il était un véritable 'magus'.

"Le dernier rapport de la 'Tour de l'Horloge'. Le 'prodigieux' Lord El-Melloi semble avoir obtenu une ancienne relique. Si cela ce confirme, il sera lors certain qu'il participe. Hmph, voilà un ennemi de taille. Avec moi, cinq Maîtres sont maintenant décidés..."

"Cela m'inquiète vraiment que deux places restent vacantes."

"Pourquoi ? Cela signifie juste qu'il n'y a personne digne des Sceaux de Commande. Quand le compte à rebours touchera à sa fin, le Graal remplira aléatoirement les deux places restantes sans porter attention à la qualité. Pour avoir le nombre requis, il y aura alors deux petites frappes. Pas de quoi s'inquiéter."

Voilà qui convenait bien à l'optimisme de Tokiomi. Ayant été son élève pendant trois ans, Kirei comprenait désormais très bien son maître. Malgré sa méticulosité dans ses préparations, il avait l'habitude de rater certains détails une fois dans le feu de l'action. Et s'occuper de ces petits détails à sa place était probablement sa responsabilité. Kirei l'avait compris depuis longtemps.

"Mais puisqu'on parle de précautions – Kirei, personne ne t'a vu rentrer, n'est-ce pas ? Selon les apparences, nous sommes déjà ennemis."

En accord avec le plan de Tohsaka Tokiomi, la réalité avait été déformée et annoncée. Le Kirei qui avait été choisi par le Graal trois ans plus tôt, conformément aux ordres de Tokiomi, avait caché sa marque sur sa main droite jusqu'à ce dernier mois où il avait annoncé la présence des Sceaux de Commandes sur sa main. A partir de ce moment, il avait coupé les liens avec Tokiomi en tant que compétiteurs pour le Graal.

"Pas d'inquiétudes. Avant même de s'inquiéter à propos d'être vu, il n'y a de toute façon pas de sorts ou de familiers surveillant cette maison. Je -"

"— Je peux le garantir."

La voix d'une troisième personne l'interrompit. Et au même moment, une ombre noire apparut aux côtés de Kirei.

L'Esprit Héroïque qui accompagnait Kirei en forme spirituelle tout ce temps était finalement apparu devant Tokiomi.

Cette grande et mince ombre possédait une énorme différence en prana avec les humains. C'était 'quelque chose' d'inhumain. Un être bizarre portant une longue cape noire et un masque ressemblant à un crâne pour cacher son physique.

Oui, c'était le premier Esprit Héroïque à être invoqué dans le quatrième Heaven's Feel, le Servant "Assassin" qui avait passé un contrat avec Kotomine Kirei - Hassan-i Sabbāh.

"Peu importe les astuces qu'ils utilisent, ils ne peuvent tromper mes yeux, les yeux de l'Esprit Héroïque du Subterfuge, Hassan. Mon Maître Kirei n'a pas l'aura de quelqu'un poursuivi par l'ennemi... vous pouvez vous détendre."

Comme s'il comprenait que la position de Tokiomi était supérieure à celle de son propre Maître, Kotomine Kirei, Assassin exposa poliment la situation en s'inclinant légèrement.

Kirei prit alors la parole.

"A l'instant même où un Esprit Héroïque sera invoqué par le Graal, peu importe sa classe, cela sera instantanément rapporté à mon père."

Le père Risei était le superviseur de cet Heaven's Feel, assigné en tant que prêtre titulaire de l'église de Fuyuki. Il était en possession de l'artefact magique connu sous le nom de "table spirituelle". Elle avait comme fonction de révéler les capacités des Esprits Héroïques invoqués par le Graal.

L'identité des Maîtres ne pouvait être confirmé que par une enquête traditionnel, mais le nombre et la classe des Servants invoqués, quelque soit le lieu de leur invocation, s'affichait obligatoirement sur la "table spirituelle" pour permettre au superviseur un meilleur contrôle de la situation.

"Selon mon père, mon Assassin est le seul Servant qui soit apparu jusqu'à maintenant. Les autres magi ne sont pas encore rentrés en action."

"Oui, mais ce n'est qu'une question de temps. Tôt ou tard, les familiers des autres Maîtres apparaîtront et surveilleront cette demeure. Car au même titre que le manoir des Matou ou que le repaire des Einsbern, il s'agit obligatoirement de la demeure d'un Maître."

Les magi étrangers avaient un avantage sur les trois familles impériales dans le fait que leur localisation était inconnue des autres. C'est pour ça que, durant les premiers stades de Heaven's Feel, quelle que soit la famille, ils utiliseront des espions pour la reconnaissance.

Ce n'était pas que Kirei ne faisait pas confiance au réseau d'informations de Tokiomi, c'était juste qu'ils devaient rester sur leur garde au cas où les deux derniers Maîtres disposeraient de moyens efficaces pour cacher leur présence. Affronter un ennemi avec ce genre de stratégie permettait au Servant Assassin de Kirei d'utiliser ses capacités au mieux.

"Tu peux te retirer. Assassin, continue à monter la garde dehors. Sois très prudent."

"Compris."

A l'ordre de Kirei, Assassin reprit sa forme spirituelle et quitta la pièce. Pour un Servant qui est à la base une entité spirituelle, il est facile de passer entre la forme spirituelle et la forme physique.

Assassin possédait la capacité spéciale de "Présence Confinée" que les autres classes ne possédaient pas. Il était sans rival pour les manœuvres sous couverture et pour la traque.

Pour Kirei qui ne cherchait pas la victoire mais devait couvrir Tokiomi, invoquer Assassin était le meilleur choix.

C'était le plan de bataille.

D'abord, laisser l'Assassin de Kirei enquêter sur les stratagèmes des autres Maîtres sur les faiblesses de leur Servant. Après avoir obtenu de cette manière une méthode infaillible pour remporter la victoire, le Servant de Tokiomi se mettra en mouvement pour abattre chacun d'entre eux.

C'est pourquoi Tokiomi devait invoquer un Servant avec un fort potentiel offensif. Quant à l'Esprit Héroïque sur lequel Tokiomi avait l'œil, Kirei ne l'avait jamais entendu y faire référence.

"La sainte relique que j'ai préparée arrivera demain matin."

Comme s'il avait compris les doutes de Kirei à son expression, Tokiomi répondit sans qu'il ait eu à poser la question.

"J'ai trouvé ce que je cherchais. Le Servant que j'invoquerais sera sûrement un avantage contre tous nos ennemis. Du moment que c'est un Esprit Héroïque, il n'a aucune chance de victoire face à cet homme."

Tokiomi jubilait intérieurement, son visage rayonnant de cette confiance absolue avec laquelle il était né.

"La cérémonie d'invocation sera tenu ce soir. Si aucun autre Maîtres ne nous espionne, tu peux être présent ainsi que ton père."

"Père aussi ?"

"Oui. Si 'son' invocation est couronné de succès, alors notre victoire est assurée. Je veux partager ce bonheur avec tout le monde."

Cette confiance pouvait être considéré comme la caractéristique héréditaire de Tohsaka Tokiomi. Devant cet ego surdimensionné, était comme subjugué, avec même une touche d'admiration.

C'est alors que Kirei remarqua le mouvement du joyau pendulaire. Il n'avait pas cessé, il continuait à écrire.

"Il semble qu'il y en ait plus."

"Ah oui ! C'est une enquête concernant un autre problème. Ce n'est pas des informations de la toute première fraîcheur – ça concerne probablement ma requête pour en savoir plus sur le Maître des Einsbern.

Des informations sur la famille Einsbern qui avait coupé tout contact avec le monde extérieur étaient difficile à obtenir, même à la Tour de l'Horloge de Londres. Mais Tokiomi avait déjà dit avoir une piste à propos de ce Maître. Il enroula la feuille de papier précédent, la posa sur la tale d'écriture et récupéra la nouvelle feuille.

"...C'est un événement datant d'il y a 9 ans. Les Einsbern, qui avaient toujours été fier de la pureté de leur sang, ont soudainement accepté un magus de l'extérieur en tant que gendre. Il y avait eu beaucoup de débats à ce sujet au sein de l'Association, mais, à part moi, le seul capable de comprendre le pourquoi du problème serait le vieux chef de la famille Matou.

Les magi de la famille Einsbern, qui n'excellent qu'en alchimie, n'étaient pas adapté au combat dès le départ. C'est une des raisons pour leurs défaites à répétition dans les précédents Heaven's Feel. Il semble qu'ils aient finalement perdu patience.

Ce magus qu'ils ont trouvé semble vraiment adapté à la tâche."

Après en avoir fini avec le papier qu'il lisait tout en parlant, il le passa à Kirei. A la vue du titre "Rapport d'investigation : Emiya Kiritsugu", les yeux de Kirei s'étrécirent.

"Ce nom... je l'ai déjà entendu auparavant. Il me semble qu'il appartient à quelqu'un de dangereux."

"Oh, la Sainte Église est aussi au courant ? Le 'Tueur Magus' Emiya était vraiment connu à son époque. N'appartenant pas à l'Association en apparence, il était en réalité l'outil des autorités de l'Association."

"Donc, dans les termes de l'église, il serait un genre d'Exécuteur ?"

"Pire que ça en vérité. C'était un assassin libre qui avait suivi un entraînement spécial pour tuer les magi. Comme seuls les magi peuvent le mieux comprendre les magi, il fera usage des méthodes les plus incompatibles avec les règles des magi pour les abattre... C'est le genre d'homme qui recoure aux méthodes les plus méprisables sans regrets."

La voix de Tokiomi résonnait de haine, pourtant Kirei commença à ressentir de l'intérêt envers ce Emiya Kiritsugu. Il avait bien entendu des rumeurs à propos de cet homme. Il semble qu'il se soit opposé à la Sainte Église dans le passé, et certains avaient dit à Kirei de particulièrement s'en méfier.

Kirei commença à lire les informations qu'ils avaient reçues sur lui. La majorité d'entre elles concernaient la stratégie de bataille d'Emiya Kiritsugu – étaient reportés des cas de personnes disparues ou accidentées qui étaient probablement des magi qu'il avait tué; mais c'était principalement ses méthodes qui étaient étudiées. Au cours de sa lecture, Kirei commençait à comprendre pourquoi Tokiomi haïssait cet homme. Embuscades et assassinats n'étaient que la partie visible de l'iceberg.

Placé une bombe dans un lieu public, abattre un avion rempli de passagers, telles étaient les incroyables événements reportés. Il était aussi supposé que certaines tragédies passées et considérées comme des actes de terrorisme n'était en fait que les actes criminels d'Emiya Kiritsugu en vue d'abattre un unique magus. Bien qu'il n'y ait aucune preuve tangible, au vu du reste des informations, c'était parfaitement plausible.

Assassin. Ce terme lui convenait très bien. Des magi s'opposant au point de s'entretuer, ce genre de scénario était commun. Cependant, il s'agissait d'une compétition de thaumaturgie et habituellement décidé à travers un certain nombre de processus qui permettaient l'usage de règles. En y repensant, Heaven's Feel était comme ça. Bien que définie en tant que 'guerre', ce n'était pas un match à mort chaotique, mais il était restreint par toute une série de règles.

Il n'y avait pas même une ligne de ce rapport faisant référence à une occurrence où Kiritsugu aurait combattu selon les 'règles des magi'.

"Celui appelé magus n'est pas soumis à la loi humaine, et ce n'est qu'une raison de plus pour respecter les règles de notre monde. "

Dit Tokiomi, sa voix calme vibrante de colère.

"Mais cet homme, Emiya, ignore complètement les règles. Il 'a pas la moindre once de fierté en tant que magus. Ce genre d'homme est impardonnable."

"Vous parlez de … fierté ?"

"Oui. Même cet homme a dû suivre l'entraînement sévère des magi.

Si c'est le cas, alors il a certainement la détermination pour surpasser n'importe quelle obstacle. Il est impossible d'oublier son but et désir initial, même après avoir été couronné de succès."

"..."

Ce que disait Tokiomi était faux. Se soumettre à un entraînement brutal sans posséder aucun objectif... ce genre d'imbécile existait bel et bien en ce monde. Kirei le savait mieux que personne.

"— Alors pourquoi Emiya Kiritsugu est-il devenu une machine à tuer ?"

"C'est probablement une question d'argent. Après avoir été accepté dans la famille Einsbern, il s'est tenu coi. Il a déjà obtenu suffisamment d'argent pour le reste de sa vie, donc c'est tout à fait logique – il devrait être mentionné sur ce rapport qu'il n'a pas fait que des assassinats. Il semble qu'il ait accompli d'autres tâches de par le monde, n'importe quoi pour se faire un peu d'argent en plus."

Comme le disait Tokiomi, la fin du rapport, plutôt que des incidents en rapport avec les magi, reportaient les multiples expériences de Emiya Kiritsugu. Ainsi, la présence de Kiritsugu pouvait être relevée dans la majorité des conflits éclatant de par le monde; il n'était pas qu'un assassin, il avait aussi beaucoup travaillé en tant que mercenaire.

"...Puis-je emprunter ce document pour le lire en détail ?"

"Ah, bien sûr. Si tu pouvais l'analyser en détail, ce serait d'une grande aide. Je suis un peu trop occupé par le cérémonie d'invocation de ce soir."

     X      X

Kirei quitta l'atelier et remonta à l'air libre. Dans le hall, il tomba sur une petite fille bataillant avec des bagages trop grands pour elle.

"Bonjour, Rin."

Il ne cherchait pas à être spécialement attentionné envers elle, juste la saluer, mais l'enfant stoppa net, et fixa Kirei avec de grands yeux. Il avait été en contact avec Rin dans ce manoir pendant trois ans, et la suspicion dans les yeux de la jeune fille n'avait jamais perdu de son intensité.

"...Bonjour. Kirei."

Avec une voix dure, mais une attitude irréprochable, Rin rendit son salut à Kirei. Bien que jeune, Rin ressemblait à sa mère, toujours distinguée dans son comportement. Elle n'était pas n'importe qui, mais bien la fille de Tohsaka Tokiomi. Être différente des autres enfants de son âge lui était parfaitement naturel.

"Tu sors ? Ce bagage est énorme."

"Oui. Nous allons nous installer chez grand-père pour un moment. Je vais même prendre le téléphérique pour aller à l'école."

A cause de l'imminence de Heaven's Feel, Tokiomi avait décidé d'envoyer sa famille vivre dans le voisinage, dans la maison de sa mère par alliance.

La mère et sa fille ne pouvaient être exposées au champ de bataille, c'était trop dangereux. C'était une précaution plus que raisonnable.

Mais sa fille Rin semblait très insatisfaite par cet arrangement. Bien que ses traits soient fins, sa petite bouche était déformé par une moue, démonstration de son mécontentement. Bien qu'elle soit une future dame, elle restait tout de même une enfant. On ne pouvait pas lui demander de se conduire parfaitement.

"Kirei, vous restez avec père pour l'aider dans son combat, n'est-ce pas ?"

"Certes. En tant que son apprenti, c'est ce que je dois faire."

Rin n'était pas une enfant ignorante. En tant que successeur de la famille de magi Tohsaka, elle avait déjà reçu l'enseignement du talentueux Tokiomi. Et elle possédait donc de certaines connaissances concernant le Heaven's Feel approchant.

La raison pour laquelle elle devait aller à la maison de son grand-père lui était compréhensible. Mais ce qui l'ennuyait était qu'après son départ, Kirei serait le seul à rester dans la demeure des Tohsaka et pourrait y faire ce que bon lui semblait.

Rin respectait profondément son père, Tokiomi. Et c'est précisément pour cette raison qu'elle désapprouvait Kirei qui avait reçu l'enseignement de Tokiomi avant elle, son successeur officiel.

"Kirei, est-ce que je peux te faire confiance ? Protégeras-tu père jusqu'au bout ? Peux-tu me le promettre ?"

"C'est impossible. Si cette guerre était suffisamment facile pour que je puisse faire cette promesse, il n'y aurait alors aucune raison pour que ta mère et toi soient protégées de la sorte, non ?"

Kirei ne comptait pas faire de promesses vides de sens juste pour la réconforter, aussi se contentait-il d'exposer clairement la vérité. Mais le regard de Rin devint encore plus perçant tandis qu'elle fixait son aîné.

"… Comme je le pensais, je ne t'aime vraiment pas."

Ce n'était que quand la jeune fille prononçait de telles paroles, irritantes mais en accord avec son âge, que Kirei avait une bonne impression d'elle.

"Rin, évite de faire preuve d'autant d'impolitesse à l'avenir. Sinon, les autres commenceront à douter du caractère de ton père."

"Ça n'a rien à voir avec père !"

Comprenant que son père était utilisé en tant qu'excuse, la colère de Rin empourpra son visage. C'était exactement ce que Kirei désirait voir.

"Écoute bien Kirei ! Si père est blessé à cause de tes erreurs, je ne te le pardonnerais pas ! Je —"

A ce moment, avec ce qu'on pouvait considérer comme le meilleur timing, l'ombre d'Aoi apparut. Elle en avait déjà fini avec ses préparations, mais voyant que Rin ne sortait pas, elle était revenue voir ce qui se passait.

"Rin! Que fais-tu ? Et en haussant tellement la voix !"

"— Ah, c'est, je —"

"Elle était venue me faire parts de ses encouragements avant son départ, madame."

Kirei prétendit être calme et tendit une main secourable vers Rin ce qui ne la rendit que plus furieuse. Mais elle ne pouvait rien dire devant sa mère, aussi tourna-t-elle les talons pour partir.

"Je vais t'aider, Rin. Cette valise est trop lourde pour toi."

"Non ! Je peux le faire moi-même !"

Rin tira sur la valise encore plus vigoureusement qu'avant, s'enfonçant ainsi dans une bataille d'autant plus féroce avec l'objet, mais parvint malgré tout à passer la porte. Kirei savait que se comporter de la sorte n'aurait pas été très mature, mais il souhaitait quand même pouvoir se moquer de Rin tant qu'il en avait encore le temps.

Aoi adressa à Kirei une révérence.

"Kotomine-san, je vous laisse vous occuper de mon mari. Je vous prie de l'aider à réaliser son vœu."

"Je ferais de mon mieux, soyez-en assurée."

Selon Kirei, Aoi était la femme parfaite. Solennel et discrète, méticuleuse, compréhensive envers son mari, considérant la loyauté comme supérieure à l'amour et respectant le sens du devoir. En d'autres termes, l'exemple même de la femme et de la mère parfaite selon les traditions. Dans une ère où le mouvement féministe était parvenu à ancrer ses idéaux dans la société, elle était telle un personnage gravé dans la pierre. Tokiomi avait vraiment choisi la personne la mieux adapté à son caractère comme épouse.

Kirei resta à la porte, s'assurant que la mère et son enfant partaient. Elles n'utilisaient pas un taxi, mais une voiture privée, Aoi prenant la place du conducteur. Le chauffeur comme les autres serviteurs avaient été renvoyés la semaine dernière. C'était pour éviter que des innocents soient mêlés à cette affaire, mais aussi pour éviter des fuites d'informations. Tokiomi n'était pas assez prudent pour rester en garde même contre ses serviteurs. C'est pourquoi Kirei avait fait cette proposition et avait dû à moitié forcer Tokiomi à l'accepter.

Avant que la voiture ne démarre, Rin, maintenant caché au regard de sa mère, tira la langue à Kirei avec une grimace. Kirei ria faiblement et confirma leur départ de ses propres yeux. Il rentra ensuite dans le manoir maintenant vide.

     X      X

Tokiomi n'avait toujours pas quitté l'atelier. Kirei, désormais le seul autre occupant du manoir déserté, commença à parcourir intensément le rapport sur Emiya Kiritsugu.

Il ne comprenait pas pourquoi il était tellement intéressé par cet étrange magus qu'il ne connaissait pourtant pas. Peut-être parce qu'il ressentait un malin plaisir devant les blâmes dont son maître l'accablait.

La relation de maître à élève qui avait tenu pendant trois ans avait toujours était teinté d'ironie.

En tant que professeur, Tokiomi ne pouvait se plaindre des capacités de concentration et d'apprentissage de Kirei; normalement un servant de Dieu qui détestait la thaumaturgie, il accordait pourtant un intérêt incroyable à tous les champs de cette dernière. Kirei qui possédait ce qu'on pouvait qualifier d'une soif insatiable pour la connaissance ne pouvait que plaire à Tokiomi. Désormais, la foi de Tokiomi en Kirei était inébranlable, au point même où il avait forcé sa seule fille, Rin, à lui montrer le respect dû à un apprenti plus âgé.

Mais contrairement à l'amitié de Tokiomi qui devenait de plus en plus profonde, le cœur de Kirei devenait de plus en plus désolé.

Pour Kirei, il n'apprenait pas la thaumaturgie parce qu'il en avait le désir. Ayant vécu un longue et pieuse vie dans le giron de l'Église sans rien obtenir en retour, Kirei misait tous ses espoirs sur ses nouvelles études qui étaient le symbole même de l'hérésie, rien de plus. Mais le résultat était catastrophique. Dans sa poursuite de l'apprentissage de la thaumaturgie, Kirei ne trouvait aucune joie, ni accomplissement. Tout le contraire même, cela n'avait manifestement fait qu'agrandir le trou dans son cœur.

Tokiomi ne semblait pas avoir remarqué le mécontentement de Kirei. La qualification de 'même genre de personne que mon père Risei' se révélait parfaitement correcte. Les louanges et la confiance de Tokiomi en Kirei étaient exactement les mêmes que celles de Risei.


Il y avait toujours une frontière impénétrable entre lui et les personnes comme son père et Tokiomi. Kirei en était parfaitement conscient, et c'était probablement pourquoi il était aussi intéressé par un personnage que Tokiomi détestait aussi ouvertement.

Il pensait, peut-être que cet homme, Emiya Kiritsugu, évoluait de l'autre côté de la 'frontière'.

La rebutance de Tokiomi vis-à-vis de Emiya Kiritsugu semblait purement basée sur son titre de 'Magus Tueur'. Par conséquent, ce rapport demandé par Tokiomi se concentrait sur 'son historique de batailles contre les magi'. Toute histoire extérieure à cette catégorie était traitée plutôt brièvement.

Mais en regardant de plus près l'ordre chronologique des expériences de Kiritsugu, Kirei commençait à croire.

Croire que les actions de cet homme étaient hautement dangereuses.

Durant l'époque de ses assassinats en tant que free-lance, avant qu'il ne soit accepté par les Einsbern en tant que fils par alliance, Kiritsugu avait habilement rempli un nombre incalculable de missions. Mais l'intervalle entre plusieurs missions était bien trop court. En prenant en compte le temps de préparation et le délai d'acceptation de la mission, on ne pouvait en conclure qu'une chose : il planifiait et exécutait simultanément plusieurs de ces missions. Et ces plans étaient toujours sans connexion aucune. Il apparaissait sur des champs de bataille très différents, et toujours quand le conflit était à son apogée, là où la destruction était à son paroxysme.

Comme s'il était suicidaire, comme si une quelconque folie le guidai... le but derrière ses actions était clairement l'auto-destruction.

C'était clair et net. Ce Kiritsugu n'était pas un homme égoïste, les risques qu'ils prenaient et les profits qu'il en tirait ne concordaient pas. C'était impossible qu'il soit ce genre de mercenaire assassin motivé par l'argent.

Alors — que cherchai-t-il ?

"..."

Inconsciemment, Kirei écarta le rapport, posa le menton sur sa main et s'absorba dans ses pensées. L'homme appelé Emiya Kiritsugu vivait une vie turbulente incompréhensible pour les autres, mais Kirei ne s'en sentait pas détaché pour autant.

Un magus sans fierté, un homme ayant perdu la foi, ainsi le qualifiait Tokiomi.

Si c'était le cas, pourquoi mener un vie aussi intense, comme s'il cherchait la mort... ou plutôt comme un périple à la recherche d'une réponse depuis longtemps oubliée ?

Le rideau sur les batailles continuelles de Kiritsugu était tombé neuf ans plus tôt. Ceci parce qu'à force de voyager, il avait rencontré les Einsbern, qui recherchaient la victoire pour Heaven's Feel, dans les territoires au Nord.

C'était le moment où il avait trouva sa 'réponse'.

Kirei anticipa anxieusement sa rencontre avec Emiya Kiritsugu. Il avait enfin trouvé la raison de sa participation à la bataille de Fuyuki.

Encore maintenant, Kirei n'avait aucun intérêt dans le Graal. Mais si Kiritsugu avait rompu un silence de neuf ans pour cela, Kirei avait enfin saisi la signification de sa présence sur ce champ de bataille qui justifiait toutes ces difficultés.

Il devait lui poser la question. Que cherches-tu dans cette bataille, qu'est-ce que tu en retireras à la fin.

Kotomine Kirei rencontrerait Emiya Kiritsugu quel qu'en soit le prix. Même si cela devait être sur un champ de bataille où la vie de chacun était menacé.